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Avranchin monumental et historique, Volume 2 Par Edouard Le Hericher 1845 Abbat et convenais Sti lUicliaelis in perieulo maris tant palroni ecoleiie Beali Aibini de Pratellii. (Livre Blanc de l'évtcbé de Coutances.)
LE plan général de Saint-Aubin est un triangle, dans le sommet duquel se projette bizarrement un appendice de Saint-Planchers : le côté sud-est est une ligne idéale et la rivière du Thar sur laquelle sont le Pont de la Rosée, le Pont de Thar et le Pont Guigeois; le côté de l'ouest est tracé par le ruisseau de Glaligny; la ligne du nord est le cours du ruisseau de Loiselière ou la Saigue. Plusieurs hameaux de cette commune renferment des noms d'hommes et corroborent le principe que l'homme nomme la terre :Angotmesnil, Marquandville, la Maison des Baies, la Huberdière, le Ménage aux Hyvers, le Hameau Jouvin, la Maison à maître Pierre, le Pont Roger, la Croix Hullin, etc. Resserré entre deux grandes vallées, Saint-Aubin-des-Préaux, dePrateltis, explique par sa position son aflixe: d'ailleurs la même idée est marquée dans le lieu appelé la Prée. En outre elle se trouve dans ce bois des Préaux, acquis en 1519 par le Mont Saint-Michel, en Saint-Jean-des-Champs, et dans ce bois du Prael, de Pratellis, que les manuscrits du Mont Saint-Michel mettent tantôt en Saint-Planchers, tantôt en Saint-Jean-des-Champs, tantôt en Saint-Aubin, parce qu'il était à la limite des trois paroisses. Deux bois remplissent l'angle oriental. La Meilleraye et Crau sont deux fiefs de Saint-Aubin cités dans les chroniques de l'Abbaye, et acquis par elle en 1380.
Le nom d'Aubin est d'origine latine, et le saint qui le porta naquit dans le diocèse de Vannes, au Vème siècle. Il fut particulièrement honoré dans le diocèse de Coutances: ainsi SaintAubin-du-Perron, de Petrâ, Saint-Aubin-de-l'Ocque, SaintAubin-des-Bois, Saint-Aubia-en-Jersey; Aubigny, Albigneium, offre le même nom. L'Avranchin a Saint-Aubin-de-Terregatie; la Bretagne Saint-Aubin-du-Cormier, etc. Saint-Aubin-des-Préaux appartenait au diocèse de Coutances, séparé de l'Avranchin par le Thar.
L'église de cette commune s'élève sur le point culminant de la côte orientale de la baie du Mont Saint-Michel. Sa tour carrée, avec son clocher en coin élancé, est le premier objet qui point à l'horizon aux yeux des marins : aussi avait-on projeté d'établir un phare sur cette hauteur. La vue dont on jouit de là est admirable par sa grandeur et sa variété : à l'horizon, comme un nuage, la côte indécise de Bretagne, au second plan la mer, blanche ou grise, encadrée dans des bords verdoyants, puis, sous le spectateur, la campagne nuancée de verdure, un sol bosselé et tourmenté, la fraîche vallée du Thar, et son embouchure avec ses môles gigantesques, le cap pelé et noir du pignon Butor, et la pointe de Quéron où la rivière s'épanouit en lac ou serpente en ruisseaux. Par derrière, c'est une mer de verdure où percent, comme des îlots, des villages, des églises, des manoirs.
L'église de Saint-Aubin a quelques restes romans : on remarque pour cette époque les contreforts en moyen appareil qui appuient l'angle du pignon occidental. Un porche roman s'accolait à la nef du midi et servait de portail : disposition déjà plusieurs fois signalée dans l'Avranchin. Quelques statues peuvent remonter à cette période, c'est un grand-relief du martyre de sainte Apolline, un saint Gerbourg, un saint Eloi, un saint Gilles, et un saint Jean-Baptiste. A la nef romane on ajouta, dans le XIII ou le XIVème siècle, une tour et un chœur. Il reste de cette tour deux fenêtres, les jolies nervures rondes qui se croisent sous la voûte de la tour actuelle, et du chœur il reste deux colonnettes élégantes. Ce chœur fut allongé par un prêtre nommé M. Lepault, qui a fait beaucoup de changemens malheureux dans l'édifice. C'est lui qui a détruit le porche roman et mutilé le chœur gothique. C'est encore lui qui, en 1825, fit faire ce portail bourgeois qui a dévoré une partie d'une jolie fenêtre ogivale dont les meneaux et la tracerie ont été brisés. La troisième époque est marquée par cette fenêtre et par la tour solidement dallée et contrebutée, avec ses quatre ouïes à transoms ou croisées, sa jolie balustrade de quatre-feuilles, et avec ses pignons ornés de crosses végétales: c'est le XVème siècle. La plupart des pierres tombales sont du XVIème : elles recouvrent généralement des Lcfebvre ou des Lccoupey,deux familles inscrites dans les Fondations. Le xvxir siècle est rappelé par de grands reliquaires assez élégants qu'envoya de Rome un religieux originaire de SaintAubin, par la construction du chœur et de la sacristie, et par deux petites peintures assez curieuses qui représentent le martyre de saint Etienne et de sainte Apolline.
L'abbaye du Mont Saint-Michel avait le patronage de cette église, comme le constate cette notule du Livre Blanc de l'évêché de Coutances, dressé au milieu du xive siècle par ordre de Louis d'Erquery « Abbas et conventus Sancti Michaelis in periculo maris sunt patroni ecclesie Beati Albini de Pratellis, taxata est ad triginta quinque libras, rector percipit terciam partem decimarum in duabus partibus parrochie et in alia sextam partent et habet quatuor acras teire elemosine cum manerio vel cocirca rector debet ànnuatim priori de Sancto Paterno in die Pasche viginti solidos qua.tuor solidos pro capa episcopi. » Cette église était moins riche un siècle auparavant, quand le Livre Noir fut rédigé: « Ecclesia S. Albini de Pratellis patronus abbas S. Michaeli s et percipit duos garbas in duabus partibus ville rector terciam cum altalagio et in tercia parte ville percipit idem abbas quintam decime frugum rector sextam cum altalagio totius ville valet xxx lib.K » | ||||||||||||
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En 1648, cette église rendait 400 liv.a En 1698, M. Foucault écrivait sur cette paroisse : « La cure vaut 600 liv. L'abbé du Mont Saint-Michel en est seigneur et patron. Terroir médiocre, partie en labour, quelques prairies et beaucoup de landes. Cette paroisse paye 733 liv. de taille, et renferme 80 feux »
Il n'y a pas de manoir dans Saint-Aubin, puisqu'il n'y avait pas de seigneurs laïques : on voit par la notule précédente que son presbytère est appelé Manerium. Aussi n'est-ce pas à cette paroisse qu'il faut rapporter le seigneur des Préaux de la Conquête: De jouste lui cil des Praiaus.
Dans un vallon inculte, appelé le Vau-de-la-Roche, où coule un ruisselet tributaire du Thar, invisible sous ses berles et ses cressons, est une pierre qui lui donne son nom, et qui s'appelle spécialement la Pierre - Caillebotte. Sa forme , sa grandeur , son isolement , sa situation , la superstition qui s'y attache, lui communiquent tout d'abord une apparence druidique. C'est un parallélogramme ou un trapèze de granit à gros grain, de l'espèce pouding, avec cinq mètres de côtés et deux de profondeur du côté du nord, et quatre du côté de la vallée. Il est légèrement incliné vers le sud-ouest où sa face est ondulée en petits retraits semblables à des degrés. Des autres côtés, il est à pic; du côté du nord il semble comme coupé et isolé des rocs voisins, et par là il borde une voie taillée dans la pierre, parfaitement régulière. Sa surface, revêtue de mousses, de lichens et d'orpins, est presque unie, et de là, la vue s'étend sur une vallée sauvage et boisée au bout de laquelle apparaît la mare du Thar, se dresse le PignonButor aux flancs raides et dénudés, se développe une mer triangulaire, comme celle qu'on voit d'un bassin profond: au-delà, la Bretagne se perd dans le ciel. Le site et la vue sont encore éminemment druidiques, et le temps n'a pu qu'altérer le caractère sauvage de cette vallée. Enfin, la tradition consacre encore cette antique roche: la nuit de Noël, à minuit , elle tourne trois fois sur elle-même, en sorte que la Pierre Caillebotte présente la plupart des caractères celtiques, et peut être assimilée à un dolmen. Cependant ce bloc n'est pas détaché du sol, et ne porte de trace d'œuvre humaine que du côté de sa coupure. Mais, en l'absence de cette condition importante, nous ne renoncerons pas à notre hypothèse; car il a dû arriver très-souvent que le culte druidique se soit contenté de la disposition que la nature donnait elle-même aux rochers: cette roche serait un dolmen naturel, ou plutôt un autel qui appellerait un nom spécial dans la nomenclature. Du reste notre idée n'est qu'une hypothèse; mais l'hypothèse est généralement l'unique procédé de l'antiquaire en fait de monuments druidiques. | ||||||||||||
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