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Église paroissiale Saint-Laurent de Moidrey GO69 — Travail personnel | ||||||||||||
Avranchin monumental et historique, Volume 2 Par Edouard Le Hericher
Matdrei. (Acte de 9i7).
La ligne tortueuse du Couesnon , qui forme la presqu'île fermée des Milardièrcs, et la presqu'île ouverte des Verdières, là où, cessant d'avoir des rives, ce fleuve s'étale dans des vases blanches et désolées, sol intermédiaire entre la terre et la grève, découpe ou corrode la commune de Moidrey i l'ouest. Une ligne généralement idéale, anguleuse et saccadée, la détermine des autres côtés. Elle est traversée par l'ancienne voie montoise de Bretagne'. Le sol ne se rehausse guères que dans le petit coteau de l'église.
C'est un humble oratoire, une ecclésiole. Entre le chœur «t la nef était autrefois un campanier dont l'escalier existe -encore. Aujourd'hui une petite tour s'élève au portail. De l'église ancienne , il reste des dalles tumulaires , dont une à légende gothique, un Ecce homo en vitrail, la vieille croix ronde du cimetière, un bénitier, et quelques baies ogivales. l'eu d'églises sont aussi insignifiantes que celle de Moidrey. Dédiée à saint Laurent, elle avait pour patron le Mont SaintMichel. En 1648, elle valait 300 liv., et 400 en 1698.
Près de l'église est le château, qui n'a plus de féodal que son colombier , et auquel nous rattacherons quelques noms disséminés. En 917, G. Longue-Épée donna Moidrey « Maldrei, » au Mont. Rainald et Cuarin de Maldreio souscrivirent à la charte de Caugé en 1056 2. Eu 1188 , Walterius de Maidrê fut témoin dans une charte du Cartulaire de l'Abbaye; ailleurs on trouve aussi ALuredus de Maidreio. Dans ce XIIeme siècle, Raoul de Fougères donna au Mont des fiefs « que tenet de ecc. de Maidre. » Le seigneur de Moidrey fut un des nombreux bannerets de ce canton qui prêtèrent serment de fidélité à Geoffroi d'Anjou. Au XIVeme siècle, Foulques Paisnel devait au Mont le tiers d'un chevalier pour le village de Moidrey qui lui avait été fieffé'. Au XVeme, pendant l'occupation étrangère, Jean Trehan de Moidrey se vit enlever « ses manoirs, terres, lieux et rentes qui furent donnés à G. Keîhin. En 1698, les nobles à Moidrey étaient J. Tardif et Nie. Desforges.
Moidrey renfermait une antique chapelle ou maladrerie, dédiée à saint Biaise, dont le souvenir ne vit plus que dans le nom de son emplacement, appelé le Champ-Saint-Blaise. En 1618, elle valait 40 liv., et en 1698 elle n'en rendait que 303. Elle avait en ce siècle pour patron le grand-aumônier de France et dépendait de l'Hôtel-Dieu d'Avranches.
La forme générale du nom paroissial est Maidrey, comme on peut le voir dans nos citations des chartes, et comme nous le trouvons encore dans le Registre des Synodes : « S. Laurentius de Maidreio. » Nous avons vu à l'article de Mesnil Drey, la signification de cette terminaison, qui est l'altération de Dragon, Mesnillum Drogonis, et nous trouvons dans le Cartulaire une forme intermédiaire, transition entre le nom du passé et celui du présent : c'est « Mesnillum Droen5. » Maidrey ou Mainil-Drey, ne signifie pas autre chosee.
Moidrey n'a rien gardé de cette époque romane qui vit naître son église et toutes celles qui bordent la baie, dans ce fécond xr siècle, où le monde, selon l'expression de Raoul Glaber: « Se remuant pour jeter sa vieille dépouille, semblait s'être couvert d'un blanc vêtement d'églises. »
Une plume qui a su dessiner largement et peindre avec éclat les marines et les paysages de la baie, a esquissé le tableau vu de la colline de Moidrey:
« En arrivant au Mont par Pontorson, on découvre, pour la première fois, le monument sur la hauteur qui domine Moidrey, entre les touffes d'arbres dont ce village est enveloppé. De là , le Mont semble, par un temps clair, s'élever au fond du vallon même de Moidrey , dont les arbres masquent l'étendue et la profondeur. Ce n'est qu'a la hauteur du moulin de Moidrey qu'on peut voir» dérouler à larges plans un des plus beaux aspects du Mont. Encore paraît-il presque adhérent à la terre ferme et beaucoup moins colossal qu'il n'est en réalité. Mais il se découpe en contours nets et arrêtés sur un immense horizon de ciel et de mer; puis le paysage est fermé au sud-ouest par la côte de Saint-Georges et le Couesnon avec ses .circuits capricieux ; à l'ouest par la côte de Cherrueix , baignée dans le mirage qui argente de ses vapeurs les grèves et les campagnes; au nord-ouest par le Grouin-de-Cancale, d'où l'on voit se dérouler en zigzags les immenses pêcheries de la baie; au nord par le mont Tombelène, par la pointe de Carolles et par celle de Granville qu'on aperçoit de là toutes les fois que fhorizon est sans brume. » | ||||||||||||