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La Goharnierre église Saint-Martin | ||||||||||||
Aranchin Monumental & archéologique Edouard Lehéricher 1865 | ||||||||||||
Gohanntria tel Gohennaria, Nomenclat des Paroisses de 1745
La Sée découpe encore au nord cette commune, et forme sous son église une petite presqu'île ; le ruisseau de la Gohanniere la limite à l’ouest, celui de la Repautaille à l'est, une ligne à peu près idéale au sud. Elle s'incline sur les flancs du coteau, et, couronnée par le bois du Haniel, elle plonge ses pieds dans les prairies humides appelées Val-de-Sée dans Cassini, à travers lesquelles se promène le cours calme et tortueux de la rivière. On soupçonne que la voie romaine d'Avranches à Vire passait par Saint -Brice et la Gohannière, où se trouvent quelques noms significatifs , le Perron , la Perrière, pour franchir le gué deTirepied, et se diriger sur Vire selon une ligne jalonnée par de vieux tronçons de route et des noms topographiques : Tirepied, la Ferrée , Saint-Georges-de-Livoye (ou la Voie), Notre-Dame-de-Livoye, le bois de César.
Près du bois du Hamel est un lieu dont le nom, Antre Goupil, ou Antre-du-Henard , sera pour nous l'occasion de grouper ici les principaux noms topographiques de notre pays, dérivés des animaux. Suivant l'occasion, nous grouperons les noms topographiques tirés des habitations, des cours d'eau , des formes du terrain, des arbres, des finages, des bois, etc.
L'Antre-Goupil (vulpil, renard , d'où Goupillon), en la Gohannière, le Goupillon , en la Bloutière, le Goupillon , en Sainte-Cécile , le Goupillon, en la Trinité , la Porte-Goupil, en Celland; le moulin de Conical ( cuniculus , lapin ) , en Saint-Pierre-Langers , la chapelle du Mont-Conin, en Genêts, désignée par D. Huynes, le Conilleau, en Saint-Nicolas-près Granville ; Taupin, en la Rochelle ; la Chatterie v en Saint-Sénier-sous-Avranches; Pique-Louvette, à la lisière du bois de Blanche-Lande , en Montanel, la Louvetière, en Saint-Laurent , le Chéne-au-Loup, en Tirepied; le Geai-qui-Couve, en Pontorson ; la Corne-de-Lièvre, en Vessey , la Levrie, en Saint- Jean -des- Champs ; les Ghanteloup , les Cbanteraine (Cantarana), les Chantepie, les Huchepie, etc.; la Corbière, en la Trinité et à Ghausey ; la Vache, le Cheval, le Bœuf, la Lézardière, le Hibou, dans cet archipel ; le bourg de Loisel, en la Godefroi, Loiaelièrc, en Saint-Planchers ; la Bouquerie, en Chancey , etc.
La Gohannière s'appelle Goharmeria vel Gohermaria dans le tableau de 1700. L'individu fonde la maison, la famille forme le hameau, le hameau devient le village, et le village la paroisse. Jehan élève une habitation, ses enfans, les Jeban, se groupent alentour et forment la Jehannière, le hameau devient village, le village bâtit une chapelle, la chapelle devient église, et la paroisse est fondée. Dans ces métamorphoses, le nom primitif s'altère, la Jehannière devient la Guehannière, et de là à la Gohannière, il n'y a qu'un pas. Les choses se passent généralement ainsi. Si le nom de Jehan n'est pas le nom primitif, ce qui est certain, c'est que le nom de cette commune cache un nom propre, et l'on peut choisir entre les Gohan et les Lagohagne. Ces noms d'ailleurs, dont le germe est si transparent, sont communs partout, et, sans sortir du cercle de la commune, on trouve la Conteric, la Bazirière, la Normandière.....
A une époque reculée, une église ou chapelle s'est élevée sur le coteau de la Sée, en face de celle de Tirepied, sur le sol où a été bâtie vers 1700 l'église actuelle. Ses vieilles pierres se voient encore dans les angles de cette construction récente; un ancien bas-relief de saint Martin, le patron, a été encastré dans la tour; une vieille fenestrelle a été conservée dans le côté septentrional, et il y a une tombe de 1586. L'église, telle que nous la voyons, est dé forme simple, la nef débordant un peu sur le chœur. La nef a été bâtie eu 1724, la tour, terminée en bâtière, un peu plus ancienne, est posée a la face occidentale et forme porche : le portail est cintré, à angles vifs. Le chœur, qui représente probablement la chapelle primitive, n'offre d'intéressant que sa vieille fenestrelle, la fenêtre cintrée de son pignon, et au-dessous, dans le mur, comme cela se voit assez souvent, une dalle rayée d'une croix. Dans le cimetière, non loin d'un de ces vieux ifs qui ont vu naître nos églises et chapelles romanes, est une croix à angles abattus. La croix polygonale nous semble répondre à l'époque gothique, et servir d'intermédiaire entre la jolie croix ronde, qui est romane, et la croix carrée, si dure à l'œil, du siècle dernier et de notre époque. Le cintre, le pilier rond et la croix ronde d'abord , l'ogive , le pilier anguleux et la croix polygonale ensuite , la courbe en anse de panier, le jambage rectangulaire , la croix carrée enfin, telle est la triple époque et la triple forme des croix , qui sont en parfaite harmonie avec
L'intérieur est presque sans intérêt. Au milieu de cette nudité, le regard ne s'arrête que sur deux tombes, l'une de 1586 et l'autre de 1611, et sur un tableau de l'Assomption, dont le cadre hexagone rappelle le faire du dernier siècle.
Il est probable qu'en 1648, à l'époque où fut imprimé le Fouillé du Diocèse, la Gohannière n'était pas une paroisse, car elle n'y est pas citée. Elle est citée dans la Statistique de 1698 avec cette notule : « La cure vaut 250 liv., la paroisse paie 336 liv, et il y a 54 taillables. » La cure était à la présentation du seigneur. En 1763 elle faisait partie de la sergenterie de Pigace et renfermait 53 feux.
Près du cimetière sont quelques restes du Logis de la Gohannière, qui a appartenu à la famille de Blaze.
Le presbytère est la plus belle maison du village : il a conservé quelques parties anciennes, et c'est encore par-dessous son cintre du xvi eme siècle qu'on «entre dans cette habitation, considérablement modernisée.
Sur la route de la Gohannière à la Godefroy est un endroit qu'on appelle la Croix-Blanche, où s'est élevée récemment une croix de bois sur l'emplacement d'une plus ancienne. Depuis longtemps un trésor était enfoui sous le patin de cette croix, mais il a été levé, il y a peu de temps. Un soir on vit arriver à la Croix-Blanche deux Anglais, car ce sont toujours les leveurs de trésors dans notre pays. Le lendemain on aperçut au pied de la croix une excavation et un vieux réchaud sur le bord. Les ténèbres de la nuit avaient favorisé une terrible scène de pacte et de sorcellerie «.La Gohannière s'étend dans cette vallée qui est appelée Vallis Seie dans le Rôle de l'Echiquier, et par Cassiui le Val-de-Sée f dont le nom s'appliquait à la Sergenterie qui renfermait sept ou huit paroisses de ce quartier sur l'autre rive.
Dumoulin l'appelle les Vaux-de-Sée, et sa description du cours de cette rivière peut convenablement terminer cet article : « Sée a deux sources, dont l'une est appelée blanche et l'autre rousse, en la butte de Brimbal ; assemblée, elle coule par les Vaux-de-Sée et va tomber en la mer dessous Avranches. » | ||||||||||||