AVRANCHES
  CC 03.01 AVRANCHES - MONT-SAINT-MICHEL
   
  Eglise Saint-Gervais
         
 

Eglise Saint-Gervais (XVIIIe-XIXe)

L’ancienne église Saint-Gervais datait du milieu du XVIIe siècle. Dans les années 1825-1834, les couvertures des toits et du clocher étaient dans un piteux état et des réparations avaient été indispensables. Cependant, ces travaux n’avaient pas été suffisants et en 1843, grâce au dont de mademoiselle de la Champagne, une paroissienne, les travaux de reconstructions dirigés par monsieur CHEFTEL, architecte de la ville, purent commencer. Entre 1843 et 1852, on reconstruit les murs de la nef, du chœur et des transepts en agrandissant l’église vers l’est. Ces travaux sont longs et onéreux et occasionnent d’importants retards dans l’aménagement intérieur de l’église. De nombreuses économies sont effectuées et aboutissent à un grand dépouillement de l’architecture. En 1886, la Préfecture transmet une demande au ministère de l’Instruction Publique et des Cultes en vue de la construction d’une tour et de l’achèvement de l’église. Les travaux ne commenceront pas avant 1892. Le dossier de demande de subvention fit l’objet de huit refus du ministère en raison du montant très élevé des travaux et des faiblesses architecturales du projet.

Finalement le dossier aboutit après de nombreuses modifications et l’ancien clocher du XVIIe siècle (qui cohabitait avec l’église reconstruite) est démoli à la fin de l’année 1891. Les travaux de construction de la nouvelle tour sont achevés en 1898 et, le 9 mai 1899, les paroissiens assistent enfin à la bénédiction de cloches par Mgr Guérard, évêque de Coutances et d’Avranches.

 

 

Type d'Edifice: Eglise
Nom de l'Edifice : Saint-Gervais
Siécle de l'édifice: XIXe
Forme du clocher : clocher-porche à dôme octogonal surmonté d'un lanternon
Clocher en péril : non

 
         
 

L’église Saint-Gervais attire chaque année de nombreux visiteurs grâce à son « trésor » et à la relique de saint Aubert qui en constitue l’atout principal. La révolution française dispersa les richesses accumulées au fil des siècles par le clergé ; les reliquaires et vases sacrés furent fondus, les reliques détruites et la statuaire éparpillée. Au commencement du XIXe siècle, les paroisses se dotèrent de nouvelles richesses mais, en 1904, lors de la séparation de l’Église et de l’État, celles-ci furent à nouveau confisquées.

Á Avranches, le clergé local prit une initiative originale en créant un petit musée paroissial qui allait devenir le « trésor de la basilique Saint-Gervais » ; Prospère Cornille, né à Courtils en 1864, devint Archiprêtre de Saint-Gervais en 1911 et fut le véritable artisan de cette entreprise. Entre 1913 et 1933, ce prêtre passionné rassembla dans une salle au sud du clocher-porche une multitude d’objets, parfois hétéroclites, au côté des pièces d’orfèvrerie liturgique confiées à la ville et n’étant plus indispensable au culte. Rapidement, cette collection devint une référence pour les amateurs d’« antiquités » et le père Cornille, faisant figure de « connaisseur, avisé et habile à réunir bien des objets anciens ou précieux », n’hésitait pas à ouvrir les portes de son antre et à en proposer la visite minutieuse vitrine par vitrine.

   
         
 

En 1979, l’Inspection générale des Antiquités et objets d’Art fit un constat assez mitigé de ce petit musée : « salle très haute, dans un état imparfait et contenant dans un coffre-fort, une armoire, des vitrines et aussi à l'extérieur des objets très variés de matière et de qualité » ; les temps ont changé et le « capharnaüm » de l’archiprêtre ne répond plus au exigences muséographiques modernes. En 1982 et 1983, l'inventaire du Trésor est mené par l’abbé Lelégard ; une étude générale est lancée afin de déterminer la provenance de diverses pièces car il s’avère que certaines d’entre elles ne sont pas la propriété de la ville d'Avranches : des statues notamment viennent de paroisses environnantes, Coulouvray, Ardevon, Les Chéris, ou encore Vains. Les travaux préconisés dès le début des années 80 n’aboutiront qu’une décennie plus tard. Une dalle béton intermédiaire est installée pour créer un étage et de nouvelles vitrines en rez-de-chaussée sont installées. Dès 1988, l'Abbé Lelégard essaya de lancer l'aménagement de la salle nord pour les objets inscrits mais son projet n’aboutit pas.Aujourd’hui, les collections amassées par le père Cornille sont sous le contrôle du service de conservation des Antiquités et objets d’Art de la Manche (CAOA), qui inventorie régulièrement les collections et veille à leur bon état de conservation. On peut y voir des reliquaires datant du XIIIe au XVe siècle.

 

De l'extérieur, la façade de l'église est remarquable. Le premier niveau est celui des porches : le plus grand, légérement surelevé, est celui de la grande nef, les deux autres ceux des bas-cotés. Au-dessus, des arcatures aveugles plaquées sur des pans de pignons cachent les toits des bas-cotés et font converger les regards sur une rosace placée au-dessus d'une rangée de petites lancettes en balustrade.

 
         
 

Passé le sobre entablement se trouve le niveau de la chambre des cloches, éclairé d'une triple fenêtre garnies d'abat-sons de chaque coté. Au-dessus encore, l'on passe de la section carrée au niveau octogonal de l'horloge, avec 4 petits balustres à boules garnissant les coins. Surmontant les cadrans, une autre chambre des cloches, octogonales, dont chaque pan est percé d'une fenêtre géminée garnies d'abat-sons, le tout surmonté du dôme en pierres à lucarnes couronné d'un ultime lanternon à jour. Les bas-cotés se prolongent au-delà des transepts par un déambulatoire donnant sur une chapelle axiale unique, avec grotte de Lourdes tout au fond : cette dernière est un ajout plus tardif, on peut encore voir depuis l'extérieur les vestiges de la baie au fond de cette chapelle. la chapelle axiale, le choeur, mais aussi les extrémités des transepts sont hémi-circulaires, l'ensemble de l'église adoptant un plan néo-roman, à l'exception des emprunts néo-gothiques du clocher. Les niveaux octogonaux du clocher sont un emrunt au XVIIIe, où ils ont été largement utilisés dans diverses restaurations d'édifices normands, dont l'église Saint-Michel de Vaucelles à Caen.

 

   
 

Les cloches

 

Le clocher de la basilique, haut de 74 mètres renferme un carillon composé de trente-deux cloches, dont cinq de volée. Vingt-trois de ces cloches ont été coulées par la fonderie Bollée, du Mans en 1899. Dans les années 1950, la maison Jean Bach, de Metz, campaniste, installe des moteurs électriques pour permettre aux cinq cloches de volée de sonner sans devoir monter au clocher. En 1952 la société Biard-Roy, campaniste depuis 1818 de Villedieu les Poêles et Sainte Austreberthe installent des tinteurs électriques, reliés à des cylindres jouant des ritournelles et à un clavier électrique placés au premier étage pour pouvoir jouer le carillon et permettre des ritournelles automatiques. Neuf autres cloches proviennent de la fonderie Cornille-Havard, de Villedieu-les-Poêles. Elles ont été bénites le 21 novembre 1982. En 2008, 3 autres cloches viennent compléter le carillon. Aujourd'hui l'ensemble fonctionne avec une horloge électronique Mamias.

 

Composition de la sonnerie de volée :

 

    Aubert : Sol2 (6 454 kg)

    Marie : Do3 (2 500 kg), bourdon de la cathédrale Saint-André d'Avranches (la Belle Andrine), effondrée peu après la Révolution entre 1794 et 1812 , par manque d'entretien

    Agnès-Françoise : Ré3 (1 562 kg)

    Marie-Augustine : Mi3 (1 090 kg)

    Ange-Josepha : Sol3 (700 kg)

 

Ces cinq cloches forment un motif appelé "Westminster".

 

Les trente-cinq cloches se répartissent ainsi (les cinq cloches de volée sont également jouables au clavier) : Sol2, Do3, Ré3, Mi3, Sol3, La3, Si3 puis chromatique jusqu'au Do6 inclus.

 

Le poids total du carillon est d'environ 18 tonnes, et lors d'un plénum (sonnerie de toutes les cloches), les 12 306 kg (sans les battants ni les jougs) des cloches de volée peuvent peser jusqu'à près de 37 tonnes sur le beffroi.