PLOMB
  CC 03.05 AVRANCHES - MONT-SAINT-MICHEL
   
  HISTOIRE
         
 

Plomb L'église Saint-Martin. Ikmo-ned — Travail personnel

 
     
 

Aranchin Monumental & archéologique

Edouard Lehéricher 1865

 

Chhnmino qui vadit de Pontibus ad villam

Dci de Sallucapro,

(Charte de 1259. — Livre Vert.)

 

Une ellipse très-allongée, tracée sur le plateau et la pente de cette chaîne qui forme le rebord du bassin de la Sée et se termine à la mer, à Saint -Jean-le-Thomas, figure généralement le contour de la commune de Plomb. Au nord, une limite à peu près idéale, à Test, la rivière de ce nom et un autre cours d'eau, au sud, une ligne conventionnelle, à l'ouest, le ruisseau de la Lunelière et la rivière de Chavoy, dessinent cette longue ellipse irrégulière. Elle est coupée en deux parties presque égales, dans le seus de la longueur, par la route royale, qui forme un coude pour gravir la côte raide, appelée Butte-de-Plomb. La rivière de Plomb part du prieuré de Saut-Besnon en Saint-Eugienne et s'unit à celle de Chavoy à Launay, et avec elle s'embouche dans la Sée, au pont Saint-Etienne. Le ruisseau de la Lunelière , grossi de celui de la Champagne , afflue à la rivière de Chavoy.

 

Le nom de cette commune a deux orthographes dans les manuscrits, Plom et Plomb, Plomum et Plumbum. M. Cousin dit Plomum et ajoute que c'est mal à propos qu'on écrit, Plomb. Daniel Huet semble adopter cette orthographe, lorsqu'il dit : « Plomb est une paroisse du diocèse d'Avranches. Je ne fais aucun doute que ce nom ne vienne du saxon pbtmme, prune, prunier, que les Danois prononcent blume » Bien qu'il y ait peu de noms propres qui ressemblent à celui-ci, et que son étymologie soit d'une solution difficile, on peut l'admettre, d'après l'étymologie de toutes les communes de l'arrondissement, comme un nom d'homme. Il v avait dans Ârdevon un fief de Polomb , dont Plomb n'est que la contraction.

 

L'église de Plomb est peu remarquable. Sa tour carrée, dans laquelle a été encastillé un écusson, aujourd'hui gratté a été bâtie en 1739. Son chœur arrondi porte, à la fenêtre orientale, la date de 1745. La croix du cimetière, au Christ grossièrement sculpté, est de 1670. Voilà les parties dues à, l'époque moderne. Ce qui reste d'un passé plus lointain, c'est, un fragment de la tour, son portail à l'arc surbaissé, rappelant lac Tudor, et surtout le grand arc du transept du midi, éclairé par deux fenêtres ogivales trilobées. Les boiseries de ce transept, frustes aujourd'hui, ont été bosselées de quelques, reliefs. Sous le porche formé par la tour se voit une lame sépulcrale, sous laquelle repose un curé, appelé la Huppe, dont les armes parlantes portent trois happes. Les de ta Happe durent être seigneurs en cette paroisse, car ces trois oiseaux se retrouvaient dans le manoir. A la voûte de cette tour on a replacé les quatre encorbellements des nervures arrondies qui se croisaient sous celle de la tour antérieure. Ainsi quelques vestiges qui ne vont pas au-delà du xiv e siècle, des fenêtres du xvi e , et le corps de l'église du xv eme: telle est la chronologie de l'église de Plomb.

 

En 1648, l'église de Plomb rendait 300 liv. de revenu, et en 1698, elle valait 400 liv. La paroisse avait deux prêtres outre le curé; la taille était de 1,603 liv. et le nombre des taillables de 147. L'église Saint-Martin de Plomb était à la présentation du seigneur.

 

La paroisse de Plomb était la prébende du chanoine de ce nom. On voit encore sa grange décimale ou dimeresse. Une autre ancienne maison s'appelle la Trésorerie. ll est probable que c'est celle qui est appelée la Maison des Prêtres — « Masura Sacerdotum » — dans le Livre Vert : « Reddit Rualom de campania terrant in prœbenda sua que appellatur Masura Sacerdotum . » Le dernier chanoine de Plomb fut M. Allain.

 

A la mention du canonicat de Plomb, nous rattacherons quelques traits qui ont rapport au Chapitre et qui datent de 1250, époque à laquelle l'archevêque de Rouen, Odon Rigault, visita les églises et les monastères de la Basse-Normandie. Il a raconté laconiquement ses visites dans des notes du plus haut intérêt pour l'état matériel et moral de ces maisons dans le grand siècle du Moyen-Age, le xii eme : « Nous arrivâmes à Avranches et nous fûmes reçus solennellement et en procession et au son des cloches — pulsatione campartarum. — Nous trouvâmes que le Chapitre était composé de vingt prébendes, que les chanoines ne se revêtaient d'ornements qu'aux grandes fêtes, que chacun avait son vicaire , que les deux diacres et les deux sous-diacres d'office n'avaient que 60 s. , que les clercs du chœur étaient si pauvres qu'ils ne pouvaient subsister, et que le doyen était si négligent qu'il ne pouvait en dire les noms : nous prîmes pour noire visite 9 1. 7 s. 6 d » L'archevêque venait de la Luzerne , le 2 des nones d'août il passa par Plomb, il allait au Parc aux frais de l'évêque.

 

Comme plusieurs fiefs de cette paroisse appartenaient au Chapitre, le Livre Vert en fait très-souvent mention. En 1259 un nommé Capdelaine vendit à l'archidiacre d'Avranches des revenus sur un ûcf situé sur le chemin de Ponts à Viiledieu de Saultchevreuil, « Chimmino qui vadit de Pontibus ad Villam Dei de Saltucapro » Dans cette charte de 1259 on trouve encore d'autres détails locaux : a Concessi nomine vendicionis. ... ta tnesnagio nostro quod situm est in prochia de Plumbo in feodo quodvocatur Cordas..,. » Avec l'indication d'une dizaine de champs. La Chapdelainerie , village de cette commune , tire peut-être son nom de ce Capdelaine.

 

La terre de la Roche est souvent citée dans le même cartulaire : » Carta ex vendicione Rad. de Rucca supra suamhereditatem de Plumbo... Ego Rad. de Rucca possideo in parrochia de Plumbo, videlicet in domo mea sita apud Rue» cam.... » Ailleurs : « Redditus quœ possidebam apud La Roche, in quadam prœbenda.... » et en note : « prœbenda de Rocha. »

 

I1 y avait aussi à Plomb un fief appelé de Montviron, dépandant sans (bute du seigneur de la paroisse de ce nom : « Ego Radulphus de Monte Viron.... do (des biens au chapitre) in parrochia de Plumbo % in masura quce vocatur Mons Viron. »

 

Le manoir de Plomb a conservé quelques parties qui remontent au xvi e siècle. La façade est armoriée et fleurdelisée. Il y a de jolies portes en accolade : une d'elles offre une modification de l'accolade, que nous retrouvons ailleurs, en particulier à l'église de Céaux: elle offre deux segments d'arcs de chaque côté à sa naissance. Le propriétaire 1 a encastré une jolie porte de ce manoir dans sa maison de campagne, qui s'élève auprès dans de beaux jardins, baignés par de belles eaux.

 

Le plus illustre seigneur de Plomb, fut Hugues d'Avranches, comte d’Ohester. L'opulent soldat qui fut si bien partagé dans la terrible dépossession des Saxons vaincus, dans la dépossession des femmes et des enfants, — Hugo habuit quœ pulchra tenuit Eva — Abbatia Sancti Michaetis... quœ habuit Ydda , — le comie de Chesier devait hommage au Mont Saint-Michel pour la moitié du fief de Plomb. Au xiv eme siècle, Jean Dourne était seigneur de Plomb ; il figure sur le nécrologe du Mont Saint-Michel comme un des bienfaiteurs du monastère : il avait donné 13 liv. de rente. Au commencement du xv eme, pendant l'invasion anglaise, dans cette époque de désolation et 4e division où, selon les contemporains, on pouvait voyager un jour sans rencontrer une âme, il se passa, dans la famille de Plomb , une chose remarquable , quoique assez ordinaire à cette époque. Olivier Hérault de Plomb se soumit au roi d'Angleterre, mais Michel de Plomb alla se renfermer dans le Mont Saint-Michel, avec la troupe glorieuse dos 119. La liste d'armes l'appelle de Plomb. Un d'eux était aussi un Hérault, et s'appelait François.

 

La commune de Plomb renferme le fief et château de la Champagne, dont une partie de la terre est en Saint-Jean : « Le fief de la Champagne assis en la paroisse de Plomb et de Saint-Jean-de-la-Hèze , » disait Robert Cenalis au milieu du xvi eme siècle. Le château actuel est un manoir seigneurial du xvii eme une de ces constructions dans lesquelles s'associent, eu s'atténuant, la force de la forteresse féodale et l'agrément confortable de la villa. L'esprit des temps modernes, la substitution de la loi, de l'esprit, de la paix, à la guerre et à la force, respire dans ces constructions de transition, comme dans les armures : le seigneur du xvii eme siècle porte une armure, mais elle est mince et coquette et de ses fentes jaillissent des bouillons de broderies et de dentelles. Nous retrouverons souvent ces châteaux à double physionomie. Le château de la Champagne est dans une position forte, au bord d'une eau, qui forme ira semblant de fossé. Le pavillon a remplacé la tour, et semble reposer sur une motte ou tertre artificiel. Entourée d'arbres antiques, de noirs sapins, d'étangs, de ruisseaux murmurants, la maison actuelle n'a pas conservé tous les membres du château. Il se composait d'un corps de logis, de deux ailes et d'un pavillon placé par derrière au centre, comme au manoir de la Perruche, en Servon. Une des ailes a disparu, il ne reste qu'un pan de l'autre : le corps est défiguré. Le passé n'est plus représenté que par l'aile mutilée, dont le mur, d'un beau jet, se dresse au bord du vallon, et porte une cheminée très élancée, divisée au milieu par un cordon de pierres de taille. Cette cheminée rappelle celles des châteaux de Brecey et de Ducey, qui sont ses contemporaines. Le pavillon du centre élance au-dessus des arbres du bois son toit cunéiforme aigu qui se détache sur les tons sombres de l'alentour.

 

La famille de La Champagne est une des plus anciennes du pays. Eu 1264, Geoffroi de La Champagne était un des chevaliers qui devaient faire la garde au Mont Saint-Michel en temps de guerre — tempore guerre, — Au XIV e siècle , le seigneur était Rualom ou Rualem de La Champagne : « Rualom de Campania reddit terram in prœbenda sua quœ appellatur Masura Sacerdotum. » Sur une table des bienfaiteurs du Mont Saint-Michel, dressée au XIV eme siècle , figure Jean de La Champagne : « Domino Johanne de La Champaigne uxore pâtre et matre suis una missa per cbdomad, qui dedit quindecim libras tur. annui redd. » Dans le même siècle, le chevalier de La Champagne fit au chapitre de la cathédrale la concession du patronage de l'église de Saint-Sénier. Au commencement du XV eme siècle , pendant l'occupation anglaise , Jeanne de La Champagne , qui possédait encore les terres de Chantclou et le manoir d'Apilly, porta ses biens à Nicolas Paisnel, que le décret de confiscation du roi d'Angleterre appelle absent. Il s'était renfermé dans le Mont Saint-Michel, et ses armes , celles des Painaulx, dit un Mss, figurent après celles de Charles vu et du sire d'Estoutcville. Un J. de La Champagne y était aussi : c'était peut-être son frère. Un historien dit qu'il se couvrit de gloire dans le combat de 1419, qui fut le prélude du grand siège. A la fin du xv eme siècle, Monfaut trouva noble à Plomb Jean Hérault. En 1550, le fief de la Champagne était à Jacques d'Argouges, et, à ce titre, relevait de l'évéque d'Avrancbes, d'après l'Aveu de Robert Cenalis: « Jacques d'Argouges tient de moi le Gef de la Champagne , assiz en la paroisse de Plomb et de Saint-Jean-de-Ia-Hèze.»

 

Dans le registre des nobles qui restèrent catholiques, dans le mouvement de la Réforme , on trouve le nom de Jean d'Argennes, sieur de La Champagne, demeurant à Plomb. Ensuite ce fief passa aux Vivien de La Champagne.

 

Outre son manoir, Plomb renferme plusieurs Mesnils, le Mesnil proprement dit, les deux Brémcsnils, ou petits manoirs de Brée, et le Mesnil-Terré. Celui-ci est désigné dans le Livre Vert : « Carta Laurencii de Mesnil Terre super hebergamenium de Plumbo. 1250. »

 

Un historien a vu au village de la Lunelière des pierres en forme de lune, d'origine druidique. Nous n'avons vu qu'un étang traversé par un ruisseau, qui afflue à la rivière de Plomb, des prés affleurés de blocs épars , et nous n'avons appris des habitans qu'une seule particularité sur les pierres du village , c'est que de là étaient parties les bornes qui enferment la place

Baudange.

 

En 1763, Plomb était dans la sergenterie de Ponts, et comptait 117 feux.

 

Au bord de la grande route, entre Plomb et Sainte-Picnce sont les sépultures de plusieurs gardes-nationaux ou gardes-territoriaux de Villedieu, qui , revenant de faire escorte à Avranches, se firent attaqués vers 1795 par un parti royaliste, et succombèrent après une courageuse, et désespérée résistance. Deux ans auparavant, une division commandée par La Roche-Jacquelein « couvrait cette route et allait prendre Villedieu, le point le plus extrême de la Normandi , dans lequel les Vendéens eussent pénétré.

 
     
   
  PLOMB
  CC 03.05 AVRANCHES - MONT-SAINT-MICHEL
   
  EGLISE SAINT-MARTIN
         
 

© Marie-Thérèse MAROCCO Clocher de france

 
   
 

Article issu du site de la Communauté de commune

 

L’église est sous le patronage de Saint martin, la nomenclature de 1598 cite “Sanctus Martinus de Plombo”. Détruite par les Normands lors des invasions, la première église fut reconstruite au même emplacement. Les deux chapelles sont très récentes, elles auraient été construites à partir de 1860. La sacristie est intervenue après.

 

Le chapitre de la cathédrale avait quelques propriétés à Plomb, notamment une maison située sur la voie de l’église à la route de Villedieu. Il s’agit de La Trésorerie dont les ruines ont longtemps subsisté mais qui n’existent plus maintenant.

 

L’église comporte quelques statues et épitaphes anciennes :

 

- Saint Victor en soldat, pierre polychromée du XVIème siècle.

- Saint Roch, l’ange et son chien, pierre polychromée du XVIème siècle.

 

Ces deux statues sont classées monuments historiques.

 
         
 
 
 
  Saint Victor en soldat   Saint Roch, l’ange et son chien  
       
 

- Le Christ enseignant en bois polychromé du XVIIIème siècle.

- Sainte Anne, en bois polychromé du XVIIIème siècle « cette statue provient probablement d’un groupe de l’éducation de la vierge ».

- Saint Gilles, abbé en pierre calcaire du XIVème siècle.

- SaintLaurent, diacre en pierre calcaire du XIVème siècle.

- Saint Martin, Evêque en bois polychromé du XVIIIème siècle.

- Saint Denis, Evêque en bois polychromé du XVIIIèmè siècle.

 
 

 

 
 
 

Dans le cimetière, une croix avec dé et fût orné de boules et d’un croisillon figurant le Christ en croix, en granit du XVII - XVIIIème siècle.

 

Dans la paroisse, autrefois rattachée au Doyenné de Tirepied, on peut ainsi noter :

 

Richard Busnel décéda curé de Plomb en 1597. Puis Julien Salmon. En 1650, le seigneur Vivien de La Champagne donna à la cure le jardin « Collin », terrain qui s’étend du nord du presbytère jusqu’à la route de Sainte Eugienne, sur lequel fut construite l’école.

 

Gilles Tétrel décéda curé de Plomb en 1675. Le presbytère fut reconstruit en 1675, le curé étant alors Jacques Vivien. Le linteau de la porte d’entrée nord porte encore l’écusson des Vivien de La Champagne. La tour actuelle fut bâtie vers cette époque. Le grand autel avec le rétable furent donnés pars Charles Le Sauvage vers 1745. Gilles Le Maître étant curé de 1733 à 1751.

 
 
 

Louis Godin curé de 1751 à 1762 précéda Jean François de La Huppe nommé en 1763. Il fit construire dans le jardin de vastes bâtiments pour servir de grange et de pressoir. Il mourut en 1785, son tombeau est dans la nef, il porte un écusson avec trois huppes. Jean-Baptiste Helluin fut nommé en 1785, refusant le serment schismatique, il partit en exil en 1792 en Angleterre avec Monsieur et Madama Vivien de La Champagne.

 

Les curés “intrus” furent Pierre Lhermitte dès 1791. Il fut très mal accueilli. Le sieur Couenne prit le relais, déplaisant tellement aux jeunes “conscrits” par son zèle patriotique il fut obligé de partir en 1793. Devenu soldat, il sauva le maréchal Soult, puis vers la fin de sa vie il vint habiter la Dilandière à Tirepied.

 

Les biens de l’église furent vendus. Le sieur Gauquelin, curé “intrus” de Saint Loup, acheta le manoir près de l’église et la plus grande partie des terres environnantes, il voulut acheter ensuite le presbytère mais n’y réussit pas. Aucun des habitants de la paroisse ne voulut s’enrichir des biens de l’église.

 

Aprés plusieurs années de fermeture, l’église fut réouverte le 7 décembre 1801 par Monsieur Jean Héon, curé juqu’au retour de l’abbé Hellui en 1802. Son successeur fur jean-Francois provost. Il se fixa à la Chapdelainière sur une petite terre qu’une tante lui avait donné par testament. Mort en 1837 il eut pour successeur Monsieur Louis-Francois Lahuppe qui resta jusqu’en 1840. Paul Baubigny resta jusqu’en 1850.

 

De nombreux autres curés occupèrent la paroisse par la suite...