LE VAL SAINT-PERE
  CC 03.05 AVRANCHES - MONT-SAINT-MICHEL
   
  EGLISE SAINT-PIERRE
         
 

Le Val-Saint-Père, Xfigpower — Travail personnel

 
     
 

Avranchin monumental et historique, Volume 2

Par Edouard Le Hericher 1845

 

L'église du Val-Saint-Père s'élève dans un site agreste — beautifully situated little church of tbe Val-Saint-Père ,— à peu près au centre de ce triangle boisé, dont deux côtés sont formés et rongés par les eaux de la Sélune et de la See, et dont le troisième s'appuie à la montagne d'Avranches, dernier coin de cette vallée de Sciscy, que la mer a épargné ou dont elle ajourne la destruction. Vue des hauteurs de la Naffrée dans l'hiver, son clocher blanc se détache du fond sombre des rameaux dénudés, et dans l'été de la verdure des arbres et des prés. Elle a la forme d'une croix dont l'arbre serait faiblement débordé par le croisillon. Sa tour carrée, bordée au sommet sur deux faces par une balustrade découpée en arcades ogivales, et couronnée d'un toit conique , ajourée par des baies carrées allongées à barres prismatiques , ressemble à plusieurs de ses voisines , celles de Marcey, de Saint-Jean, de Ponls. Le portail a un faux air roman, et la moitié de sa fenêtre est abritée par un porche ogival voûté , d'un galbe très-aigu, couvert à l'extérieur de dalles imbriquées qui lui donnent une apparence de grande solidité, flanqué de quatre petits contreforts. Son galbe a été réparé en 1698. Les côtés de la nef ont été refaits à une époque rapprochée, et n'ont conservé d'ancien que les contreforts à trois Jégers retraits et une fenêtre trilobée. L'antiquité du monument réside principalement dans les transepts et le chœur. Le pignon du transept méridional est percé d'une fenêtre trilobée et couronnée d'une croisette prismatique: son opposé n'offre qu'une fenestrelle ogivale qui renfermait un vitrail dont il ne reste qu'un compartiment. Assez bien conservé, rappelant la verrerie du xV siècle , il représente une Mater dolorosa ayant à sa droite un évêque debout, en habits pontificaux, qui est peut-être Saint-Pair, et à sa gauche SaintRoch, vêtu en pélerin, et son chien qui tient un pain à sa gueule. Le coloris est pâle, mais le dessin est pur. Le chœur a été refait en partie. A la base d'une de ses fenêtres rajeunies est une pierre mutilée dont l'inscription est renversée, et sur laquelle on lit : Gilbert père, vicaire, 1636 ; c'est la date de la reconstruction : de l'ancienne corniche il reste quelques modillons, dont l'un représente une tête humaine avec une fleur de lys, l'autre un rameau à cinq feuilles. Mais ce que le temps et les restaurateurs ont épargné c'est l'intéressante fenêtre du chevet, specimen de l'art vers la fin du xive siècle. C'est la colonnette arrondie du siècle de SaintLouis , à laquelle se joignent les formes angulaires d'une époque ultérieure: elle est divisée en trois lances par deux meneaux composés d'une plate-bande sur laquelle se colle une colonnette arrondie, et son tiers-point encadre trois quatrefeuilles à lignes prismatiques. Une arcature retombe et s'appuie sur deux modillons à face humaine, à la naissance du tiers-point. Cette fenêtre renfermait un vitrail dont il reste des fragments. Les anciens fonts de pierre ont été remplacés par un baptistère en marbre noir', et ils sont maintenant dans le cimetière, à la porte de la maîtresse d'école. Près des fonts, dans le mur, est une jolie piscine. Les arcs de la croisée sont plats et angulaires, et chargés des noms des maçons qui les ont mutilés. Sur les deux devants des autels latéraux se retrouvent ces peintures aux vives couleurs, ces volutes végétales du XVeme siècle, si communes encore. Au centre de l'une est une tête du Christ, au centre de l'autre , une tête de Vierge : elles sont probablement de l'artiste auquel sont dus les panneaux qu'on voit dans la sacristie de Servon. Dans le cimetière est un tombeau armoirié, en pierre de Caen, d'une demoiselle de Montalembert, cousine du pair de France. Elle mourut à Avranches, au retour d'un voyage en Angleterre.

 

En 1648 , cette église , qui était à l'évêque d'Avranches, avait un revenu de 300 liv. En 1698 , le curé avait une part congrue de 300 liv., il y avait un vicaire; on comptait 24 taillables qui payaient 1,690 liv. La paroisse était de la sergenterie de Pigace et comptait 142 feux en 1763.