CHAMPEAUX
  CC 04.05 GRANVILLE TERRE & MER
   
  HISTOIRE
         
 

CPA collection LPM 1900

 
     
 

Avranchin monumental et historique, Volume 2

Par Edouard Le Hericher 1845

 

Quidam miles do vico qui dicitur Campch,

  Rannulfus nomineconcessit parlcm quam

   in supra dicta villa tcnebal decime.

      (Caria de Campels. Carl, du Mont).

 

UN triangle dont la base est au nord , tracée par le ruisseau de Carolles, complété de deux segmens artificiels, dont le «ôté ouest est formé par la mer et une ligne de convention, dont le côté est est artificiellement tracé sur la lisière de la Lande de Beuvais , encadre le sol inégal de Champeaux. Son littoral est une falaise massive et haute, qui ne mérite pas son diminutif de Hoguelle. La carte de Cassini représente les écueils semés au pied de sa falaise , et le corps-de-garde qui la domine, devenu aujourd'hui hutte de douaniers , ou de berger. Adossé au rocher, au-dessous de ce corps-de-garde, est un pan de mur rongé par la mer, reste d'une construction qu'on dit avoir été un marché à poisson où venaient les maréïeuses de Granvillc. Le Château , le Manoir , la Motte évoquent des souvenirs féodaux; le Hamel, la Hoguelle rappellent les Saxons. Le Fourneau, Bonneville, Inoville, les deux Gosse, les Boches sont les autres principaux villages. On ajoute quelquefois une affixedistinctiveau nom de cette commune, et on dit Champeaux-sur-Grêve. Cette grève a un banc étendu, marqué sur les cartes sous le nom de Banc-de-Champeaux.

 
   
 
 
     
 

L'église, sous l'invocation de saint Vigor, est une de ces rares ecclcsioles qui ont conservé leur campanier. Celui de Champeaux, élevé et fleuri , est très-gracieux, surtout quand il apparaît entre les buissons et les arbres. Les parties les plus anciennes, peut-être romanes , sont une fenestrelle et un contrefort. Le reste est du xvr siècle. Le campanille a trois tiuterelles triangulaires, couronnées d'accolades avec un écusson, cinq pinacles, deux gargouilles, le bien et le mal, un ange et un crapaud. Il y a encore une jolie porte écussonnée; mais l'élégante fenêtre de l'est a été là , comme presque partout , vandalisée : une sacristie l'a masquée. Le porche latéral est de 1617 : il est probable qu'il n'y avait pas autrefois de portaU. Des fenêtres récentes carrées contrastent avec la grace des parties anciennes. Cette église appartenait à l'abbaye de la Luzerne: eu 1213, le pape Innocent confirma les dons faits à cette abbaye; il cite d'abord « Eccl. S. Vigoris de Campellis'. » En 1648, cette église valait 600 liv.; en 1698 , elle en valait 400; outre le curé, il y avait deux prêtres; la taille était de 632 liv. payées par 100 taillables.

 

Les seigneurs de Champeaux sont souvent cités dans les chartes locales. A la fm du xr siècle, du temps de Hugues de Chester, Rannulfe de Champeaux fit au Mont Saint-Michel la concession suivante: « Ego Rannulfus abbas S. Michaclis ductus principis angelorum amore, fretusque fratrum consilio quibus inerat cura vere sopkie, percgi hanc que sequitur  conventionem. Quidam miles de vico qui dialur Campels, Jiannulfus no mine adiens nos cupiensque se protegi divino solamine concessit partem quam in supra villa tenebat decime id est duas garbas ex medietate ipsius vici decime, annuente Comite Hugone eo tenore ut efjiciatur particeps nostrarum precum... Si quisvero quodnon credimus de posteris hec transgressus comraierit cum Datlian et Abiron penitvs Averai se deputatum noverit... Signum Hugonis Comitis, Morini pistoris, etc. »

 

En 1113, sous l'abbé Bernard, Gislcbert de Champeaux avec Cuillaumc son fils encore enfant, confirma ce don dans une charte signée de Richard de Leseanx, Th. de Saint-Planchers. Dans ce siècle, Gilles de Champeaux signa une charte de la Luzerne; one charte de Savigny, de 1150, porte la souscription de Théobaldde Champeaux, une de 1166 celle de Gisl. de Champeaux, et unechartede 1186 celle de Radulphe de Champeaux.

 

M. de Gerville cite, à propos de Champeaux , ces fragmens du Livre de l'Échiquier : « W. de Campellis... Rob. de Campelt. Les Rôles de M. Stapleton ne citent pas de Champeaux.

 
   
 

Les Rôles de M. d'Anisy ne mentionnent que les seigneurs de Champeaux du Passais.

 

En 1213, seion dom Huynes, le seigneur de Champeaux donna au Mont la dîme de cette paroisse. Dans une assise de 1280 figure Gislcbert de Champeaux en compagnie de plusieurs seigneurs du voisinage.

 

En 1323 fut faite en faveur du Mont: » Littera Guarini Geelin super venditionem jurûtm que habebat in bosco de Neron et super virgatam terre in parrochia de Campels... » Nous trouvons encore ce titre, sans doute celui dont parle dom Huynes : « Cyrographium decime de Campellis et de Brequigne », et « Carta quod non tenemus solvere decimam pro ecclesia neque pro Neron. «

 

M. Seguin cite Champeaux avec Genêts et Saint-Pair au nombre des places que possédaient en 1367 les Bretons alliés du rol de Navarre '. M. Desroches dit, d'après une pièce du Chartrier de M. de Guiton , que Duguesclin fit fortifier ce lieu.

 

A la fin du XVeme siècle, Montfaut trouva noble à Champeaux Renaut de La Hache.

 

CPA collection LPM 1900

 
         
 

En 1698, les gentilhomme» étaient G. de Chaber, Joseph et Jacques de La Hache.

 

Au bord de la Lande de Beuvais, à la lisière de Champeaux , sur la terre de Saint-Blaise, se voient des ruines de physionomie romane, vestiges d'une antique maladrerie, dite de Saint-Blaise-de-Champeaux. A quelque distance est le pied de la croix de saint Blaise. Cette léproserie, ainsi isolée dans un terrain vide et découvert, était antérieure au xir siècle, puisque le seigneur de Saint-Jean donna au chapelain et aux lépreux 24 quartiers de froment sous le règne de Henri Ier, qui mourut en 1136. Une charte de 1192, citée à la Luzerne, mentionne un don , « Leprosù Campellorwn. » Un titre de 1320 établit qu'il y avait alors cinq lépreux à la chapelle Saint-BIaise-de-Champeaux. L'acte de Louis xiv, de 1696, réunit à l'Hôtel-Dieu-d'Avranches les biens de toutes les maladreries du pays, de la Madelaine-de-Ponts, de Sainte-Caiherine-de-Bacilly, de « Saint-Blaise-de-Champeaux  de l'Hôtel- Dieu-Sainte-Anne-de-G enêtsJ.

 

M. de Gerville, rencontrant quelque difficulté à localiser l'ancien château de cette paroisse, a dit que « de nouvelles recherches sont indispensables pour motiver une opinion sur le véritable emplacement du château des Champeaux 4. » Avec la tradition, nous croyons qu'il était dans l'endroit du château actuel, près de l'église. Cette habitation , avec son pavillon élancé du xvn« siècle , n'offre plus rien d'ancien , mais il s'est probablement élevé sur l'emplacement du château primitif. Il appartient à un des descendais des La Hache que Montfaut y trouva au xve siècle '. Outre son château, Champeaux avait un manoir qui était aux évêques d'Avranches, et sur lequel ils devaient au roi 36 sous de rente On en voit encore des parties au nord et près de l'église.

 

Toutefois, les vestiges des anciennes habitations féodales ont disparu ou sont peu caractérisées: aussi ne pouvons-nous accepter qu'à moitié cette phrase poétique : « Au nord se dressent Carolles et Champeaux, falaises escarpées , qui portent encore les débris des châteaux féodaux dont jadis elles menaçaient le pays ». »

 

Champeaux, Campels, Catnpelli, semble être d'origine latine. Il y a en France un très-grand nombre de Champeaux, Champels et Champeix, Campel et Campeaux.

 
     
 

  Champeaux CPA collection LPM 1900

 
         
   
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  EGLISE SAINT-VIGOR & SEIGNEURIE
         
 

Champeaux église SAint-Vigor CPA collection LPM 1900

 
   

L'église est dédiée à Saint-Vigor. Elle fut donnée à l'abbaye de La Lucerne, en 1162, par Gilbert de Champeaux. La cure était estimée à six cents livres en 1648 ; l'estimation fut réduite à quatre cents livres en 1698. Sous l'ancien régime, c'est un prieuré-cure dépendant de l'abbaye de La Lucerne. Elle dépendait, à cette même période, du doyenné de Genêts.

 

L'église fut fondée au XII siècle. Elle a subi de nombreuses transformations liées à des dommages : guerre de 100 ans ou guerres de religion ; l'incendie du 2 janvier 1911 ; la foudre qui a détruit son clocher-campanile en octobre 2000 ou encore à l'usure du temps.

 

 
 

SEIGNEURIE

 

La seigneurie de Champeaux, est souvent citée dans les chartes depuis le XI° siècle. Le livre noir de l’abbaye de la Lucerne nous apprend que Roger de Champeaux donna à ce couvent le patronage de son église au XI° siècle. Roger, son fils, ratifia cette donation, que l’abbaye conserva jusqu’à la révolution, sauf quelques provisions obtenues en cour de Rome. La terre de Champeaux passa de ses premiers seigneurs dans la famille de Bréquigny, puis dans celle de la Hache. Pierre de La Hache, sieur de la Hague, la vendit le 11 décembre 1597 à Jean de Sainte-Marie sieur de Boisfrou pour la somme de 9000 livres. Elle fut ensuite cédée à Gilles de Chabert, dont le dernier descendant mâle fut Louis-Charles-François de Chabert de Champeaux, fils de Louis-Alexandre de Chabert et de Marie-Félix de Tesson. Jean-Baptiste de la Hache de Lisle, son héritier le plus proche par sa mère, ayant recueilli le fief de Champeaux, en prit le surnom.

 

Gilles de Chabert, écuyer, sieur du Pont au rat, demeurant à Donville, achète la seigneurie de Champeaux le 27 juin 1675.

 

L'incendie du 2 janvier 1911

CPA collection LPM 1900

 
         
 

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  MALADRERIE SAINT-BLAISE
         
 

Champeaux église SAint-Vigor CPA collection LPM 1960

 
         
 

   Histoire des Bains de Mer à Carolles et à Jullouville (1954)

   H.E.C.

   Directeur Honoraire du Crédit Lyonnais

   Membre vétéran du Touring-Club de France

 

À la lisière septentrionale de Champeaux, en bordure de la route de Saint-Michel-des-Loups à Champeaux, à environ cinquante mètres du carrefour avec la route de Carolles à Sartilly, (où se dresse la croix dite Saint-Blaise), on voit un pan de mur d’appareil roman, auquel est adossée une étable de la ferme voisine : ces ruines sont les derniers vestiges de l’ancienne léproserie ou maladrerie de Saint-Blaise.

 

Cette maladrerie fut fondée par le roi Henri II d’Angleterre (1154-1189), qui assura le vêtement du chapelain de Saint-Blaise par une rente à prendre sur les bourgeois de Coutances et qui fit don aux lépreux d’une foire qui se tiendrait chaque année, le jour de l’Exaltation de la Sainte-Croix, en septembre, dans la Lande de Beuvais.

 

Guillaume de Saint-Jean, fondateur de l’Abbaye de La Lucerne, fit donation aux lépreux de Saint-Blaise de «tout le pressurage de la paroisse de Saint-Jean, trois vergées de vigne, les chanteaux de pain de sa maison et, le mardi, pour six lépreux, une distribution de vivres égale à celle que recevaient six de ses domestiques pendant le temps qu’il résiderait à son château, 26 quartiers et demi de froment, dont 9 devaient être perçus à Tourville en vertu d’un échange conclu avec Angot, abbé de La Lucerne». De plus, il leurabandonna un homme à Saint-Jean «avec tout son revenu quitte de toute aide et de tout service à son égard ; toutefois, le vassal ainsi cédé ne devenait pas irrévocablement l’homme des lépreux : s’il ne pouvait se plaire avec eux, et réciproquement si les lépreux ne pouvaient s’en arranger,il revenait à son premier maître qui était tenu de le remplacer par un autre ; ce vassal devait être affecté spécialement à la vigne des lépreux».

 

En l’an 1320, cinq lépreux, ou, comme on disait alors, mésels ou méseaux, savoir : Jean de Ber, de Carolles, Thomas Pichard, de Saint-Jean, Colin Boressel et Marie Hueline,de Saint-Jean-le-Thomas, et Jean Douillé, de Champeaux, «tous meseaux de la maladrerie de Saint-Blaise, ès-lande de Beveys en la paroisse de Champeaux», par acte daté de Valognes le vendredi après la Saint-Denys, cédèrent à Jean de la Mouche, évêque d’Avranches, «tout le droit, l’émolument et la franchise por le temps à venir que lor meson ou maladrerie lor assemblée et eus avoient et aveir povoient et devoient es feires des susdictes seans chescun an et tenues le jour de l’exaltacion de Sainte Croix ès landes de Beuveys» en échange d’une rente de 15 sols à la Saint-Michel payable par les évêques d’Avranches, dont 12 sols devaient revenir aux malades et 3 sols à la fabrique de la chapelle.


Le nombre des lépreux diminua peu à peu dans les siècles suivants par suite de la disparition progressive de cette maladie ; un édit de mars 1693 décida la centralisation des soins hospitaliers et la suppression des maladreries devenues inutiles ; Louis XIV, par arrêt du Conseil d’État du 25 mai 1696, ordonna la réunion à l’Hôpital d’Avranches de diverses maladreries de la région? Parmi lesquelles celle de Saint-Blaise de Champeaux, «avec tous les fruits et revenus y attachés, à charge de satisfaire aux prières et services de fondation de ces établissements».

 

Ruines de l’ancienne léproserie ou maladrerie de Saint-Blaise.

 
         
   
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  LES FALAISES DE CHAMPEAUX
         
 

Les falaises de Champeaux dominent la baie.

Au loin, Tombelaine et le Mont émergent de la brume.

 
 

 

 
 

Ce site est historiquement un lieu de contrôle et d'observation. Entre deux 'cabanes Vauban', le chemin des douaniers offre une vue panoramique sur l'ensemble de la baie. Jusqu'au XVIIIe siècle, il permettait de surveiller le trafic maritime sur tout le littoral entre Cancale et St-Jean-le-Thomas et notamment, vers Genêts un port encore très actif à cette époque.

 

Aujourd'hui, ce chemin est abandonné aux randonneurs, amateurs de beaux paysages et de nature sauvage. Il serpente au milieu d'une végétation pauvre, mais très fleurie à la fin du printemps, où dominent ajoncs, genêts et bruyères). En contrebas, au pied de l'escarpement, des rochers de schistes se perdent dans la mer et les sables de la baie. Ces roches sombres se teintent alors du manteau jaunâtre des 'mattes' d'hermelles. Ces vers tubicoles construisent plus au large de vastes récifs très appréciés des pêcheurs à pied.

 

Ces falaises sont aussi une étape importante pour les oiseaux migrateurs et possèdent quelques aménagements pour les accueillir. Elles offrent un refuge provisoire à de nombreuses espèces et en particulier à des passereaux en automne et à la fin de l'hiver.

 
         
 

Cabane Vauban, Corps de garde,18è siècle, bâtiment constitué d'une seule pièce, situé sur la falaise de champeaux, à même le sentier.