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L'église Saint-Pierre. |
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Avranchin monumental et historique, Volume 2 Par Edouard Le Hericher 184 |
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On a dit que l'Hôtel-Dieu d'Avranches fnt transféré de la place Saint-Gervais au Gué-de-l'Epine, dans les bâtiments appelés la Terre-de-l'Hôpital. Cette assertion est contredite par les plus positifs témoignages. Elle se trouve cependant dans le Cartulaire de l'Hôpital, mais dans un récit qui ne remonte guère au-delà du siècle dernier, et qui ne s'appuie sur aucune autorité:
« L'Hôtel-Dieu institué dans la maison située devant le portail de l'église de Saint-Gervais qui est aujourd'hui l'hosteberge ou auberge des Trois-Roys fut transféré dans la parroisse du Val-Saint-Père proche le Guey-de-l'Epine où il y a une terre qui appartient à notre seigneur évêque et qui s'appelle encore aujourd'hui la Ferme-de-l'Hôpital. Ce qui donne lieu d'avancer cela, c'est le bruit commun de beaucoup de personnes anciennes qui disent que cet Hôtel-Dieu estoit dans ce lieu là avant que d'estre à Malloiiey où il est à present. Cela parroist vraysemblable et pour ainsi dire indubitable, parceque le domicile du fermier de cette terre consiste en une grande cour quarrée, close et fermée de bons murs de pierre avec une grande porte d'entrée et une petite porte à costé ronde et de pierres de taille, une belle grande maison propre à loger un chapelain et ses gens, une autre petite maison dans un coin de la cour à la droitte en entrant par la grande porte où il y a une salle et une chambre avec chacune une cheminée propres à loger du moins douze personnes, six de chaque sexe séparément. On dit aussi que dans l'autre coin de laditte cour à la gauche en entrant il y avoit une chapelle qui a esté destruite et démollie, le tout massonné avec du morthier de chaux et sable et avec des arrances ou appuis tant aux maisons qu'aux murs de clôture de laditte cour. »
Cet état de lieux est encore généralement exact : seulement la porte d'entrée n'est plus ronde et a été décapitée. La maison située à droite est, dit-on, celle où logeait l'évêque. Le mur de ce côté est pénétré d'une grande porte cintrée. L'ancienne maçonnerie, faite de granit et de quartz , liée par un ciment très-dur, a résisté aux morsures du vent marin, et s'est revêtue d'un lichen dru et rude. Les ouvertures sont intérieures: il n'y en a qu'une du côté de la grève: c'est une portelette dont le cintre semble avoir été tronqué et remplacé par un linteau horizontal. La maison du fermier était, dit-on, le logement du chapelain et de ses gens. La cuisine offre une vaste cheminée qui, à la hauteur de ses longères {, est accostée d'une pierre en encorbellement. Une semblable se trouve à la cheminée qui est en face, ce qui laisserait croire que ce côté a été voûté. Enfin ces bâtimens offrent quelques caractères d'architecture et assurément une physionomie de grande antiquité. Quelle était la destination de la ferme de l'Hôpital, qui appartenait à l'évêque d'Avranches ? Si l'Hôtel-Dieu n'y a pas été transféré, n'était-ce qu'une simple ferme ou une villa épiscopale? Une ferme eût été plus simple, une villa plus belle. Nous croyons qu'on peut donner une explication qui concilie la tradition et l'histoire. Ne serait-il pas possible que la ferme de l'Hôpital, sans avoir été positivement l'Hôtel-Dieu, en eût été comme une succursale P n'aurait-ellc pas été affectée à recevoir, dans un lieu salubre, le trop plein de l'Hôtel-Dieu d'Avranches? n'aurait-elle pas reçu surtout ces ladres, pour lesquels pouvaient être insuffisantes les léproseries de Saint-Nicolas et de la Madeleine? Ce cap isolé , si bien aéré, ne convenait-il pas parfaitement à cet usage , et, s'il y convenait, n'estil pas probable que ses propriétaires, les évêques d'Avranches, fondateurs de la léproserie et de l'Hôtel-Dieu d'Avranches, avaient fait de cette maison comme le complément de leur œuvre de charité ?
Le dernier évêque d'Avranches, M. de Belbeuf, avait formé le projet de rendre la maison de l'hôpital habitable pour les évêques: il y avait fait faire des plantations et bâtir un colombier ; mais la Révolution l'arrêta. Dans son Aveu à François Ier, Robert Cenalis déclare qu'il possède dans la paroisse du Val-Saint-Père une terre de 60 à 80 vergées, appelée la Terredu-Gué-de-l'Épine, sur la rivière de Sélune.
Le Val-Saint-Père était une terre sacerdotale : presque tous tes fiefs considérables appartenaient à l'évêque ou au Chapitre: aussi le nom de cette paroisse reparaît-il continuellement dans le Cartulaire du Chapitre, le Livre Vert, avec celui de SaintJean-de-la-Haize.
Nous allons les énumérer en les accompagnant de quelques détails.
L'évêque possédait donc la terre de l'Hôpital ou du Gué-del'Épine. Il possédait encore le fief de Ponesse auquel s'attachait la redevance suivante : « Levesque a droict, quand il y a gland, fesne ou aultre peusson en la forestde Lande-Pourrie, de faire mener et garder par ses tenants du Val-St-Père du fief ou ainesse de Ponesse cent porcs pour estre engraissés et peussonnés dans ladicte forest, les mener depuis ledict lieu du Val-St-Père jusqu'à ladicte forest,les y garder ou faire garder durant le paissage et les ramener jusqu'en son manoir d'Avranches à leurs dépens. » Et villam terrœ quœ Pones appetlatur -. L'église paroissiale et la chapelle de Bouillé étaient aussi à l'évêque. Il possédait encore la terre d'un clerc de la paroisse, appelé Floeres: « Floeres, clerc de la proesse du Val-Sainct-Père recogneut de sa bone volonté et sans nul perforcement quil avait donne et otrie a henorable pere par la grace de Dieu eveque d'Avranches tout son eritage (1505). »
Quatre chanoines de la cathédrale avaient leur prébende dans le Val-Saint-Père, dont les terres ou les noms subsistent encore : c'étaient les chanoines de Montceaux, de Binthin, de la Lande, de Haut-Manoir.
Le Chapitre possédait la terre de Chaney : « Costa vendicionis de Chasnei (1256). » Il possédait des rentes sur la Maraîcherie : « Rente de treize chapons sur une pièce de terre assise en la proisse du Val-Saint-Père en la Marescherie, 1307 »; et ailleurs : « 56 souz torneis de rente, cinc chapons et dous gelines de regart sur la Marescherie. » Il reçut en 1246 le don de l'église du Val-Saint-Père qui fut la prébende du doyen : « De donatione prebende Sancti Pétri de valle decanatui Abrincensi... Guillelmus Dei gratta... attendentes quod decanatus ejusdem ecclie erat exilium facultatum de voluntate Capituli prebendam Sancti Petri de valle propter paupertatem ipsius decanatus.... » Un individu, appelé fils de Nicolas, lui avait vendu un champ près du doué de Changeons: « Costa vendicionis filii Nichol. super clausum juxta ductum de Changons (1244). » Il avait un pré à la Boutonnière: « Un pré qui est appelé le pré des Forneax assis en la proisse du Val-Saint-Pé à la Boutonnière. » L'archidiacre avait acheté une rente sur la terre de la Roche: « Thomas filius Gaufridi burgensis Abrincensis vendidit dno. Roberto Bertrando Abr. archid. undecim solidos annui redditus quosjure hereditario possidebat apud la Roche in quadam prebenda Abrinc. quœ dicitur Sti Petri de campis. » La Roche ellemême était une prébende, comme le confirme l'expression de prebenda de Rocha. Il jouissait encore des vignes du Mont Sorel: « Duabus vineis sitis in parochia Sancti Petri de valle, ima videlicet in monte Sorelli..... » Un manuscrit du Mont Saint-Michel mentionne une des terres de cette paroisse: « Une pièce de terre est assize en la paroisse du Val-SaintPé entre la vigne G. Guiton d'une part et la terre des homes Thomas Hurebiche d'autre. M. ecc et seipt. » |
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L'église Saint-Pierre. |
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