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Marcey Les Greves, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
Aranchin Monumental & archéologique Edouard Lehéricher 1865 | ||||||||||||
In Merceio vcl Marccio maturam Osberni dapiferi et ttnam acram terre ad vineam. (Charle de Henri h, roi d'Angleterre,confirmative des donations faite en 1145 à l'abbaye de la Luzernepar Hasculplie de Subligny.)
MARCEY est encore un des rayons de la couronne d'Avranches, mais sa forme, un peu différente des cônes que forment les communes du même cercle, est sensiblement ellipsée. Elle a pour bornes à Test la Broise, Brosius rivus, qui afflue à la Séc an Pont-Cor bet , à l'ouest et au nord le Soulict, qui vient de Lolif — fluviolm Soutien ab Olivetano pago prodiens, — et afflue dansles grèves au Pont-de-Marccy, appelé quelquefois Ârcbe de Vargnon , au sud la grève et la Sée. Épanouie au midi — apricus campus — sur une pente légère au fond du bassin de la Sée, cachée dans le vallon du Souliet et dans les plis d'un terrain mouvementé, cette commune jouit d ! Une température favorisée et peut s'appeler le jardin d'Avranches. Le bois de Marcey, sur le versant méridional du côleau , appelé Butte de Marcey, forme une masse compacte de verdure d'où surgit son château bariolé de rouge et de blanc , et qui se détache en un sombre relief sur la petite plaine qui couronne le plateau. Entre ces taillis et cette plaine passe la grande route de Granville, qui divise la commune en deux parties à peu près égales. Près du rivage s'arrondit le mamelon de Mont-Coq.
Les gués appellent les ponts, les ponts appellent les habitations. Le groupe d'habitations le plus considérable de cette commune, est le village qui s'étend depuis Pont-Gilbert jusqu'aux Trois-Croix. Un autre groupe est au Pont-de-Marcey, à peu près en face du gué de Sauguière.
Marcey, Mareeium. Ce nom signiûe primitivement habitation de Marci. Radulfus de Marci, sous-tenant, possédait dans les comtés de Suffolk et d'Essex, et figure dans le Domcsday. C'est sans doute celui qu'indique Masseville dans sa liste des guerriers de la Conquête s .
Le manoir de Marcey, le berceau probable de Raoul de Marci, est maintenant une ancienne habitation rustique, dans laquelle on remarque un grand cintre bouché et un pignon soutenu de deux contreforts. Il est voisin de l'église, selon l'usage. Il est très probable que Hasculphe de Subligny fut seigneur de Marcey, lui qui, en 1143, donna à l'abbaye naissante de la Lusernc, dont il fut le principal bienfaiteur, la masure d'Osberne et un acre de vignoble, situés à Marcey , « in Merceio vel Mareeio masuram Osberni dapiferi et unam acram terre ad vineam. » Ce qui élève cette supposition presque à la certitude, c'est que Lesceline du Grippon , fille de Hasculphe, était suzeraine de Marcey, d'après une charte du Livre Vert: " Ego Leseelina, domina de Mareeio, fdia Hastulphi de Sidligne" Mais il est douteux que le frère de Richard d'Avranches, Gislebert, qui donna son nom au Pont-Gilbert , et se noya dans la Sée, fût seigneur de Marcey à la fin du xii eme siècle : « Bemg lord of adjacent parish of Marcey, » comme le dit Stapleton dans ses Observations sur les Rôles de l'Echiquier, Au xiv eme siècle Marcey était aux Paisnel, auquels il avait été apporté par les femmes. Jean Paisnel, sire de Marcey, était capitaine de Saint-James. Marcey était une baronnie qui donnait droit de séance à l'Echiquier de Normandie. Un seigneur de Marcey fut lait prisonnier à la bataille de Saint-Quentin (1592), d'après Masseville. En 1698, d'après la Statistique de M. Foucault , les personnes nobles à Marcey étaient la veuve du sieur de Montanel, son fils le sieur de Montanel, et Jean Tafllefer. Marcey était encore une baronnie du temps de Masseville, et le baron était le marquis de Canlsy. Une pierre tombale de l'église de Marcey, avec la date de 1633, est celle de Georges de Ganisy, écuyer. La seigneurie passa plus tard aux Garbonnel. Le Château actuel a été construit par un Carbonnel au siècle dernier dans le bois de Marcey, près de la grande route. C'est un corps de logis avec deux ailes plus projetées en arrière que sur la façade. Les ouvertures sont encadrées dans des bordures de briques, le linteau étant légèrement arqué. Le fronton encadre un écusson à couronne baronniale. La principale avenue du bois fut tirée en ligne droite du perron du château sur la cathédrale et sur cette fausse-porte par où la trahison introduisit les Calvinistes à la fin du xvi eme eme siècle. Il y a une chapelle. Ce qui manque à cette habitation, ce n'est pas la beauté et la grandeur du spectacle ; c'est un élément sans lequel les châteaux, les villas, les parcs sont incomplets : c'est l'eau. La pelouse des beaux châteaux de l'Angleterre est toujours rafraîchie par des étangs, des mitseaux et des rivières. Il manque encore quelque chose au château de Marcey, dont le bois banal est ouvert à tout le monde, à cette habitation sous laquelle passe la grande route et le chemin du bois : c'est un mur de parc , c'est l'avantage du chez soi , de la liberté entière , du mystère si -Ton veut, ce que les anglais appellent le home. | ||||||||||||
L'église de Marcey est située au bord d'un chemin creux, dans un vallon boisé tjue traverse la rivière du Souliet, et d'où l'on voit le Mont Saint-Michel s'élever au-dessus des arbres, comme s'il était en terre-ferme, et comme il devait s'élever dans la légendaire forêt de Sciscy. tl n'y a d'ancien dans ce simple édifice que la croisée et la tour qui la couronne. Cette partie est du xv« ou xvi eme siècle. La tour, terminée en coin, et faite sur le modèle de celles -de Ponts et de Saint- Jean-de-la-Haize, est caractérisée par un parapet à jour, à arcades cintrées, à la naissance de la toiture conique. Le transept méridional est pénétré d'une fenêtre divisée en deux lancettes trilobées, couronnées d'un quatre-feuilles. Le transept opposé, tout tapissé d'un lichen blanc et chevelu, est aussi éclairé d'une fenêtre, mais elle est plus petite, ogivale , - lancéolée. La nef a été faite en 1756. Le chœur, qui se pourtourne en abside pcntagonale depuis qu'on y a accolé une sacristie, a été construit en 1745 par M. Guillot, curé, et repose sur une base d'ancienne maçonnerie. Les fenêtres du chœur et de la nef sont en anse de panier, la forme invariable du xviii eme siècle.
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 l'intérieur on remarque la croisée dont les quatre arcs sont en ogives, sans chapiteaux, se mourant dans des piliers massifs à pans coupés. Le baptistère présente la forme d'un calice taillé à huit faces. Le bénitier est un colon net creusé. On ne remarque qu'une pierre tombale, celle de Georges de Canisy, écuyer. 1638.
En 1648, l'église de Saint-Pair de Marcey , qui était à la présentation du baron du heu , rendait 400 fiv. , d'après le Pouillè du Diocèse. En 1698, d'après la statistique de M. Foucault, elle valait eucore 400 liv. ; il y avait deux prêtres; la taille était de 1,069 liv., et le nombre des taillantes était 180».
Le chapitre d'Avranches possédait in totâ parrockiâ de Marceyo, duos partes decimarum btadorum et leguminum. Au xv eme siècle, le chapitre eut une contestation à ce sujet avec le curé de Marcey. On a une charte d'accord — apunctuamentwn cum curato de Marceyio — dont voici les principaux traits : Vniversis.... ofpcialis Abr. salutem.... Notum faciinus quod don venerabiles et discreti > domini decanus et capitulum ecclesiee Abr. à tempore quo memoria kominum exsiterat, habuissent et haberent jus percipiendi duos partes decimarum in totâ parrockiâ de Marceyio , et curatus ejus parochie tertiam partent, nuperque exorta fuisset questùmis materia inter. J. Godefroy, curatum ecclesitè et capitulum »
A la limite de Marcey et de Bacilly est le petit pont de Souliet où passe le ruisseau de SouKet , que Robert Cenalis s'est plu à décrire : « Est rivulus ab Olivetano pago prodiens à quibusdam stagnantibus lacunis aitctus, nec tamen piscosus, non procul à Ponte-Gilberto in Seiam sese effundit : nomen fluviolo Soulieti inditum est, vulgà Souliet. Pontem verà quem praterlabitur Marceianum vulgà appellant . »
Un village s'appelle la Croix-aux-Champions : il n'est indiqué ni sur la carte de Cassini, ni sur celle de M. Bitouzé ; mais il l'est sur la carte du diocèse de Coutances par Mariette.
Le village des Trois-Croix tire son nom de trois croix plantées sur trois dés que l'on y voit encore. Il y a eu une chapelle particulière au Clos-Hubert. Cassini indique dans cette commuue un petit Mesnil, ou Mes, le Môs-Jouan : ce nom est aussi le nom primitif de la Biqueteric.
A Marcey naquit, en 1664, Jean Oursin, que son mérite éleva d'un rang inférieur aux titres de receveur général des tailles de la Généralité de Caen, et de secrétaire du roi, maison et couronne de France . De cette commune est originaire un écrivain poète, un archéologue artiste, qui cache son nom de Le Tellier sous celui de Maximilien Raoul, auteur de V Histoire pittoresque du Mont Saint-Michel, ornée d'excellentes eaux fortes par Boisselat , histoire bien incomplète sous le rapport historique et monumental, mais écrite en un style qui sera difficilement surpassé.
En 1763, la paroisse de Marcey faisait partie de la sergenterie de Benoist, et comptait 95 feux .
A la grève de Marcey, vers le pont du Souliet, commencent à se montrer deux plantes assez rares qui caractérisent ce littoral, l'Euphorbe Esule et TErigeron du Canada. Nous avons trouvé sur un mondrin, à Marcey, le Séneçon vagabond (Senecio erraticus). On rencontre dans le bois de Marcey le champignon appelé Phallus impudicus, et dans les prés adjacents une grande variété d'Orchis. Nous avons encore trouvé auprès du château la Pomme épineuse (Daturastramonium), peut-être rejetée du jardin. Dans une herborisation, avec plusieurs élèves , demandant notre chemin , dans une ferme voisine de la grève , nous trouvâmes sur une armoire une statuette en marbre blanc : c'était la sainte Barbe de la cathédrale. | ||||||||||||
Marcey Les Greves église Saint-Pair © Geneviève LOUICELLIER-CALMELS | ||||||||||||