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Le menhir de Vaumoisson en 2010 | ||||||||||||
Populairement appelé la pierre au diable. On raconte que Satan, chargé de ce bloc qu’il était allé prendre à Chausey, le portait pour la construction du Pont-au-Bault. Il gravissait le pignon lorsqu’il aperçut un prêtre avec son étole. A la vue de cet adversaire il laissa choir son fardeau.
Le menhir de Vaumoisson Ses 5 griffes sont restées empreintes dans le granit et à l’endroit de la rencontre s’est élevée une croix (transférée depuis lors au cimetière de Bouillon), image de la foi en face de l’œuvre du démon. Cette pierre mégalithique serait en fait un lieu de sacrifice et le symbole du culte druidique des anciens peuples de la région. | ||||||||||||
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Extrait de la «Revue de l’Avranchin» Organe de la Société Archéologique Historique d’Avranches
À environ un kilomètre au nord de l’église de Saint-Michel-des-Loups, sur le chemin départemental conduisant à Lézeaux et Saint-Pair, se détache vers l’est un chemin vicinal desservant les fermes de Vaumoisson et de La Vesquerie ; à 150 mètres du carrefour se voit, dans le champ qui borde au nord ce chemin vicinal, une pierre levée, vulgairement appelée dans le pays La Pierre au Diable, connue sous le nom de Menhir de Vaumoisson (du nom de la ferme dont dépend ce terrain) ou Menhir de Bouillon.
C’est un énorme bloc de granit, de forme cylindrique dans sa partie visible, mesurant environ trois mètres de hauteur et six mètres de circonférence, et à peu près plat à son sommet ; le lieu où il est érigé est un point culminant dominant toute la région environnante, de sorte qu’un homme debout sur ce piédestal embrasse un très vaste panorama, tant vers la mer que vers la région de Granville et la vallée du Thar.
En 1862, des fouilles furent faites autour de ce menhir par Le Héricher, au nom de la Commission de Topographie des Gaules : «Une excavation d’un mètre en largeur et en profondeur fut pratiquée, mais on dut s’arrêter dans la crainte qu’il ne vint à tomber. La fouille ne révéla aucun objet, mais eut un triple résultat : d’abord de constater que ce bloc n’est pas une excroissance du sol et que le granit qui le compose n’existe pas sur place et n’a d’analogue qu’à une distance de plusieurs kilomètres ; ensuite que, comme beaucoup de pierres de Carnac, il est posé sur la pointe et que, les fouilles l’ayant suivi jusqu’à un mètre sous le sol sans aller jusqu’à son extrémité, sa hauteur dépasse quatre mètres ; en outre, nos fouilles établirent qu’on avait à une autre époque autour de ce monolithe» (LE HÉRICHER : Avranchin Monumental et Historique, Tome III, 1865.), probablement dans l’espoir d’y trouver un trésor. | ||||||||||||
Le menhir de Vaumoisson en 1910 | ||||||||||||
L’abbé Desroches prétend (Abbé J.-J. DESROCHES : Histoire du Mont Saint-Michel et de l’ancien diocèse d’Avranches (1838). Tome Ier, page 31) qu’une grande quantité de pièces d’argent auraient été trouvées «dans les environs» du menhir ; mais l’abbé Briant rapporte que c’est en abattant des arbres à Vaumoisson qu’on trouva de menues monnaies de bronze oxydées et de faible valeur ; «à la suite de ces trouvailles, des marins proposèrent à M de Vaumoisson, propriétaire du terrain, de lever ma Pierre-au-Diable avec un mécanisme qu’ils feraient venir de Granville afin de découvrir le trésor ; mais leurs offres furent rejetées, car c’était une croyance dans le pays que celui qui déterre un trésor meut dans l’année».
Les archéologues n’ont pu déterminer par quels moyens matériels a été transporté et érigé cet énorme bloc, ni à quelle époque a été effectué ce remarquable travail ; ils sont aussi dans l’incertitude quant à la destination primitive de ce menhir. Servit-il d’abord à des observations astronomiques ou à des pratiques religieuses ? Faisait-il partie, comme le pensait H. Moulin, d’un grand monument druidique dont cet auteur assure que d’autres fragments auraient été trouvés dans le voisinage ? (Viconte de POTICHE : La Baie du Mont Saint-Michel et ses environs, 1891). Ou les «pierres levées» étaient-elles, suivant l’opinion de Gerville-Latouche, des «jalons» servant de repères sur les antiques voies de communication, et le menhir de Vaumoisson était-il, comme ceux de Bréville et de Longueville, un des jalons ou milliaires de la voie qui, à l’époque romaine, joignait Cosedia (Coutances) à Condate (Rennes) par Fanum Martis (présumé être Saint-Pair) ?
Les problèmes posés par les monuments mégalithiques sont d’autant plus difficiles à résoudre qu’un grand nombre de ces précieux témoins de notre histoire primitive ont malheureusement été détruits, lors de l’introduction du christianisme en Gaule, par le fanatisme intolérant des adeptes de la nouvelle religion empressés à faire disparaître les traces des cultes druidiques ; en 658, le Concile de Nantes ordonna d’enlever et de jeter «certaines pierres à qui le menu peuple rend des adorations ». (A. GARDIN : Histoire illustrée du Mont Saint-Michel, 1950) | ||||||||||||
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Le menhir de Vaumoisson CPA de 1911 | ||||||||||||
Le menhir de Vaumoisson - plus heureux qu’un autre monolithe qu’on retrouva en 1960 enterré dans le sol du cimetière de Bouillon - est resté debout, les habitants s’étant contentés d’élever une croix à côté de la «Pierre-au-Diable» en témoignage de leur foi.
Cette croix, posée sur un monolithe rayé de tores et de doucines, décrite par le Héricher en 1845, fut, en novembre 1857, donnée par M. Girard des Prairies (alors propriétaire des terres de Vaumoisson) pour être placée au cimetière de Bouillon.
Le nom de «Pierre-au-Diable», sous lequel le menhir est généralement désigné dans le pays, s’explique comme suit : «On raconte que Satan, chargé de ce bloc qu’il était allé chercher à Chausey sans se mouiller les pieds, le portait pour la construction de Pont-au-Bault ; il gravissait déjà le Pignon-Butor lorsqu’il aperçut un prêtre avec son étole. À la vue de son adversaire, il laissa choir son fardeau ; ses cinq griffes sont restées empreintes dans le granit, et à l’endroit de la rencontre fut élevée une croix».
Le lieu où étaient la «Pierre» et la croix était très renommé jadis ; la crédulité populaire sous l’ancien régime y situait «de fréquentes apparitions de mauvais esprits sous différentes formes ; la piété avait fait de la croix voisine un but de pèlerinages nocturnes où, rapporte l’abbé Guyot, se seraient accomplies des pénitences qu’on ne pourrait aujourd’hui, sans une grande indiscrétion, conseiller et encore moins imposer ; on va jusqu’à citer que des mères dont les enfants en bas-âge étaient morts par suite d’une négligence dans les soins qu’elles leur donnaient, allaient prier à la croix de Vaumoisson la nuit, quelquefois souvent et pendant des années, en portant et rapportant le berceau de l’enfant.
Les uns devaient accomplir ce pèlerinage sans parler, d’autres les pieds nus, n’ayant pour tout vêtement qu’une chemise ou un caleçon, ou faire le tour de la croix en marchant sur les genoux tant de fois... Ce sont ces voyages de nuit qui ont donné lieu à toutes les histoires de hantours dans les lieux où se trouvent des croix.
Ce menhir est le plus ancien monument de la région. | ||||||||||||