LES CHERIS
  CC 02.02 AVRANCHES - MONT-SAINT-MICHEL
   
  HISTOIRE
         
 

Avranchin monumental

et historique, Volume 2

Par Edouard Le Hericher 1845


Eso dono episeopi Ricardi décimant

moiendini de Clmrts.

(Livre Vert, xn« siècle.)

 

Dans la paroisse des Chéris, le seigneur commandeur de Yilledieu possède les liefs de l'Ulagrie et Rue-Morin, sur l'un desquels fiefs est assise l'église paroissiale , dont il est le seigneur honoraire. ( Terrier de la Commandent dt niledicu-Kz-Sault-Chevreuit.) Santtuiiiedardus et Gitdardus des Chérit:. (Mus. des Synodes. 1897.)

 

LA commune des Chéris se présente sous la forme d'un arc dont la courbe est formée par la jolie rivière d'Oir et celle de Choisel. La rivière de Beaulinge, qui part d'auprès de la Chapelle de Pierres-Aubes1, la traverse en entier et va se jeter dans l'Oir. Sous le rapport du relief, cette commune consiste en un plateau dessiné en arc, couvert de deux bois assez considérables, dont l'un, le bois Avenel, rappelle une des plus illustres familles du pays.

 
 
       
 

Les Chéris, quelquefois les Chêrils, est latinisé dans M. Cousin en Cheriltia, comme Vernix en Vcrniltia, comme Courtils en Curtiltia. Comme ces deux dernières formes sont fausses, et purement d'imagination, on peut supposer que la première n'a pas plus de valeur : d'ailleurs elle ne se trouve pas dans les chartes. L'origine du nom des Chéris est fort obscure, et les noms qui en approchent, les Cerisy, les Cerisay, les Cherisy ne jettent pas beaucoup de lumière sur sa signification. Nous soupçonnons que ce mot se rattache à l'analogie générale des noms locaux de l'Avranchin, et qu'il cache un nom propre normand. Il n'y a rien dans le Doprimèe par les partisans et les gabeleurs. Enjoint aussi de ne souffrir aucun traître dans leurs paroisses, sans en avertir ledit seigneur ou quelqu'un de ses officiers en prompte diligence. A faute de ce, les délinquans seront pris et punis comme les monopoliers ; et aux curés et vicaires de faire lecture des présentes. Donné en notre camp, les calendes du mois d'août, et scellé du sceau de nos armes, par mondit seigneur,

 

A l'extrémité d'un promontoire , baigné par le Beaulinge, se projette le cimetière des Chéris, sur un ravin rongé par les voitures et les pluies. L'humble portail de l'église, avec sa vieille ogive, et la lancette bouchée qui la surmonte, avec ses deux statuettes vermoulues, est ombragé par un if antique. Avec la nef et la croix du cimetière, il représente les parties antiques de l'édifice; mais aucun caractère architectural ne permet d'en préciser l'époque. Le chœur et les transepts sont récens. La croix du cimetière est formée d'un fût arrondi avec des nœuds, et d'un croisillon polygonal . Cette église frappe à l'extérieur par sa simplicité et sa misère. Ces murs vermoulus, couverts de*ces lichens, qui sont les cheveux blancs des pierres, cachent un intérieur moderne brillant, lavé, peinturluré, d'un pénible contraste. Ce qu'il présente de plus remarquable, c'est le grand nombre et la variété des tombes qui pavent la grande allée , tombes de prêtres, de guerriers, de seigneurs, couvertes de croix et de calices, d'épées et d'écussons. Une de ces croix est historiée ;une croix de Jérusalem , entourée d'un cercle perlé3, est encastrée dans un des murs du chœur. C'est celle du commandeur de Villedieu. Quelques pierres sépulcrales ont la forme antique du cercueil. Un devant d'autel brille des arabesques végétales du xvm* siècle, ayant au milieu une jolie madone dans un ovale de fleurs. La tour est basse et repose sur des poutres et des madriers qu'on voit à l'intérieur.

 
   
 
 
   
 

Auprès de l'église est une maison ancienne, à laquelle ses cintres, ses contreforts, donnent un caractère religieux: c'est la maison curiale, ancienne demeure des curés blancs ' ; car l'église était un prieuré de Montmorel.

 

En 1648, l'église des-Chéris rendait 200 liv. En 1698, M. Foucault écrivait :« Les Chéris, paroisse où il y a 118 familles et 700 personnes. Louis de Pierrcpont, écuyer, en est le seigneur , et l'abbé de la Luzerne présente au bénéfice. » Les Oilliamson y furent aussi seigneurs. En 1522 , dans l'Impôt royal, l'église paya 10 liv

 

Entre les deux bois est le Plantis, manoir avec une chapelle, auquel on arrivait autrefois par trois belles avenues ou chasses, une de châtaigniers, une de chênes, une de hêtres. Il n'y a plus qu'une habitation ordinaire, la Cour ou Ferme conserve seule quelques traces d'ancienneté. Un autre fief s'appelle le Bardé : aussi l'église paroissiale renferme-t-elle les chapelles du Bardé et du Plantis.

 

Le chapitre de la cathédrale d'Avranches avait la dîme du moulin des Chéris : «.'Ex dono Ricardi episcopi decimam molendinorum des Charis

 

Une bulle du pape Luce fait mention de la concession à l'église d'Avranches de la dîme des moulins des Chéris et de Chantereine.

 

Les Chéris dépendaient de l'Election de Mortain et de la lergenterie de Corbelin. On y comptait 100 feux en 1764.

 
         
 

Église Saint-Médard et Saint-Gildas des Chéris Travail personnel Auteur Xfigpower