SARTILLY
  CC 04.12 GRANVILLE TERRE ET MER
   
  HISTOIRE
         
 

Sartilly rue de la poste CPA collection LPM 1900

 
         
 

Avranchin monumental et historique, Volume 2

Par Edouard Le Hericher 1845

 

Ecclesia de Sarlilleio quant Ranntlfus

  Aicnct dedit Deo et S. 3/tichaeli.

 (Charte de n58).

 

Cette grande commune imite la figure générale d'une «? feuille reuiforme, ayant un lobe au nord et l'autre au sud, avec l'échancrure à l'ouest. Le lobe du nord est déterminé par des lignes naturelles , les rivières de la Vesquerie, d'Allemagne, et de la Janière ; le lobe méridional par celles du Vieux-Lévrier, du Loir , et de Ligny, sa ligne sud étant tracée par des voies. Une lisière de bois borde la partie orientale. Parmi ses nombreux villages on remarque, Brequigny, célèbre manoir, la Ville, le moulin de Claquet, les Hauts-Vents, le Rocher, le Haut-Mesnil, le Manoir, le Tilleul, leChesnay, IaSaulerie, le Frcsne, Reverdy, Mirande, Beauvallons.

 

Ce nom de Sartilly, voisin de Sartigny, semble dériver d'un nom normand très-commun dans le Domesday : Suarting, Suertin, Suartlinus, etc.'

 

L'église de Sartilly est mi-romane et mi-gotbique. Les parties romanes sont les contreforts de la nef, des modillons, et un joli portail latéral. Les modillons représentent généralement la face humaine ; toutefois il y a des variétés , telles qu'une tête humaine à bec de lièvre, ou d'autres sujets, par exemple une espèce de boule serrée au milieu par une corde. Ils auraient pu donner quelques élémens nouveaux à l'habile classification des modillons romans de M. Dumoncel, dans le département de la Manche. L'élégant portail du sud est assez orné : sa porte extérieure se compose de deux colonnettes, aux chapiteaux sculptés de crosses végétales, à l'arcature zigzaguée, eucorbellée sur deux têtes; sa porte intérieure est ornée de boules semées sur ses colonnettes, mais détruites d'un côté. Au xive siècle appartient la voûte du chœur. Le xvr siècle réclame la voûte de la tour et la chapelle méridionale , dont le pignon , fleuri d'expansions végétales, est percé d'une gracieuse fenêtre prismatique; la fenêtre orientale doit être du xvir siècle. Le reste est moderne. L'if du cimetière, qui ne végète plus que par l'écorce, et qui semble formé d'un faisceau d'arbres, est contemporain des parties romanes. L'église n'a pas de vieilles tombes : le cimetière renferme celle de : « Lud. Roussel rector hujus pan-ochie, oculus ccoco, pater pauperum, forma gregis. Obiit 1810. »

 
     
 

Le Logis de Brequigny Sartilly CPA collection LPM 1900

 
     
 
 
     
 

Sartilly n'a pas de château proprement dit: le Manoir et le Logis de Brequigny sont les habitations féodales. Le Manoir n'a rien d'ancien: on se souvient d'y avoir vu une tourelle. Brequigny , désigné dans le Cartulaire de la Luzerne, sous les formes de Brikenium, Brikenneium, Brikeigneium, a un aspect plus architectural et plus ancien. Sartilly et quelquesunes de ses localités sont désignés dans un certain nombre de documens que nous avons recueillis.

 

On a dit que cette paroisse eut deux de ses seigneurs à la Conquête : on s'appuie sur le Monasticon Anglicanum qui cite Oufroi, Gilbert etGodefroi de Sartilly, ou àaSartilla, en ces termes extraits de la charte de G. deSt-Jean, pourBoxgrave, avoisiné des noms de Rob. et Thomas de Campell : « Ex dono Gisleberti de Sartilla virgatam in Hamptoneia... Gauffridi deSartillainBridham...HumfrediinAbbintona'. » Cette charte ne peut être que du milieu du xite siècle.

 

En 1158, l'église fut confirmée par Foulques Paynel au Mont Saint-Michel qui l'avait reçue de Raoul Avenel : « An. 1158 cum Fulco Paganellus calumpniaretur presentationem presbyteri de Sartilleio et inter ipsum et Robertum abbatem longa esset concitatio, tandem ad hoc res deducta est quod idem Fulco venit ad Montem S. Michaelis et omnes concessit elemosinas quas antecessores sui dederunt S. Michaeli, scilicet decimam de Servun et decimam de Luoth... ecclesiam eciam de Sartilleio Rannulfus Avenel avunculus

 

Dans un Rôle de l'Échiquier pour 1180 est cité un Gilbert de Sartilly: « De Gilleb. de Sartillie c. I., etc. a » Il l'est encore dans un rôle de 1195: « De Gilleberto de Sartillie 106 sol. pro plegio Rie. de Argenciis. »

 

En 1226 fut faite une pièce inscrite sous ce titre dans Y Inventaire du Mont: « Littera Nicholai Dastin de molendino de Mirande et de stagno ejus. » En 1293, dit un manuscrit du Mont : « Pertinacia facta est ut non possimus cogi ex manu nostram ponere grangiam de Sartilleio; » et en 1294 un arrangement fut fait sous ce titre: « Littera grangie de Sartilleio compositione sentenciali a viro venerabili G. de Viliers milite et decano Abr. » Le Mont avait aussi des droits sur la dîme de Brequigny : Littera decime de Campellis et de Brequigne...4.

 

Sartilly apparaît plusieurs fois dans les documens relatifs à l'invasion anglaise du xve siècle. M. Seguin dit que G. Montquin fut mis en possession en 1419 des terres et châteaux de Saint-Hilaire et de Sartilly qui appartenaient à la marquise de Ferrières; ce que nous trouvons dans des rôles de la tour de Londres en ces termes: « lui9 Rex Henricus concessit W. Montquin terras de Sartilleio et de S. Hylario. Mais en cette même année le seigneur de Brequigny fit sa soumission: Jean de Brequigny, écuyer, fit hommage en 1419 « l'an 6 du règne. » On doit peut-être conclure de ces citations que Brequigny n'était pas le fief seigneurial : c'était sans doute le Manoir.

 

En 1463, Montfaut trouva noble à Sartilly G. de Brequigny, écuyer. En 1661, Louis de Montgommery nomma à l'église de Sartilly. En 1698, les personnes nobles étaient laveuve du sieur du Hommel, Ch. du Hommel, N. Le Duc, Fr. Piton , P. de Boisyvon, la veuve de N. Herault, la veuve de Tesson. Les Desvaux ont possédé Brequigny. En 1648, l'église de Sartilly, dont le patron était toujours l'abbé du Mont, rendait 1200 liv.

 

Le site de Sartilly, sa situation sur une montagne d'où l'on voit Avranches et la Baie, a frappé plusieurs touristes, spécialement les Anglais. Le Hand-Book de Murray signale la beauté de son paysage. Miss Costello y a retrouvé l'aspect de l'Angleterre: « At tbe hait way from the village of Sartilly the appearences of the woods ands ficlds almost persuaded us tbat we were stils in England '. » M. Hairby loue la construction de ses maisons: t The village of Sartilly wich is a very wide street flanked by good houses, remarkable from the very superior manner in which they are thatched. »

 

Le même écrivain parle de son église normande, et de son if, que la tradition, qui sait que l'antiquité est la poésie, ici infidèle à sa tendance , a fait plus jeune que la réalité : « Ils church is of early norman foundation and the magnificent ycw-tree in the churchyard is said to have been planted by Henri Quatre. »

 

M. de Brebisson y indique VEuphorbia esula, commune sur cette route et le littoral de Vains.

 
     
 

La rue du vieux bourg Sartilly CPA collection LPM 1900