| ||||||||||||
Avranchin monumental et historique, Volume 2 Par Edouard Le Hericher
Ligcr do T'esci. (Cailulaire du Mont Saint-Michel). Ego W. coneessl vieum Crucis, Vilers, Baleenl.
VESSEY affecte la forme générale d'un triangle: il n'y a guères de limites naturelles : ses principaux cours d'eau sont la Dierge, le ruisseau de Cerisay, et celui du Loison.
Les noms les plus significatifs de cette localité sont la Croixdu-Prêtre, le Manoir-au-Court, la Corne-de-Lièvre , le Val, Saint-Gilles, la Ramée,, les Noes , le Logis-de-Verdun , le Moulin-aux-Moines.
L'église, dont le patron était l'évêque d'Avranches, possède un vestige d'une haute antiquité dans son portail septentrional et dans sa côtière en opus spicatum. Ce portail est le roman dans sa simplicité la plus nue, et nous le croyons antérieur au xi" siècle ; il est abrité par un porche du xvi" siècle , appelé populairement le chapitreau. | L'église Saint-Vincent. de Vessey CPA collection LPM 1900 | |||||||||||
Le chœur montre encore de jolis vitraux dans ses mutilations : il a été fait en 1556. Sa fenêtre orientale a perdu ses meneaux et sa tracerie. Une fenêtre latérale renferme un Crucifiement en vitrail peint. La tour est de 1611 , et n'a de remarquable qu'un trèfle tellement ouvert, comme à Ccaux, qu'il figure une accolade, et exprime la transformation de la première figure dans la seconde. Les deux croix rondes du cimetière se rattachent à l'époque romane. Le reste de l'église est récent, mais en partie refait avec d'anciennes pierres.
L'église Saint-Vincent de Vessey rendait 400 liv. en 1648; en 1698, elle valait 800 liv., elle avait neuf prêtres; 270 taillables payaient 2,018 liv. Le gentilhomme était alors Ch. de Verdun , sieur de Baient.
Un curé de Vessey est devenu évêque. En 1588 , le frère de Georges Péricard, évêque d'Avranches, François Péricard, scholastique et curé de Vessey , fut élevé sur le siége épiscopal d'Avranches. A l'esprit religieux , il unit le courage guerrier. Ligueur résolu , il soutint en personne, avec son frère Odoard, le rude siége d'Avranches par le duc de Montpensier , qui fil crouler sous ses boulets la salle synodale attenant à l'évêché. Deux grands événemens, la Ligue et la Révolte des Nu-Pieds, joints à son mérite personnel, firent de sa prélature une des plus grandes de l'épiscopat d'Avranches.
Mais la principale illustration de Vessey est son Prieuré de Baient, un des principaux du Mont Saint-Michel : aussi est-il très-souvent cité dans les livres de cette abbaye.
Il est cité dans le Cartulaire pour une concession du xr siècle: « Ego Willelmus concessi Vicum Crucis, Vilers, Baleent. »
Il apparaît dans l'énumération des propriétés du Mont dans la grande charte d'Alexandre m, rendue en 1178 : « Villam de Cruce, Villaire (Villers), Baalent, etc. »
En 1188, Baient fut le théâtre d'une solennelle donation faite au Mont par Raoul de Fougères et racontée dans une charte du Cartulaire: « In festo SS. Damiani et Cosmiani, D. Martinus, abbas montis S. Michaelis perrexit ad domum S. Michaelis de Baalem, cum monachis etmilitibus : fuerunt autem monachicum eo Guimundus Prior, W. de S. Jacobo, Rad. de Versun, capellanus abbatis, Rad. de S. Georgio, Prior de Vilamers, Rob. de Baalem, Albandus socius ejus; milites verà Hugo de S. Pancratio, W. de Cauge, Warr. de Maidre, et Thomas filius ejus adhuc puer; post hos autem Oliverius filius de Leisas, puer, etc., et venit etiam ipsa die ad eumdem locum D. Rad. de Filgeriis... qui dedit de feodis i/ue tenet de ecclesia Montis,scilicet de Maidre... » et pour ces dons : « Post missam festivitaiis ipsc cum tribus aut quatuor de militibus suis comedet in refectorio, ad dexteram domini abbatis, socii verà ejus comedent in camera aut in villa. »
Vers ce temps , selon dom Huynes, l'abbé Robert « unit à son abbaye les biens des Prieurés de S. Pair, de Brion, de Genest, de Baalan et de St Meloir 2. »
Dans le Livre des Constitutions on lit que le Prieuré « de Baalaam. » était taxé à 7 liv. 5 sol. et demi
En 1337,l abbé de Marmoutier, délégué par le pape, vint au Mont, et de concert avec l'abbé arrêta que deux religieux seraient envoyés à Paris « ad studia generalia o et entretenus aux frais des Prieurés : celui de Baient fut taxé à 30 sous.
Baient est souvent cité avec la Chapelle- Hamelin dans Y Inventaire des Titres fait au XIVeme siècle:
« Balant et Capella Hamelini. — Carta Olive de molendino et vivario de Cap. Hamelini. —Carta Hemmeleni de Capella pro mouta de Terra gasta. — Duo cyr. de donatione Cap. Hamelini et eidem capetle pertinent.—Contest de stagno Cap. Hamelini. — Lit. de redditibus de Balant et de Vecie ad infirmariam. — Lit. Ade de Rommille de mancrio de Capella.— Duo cyr. quod Ermengotus de Balan nobis se et sua condonavit. — Lit. Colini Ysabel de Vece super quodam herbagio.— Carta ecc. de Argoges de quodam pensione. — C. emptionis de Balan facte per Priorem Plulippum à Stephano de Vescey. »
Du temps de Cenalis , le prieur de Baient était tenu d'assister aux synodes.
Le seigneur du fief de Baient était soumis à une redevance qui rappelle celle de lord Scale pour le roc de Granville, et qui sert à prouver que la dette féodale était plutôt un signe de vassalité qu'une affaire d'intérêt. A l'article de Baient, dans le Terrier, on trouve cette note: « Est deub tous les ans au jour de S. Michel par le seigneur du fief de Baient un chapeau de roses ou douze deniers de rente '. »
Il reste du Prieuré une statue de Vierge en tuffeau et une fenêtre trifoliée.
Le nom de Vessey semble dériver, avec les noms des paroisses voisines, de celui d'un chef de la Conquête. D'après le Domesday, un Robert de Vcci possédait dans les comtés de Shrop et de Lincoln. Dugdale le cite dans son Baronage2. Le Versey de la liste de Brompton est peut-être le même personnage. On voit par la souscription de Liger de Vesci, et par les Vecie des chartes, qu'au Moyen-Age le nom se conservait fidèle à sa forme originelle 3.
Située à la fois dans Montauel et Vessey est une grande terre, le fief de Guivray, dont le nom semble dériver de Guivre, serpent. Il a pour armes un serpent qui tient un enfant par le milieu du corps. On racontait qu'un Guyvray, archer d'un duc de Normandie, avait tué un serpent qui allait dévorer un de ses enfans, et que, pour ce fait, il avait été gratifié de ces armes et de cette terre4.
A Vessey séjourna quelque temps un illustre botaniste né dans le voisinage, M. Louiche Desfontaines, dont la Flore de l'Atlas fut à la fois une œuvre de science et de courage , et dont le nom vivra autant que la Fontanesia et la Louichea. | ||||||||||||