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Avranchin Monumental & archéologique Edouard Lehéricher 1865
Pontaubault a du être le théâtre de beaucoup d’engagements et d’escarmouches dans les guerres qui désolèrent la France au Moyen-Age et qui étaient, pour ainsi dire, l’état permanent des populations. Dans la grande lutte nationale du XVe siècle, alors que le roi d’Angleterre possédait la Normandie, qu’il dépeçait et distribuait à sa volonté, comme son ancêtre le Conquérant l’avait fait de l’Angleterre, Pontorson était commandé par un seigneur breton, appelé de Rostrenen, laissé là par le connétable de Richemont. Les Français de la garnison, enhardis par un succès qu’ils venaient d’obtenir sur les Anglais entre Pontorson et le Mont Saint-Michel, essayèrent une chevauchée vers Avranches qui était occupée par les troupes étrangères. Un témoin oculaire, G. Gruel, raconte ainsi cette affaire :
Dom Lobineau les a localisés à Genêts. Nous ignorons quelles raisons ces historiens ont eues pour affirmer ces localités. Ponts-sous-Avranches satisferait peut-être mieux aux inductions tirées du récit ; mais dans le doute nous le rattachons à Pontaubault. Ce récit prouve <iué rers il n'y avait pas de pont en cet endroit.
Le Connétable de Richemont, pour occuper, dit Dom Lobincau, les Routiers, en négociant la paix, faisait le siège d'Avranches, occupée par les Anglais. Talbot arrivait de Meaux pour débloquer la place. Richemont alla au-devant de lui avec une partie de ses troupes, jusqu'au bord d'une rivière. « Il y avait entre eux une rivière bien petite, et tous les jours nos gens cuidoient combatre , et y furent faicts plusieurs chevaliers... Et comme nos gens cuidèrent passer cette rivière, il s'y noya deux ou trois gens de bien, et demeurèrent lesdicts Anglois en bataille d'un costé et nos gens d'autre costé. Et quand ce venoit au soir, tout le monde s'en alloit coucher ès villaiges, et loger leurs chevaulx. Et vous certifie qu'il estoit nuict qu'il ne demeuroit pas à mondict seigneur le connétable quatre cents combatans, et Dieu sait qu'il y endura. Et une nuict les Anglois vinrent gaigner un- gué et le trouvèrent en droict la ville d'Avranches, qui jamais n'avoît esté trouvé , et par là vinrent gaigner la ville et prinrent Auffroi Prévost et aucuns de nos gens qui faisoient le guet devant ladicte ville d'Avranches et les autres se retirèrent à la bataille qui estoit loing de là... Tout le monde commença à tirer en Bretagne , sans ordonnance. »
A l'approche de l'émigration vendéenne qui marchait sur Granville, plusieurs tentatives furent faites pour couvrir Avranches : des redoutes furent élevées au Quesooy, et on essaya de couper le pont du Pontaubault. Une arche fut à moitié coupée, et on voit encore la trace de la rupture, mais les Vendéens comblèrent le vide avec des fagots , et les interminables files de cette foule confuse passèrent peudant plusieurs jours pour repasser bientôt moins nombreuses et plus désolées. Pendant l'époque républicaine , un corps-de-garde , que Ton voyait encore récemment , fut occupé sur la rive gauche. Au retour des Vendéens du siège de Granville , le général Tribou, qui commandait Pontorson avec 4,000 hommes, en détacha 600 pour couper le pont de Pontaubault ; Lejay et Forestier, deui ofliciersdc la cavalerie vendéenne, qui éclairaient la marche de la colonne vaincue et démoralisée , chargèrent cette troupe et la poussèrent l'épée dans les reins jusqu'à Gaugé où s'engagea un combat important.
Pour clore cet article , nous avons des vers du crû , des vers d'un poète né sur ces bords , à quelques pas de ce pont , à Lentilles en Poilley « vers le milieu du xvr siècle.
Il existe une étymologie, que racontent les antiquaires de village, car le village a ses antiquaires, comme ses avocats. L'ancienneté de cette étymologie populaire est prouvée par des vers de la fin du XVIeme siècle. On dit que les bourgeois d'Avranches venaient baller sous les treilles de Pontaubault : notre poète a ennobli cette vulgaire interprétation :
Puis desrallant plus bas sur ce fleuve escumeux (la Sélune), Se monstroit un troupeau de nymphes et Je fées Qui, aux cheveux épars, aux cottes agrafées, Balloient d'un pied nombreux , sur l'odorant tapis Des herbes et des fleurs qui couvraient le pastis a Qu'abbrcuve la Sélune, et fut près ce rivage Où est mr pilloUs, planté , d'un grand ouvrage , Le pont dit de ce Bal , que le peuple rustaut, Au lien de Pont au Bal, appelle Pont au Baut.
Pontaubault, CPA LPM collection 1900 | ||||||||||||
Texte issu du site www.pontaubault.fr/IMG/pdf/pontaubault 3 février 1944 : à la suite de trois déraillements provoqués, parmi les trains de troupes et de munitions allemands, par la Résistance avranchinaise, à proximité du pont de la Sélune, les autorités d’occupation décident d’exercer des représailles contre la population de Pontaubault, village le plus proche du lieu des sabotages. La population, est-il spécifié, sera — comme à Oradour — rassemblée à l’église, au complet. S’il y a des absents, ceux-là, par leur éloignement même, à quelques heures des attentats terroristes enregistrés, se seront désignés comme suspects. On les arrêtera comme otages dès leur retour. Et le reste de la population, au besoin, répondra pour eux. Or, il y a treize manquants. Treize otages promis à la colère des ogres, si leur absence provisoire n’est pas dissimulée. Parmis ces absents se trouvent une jeune mère sur le point d’accoucher et un vieillard paralysé, qui n’a pu gagner l’église. Le “gefreite” Mutschler, qui fait fonction d’interprète, n’hésite pas : il escamote les noms des absents, bredouille en lisant la liste des habitants village. Il avertit ceux-ci :
Les sentinelles qui gardaient les issues, mitraillettes à la hanche, sont levées ; les bonnes gens de Pontaubault, maire et curé en tête, se répandent avec un soupir dans les rues du village et regagnent leurs demeures. Un malheur vient d’être évité.
Eté 1944 - Bill est un pilote américain, sauté en parachute de son « Liberator » abattu par la D.C.A. allemande le 12 juin 1944. Vêtu de kaki, brûlé au visage, las et affamé, il cherche à rejoindre les lignes américaines, se guidant de nuit et sur les étoiles. Repéré par une institutrice du côté de la ferme Ravalet, il accepte d’être caché dans une vieille boulangerie. Le fils de la maison le soigne au mieux en attendant qu’on lui cherche une solution de repli. Entre temps, vers la mi-juillet, on sent la nervosité des allemands devant la pression américaine. Des escadrilles visent les lignes de chemin de fer, le pont et l’agglomération de Pontaubault. A cette époque, l’église s’effondre. Les réfugiés affluent de plus en plus. Le 31 juillet arrivent les allemands à la ferme, qui ont traversé à pied la Sée et la Sélune pour échapper à la souricière tendue entre Granville et Avranches. | ||||||||||||
Pontaubault, CPA LPM collection 1900 | ||||||||||||