JULLOUVILLE
  CC 05.04 GRANVILLE TERRE ET MER
 
  BOUILLON
         
 

Jullouville La mare de Bouillon, collection CPA LPM 1900

 
 
 
 

Aux origines, Bouillon était un village bordé par une mare sur la lande de Beuvais, du latin bi via du nom de la bifurcation de la voie romaine entre Coutances et Rennes l’une partant vers Avranches, l’autre vers Genêts et Saint-Michel-des-Loups. Le menhir de Vaumoisson atteste de la présence humaine et du culte druidique dans la région. Plus tard, les villages appartenaient à l’abbaye du Mont-Saint-Michel.

 

Au XVe siècle, des pêcheries étaient installées sur le littoral, toujours visibles aujourd’hui mais inutilisées. En 1678, Jacques Le Royer, seigneur de La Blinière aurait écrit au roi Louis XIV pour demander la permission d’assécher la mare de Bouillon. Malgré la réponse positive de Colbert, elle ne devint jamais une prairie. Cette idée fut reprise en 1794 par Le Marchant qui venait de racheter la terre au dernier seigneur Louis Martin de Bouillon et qui tenta le creusement d’un canal. En 1831, la mare revint aux Martin de Bouillon qui la revendirent à M Leclère, armateur à Granville qui organisait des parties de pêche. Depuis Louis XI et jusqu’en 1871, Bouillon avait deux curés, l’un nommé par l’évêque d’Avranches, l’autre par le roi.

 

Les légendes de la mare de Bouillon

 
 
   
 

La Mare et ses alentours, autrefois si sauvages, étaient naturellement un site pittoresque propre à l’éclosion de légendes multiples ; quelques unes faisaient encore l’objet des contes de la veillée à Bouillon pendant les premières décennies du XIXe siècle.

 

On disait que les fées du Pignon Butor venaient faire leur sabbat sur quelques arbres, très vieux et très hauts, au bord de la Mare, notamment au Bas des Perrons.

 

On disait aussi que des sorciers avaient été vus la nuit cherchant sur les rives des plantes «d’une vertu merveilleuse, connues d’eux seuls».

 

Des lutins s’attaquaient aux chevaux, épouvantaient les gens sous la forme d’un lapin noir, d’un chat, ou encore sous l’aspect d’une belle dame blanche, etc.

 

«En 1871 fut nommé à la portion principale de la cure de Bouillon  un chanoine de Cléry, M. Chaden, un colosse de 250 à 300 livres, capable de jouer de l’épée ou du bâton, fumant la pipe comme un vieux soldat, qui résolut de conjurer des (hantours»» ; il sortit un soir, revêtu du rochet et de l’étole, et armé du bâton de la croix de procession ; on ignore ce qu’il fit, mais les apparitions cessèrent. Mais quelques années plus tard, revenant un soir du village de Lézeaux, il s’égara dans les champs et le lendemain on le retrouva mort sur le sol». 

 

On connaissait aussi le «Meneur de Loups», homme de mauvaise mine, mal famé, vivant à l’écart dans une maison isolée, à qui on attribuait un plein pouvoir sur deux à trois paires de loups énormes «qui habitaient le jour dans son grenier et que toutes les nuits il était obligé de conduire par suite d’un pacte avec le diable ; aussi ne lui refusait-on rien de ce qu’il sollicitait, mais les bonnes gens le fuyaient, s’ils le pouvaient».

 

Une légende attribue la Mare de Bouillon à un cataclysme qui aurait levé les dunes de sable et perturbé le cours du Thar. Cette mare serait alors devenue une mer fermée et aurait engloutie le village de Saint-Jean. Une tradition locale rapporte qu'aux basses eaux, l'église et les habitations refont surface et qu'aux Grandes Fêtes on entend sonner les cloches

 
     
 

La mare de Bouillon, collection CPA LPM 1900