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Avranchin monumental et historique, Volume 2 Par Edouard Le Hericher 1885
Insula que dicitur Calsoi. (Charte de 1037).
L'archipel de Chausey se compose de cinquante-deux Ilot que la mer ne couvre pas et de plusieurs rochers submersibles. Une seule Ile, la Grande-ile, reçoit de la culture; trois ou quatre autres, les Huguenans principalement, offrent à l'œil quelque verdure, les autres mornes et livide sont nus ou recouverts d'une chevelure de varech. Pour celui qui longe cet archipel, ces iles apparaissent dispersées en demi-cercle, et cette apparence est la même de tous côtés. On peut, quand la mer est bute, aller a pied d'un îlot à un autre , excepté sur la Grande-Ile, baignée par un canal qui a quelquefois vingt brasses de profondeur. Situées à dix kilomètres de Granville, ces îles se développent sur douze de l'est à l'ouest, et de huit du sud au nord. Les trois plus étendues sont la Grande-Ile, proprement Chausey, d'environ mille pas de longueur, les Petits et les Grands Huguenans. Entre la Grande-Ile et la Longue-Ile est un chenal large de trois encablures, où mouillent les cutters de l'État, appelé du nom scandinave de Sund, où l'on remarque deux rochers, les Kpiettes, souvenir d'une vigie, et le-Tonneau de Vin. Il y a un mouillage pour de forts navires, appelé Beauchamp par M. Bontemps Beaupré, et Grand-Ruet par les pêcheurs. Entre la Meule et un des Romonts est le Sacaviron, chenal étroit, remarquable par sa richesse zoologique. Les autres îles n'ont d'intéressant que leurs noms: ces noms portent avec eux leur explication ou ont besoin d'une étymologie. Ce sont:
Les Rondes de l'Ouest; la Meule, de sa forme : il y a une fontaine; l'île aux Oiseaux; la Déchirée; la Pointue; la Grande-Ancre; les Longues; l'Estaquière, d'estac, amarre, en roman; le Chapeau, de sa forme; la Houlée; la Houssaye, ou l'Ile aux houx; la Genétaie, ou l'ile aux genêts; le Grand-Épail, de Pal, balise, Pail en roman; les Romonts, ou ronds monts; la Saunièrc, ouille au sel; le Canon, de sa forme; l'Enseigne, Ile avec un amer; la Plate; la Roche-desGucrnesiais; les Corniqucts, lie cornue; Longue-Ile; le Colombier, de sa forme; l'Ébauche ; le Guibeau ; l'ile aux Bons-Hommes, île hérissée de menhirs probablement naturels, qui de loin figurent des hommes ; la Roche-à-l'Homme; la Roehe-Hamon; le Petit et le Grand Ancret, îlot herbu, émeraude au milieu des cornalines et des topazes; la Petite et la Grande-Fourche; la Fortune; le Hcrpet, herpe, herse en roman, de sa forme peut-être ; la Canue, ou lie blanche; le Cheval; laVache;leBœuf; les Huguenans, ou les îles aux Huguenots, lieu de relache des Calvinistes français et anglais dans les guerres de religion ; la Mauve, fréquentée par les mouettes ou mauves; la Chapelle, de sa forme; la Conchéc, ou l'Ile coquillière; la Culassièrc, de sa forme peut-être ; la Mauvaise; la Lézardicre ; la Sellière, peut-être l'Ile au sel ; l'île Jaune; laRochc-Ango; le Roc-Cardin; les Grosscttes; le Roc-des-Cancalais; les Trois-Ilots; les Vieilles-Parées; l'État, Ilot qui peut-être accosté partout ; le Gaillard; les Foraines, recueil le plus dangereux'. |
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La Grande-Ile est une ellipse allongée, baignée à l'est par le Sund, et creusée à l'ouest en deux ports, le Port-Marie et le Port-Homard. La pointe la plus élevée est au sud, à l'entrée du Sund, c'est la pointe de Bretagne, où est la tourelle élevée par l'hydrographe Bontemps-Beaupré, et où s'élève en ce moment un phare qui sera un des points d'un triangle de feux dont les deux autres sont le cap Frehel et le cap Lihou. Au nord, et au fond du golfe paisible du Sund, se dresse le Grand-Mont , couronné d'un amer ou tonnette. C'est au Mont de Bretagne et au Port Marie que sont les carrières de ce beau granit qu'on admire sur la jetée et les quais de Granville, et qui forme les bornes et les trottoirs de Paris. Les barilleurs piffonnent la soude dans le nord de cette île et dans les autres îlots. Lorsqu'au sommet de ces rochers détachés et raides s'élèvent les colonnes de fumée des faiseurs de bar Me, et que brille, pendant la nuit, la flamme des soudes, des zostères et des varechs, en croit voir des volcans en éruption. Les barilleurs sont généralement appelés Blainvillais, parce que ce sont surtout des hommes de Blainville qui se confinent cinq ou six mois sur cet archipel pour y briller cette végétation inépuisable qui s'étale sur les flancs de ces rochers.
Du sommet de la Pointe de Bretagne, on jouit d'une vue immense et admirable. Du côté de l'ouest s'étend l'Océan dont la teinte se fond dans celle du ciel ; au midi sont les côtes de Bretagne, avec ses Iles, ses sentinelles avancées, la Conchée, le Herpin, et au fond de la Baie, la sombre pointe de Carolles, Tombelaine et le Mont Saint-Michel, qui, de ce côté, est morne et noir, le roc nu de Granville, hérissé de toits que dominent son phare et son clocher; à l'est se détachent, au bord azuré de la mer, les falaises sablonneuses de Normandie, et à l'horizon se montrent les aiguilles de la cathédrale de Coulantes et les buttes arrondies de Monthabot et de Monthuchon. Au nord on entrevoit, comme une vapeur, Jersey, cette éméraude de la mer de France, cette perle de la couronne d'Angleterre. Aux pieds du spectateur est l'archipel de Chausey, tourmenté, déchiqueté, hérissé, avec ses deux cents Ilots, verts, blancs, jaunes ou noirs, qui semblent être les débris d'une montagne écroulée ou l'expansion violente des entrailles du globe.
La végétation de Chausey est basse et drue. On y trouve la plupart des Végétaux du littoral continental, mais humbles et rabougris'. Les graminées dominent dans le tissu serré de ce tapis élastique et bigarré. Les plantes qui s'en détachent à l'œil du botaniste sont la Scille d'automne, le Rosier pimprenelle, les larges plaques dorées des Orpins et des Lotiers, ou les arabesques roses du Serpolet. Les creux desséchés sont inondés, comme des flaques de sang, par les Anserines, et bordés de Menthes et d'Inules. Les hauteurs sont éclatantes de l'or des Ajones, des Jacobées, des Millepertuis. Avec les roes et les décombres, où elle naît, s'harmonise la triste Jusquiame. Une lie à l'aspect druidique, hérissée de pierres debout, l'île aux Bons-Hommes, est couverte d'herbes très-épaisses et trèshautes , dans lesquelles domine le Dactyle aggloméré. Dans les fentes des rocs se détachent la Crithme maritime, les Statices armeria et pseudo-limonium 2. Sur les sables sees s'étalent le Scléranthe, le Polycarpe, l'Erodium maritime, l'Adenaire pourpier, et le Liseron soldanelle. Outre cette végétation générale des stations maritimes, l'archipel de Chausey produit des végétaux qui lui sont propres ou rares, VErica muttillora, l'Erica vagans3,le Polygonum maritimum, le Sedumsexangulare, le ClirysaiMcmum maritimum. MM. Le Normant et de Brebisson ont trouvé sur les Huguenans le Spergula subulata4. Mais les végétaux dominans à Chausey, c'est cette chevelure des néréides, glauque et triste, les goémons, végétation inépuisable que fauchent les barilleurs, qui en distinguent deux grandes espèces sous le nom de Cossu, c'est le Vésiculeux, et de Plisse, c'est le Rameux et les Zostères. On y trouve le Fucus Lutarius, le Nitophyllum punctatum, le Rhodomenia sobolifera, le Crouania attenuata, le Codium adhœrens, le Rivularia pellucida, le Scytonema pulverulentum. Les travaux d'un savant plein d'imagination, M. de Qualrefages, nous ont révélé les richesses zoologiques de cet attollon, spécialement du Sacaviron. |
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Si on laisse de côté les misérables huttes des barittcnrs et des carriers, il n'y a qu'une habitation à Chausey, celle du propriétaire de cet archipel , qu'on appelle quelquefois le Lord des lies, et qui, en temps de paix, peut en retirer une quinzaine de mille francs. Ce sont, près des ruines de Chausey, des bâtimens bas et sombres, une de ces choses éphémères que nous meUons presque toujours auprès des robustes monumens d'autrefois. Il y a un jardin avec de beaux figuiers, des prairies fraîches et herbues , et des bruyères émailltes d'ajoncs. Il y a un joli petit chemin, ombragé de saules, bordé de pommiers, qui conduit à la fontaine. Hue quarantaine de belles Taches cotentinaises sont dispersées sur cette propriété. Un édifice appelle l'antiquaire sur cette Ile : il est difficile dé trouver un coin si désert qui ne porte pas la trace de l'homme et de la religion. Ce sont des ruines considérables, qu'on appelle le Vieux-Château, ruines de couvent toutefois, mais de couvent fortifié.
Elles représentent un carré : l'angle de l'ouest s'arrondit, et s'enfonce dans le rocher, ce qui, du pied, lui donne l'air fier d'une tour militaire; l'autre angle du même côté s'enfonce à angle vif comme le coin d'un bastion. Dans un autre était la chapelle , dont les restes n'ont pas de caractère. Les murs, quoique peu épais, dallés à la base, sont troués de barbacancs. Ces ruines pittoresques, dans uu site magnifique et austère, auxquelles sont adossées de pauvres huttes bretonnes, s'harmonisent avec la désolation de cet attcllon, et rappellent cette vie contemplative ou guerrière dont vécut tout le Moyen-Age.
Mais ces roches ont une histoire : l'œuvre de l'homme se retrouve partout auprès de celle do Dieu et la complète. Pour Byron, l'Océan est complété par le vaisseau; pour Bernardin de Saint-Pierre, le paysage l'est par la chaumière.
Peu de lieux convenaient mieux que cet archipel au culte druidique. Aussi la présence des Gaulois sur ces iles est attestée, nous n'osons dire par ses menhirs et dolmens ' ,qui peuvent être aussi bien le caprice de la nature que l'œuvre des hommes, mais par la découverte de trois haches minérales, dont une, selon l'expression d'un archéologue, ferait à elle seule la gloire d'un musée. Elle est en silex ou plutôt en agate, polie et striée avec une habileté qui défierait presque un lapidaire de nos jours .
On ne peut guère affirmer le séjour des Romains à Chausey que par induction: nous n'en connaissons pas de preuves matérielles. Toutefois un antiquaire, dont nous avons déjà signalé les témérités, après avoir mis Lcgedia à Pirou, a localisé Fanum Martis à Chausey ', sur la voie de \-oriallum à Condate.
Le Christianisme fut prêché dans l'Âvranchin et le Cotentin dans le ive siècle, et toutes les îles de cette côte eurent leurs apôtres : Jersey, saint Ilélier, Scrk, saint Magloire, le Mont Tombe, saint Aubert, Guernesey, saint Samson ; l'Ile de Herms semble tirer son nom des solitaires. Nous croyons que, dans ces temps, Chausey eut aussi ses ermites. L'abbé Demons affirme que saint Pair fonda un monastère à Chausey2. T. de Billy dit que c'est là qu'il voulait se retirer, quand il vint de SaintJouvin, mais qu'il fut retenu par les gens de Sciscy3. Il est possible que le monastère de Mandane, habité par Scubilion, et séparé de Sciscy par un bras de mer, ait été Chausey. Ce nom de Chausey ressemble beaucoup au Sciscy ou au Cheré des hagiographes, appliqué à Saint-Pair. Sur la Ronde, on voit encore un puits et des ruines que l'on donne comme les vestiges de l'ermitage primitif. |
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Mais la première mention historique de Chausey est la charte du duc Richard, faite en 1022, par laquelle il donna au Mont Saint-Michel la baronie de Saint-Pair : « Cum insula que dicitur Calsoi 4, » Dès-lors cette lie devint un prieuré, dont les manuscrits du monastère parlent assez souvent, un lieu de retraite, comme le dit une de ses chartes : « Insulam de Chauseyo, ab hominibus semolam, aptam his qui cupiunt a conversatione secularium elongari et eclestibus contemplandis occupari, » C'est là que se retira, en 1089 , Bernard d'Abbeville, fondateur de l'abbaye de Tiron, qui assista à la levée du corps de saint Gaud5. Trigan a raconté sur ce solitaire de Chausey un intéressant miracle:
"Il y était seul, vivant on ne sait comment, sans maison, sans pain, sans feu, lorsque trois barques de pirates bretons, qui venaient de prendre deux vaisseaux, abordèrent avec leur prise sur cette île. Le saint homme vit ce spectacle de misère dans les uns, d'injustice dans les autres.... Ses paroles parurent sans effet ; les pirates reprirent la mer sans lui laisser la satisfaction d'avoir ni consolé, ni converti personne ; cependant il y avait quelque chose d'acheminé dans l'une et l'autre oeuvre.... Bernard se mit en oraison et y passa la nuit.... Enfin les pirates touchaient au port où ils tendaient, lorsqu'ils furent rejetés en mer par la plus épouvantable tempête. A deux doigts de leur naufrage, Us délièrent leurs prisonniers, et leur demandèrent pardon... Après cela, les vœux de toute espèce ne furent point épargnés : Jérusalem , Rome, Saint-Jacques en Galice ne leur parurent pas des lieux trop éloignés pour s'en imposer le pèlerinage. Un d'eux toucha mieux au but: hélas! dit-il à ses compagnons, pourquoi périssons-nous? ne vous souvenez-vous pas d'un saint ermite que nous avons vu hier, et dont nous avons méprisé les avertissemens? Promettons à Dieu que, s'il veut bien nous donner la vie nous ramenant à son lie , nous ferons tout ce qu'il nous dira. Cette idée fut reçue comme un oracle. Aussitôt, l'impétuosité de la tempête les reporta sur l'Ile avec une telle vio ence qu'ils furent jetés à sec sur son rivage, et que, des cinq navires, il n'en resta qu'un qui*ne fut pas brisé. Ils abordèrent le bon ermite... confessèrent leurs péchés, et reçurent pénitence. Plusieurs quittèrent le saint homme pour aller acquitter leurs vœux, d'autres demeurèrent près de lui pour recevoir ses instructions, et lui bâtirent une maison des débris de leurs navires; mais, après leurs provisions consommées, la disette les força de quitter ce séjour, et Bernard y demeura seul comme auparavant '. »
Dans la bulle d'Alexandre III, de 1178, on lit, parmi les autres propriétés du Mont : c Tota insula de Cause cum pertinentibus suis. »
Dans le XIIIeme siècle, Robert de Granville fit un don à l'église de Chausey : elle était sous l'invocation de la Vierge, Stella Maris, comme la plupart des chapelles du littoral: • Ttob. de Granvill militis ecclesie B. M- de Chausey videlicet 2 sol. cenom. M. Seguin dit que c'était pour le luminaire de cette église. Dansées temps d'édification, le Mont Saint-Michel, propriétaire de ces lies, tirait de ses riches carrières le granit de ses constructions, et Dom Huynes disait au XVIIeme siècle: Prioratus de Chauseyo. Autrefois les moynes du Mont estaient seigneurs de laditte isle de Chausey, d'où ils fesoient venir des pierres pour bastir en ce Mont. »
Dans le XIVeme siècle fut transcrit sur l'Inventaire le titre d'un écrit relatif à Chausey : c Littera pacis super contention* diu agitata inter Priorem de Chausei et rectorem ecclesie de Grandivilla*. a Dans ce siècle, en 1543, le Mont Saint-Michel y fonda un couvent de Corde Tiers : ces religieux reconnurent, par un écrit fait en 1532, qu'ils avaient été institues à Chausey par cette abbaye '. M. Manet dit qu'ils furent si nombreux jusqu'en 1535, que, d'après les registres de l'évêché de Coutances, ils envoyaient chaque année trois ou quatre sujets recevoir les ordres. Les ruines que nous avons décrites sont celles du couvent des Franciscains2. Ces ruines muettes ont dû être témoins de beaucoup d'événemens, dont l'histoire n'a pas été écrite ou est perdue, pendant les longues guerres de la France et de l'Angleterre. |
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Pour le XVeme siècle, nous n'avons qu'un fragment d'une charte cité par M. de Gerville, mais remarquable sous plusieurs rapports : « Circa an. D. millesimum quadringentesimum bonœ memoriœ (rater P. Fabri, ordinis minorum professor, attendens prudentissime insulam de Chauseyo, ab hominibus semotam, aptam fore his qui cupiunt a conversatione secularium elongari et celestibus contemplandis occupari.... Actum inprefato conventu de conventu de Chauseyo.
Les guerres de religion durent marquer leur trace sur cet archipel, où les Hugueuans, dans leur nom, en ont conservé le souvenir. Ces guerres chassèrent de Chausey ses solitaires : en 1543, ayant été deux fois pillés par les Anglais, et voyant leur couvent ruiné, ils quittèrent leur rocher pour venir s'établir à Granville. Ils y furent reçus par un bourgeois, nommé Le Pigeon, qui les logea pendant trois ans, après lesquels les dames d'Estouteville leur donnèrent dans le voisinage un terrain où ils se bâtirent un couvent4. Leurs frères de la Luzerne inscrivirent cet événement dans leurs annales : c In hoc anno insula de Chauseyo in quà erat conventus minor fratrum ab Anglis vastata est et locus penitus destructus*. » Quelques années après, Cenalis écrivait: t Novissimè conspicuum se prœbet monasticum franciscanœ familiœ, nuper templum Chauseium, vulgo Chausei, non muttis ante diebus a schismaticis funditùs direptum «. » Les moines du Mont Saint-Michel restèrent dans cette Ile, comme gardiens du prieuré. Le procès-verbal d'un miracle, fait en 1594, porte la souscription de Rolland Léger, prieur de Chausey.
Après la retraite des Cordeliers, la Grande-Ile de Chausey devint un poste militaire, où l'on bâtit un château dans l'ancien monastère. Plus tard, l'archipel Tut donné a la famille de Matignon ', et forma un gouvernement. Au commencement du Xvii<= siècle, Dom Huynes écrivait: « A présent, le gouverneur que le roi a mis en l'Ile de Chausey est maître de tout par usurpation, et afferme le Prieuré 800 liv. par an, sans le profit des pierres, etc., et donne seulement 200 liv. au custodi vos dudit prieuré. » En 1648, ce prieuré rendait 600 liv.
Au commencement du xvme siècle, T. de Billy écrivait dans ses Iles du Cotcntin : « Chausey est à une lieue des terres, près de Grandville: elle est inhabitée en temps de guerre. Il y a néanmoins une petite chapelle et quelques maisons dans lesquelles se retirent des tailleurs de pierres en temps de paix. Il y a de très-belles perrières d'où l'on tire de bon carreau gris. C'est un gouvernement particulier: il est à M. de Matignon. »
En 1756, les Anglais s'emparèrent de Chausey , et y établirent une station destinée à surveiller les ports de Saint-Malo et de Granville. Rulecourt, dans son audacieuse expédition sur Jersey, en 17802, relâcha à Chausey, où 1I exerça sa troupe. Il y donna une preuve de sévérité cruelle : un soldat avait murmuré contre la qualité du pain; il le fit mettre sur un ilot submersible, et là , devant tous les yeux, le malheureux vit monter peu à peu la mer qui finit par l'engloutir. Nous avons raconté ailleurs 3 d'autres événemens qui servent à l'illustration de cet archipel.
Aujourd'hui, Chausey est une propriété particulière. En ce moment, on élève un phare sur la Pointe de Bretagne , et l'on peut dire que l'homme ne peut allumer sur une plus belle cime un flambeau pour le navigateur, une étoile dans le ciel.
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