Ronthon, L'église Saint-Nicolas. Xfigpower — Travail personnel

Avranchin monumental et historique, Volume 2

Par Edouard Le Hericher 1845

Ecel. S. Kich. 1le Ronlhon.

 (Charte de n7J).

UN triangle curviligne exprime assez bien le plan de Ronthon : deux courbes sont tracées par le Passoux , et le ruisseau de Ligny ; l'autre est arbitraire. Ses villages sont peu nombreux, et leurs noms peu intéressans : on peut citer Magny , Richebourg , les Vaux , le Fresne , le Bisson , l'Épine, la Cohue.

Une fenêtre du XVeme siècle , un porche latéral, tenant lieu de portail, du XVIeme, ainsi que la porte cintrée du même côté, un porche ogival, semblable à celui de Dragey, avec une Mater dolorosa, les fenêtres en anse de panier du chœur et de la nef, telles sont les principales parties de l'église de Saint-Nicolas-de-Ronthon. Il semble que les ouïes de la tour, d'une physionomie toute romane , sont les restes restaurés de l'église primitive. Appartenant au Mont Saint-Michel , elle fut donnée à l'évêque d'Avranches, en 1175, par l'abbé de ce monastère: « Robertus nos intuitif caritatis quod habebamus in ecel. S. Nich. de Ronthon et quidquid nos et prioratus noster de Tumbahelene in eadem ecclesia habebamus... Yenprabili Wilnxo cpo. et ecel. Abr. -pure et absoiutc contulimus...' » Guillaume concéda à son tour cette église et son chapitre, par une charte inscrite au Livre Vert: «Noverit... nos ecc. de Ronthon capitulo Abr. dedisse misericorditer... salva vicaria cura duodecim libris tui: quas pro nobis rctinuimus. » En 1648, cette église rendait 200 liv.; autant en 1698 : il y avait un vicaire.

Un château assez considérable a existé à Ronthon: il en reste une tour ancienne dans le manoir actuel, et elle appartenait à la forteresse du seigneur de Ronthon qui, au commencement du XIeme siècle, fut au nombre des bannerets partisans de Geoffroy, ou au moins à celle qui fut, en 1440, l'objet d'une attaque racontée ainsi dans un travail manuscrit de M. de Guiton:

« Le 4 mai 1424, Jean d'Argouges , seigneur d'Argouges, de Jautée,etc., fils de Philippe et de Hollande, dame de Ronthon , épousa D*lle Vincente de Halsale, fille de Gilbert, écuyer, et de Guillemette Biotc ; il eut la terre de Granville, entra au service du roi d'Angleterre, et s'oublia jusqu'à vendre le petit port de Granville au sénéchal de Scale qui, dégoûté de celui de Genêts où les navires et les marchands de sa nation étaient continuellement exposés aux surprises de la garnison du Mont St-Michel et des partisans qui couraient le pays , y fit construire un fort. Cette action anti-française, anima les carlistes contre le sieur d'Argouges , au point que l'an 1440 , le fougueux partisan Jean de Guiton envoya un détachement prendre, piller et même brûler son manoir de Ronthon. Cette terrible expédition fut la source de plusieurs rixes, d'une longue haine et de bien des procès entre les deux familles; mais messire Jean de Laugcac qui, en sa qualité d'évêque d'Avranches et de maître des requêtes au conseil du roi, réunissait les autorités royale et ecclésiastique, s'en servit pour les réconcilier par le double mariage de Jean d'Argouges avec Françoise Guiton en 1526, et celui de Vincent Guiton avec Rollande d'Argouges en 1528. »

En 1611 , le seigneur de Ronthon était Jean Giroult, écuyer , vicomte d'Avranches, dont la tombe est dans l'église paroissiale , et en 1698 , le gentilhomme à Ronthon était Louis d'Argouges. En 1765, cette paroisse comptait 65 feux.

On pourrait expliquer ce nom de Ronthon par Rus Othonis, nom propre assez commun dans le Domesday, s'il n'y avait dans nos recueils normands des noms propres assez voisins qui font entrevoir les altérations.

Rothon CPA collection LPM 1900