GRANVILLE
  CC 05.03 GRANVILLE TERRE ET MER
   
  MONACO DU NORD   -1/2
         
 

La Manche Numéro spécial

Supplément au numéro du 28 août 1926

de l'Illustration économique

et  financière 

Auteur -A. GODAL,

Maire de Granville.

Publication : Paris 1926

 

     Au XVe siècle, ce qu'est aujourd'hui Granville n'était qu'une simple et pauvre bourgade de pêcheurs dont les baraques rudimentaires s'adossaient au cap Lihou.

 

     Au XIVe siècle, la paroisse de Notre-Dame du Cap Lihou avait acquis une certaine importance.

 

     Ce furent les Anglais pendant leur courte occupation de 1439 à 1441 qui amorcèrent les fortifications de la ville et qui firent dans la falaise, la tranchée dite « des Anglais », pour assurer leur sécurit

 
 
 
     
 

     Les fortifications, entreprises par les Anglais, furent poursuivies sous Charles VII. Les remparts actuels furent restaurés vers l'an 1720.

 


 

     En 1793, Granville subit l'assaut des hordes vendéennes et ne dut son salut qu'à l'énergie de sa population qui n'hésita pas à mettre volontairement le feu aux faubourgs pour refouler l'armée des assaillants.

 

     La vieille ville construite sur la presqu'île du Cap Lihou, est nettement démarquée par sa ceinture de remparts qui renfermait autrefois la majeure partie de la population. Hors des remparts se trouvait l'agglomération du port, les maisons basses de la rue des Juifs et la ville en bois, population presque exclusivement maritime : corsaires, pêcheurs côtiers, terreneuvas, longs courriers.

 
     
 

Entrée de La Grande Porte CPA collection LPM 1900

 
     
 

La Tranchée aux Anglais CPA collection LPM 1900

 
     
 

La Tranchée aux Anglais CPA collection LPM 1900

 
 
 
 

     Petit à petit la ville déborda de son enceinte et les faubourgs s'étendirent sur Saint-Nicolas et Donville pour former la basse ville, le quartier Saint-Paul et le quartier de la route de Coutances, ces faubourgs furent ensuite rattachés à la ville de Granville.

 

     Grâce aux caravanes où étaient pêchées des millions d'huîtres par plusieurs centaines de petits bateaux, aux fructueuses campagnes de Terre-Neuve auxquelles participaient de 50 à 60 navires, Granville connut au siècle dernier une ère de prospérité.

 

     Les chantiers de construction de navires étaient en pleine activité, chaque famille granvillaise comptait plusieurs marins parmi ses membres, et le commerce dans son ensemble était rattaché à la vie maritime.

 

     Pour des causes diverses les pêches côtières et hauturières diminuèrent d'importance et les équipages des rares terreneuvas restants furent constitués en majorité par des gars bretons, c'est ce qui se passe encore aujourd'hui, bien qu'un renouveau d'activité se manifeste du côté pêche à la morue. Cette année 10 goélettes ont armé pour Saint-Pierre et Miquelon, et une importante société récemment constituée armera, en plus, l'an prochain, 2 grands chalutiers à vapeur. Il est donc permis de fonder de sérieux espoirs sur cette tentative couronnée de succès dans d'autres ports.

 

     La situation pittoresque de Granville, son panorama, qui a suscité l'appellation si justifiée de « Monaco du Nord », a toujours retenu l'attention de ses visiteurs et depuis bien longtemps déjà de nombreux baigneurs fréquentent notre cité, attirés par l'amabilité et la cordialité des habitants, par un climat modéré et salubre heureusement influencé par un bras du Gulf-Stream. Michelet dit dans La Mer : « Granville est Normand de race, Breton d'aspect. Il oppose fièrement son rocher à l'assaut épouvantable des vagues. La haute ville a sa face nord bâtie à pic sur le bord de l'abîme faisant front à la grande mer. Cette vue tragique me fut aussi saisissante que l'avait été en Suisse celle du glacier du Grindewald. »

 
         
 

 

 

 

Le port CPA collection LPM 1900

 

 

 

     
   
  GRANVILLE
  CC 05.03 GRANVILLE TERRE ET MER
   
  MONACO DU NORD   -2/2
         
 

CPA collection LPM 1900, Entree de la plage



 

     Le caractère enjoué des Granvillais explique la réussite et l'entrain de toutes nos fêtes locales : Régates, courses... ; la réputation de notre Carnaval, le « plus gai de France », n'est plus à faire ; du samedi au mardi gras, tout Granville est en liesse, de toutes les villes environnantes de nombreuses personnes viennent participer à nos divertissements.

 
   

     Des travaux importants avaient été entrepris quelques années avant la guerre pour procurer à nos visiteurs le confort moderne, ils ont été poursuivis après guerre et le seront de plus en plus activement, Granville venant d'être érigé cette année en « Station climatique ».

 

     L'eau que nous devions répartir parcimonieusement pendant la saison estivale est distribuée maintenant en abondance et de plus stérilisée par l'ozone.

 

     De nouveaux tronçons d'égouts ont été mis en service, d'autres le seront fin de cette année et sous peu avec l'appoint de la taxe de séjour, les principales rues seront dotées des égouts indispensables à une bonne hygiène.

 
 

 

Granville et ses rochers, CPA collection LPM 1900

 
     
 

La nouvelle gare de Granville, CPA collection LPM 1930

 
     
 

L'ancienne gare de Granville, CPA collection LPM 1900

 
 
 
 

L'ancienne gare de Granville, CPA collection LPM 1900

 
       
 

     La gare d'autrefois si inconfortable est transformée et agrandie donnant toute satisfaction aux voyageurs.

 

     De nombreux commerçants modernisent leurs installations, il en est de même pour le Casino Municipal, et les hôtels qui peuvent héberger les clients les plus exigeants. Les quartiers neufs se garnissent de coquettes villas ; des magasins au goût du jour se créent nombreux.


     Une société locale disposant de bateaux à moteurs permet des excursions agréables à l'archipel des îles Chausey, qui fait partie de la commune de Granville, et en constitue l'un des plus curieux fleurons.

 

     Le nouveau Granville « Monaco-du-Nord » de la côte « d'Emeraude Normande », fait de son mieux pour s'adapter à la vie moderne, et suivre dans de nouvelles conceptions les traces de son ancêtre glorieux, le « Granville-la-Victoire » de 1793.

 

 

     
 
La plage et le casino, CPA collection LPM 1900