CONTRIERES
  CC 08.02 CANTON DE MONTMARTIN-SUR-MER
   
  EGLISE SAINTE-MARGUERITE
         
 

Eglise Sainte Margueritte à Contrières © Marie-Thérèse MAROCCO, clochers de france

 
     
 

Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances

Renault, « Annuaire du département de la Manche » 1853 et additif de 1861

 

L'église offre un certain intérêt. Elle se compose du chœur et d'une nef. Elle remonte au XI° siècle ; mais depuis elle a subi des changements. Cependant le mur septentrional de la nef présente encore bien marqué ce genre de construction appelé opus spicatum, et formé de pierres rangées de manière à imiter des feuilles de fougère ou des arêtes de poisson (1). On y voit aussi une porte cintrée, et plusieurs petites fenêtres cintrées et longues, qui aujourd'hui sont bouchées. Le mur méridional offre aussi quelques assises de maçonnerie en arête de poisson, mais moins apparentes. La nef n'a point d'ouvertures au nord.

 
   
 

Le chœur et plusieurs fenêtres de la nef sont de la fin du XIV° siècle ou de la première moitié du XV°.

 

La grande fenêtre du mur absidal est bouchée  ; mais elle est à ogive, et son arcade est ornée d'un compartiment en forme de rose.

 

La tour qui précède l'église est quadrangulaire et terminée en bâtière.

 

Elle peut dater aussi du XV° siècle. Elle est voûtée dans son étage inférieur, et l'arcade qui la met en communication avec l'église est à ogive pointue.

 

On remarque à l'extrémité de la nef, du côté du mur septentrional, un font baptismal digne d'intérêt. La cuve est en pierre du pays et d'un seul morceau. Elle offre l'image d'un cylindre ou d'une margelle de puits. Sa circonférence, dans sa partie supérieure, est de 3 mètres ; mais elle est un peu rétrécie vers sa base. Sa hauteur est de 45 centimètres.

 

Elle est soutenue par un soubassement de 40 centimètres de hauteur, affectant la forme cylindrique, et fait d'une maçonnerie de briques et de pierres. Cet exhaussement, à n'en pas douter, n'existait pas dans l'origine ; il aura sans doute remplacé un fût principal et des colonnes auxiliaires qui soutenaient la cuve. La partie supérieure est ornée d'une plinthe sur laquelle figure un rang d'étoiles à quatre pointes. Tout le pourtour de la cuve est aussi semé d'étoiles. Cette cuve baptismale n'est fermée qu'avec une simple trappe en bois, munie d'une petite serrure.

 
© Marie-Thérèse MAROCCO

(1) Pierres rangées de manière à imiter des feuilles de fougère ou des arêtes de poisson
 
       
 

Il est à regretter que la forme du couvercle ne soit pas en harmonie avec celle du monument.

 

Autour de ce font baptismal sont grossièrement sculptés quatorze personnages qui forment une procession. Quatre de ces personnages sont à cheval ; d'autres portent des haches. On y distingue aussi un évêque, des prêtres et des enfants de chœur.

 

Voici quel est l'ordre de cette procession :

 

Quatre cavaliers : l'un d'eux porte une lance baissée à laquelle est appendu un petit drapeau ou guidon comme en ont les lanciers ;

 

-Un enfant de chœur, un cierge à la main ;

-Un autre enfant de chœur qui porte une croix ;

-Un troisième, sans aucun signe distinctif ;

-Deux prêtres avec leur étole ;

-Un évêque avec sa crosse ;

-Un prêtre avec son étole ;

-Enfin, trois personnages ; chacun d'eux porte une hache.

 

Il serait peut-être difficile d'expliquer d'une manière satisfaisante le sens de ces figures ; au moins je ne l'essaierai pas.

 

Ce font baptismal peut dater de la fin du XI° siècle ou du commencement du XII° (1060 à 1130). Les fonts baptismaux de celte époque sont rares, et, sous ce rapport, celui dont je viens d'offrir la description présente un vif intérêt à ceux qui se livrent à l'étude des antiquités monumentales.

 

L'église de Contrières est sous le vocable de sainte Marguerite. Elle dépendait de l'archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cenilly, et elle appartenait à l'abbaye de Saint-Lô pour le patronage. Cette abbaye nommait à la cure, qui payait 20 livres de décime. Dans le XIII° siècle, l'abbé de Saint-Lô avait toutes les dîmes. Il payait 20 quartiers de froment au vicaire, qui profitait de tout l'autelage. c'est-à-dire du casuel : Patronus abbas de Sco Laudo percipit omnes garbas reddens inde vicario qui habet totum altalagium xx quart, frumenti.

 

L'église fut donnée, dans le XII° siècle, à l'abbaye de Saint-Lô par Guillaume de Tracy, dont la famille figure au nombre des seigneurs normands qui accompagnèrent Guillaume de Falaise, lorsqu'il alla conquester l'Angleterre.

 

Henri II, duc de Normandie et roi d'Angleterre, confirma cette donation de Guillaume de Tracy.

 

L'église de Contrières n'offre plus aujourd'hui que trois autels : le grand autel du chœur et deux autres petits, l'un à droite, l'autre à gauche, entre chœur et nef. Il parait qu'au XV° siècle elle en avait cinq. C'est du moins ce que nous apprend une inscription placée sur le mur septentrional de la nef, au-dessus d'une petite crédence à ogive. Voici cette inscription, que je dois à l'obligeance de M. Dubosc, archiviste du département :

 
         
 

L’an M : CCCC XXX : VIIJ : le desrain (dernier)

jour : de : mars : de la : requeste : de missire : Guillaume

Leblanc : prestre : curey : de céens : se présenta

en ceste église — frere Guillaume Loyseleur

de l’ordre des frères : mineurs de Bayeux :

par la permission divine evesque de Abellon

le quel par le congié et licence de

révérend pere en Dieu Philebert de

Montjeu, evesque de Constances :

beneist santéfia et consacra tous

les ching aultels de céens : a ce

présents por temoig le dict missire

Leblanc (Deux lignes illisibles.)

 

Sur une pierre enclavée extérieurement dans le mur méridional de l'église, on lit :

 

Cy devant gist vénérable et dis

crête personne maistre Pierre

Danim alors curé de Contrieres

et de la Chapelle Ullée soubz

Avrenches licencié es loix le quel très

passa le XXIII° jour de novembre

l'an mil VCC et deulx. — Dieu luy

face pardon à l'âme. Amen. Pater noster.

 
 
 

     
 

J'ai relevé sur la cloche l'inscription suivante :

 

I. H. S. — J'AY ESTÉ BENITE PAR M. JEAN - - ptre CVRÉ DE CÉANS ET NOMMEE PAR SUZANNE BAZAN

DE FLAMANVILLE PRÉSENCE DE ROBERT LOUVEL ESCUYER, SON ÉPOUX , SEIGNEUR ET PATRON

DE CE LIEU ET DE MONCEAUX CONTÉ ET RÉAUTÉ. MICHEL DUPARC M’A FAITE. 1660


On voit dans le cimetière trois beaux ifs. Sur les pierres tumulaires qu'ils protègent de leur ombrage, on trouve les noms de Cahouet et de Monceaux, qui sont ceux de familles distinguées dans le pays.

On lit sur ces tombes les inscriptions suivantes :

 
 

     
 

ICI REPOSE CYRILLE NOBLE DAME LOUVEL DE CONTRIERES NEE ANDRE DE BOIS

DECEDEE LE 8 JANVIER 1817 AGEE DE 62 ANS.

 

ICI REPOSE MA. B. Foise LOUVEL DE MONTCEAUX

NEE FERRAND DE MONTCUIT

DECEDEE LE 27 AVRIL 1840 AGEE DE 57 ANS.

PRIEZ DIEU POUR LE REPOS DE SON AME.


ICI REPOSE M. ALEXANDRE DE CAHOUET

OFFICIER DE L’ORDRE ROYAL DE LA LEGION D’HONNEUR

INSPECTEUR GENERAL DES PONTS ET CHAUSSEES ET DES MINES. NE A SAUMUR LA 18 FEVRIER 1759

DECEDE AU CHATEAU DE MONCEAUX COMMUNE DE CONTRIERES LE 29 9BRE 1838

PRIEZ DIEU POUR LE REPOS DE SON AME.

 

ICI REPOSE LE CORPS DE MESSIRE Fois AMAND BONAVENTURE LOUVEL DE MONCEAUX DE CONTRIERES,

ECUYER, ANCIEN COLONEL D’ARTILLERIE,

CHEVALIER DES ORDRES ROYAUX DE SAINT-LOUIS ET DE LA LEGION D’HONNEUR,

ANCIEN DEPUTE,

DECEDE EN SON CHATEAU DE CONTRIERES LE 20 JUILLET 1843 DANS SA 75° ANNEE.

ORA PRO EO.

 

ICI REPOSE M. PIERRE J. BAPTISTE LOUVEL DE CONTRIERES

DECEDE LE 27 JUILLET 1833 EN SON CHATEAU DE MONCEAUX AGE DE 77 ANS

EPOUX DE NOBLE DAME CIRILLE ANDRE DE BOIS ANDRE SON EPOUSE