LE MESNIL AUBERT
  CC 07.07 GRANVILLE TERRE ET MER
   
   FAITS HISTORIQUES
         
 
 
 

Le Mesnil Aubert, CPA collection LPM 1900

 
     
 

Source : Renault, « Annuaire du département de la Manche » 1854

Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances

 

FAITS HISTORIQUES. — On lit dans un aveu de 1327 que « Robert Descorchebœuf tient du roy nostre sire par hommage une vavassorie assise es paroisses du Mesnil Obert et de Lengronne à gage plège et y prent le roy nostre sire 9 sous et un quartier daveine chacun an qui vont par les mains de Guillaume Pierre sergent du lieu et des provots de Cérences et vaut bien ce que le dict Richard a au dict fief 60 liv. de revenus an pour autre. »

 

Un autre aveu de la même époque nous apprend que l'un des fiefs du Mesnil-Aubert devait le service au château de Mortain et à la foire de Montmartin-sur-Mer.

 

« Ricart Carbonnel tient par hommage du roy nostre sire en Mesnil Ober et en Lengronne le quart d'un fieu de haubert et en est tenu à garder une des portes du chastel de Mortaing a ses dépens une nuict et un jour si guerre y avoit et luy fust notifié suffisamment et aussy prent le roy au dict fieu 9 sous el un quartier daveine à la mesure du lieu et des prevost de Cérences et gardent les hommes du dict fieu les foires de Montmartin et par ce sont quittes es foires et es marchés du roy et vaut ce que le dict Ricart a au dict fieu 70 liv. de revenu bon an mal an ou environ. »

 

Dans le XII° siècle, on comptait dans la paroisse du Mesnil-Aubert trois fiefs nobles.

 

-Le fief du Mesnil-Aubert, avec extension sur Lengronne. Il était alors à Elisabeth Prodhomme, veuve du sieur du Mesnil-Aubert.

-Le fief d'Annoville, avec extension sur Lengronne, appartenait à Hervé Lemaitre, seigneur et patron de la paroisse. Sur ce fief, il y avait un moulin à eau et à blé, banal, et valant 80 livres de revenus.

-Le fief de Maufras, s'étendant aussi sur Lengronne et Trelly, était possédé par Toussaint Escouland, écuyer, sieur de Hainneville.

-Le manoir du Mesnil-Aubert est placé près de l'église. Il n'offre aucun intérêt. Il y a sur la terre du manoir du MesnilAubert un colombier, une pièce d'eau dite l’Etang du Manoir, et un bois appelé le Bois du Manoir.

   

On trouve comme seigneurs et patrons du Mesnil-Aubert :

 

-Jean-François Hue, écuyer.

-Jacques-François Lemaitre, chevalier, seigneur du fief d'Annoville. Cette famille Lemaitre fut anoblie en l'année 1594. Elle portait de sable à trois fasces d'argent, avec une fleur de lys d'argent brochant sur le tout.

-Guillaume-Denis Lemaitre, conseiller du roi, lieutenant-général civil et criminel au bailliage et siège présidial du Cotentin. Il mourut en l'année 1757.

-Charles Lemaitre, en l'année 1789, fit partie, comme seigneur et patron du Mesnil-Aubert, de l’assemblée des trois états du grand bailliage du Cotentin.

   

source : Claude-Martin Saugrain, Nouveau dénombrement du royaume, par généralitez, élections, paroisses et feux, 1735 ; Charly Guilmard, Histoire et généalogie de la famille Hüe, 2004, édition de l'auteur, p.111

 

Le siège du fief noble et de la sergenterie de Maufras était situé à la ferme-manoir de la Mauphrasière sur la commune du Mesnil-Aubert. Au XIII° siècle, il appartient à la famille Maufras qui lui a donné son nom.

 

En 1735, elle comprenait 13 paroisses :

 

    Gouville, Saint-Malo-de-la-Lande, Saucey, Quesnay, Contrières, Quetreville, Cametours, Cerisy, Notre-Dame de Semilly, Saint-Martin de Semilly, Montpinchon, Savigny. Ces paroisses faisaient partie du ressort de l'élection de Coutances, de la généralité de Caen.

 

    Carentilly. Cette paroisse faisait partie du ressort de l'élection de Saint-Lô, de la généralité de Caen.

 
         
   
  LE MESNIL-AUBERT
  CC 07.07 GRANVILLE TERRE ET MER
   
  EGLISE SAINT-PIERRE
         
 
 
 

Église Saint-Pierre du Mesnil-Aubert Xfigpower — Travail personnel

 
 

 

 
 

Source : Renault, « Annuaire du département de la Manche » 1854

Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances

 
         
 

L'église a la forme d'un carré oblong, et se compose du chœur et de la nef. Elle date, sauf les retouches, du XI° siècle. Les murs, quoique refaits, ont conservé leurs contreforts peu saillants. La corniche repose sur des modillons, affectant généralement la forme de simples corbeaux On remarque dans les murs plusieurs petites fenêtres cintrées, étroites, et ressemblant assez à des meurtrières. Les autres fenêtres sont modernes, carrées, et en ont remplacé qui dataient du XI° siècle, mais qu'on a supprimées, parce qu'elles ne donnaient pas assez de jour.

 

La porte principale existe dans le mur méridional de la nef. Elle est cintrée, et son archivolte, ornée d'un triple zigzag, repose sur de simples colonnes. Elle est précédée d'un petit porche. Une autre porte, aussi cintrée, mais bouchée, existe dans le mur de la nef, vers le nord.

 

Le mur occidental n'est percé que de deux petites fenêtres, pareilles à celles que j'ai signalées dans les autres parties de l'église. Elles sont, l'une à droite, l'autre à gauche d'un contrefort central, peu saillant.

 
 
 

 

La tour, carrée et massive, date en partie du XI° siècle. Elle est placée entre chœur et nef. Sa voûte est en pierres ; ses arceaux croisés sont d'une date postérieure, et ses arcades cintrées tombent sur des pilastres qui n'ont pour chapiteau qu'une petite tablette octogone en forme d'abaque. L'un des murs de cette tour est aussi percé de petites fenêtres, pareilles à celles de la nef et du mur occidental.

 

Son étage supérieur se termine par un petit toit en bâtière, et peut dater du XVI° siècle.

 

Le chœur est voûté en pierres avec arceaux croisés. Le mur absidal est percé d'une fenêtre du XIV° siècle, dérobée à la vue, à l'intérieur, par un contre-retable sans mérite.

 

La voûte de la nef est en bois. Le toit du chœur et celui de la nef ont été plus élevés qu'on ne les voit aujourd'hui, comme le prouve l'arête qui existe au-dessus du toit actuel.

 

On remarque dans le chœur, à droite , une arcade bouchée, mais qui, avant de l'être, mettait cette partie de l'église en communication avec une chapelle, aujourd'hui à usage de sacristie. Cette chapelle, voûtée en pierres avec arceaux croisés, date de la fin du XV° siècle. Les contreforts sont appliqués sur les angles des murs. Une fenêtre ogivale à deux baies, divisées par un meneau, existe dans le mur septentrional. Sa sommité entre les deux ouvertures est remplie de compartiments ressemblant à des cœurs allongés. Cette fenêtre est surmontée d'un fronton en accolade, garni de crochets en forme de feuilles frisées, et couronné par un bouquet. De chaque côté, s'élève une petite aiguille, aussi garnie de crochets. Dans le mur absidal de cette chapelle, on voit une fenêtre à ogive qui encadre deux ouvertures, et dont la sommité est ornée de compartiments trèflés. Il y a dans l'un des murs une crédence dont l'arcade est en accolade.

 

Cette chapelle était sans doute la chapelle seigneuriale, dont depuis, et alors qu'elle n'a plus rempli sa destination première, on a fait une sacristie.

 

 
       
 

Avant la révolution de 1789, .on lisait dans le chœur l'épitaphe suivante :


Cy gist noble et puissant

messire Jean du Saussey

seigneur et baron de Gouville du Mesnil-Aubert et de Lengronne de son tems

vn des gentils hommes des roys de france

Louis XI et Charles VIII —

qui le fist par ses vaillances chevalier a la journée de Fournone

et en après fut envoié en

embassade aux Vénitiens où il a

acquis grand honneur et biens aussi

de Louis XII décédé et de François

présent régnant qui l'entretint

comme loyal servant des anciens roys

cy devant nommés lequel en son

an 60ème finit ses jours lan

de grâce 1523 le 15 daout —

Dieu lui fasse pardon

et a tous ceux qui diront

pater noster et ave maria

a son nom .

 

J'ai relevé sur la cloche l'inscription qui suit :

 

L'AN 1821, J'AI ETE NOMMEE

FRANÇOISE JOSEPHINE:

PAR M. FRANÇOIS MARIE DANICAN

JUGE DE PAIX DU CANTON DU TORIGNY

ET PAR MADAME LOUVEL DE CONTRIERES

NEE JOSEPHINE LEMAITRE D'ANNOVILLE,

ET BENITE PAR M. DENIS MANCEL.

CURE DE CE LIEU ,

EN PRÉSENCE DE

M. FRANÇOIS LEFEVRE

ADJOINT DE CETTE PAROISSE.

LES FRÈRES JOURDAN DE VER M'ONT FAITE.

 

 

Dans le cimetière, près du mur méridional de la nef, une pierre tumulaire porte cette inscription :

 

ICY—REPOSE—LE—CORPS —

DE—NOBLE—ET—DISCRETE—PERSONNE —

MAITRE—GUILLAUME—LEMAITRE.—

Pre—CURÉ—ET—PATRON—DE—CETTE—PAROISSE—

LE—QUEL—A—VOULU—ESTRE—INHUMÉ—

EN—CE—LIEU— DÉCÉDÉ— LE—19—JUIN —1702.—

 
       
 

Trois ifs, dont l'un a sept mètres cinquante centimètres de circonférence, couvrent de leur ombrage les cendres de ceux qui furent inhumés dans ce cimetière. C'est auprès des églises des XI° ou XII° siècles qu'on voit les plus beaux ifs.

 

L'église est sons le vocable de saint Pierre. Elle dépendait de l'archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cérences. Elle était taxée à 34 livres de décime. Le patronage était laïque, et le seigneur du lieu présentait à la cure.

 

Dans les XIII° et XIV° siècles, l'évêque de Coutances avait eu le patronage de l'église. Le curé avait la troisième gerbe et le casuel. Le scolastique de Coutances prenait les deux autres gerbes. En sus de sa dîme, le curé avait encore environ trois vergées de terre aumônée, deux boisseaux de froment, deux poules, quatre deniers, deux sous et quatre poulets. Il payait quatre sous pour la chape de l'évêque.

 
         
 

Les femmes bavardes. Nef de l'église du Mesnil-Aubert, 2e moitié XVe s. Cl. I. Hans-Collas