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Eté 1639. Un bruit court :Richelieu veut supprimer le quart-bouillon et imposer la gabelle
L’”armée de souffrance”, composée de 10 000 hommes, bien décidée à défendre son gagne-pain, répond à l’appel de Jean Quétil, membre de la petite noblesse de l’Avranchin.
La production du sel dans la baie du mont Saint-Michel remontaient à des temps immémoriaux et les salines, petites entreprises réparties sur tout le littoral, faisaient vivre depuis des siècles une grande partie des populations du littoral de l’Avranchin : les « Nu-pieds ».
Si leur activité a hélas laissé peu de traces, ces sauniers sont cependant entrés dans l’Histoire lorsqu’en 1639 ils se révoltèrent contre Richelieu.
Sous l’Ancien Régime, l’actuel territoire de la Basse-Normandie n'était pas soumis à la gabelle mais bénéficiait d'un impôt beaucoup plus léger, le quart bouillon : un quart de la production revenait au roi, qui le revendait après l’avoir taxé, les trois quarts restants étaient commercialisés à bon marché par les producteurs puisque dépourvu de taxe. |
Avranches, le Donjo, CPA Collection LPM 1900 |
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Au XVIIe siècle, la Normandie est l’une des plus riches provinces de France et la royauté, fortement endettée, soumet ce pays à de fortes et régulières contributions. À chaque nouvelle pression fiscale des troubles se produisent en divers points de l’ancien duché.
Depuis le mois de janvier 1639, on ne parle plus que d’une chose dans notre région : le quart bouillon doit être définitivement supprimé et remplacé par la gabelle. Au quotidien cette décision est lourde de conséquences : le prix du sel est multiplié par trois et sa vente intégralement contrôlée par les greniers à sel royaux.
Toutes les catégories sociales de la population confondues, paysans, laboureurs, sauniers, clercs et nobles, s’agitent un peu plus avant de se soulever avec force au mois de juillet ; le 16 de ce mois, Charles Le Poupinel, officier de justice du roi, est assassiné à Avranches car on pense qu’il porte sur lui l'édit de la gabelle. Des barricades s'élèvent dans les faubourgs de la ville. Les Nu-pieds tiennent le pays, conduits par Jean Quétil, membre de la petite noblesse de l'Avranchin.
Rapidement la jacquerie avranchaise prend de l’ampleur et se propage à l’ensemble du territoire bas-normand concerné : Coutances, Saint-Lô, Mortain, Domfront s’enflamment à leur tour. Mais, la répression est impitoyable. L'armée royale envoyée par Richelieu et les troupes en garnison à Avranches, lâchées par le gouverneur Gassion, prennent en tenaille puis massacrent la population.
Les meneurs de la révolte sont pendus ou condamnés aux galères. Une centaine d'Avranchinais, sympathisants de la cause, sont bannis. Cependant les Nu-pieds ne sont pas morts pour rien. Richelieu renonce à imposer la gabelle et maintient le privilège du quart bouillon, qui restera en vigueur jusqu'en 1789. |
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Avranches, rue de la Constitution Collection CPA LPM 1900 |
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