VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
  L'hôtel BASCARDON Rue Léopold Delisle
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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Le terrain sur lequel est construit l’hôtel de Bascardon appartenait initialement au domaine du presbytère. Le 13 septembre 1730, Louis François de Bernière de Sainte-Honorine, curé de Valognes, en bailla une portion au profit de Marie Françoise de Mailly, veuve de François Félix de Lestourmy de Joinville. Le 24 décembre 1743, Marie Françoise de Mailly revendait pour 9 300 livres à Marie Anne le Berceur de Fontenay, veuve de Jacques-Antoine de Saint-Simon, un édifice désormais bâtit sur ce terrain.

 

 
         
 

Cette construction se composait « d’une maison à usage de plusieurs caves, les salles, cabinets et greniers dessus, les escaliers pour en faire l’exploitation, puits, remises et autres aistres, cour et jardin ».

 

Le 6 thermidor an 13, Georges Antoine Dancel de Quinéville, héritier de Marie Anne Le Ber-ceur, vivant sur place depuis au moins 1786, revendait la propriété à Marie Louise Charlotte Elisabeth Catherine d’Hauchemail, veuve de André Alexandre Etard de Bascardon.  L'acte de vente décrit « un corps de logis composé de cuisine, office, laverie, cave, cavot, bûcher, écurie, remise, salle à manger, salon de compagnie, chambres à coucher, boudoirs, cabinets, chambres en mansarde, greniers, cour et jardin ».

 

Son fils, Louis Michel André Etard de Bascardon, ayant hérité de la propriété, y décéda en 1824 et son inventaire après décès y fut dressé le 22 janvier. Ce document mentionne au nombre des pièces d'habitation un salon, une salle à manger ainsi qu'un grand nombre de chambres. L’inventaire des livres indique que le cabinet situé près du perron du jardin abritait une importante bibliothèque. L’hôtel devait être soigneusement meublé car l’ensemble du mobilier fut évalué à 13 700 livres.

 
         
   
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  L'hôtel DORLEANS  12, rue Alexis de Tocqueville
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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Cet hôtel fut acheté le 2 septembre 1807 à Augustin Anne Mesnil, par Victor Guillaume François Dorléans. La famille Dorléans, qui a laissé son nom à la propriété, était une famille d'avocat bien implantée dans la région de Saint-Sauveur-Le-Vicomte et de Valognes sous l'ancien régime. Né en 1763, François Dorléans était licencié en droit depuis 1785 et fut nommé procureur impérial en 1811, puis président du tribunal de Valognes le 3 mars 1819.

 

La propriété, déjà visible sur le plan Lerouge de 1767, présente en façade une date portée de 1725, indication probable de sa date d'achèvement. Elle est également représentée sur tous les projets de place royale des années 1770-1780 et ne semble pas avoir subi de transformations importantes depuis le milieu XVIIIe siècle. Cet hôtel, implanté en léger retrait de la place du château a été amputé d'une partie de son jardin lors du percement de la rue du Dr. Lebouteiller, créée lors des aménagements urbains de la Reconstruction.

 

 

L'hôtel Dorléans, façade sur rue

 

 
         
 

La façade sur rue, édifiée en pierre de taille calcaire, se compose de trois travées délimitées aux angles de l'édifice par des chaînes en bossage. Les baies du rez-de-chaussée ont un linteau cintré et celles du premier étage sont à linteau droit. Les appuis des fenêtres du premier étage sont reliés entre eux par un bandeau horizontal continu, et sont également rattachés aux linteaux des baies du rez-de-chaussée par de petites bandes verticales. L'axe de la travée centrale est souligné à l'étage par une porte fenêtre avec balcon à garde-corps en fer forgé, soutenu par deux grosses consoles à volutes.

 

La toiture à pans brisés est agrémentée de trois lucarnes éclairant les combles. La façade sur jardin, traitée en simples moellons, est adossée d'un corps de maçonnerie saillant coiffé en pavillon, abritant l'escalier et des réduits de desserte. Le grand portail à décor bossages donnant accès au jardin depuis la rue du Docteur Lebouteiller, constitue une adjonction récente.

 
         
 

L'hôtel Dorléans figure sur une gravure de Félix Buhot datée de 1879-1880 environ.

 

Acte de vente du 2 septembre

 

« Augustin Anne Mesnil, médecin, a vendu à Victor Guillaume François Dorléans, juge au tribunal de première instance de Valognes, un corps de logis appartenant audit sieur Mesnil, place du château, composé de cave, salle, cuisine, chambres, cabinets, greniers, hangars, appentis le tout de fond en comble, cours, les jardins derrière et à côté dudit corps de logis, s’étendant derrière les maisons de plusieurs voisins et ayant ouverture dans la rue du Bourg Neuf, y compris trois autres appartements dont une salle sur le bord de la place, les deux autres adossés contre le pignon de l’ouest dudit corps de logis, lesdits trois appartements venant de la famille Laisné, le tout tenant au devant à la palce du Château à l’un des côtés les mineurs Gouin de l’autre, aux héritiers Laisné, le sieur Houellebecq, prêtre, à la rue du Bourg Neuf, à l’Evesque, menuisier…. 9 000 francs »

 

(ADM, 5 E 15146, fol. 152).

 

 

"La maison Dorléans"

par Félix Buhot, vers 1880

 
         
   
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  Hôtel Marnière de Sainte-Honorine

1, rue Henri Cornat et 7, place du Château

     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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Par acte du 31 décembre 1757, Louis Marnière de Sainte-Honorine, curé de Valognes, vendait à Guillaume Leballois un terrain situé à l'angle de la place du château et de la rue Thurin (actu. Henri Cornat), moyennant une rente de 31 livres 50 sols.

 

Les immeubles édifiés sur ce terrain par M. Leballois passent par héritage à sa fille, Mme Legoupil, née Leballois, puis à la fille de cette dernière, Mlle Pauline Legoupil, qui épousa Julien de Clamorgan.

 

 

Hôtel Marnière de Sainte-Honorine

 
         
 

L'aile donnant sur la place Henri Cornat apparaît sur le plan Lerouge de 1767, dans une zone partiellement soumise à alignement. L'édifice est également documenté par plusieurs plans de la place du château, dressés dans le cadre des projets d'aménagement urbain entrepris au cours des années 1770. Il figure également en élévation sur une vue de la place du château antérieure à la Révolution française.

 

Un plan de 1775 indique notamment que cette demeure, appartenant alors au sieur Legoupil, avait été "bâtie depuis peu et sur un plan qu'on lui avoit donné". Il semble donc que le commanditaire se soit conformé aux plans exécutés par les ingénieurs du roi pour l'aménagement de la nouvelle place. La baie d'axe de la façade donnant sur la place du château porte la date de 1760.

 
         
 

 L'observation du bâtiment, et en particulier de la façade arrière sur jardin, permet de déceler la trace d'une structure, vraisemblablement antérieure à la seconde moitié du XVIIIe siècle, remaniée et intégrée au bâtiment actuel. L'édifice, endommagé lors des bombardements américains de juin 1944 a été restauré après guerre.

 

L'édifice est constitué de deux ailes perpendiculaires délimitant une cour intérieure.

 

Le corps de logis donnant sur la place du château est édifié sur un niveau de sous-sol voûté à usage de cave, supportant un rez-de-chaussée surélevé abritant les pièces de service et un étage carré.

 

La travée centrale est occupée par un escalier tournant à mur d'échiffre. L'aile donnant sur la rue Henri Cornat est précédée d'une petite cour plantée d'arbres.

 

Sa façade se signale par l'alternance irrégulière des baies du rez-de-chaussée, traitées en grandes ouvertures, à la manière de devantures de boutiques, ou en fenêtres étroites. Sur les deux façades, les baies du rez-de-chaussée et les fenêtres pendantes de l'étage en surcroît sont couvertes d'arcs segmentaires, tandis que les baies de l'étage carré sont à linteau droit. Ce traitement différencié des baies de l'étage et du rez-de-chaussée est une constante des demeures valognaises du XVIIIe siècle. Un bandeau horizontal court à hauteur d'assise des baies de l'étage. Tandis que la façade donnant sur la place est recouverte d'un enduit, la façade sur rue présente un parement en pierre de taille calcaire.

 

 

Vue animée de la place

du château de Valognes, vers 1780

 

 

L'hôtel Marnière de Sainte-Honorine.

Détail d'un plan d'aménagement de la place du château levé vers 1771-1775

 
         
   
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  HOTELS PARTICULIERS



 

TEXTE ISSU DU:

Le blog de closducotentin.over-blog.fr
Par Julien Deshayes

 
 
   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Valognes et ses hôtels

 

30-Hôtel Folliot de Fierville

29-Hôtel Dutourp

28-Hôtel Dursus
27-Hôtel Dagoury

26-Hôtel de Cussy

25-Hôtel du Poerier de Portbail

24-Hôtel du Plessis de Grenadan

23-Hôtel du Mesnildot Sainte-Colombe
22-Hôtel du Mesnildot de la Grille

21-Hôtel du Mesnildot de Champeaux

20-Hôtel Sivard de Beaulieu

19-Hotel de Chivré

18-Hotel de Carville

17-Hotel de Campgrain

16-Hotel de La Bussiére

15-Hotel de Beaumont

14-Hotel des Bazan

13-Hotel de Banville

12-Hotel d'Aboville

11-Hotel de Gouberville

10-Hotel de Carmesnil

09-Hotel de Baudreville

 08-Hotel Marniere

07-Hotel de Chantore

06-Hotel de Blangy

05-Hotel Bascardon

04-Hotel d'Anneville

03-Hotel Dorléans

02-Hotel du Vast

01-Hotel de Couville

   
 
     
   
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  Hotel Martin de Bouillon, ou hôtel de Couville

45, rue des Religieuses

     
 

Par Julien Deshayes  2011

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La famille de Creully possédait dès le premier tiers du XVIIIe siècle une maison occupant pour partie l'emplacement de l'actuel hôtel Martin de Bouillon. En 1734, cette demeure comprenait notamment cave, salon et cuisine en rez-de-chaussée, chambres à l'étage et greniers.

 

En 1753, puis en 1763, Jean Nicolas de Creully augmente l'assise foncière de la propriété en se portant acquéreur de deux autres maisons mitoyennes.

 

 

"La lande du gibet" sur la route menant à

Saint-Sauveur-le-Vicomte

 
         
 

Un acte du 26 juillet 1773 consécutif au décès du commanditaire indique que l'ensemble formait désormais « un seul et même corps de logis » et nécessitait des réparations urgentes. Ce document précise aussi que Marie Julienne Cauvin du Ponchais, veuve de Jean-Nicolas de Creully, y résidait déjà depuis plus de 14 ans, soit depuis 1759 au moins. Elle y demeure encore par la suite, jusqu'à son décès survenu en 1780. L'hôtel est revendu le 20 juin 1781 par son héritier, Guillaume Jacques-Guy Lucas, sieur de la Métairie, au profit Jean-Baptiste Heurtevent. L'acte de vente mentionne alors un édifice « consistant en deux salles sur le bord de la rue Aubert, un grand vestibule entre les deux, une grande porte cochère avec les cabinets et offices au derrière, les chambres, cabinets et greniers au dessus avec un escalier pour les accéder, une cour au derrière et deux ailes de maisons aux deux côtés ». 

 

Le 9 septembre 1782, Marie-Françoise-Léonore Heurtevent, sœur et unique héritière de Jean-Baptiste Heurtevent, revend la propriété à Constantin-Frédéric-Thimoléon Duparc, seigneur et patron de Barville. La famille Duparc de Barville en reste propriétaire jusqu'au 14 avril 1837, date de la vente de l'édifice par la comtesse de Beaufonds, née Duparc de Barville, à Désiré Lucas de Couville. Le 29 mai 1863, Louis Joseph Martin de Bouillon rachète l'hôtel à Hyacinthe Lucas de Couville. C'est lui qui aurait entrepris, en 1868, la réfection de la façade sur rue et l'aurait achevée en 1879. Il a laissé son nom à l'édifice.

 

L'hôtel Martin de Bouillon possède un plan en L composé d'un corps de logis sur rue flanqué d'un pavillon latéral ouvrant sur le jardin. Si la distribution générale de l'édifice semble reprendre pour l'essentiel celle du bâtiment décrit en 1781, l'élévation sur rue résulte d'une importante campagne de travaux, entreprise en 1868. Celle-ci se divise en deux niveaux d'habitation, séparés par un bandeau horizontal.

 
         
 

Le rez-de-chaussée est percé en son centre d'une porte cochère encadrée de part et d'autre par quatre baies à linteau cintré de hauteurs inégales.

 

La porte cochère est coiffée d'un arc cintré orné de claveaux en bossage et d'une agrafe à couronne de chêne. Le premier étage est percé de huit baies surmontées d'un arc surbaissé saillant. La corniche de la toiture, très saillante est soutenue par une rangée de modillons. Quatre lucarnes à encadrements de pierre adossés de volutes à décor floral éclairent les combles. Le pavillon latéral se divise en quatre niveau comprenant un rez-de-chaussée percé côté rue d'un simple oculus et un premier étage éclairé par une large fenêtre couronnée d'un fronton courbe. L'ensemble est couvert d'une haute toiture en pavillon. Une deuxième porte cochère donnant accès au jardin ouvre sur la rue du vieux château, à l'arrière de l'édifice. Martin de Bouillon est aujourd’hui le plus Haussmannien des hôtels Valognais

 

 

Emprise de l'hôtel martin de Bouillon

sur le plan Lerouge, 1767

 
         
   
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Hôtel du Mesnildot Sainte-Colombe

ou hôtel Le Gardeur de Croisilles

ou hôtel de Croisilles

ou hôtel Lecourtois de Sainte-Colombe

puis Foyer Sainte-Thérèse 1, place du Calvaire

     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2011

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L'hôtel du Mesnildot Sainte-Colombe offre, par contraste avec de nombreux autres hôtels valognais, un rare exemple de maintien durable d'une même famille sur une propriété. Dans la seconde moitié du XVI eme siècle, Thomas Picquenot sieur du Gauguier résidait déjà dans une maison située à son emplacement, et y décéda en 1696. Son fils, Nicolas Picquenot y mourut également, en 1706, ainsi que son petit-fils, Thomas, sieur de Lislemont, en 1734.


L'hôtel du Mesnildot Sainte-Colombe

 
         
 

L'édifice appartenait encore à la même famille au lendemain de la révolution. Elle ne fut vendue que le 7 mars 1832 par Madame de Royville, héritière de Anicer Lavavasseur, sieur d'Hiesville, fils de Anne Louise Picquenot, à Madame Jacques-Louis-Gabriel du Mesnildot, née Lecourtois de Sainte-Colombe. En 1852, la famille Lecourtois de Sainte-Colombe revend l'hôtel à Vital-Sévère Dalidan, avocat, qui le cède à son tour, deux ans plus tard, à Monsieur Le Gardeur de Croisilles. Passé vers 1920 en possession de la famille Lemarquand, il est donnée en 1980 à la communauté des soeurs franciscaines réparatrices de Jésus-Hostie.

 

L'hôtel du Mesnildot Sainte-Colombe présente une façade principale sur jardin, constituée de six travées ordonnancées, intégrant un faux avant-corps central de deux travées. Le rez-de-chaussée, légèrement surélevé, repose sur un étage de soubassement, abritant une chapelle et ouvrant de plain-pied sur la rue Saint-Malo. Les baies du rez-de-chaussée de la façade sur jardin sont à arc segmentaire, avec un appui saillant et un garde-corps en ferronnerie, tandis que les fenêtres de l'étage sont à linteau droit. Le faux avant-corps est délimité par des chaînes de refend en légère saillie. Il supporte un fronton triangulaire percé de deux oculi, et comporte en son centre des pierres d'attente pour un décor héraldique non réalisé. La porte donnant accès au jardin est décalée en partie droite du corps de logis. Une date portée de 1760, inscrite en façade sur le cadran solaire, fournit un indice de datation pour cette construction, attribuable selon des critères stylistiques au milieu du XVIIIe siècle.

 

La façade postérieure, donnant sur la rue Saint-Malo, ne présente pas l'ordonnancement de la façade sur jardin. Elle conserve des traces de baies obstruées pouvant remonter au XVIe ou XVIIe siècle, indiquant la reprise d'un édifice antérieur au XVIIIe siècle. Le foyer de jeunes filles en dépendance est accolé contre le mur pignon nord-est. Il occupe une construction des années 1950 ou 1960.

 
         
   
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  Hôtel Sivard de Beaulieu Rue Henri Cornat
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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Le 2 octobre 1739 Laurent Antoine Sivard, sieur des Noires Terres, achète pour la somme de 20 000 livres à Bernardin Morin, une propriété située à Valognes, nommée "la terre des Noiremares ou du Haut-Pirou".

 

Cette propriété comprenait une maison avec "cuisine, salle, cellier, écurie, pressoir", et chambres et greniers au dessus. L'acte de vente précise également que le "grand corps de logis", couvert d'ardoise, était précédé d'une cour avec porte cochère et environné d'un jardin, d'un verger et d'autres pièces de terre.

 

Cette propriété figure sur le plan Lerouge de 1767. Elle occupait assez précisément l'emplacement de l'actuel hôtel Sivard de Beaulieu. Vers 1765, Charles-Antoine Sivard, fils de Laurent-Antoine Sivard, augmente son héritage par l'achat d'une nouvelle propriété, nommée le manoir de Beaulieu, qui dépendait depuis 1479 au couvent des cordeliers de Valognes. Selon l'abbé Jean Canu, il aurait fait bâtir l'hôtel actuel vers 1782.

 

L'hôtel Sivard de Beaulieu

sur le plan Lerouge de 1767

 


L'hôtel Sivard de Beaulieu, dessin, vers 1830

 
         
 

Charles Antoine Sivard de Beaulieu, issu d’une famille de bourgeois établie à Valognes depuis le XVIIe siècle, fut localement l’une des figures majeures de la période révolutionnaire. Né en 1742, il fut avocat et assesseur au bailliage de Valognes, puis président du tribunal. En 1774, il acheta la charge anoblissante de secrétaire du roi et devint également lieutenant général du bailliage du Cotentin, puis maire de la ville en 1790. Suspecté d’intelligence avec les ennemis de la République, il fit partie de la fournée des 19 personnes du district conduites à Paris le 15 juillet 1794 pour y être jugées par le tribunal Révolutionnaire. On se souvient que, ayant cassé une roue en chemin, le convoi n’arriva à destination qu’au lendemain de la chute de Robespierre, sauvant in extremis la vie aux représentants la ville estimée la plus farouchement monarchiste de toute la Normandie. Non trop rancunier Sivard de Beaulieu accèdera par la suite au rang de baron d’Empire et fut élu député de la Manche en 1818. 


De 1830 à 1871, l'hôtel abrite des Carmélites anglaises, qui, pour les besoins de leur communauté, font construire une chapelle en 1837. Le 5 août 1871 l'hôtel est revendu pour 80 000 francs aux religieuses du Refuge de Caen, qui abritaient des jeunes filles et des enfants. Le nombre grandissant des "réfugiés" les conduit à construire des dortoirs, une lingerie et une infirmerie, mis en service en septembre 1872. Les classes, les réfectoires et les dortoirs, ainsi que la chapelle, ont été totalement ruinés lors des bombardements alliés de juin 1944. L'hôtel lui-même a été incendié, perdant ainsi une aile. La chapelle actuelle, de style Reconstruction, a été reconstruite en 1959 par MM. Isnard et Epaud, architectes. 

 

L'actuelle façade sur rue était initialement la façade sur jardin, le tracé de la route de Bricquebec ayant été modifié depuis. Son élévation s'articule autour d'un avant-corps central traité en pierres de taille, et délimité par des chaînes en bossage. L'ensemble est surmonté d'un important fronton triangulaire orné d'une pierre armoriale laissée en attente. Un perron en fer à cheval permet l'accès à la porte d'entrée. Cette dernière est coiffée d'un linteau en plein-cintre orné d'une clef saillante. Toutes les fenêtres sont couvertes d'un simple linteau droit. Un bandeau horizontal souligne le premier étage. Des oeils-de-boeuf éclairent les combles. Plusieurs cartes postales anciennes montre l'ancien portail détruit en 1944, qui ouvrait jadis sur la rue Saint-François.

   

 

 

 

Vue de l'hôtel

Sivard de Beaulieu

CPA collection

LPM 1900

   

 

 

 

Vue de l'hôtel

Sivard de Beaulieu

Le Refuge, Valognes 2009

 HaguardDuNord

Photo personnelle

 

 
 
 
   
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  Hôtel d'ABOVILLE  70 rue des Religieuses
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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L'hôtel d'Aboville figure de manière peu distincte sur le plan Lerouge de 1767. Le 15 Mai 1773, Charles César du Mesnildot vend la propriété à Robert de Gourmont, seigneur de Saint-Germain-de-Varreville. L'édifice comprenait alors une cuisine, deux salles, une laverie, un office et un cabinet en rez-de-chaussée et quatre chambres et deux cabinets au premier étage.

 

Robert de Gourmont meurt en 1791 mais le partage de ses biens n'est effectué qu'en 1801. Sa cinquième fille, Marie Adélaïde Charlotte de Gourmont, hérite alors de l'hôtel.

 

 

Façade principale sur rue, malheureusement privée de son enduit

 
         
 

En 1842, suite au décès de cette dernière, son époux nommé Pierre Ange Revel, se remarie avec Eugénie Augustine d'Aboville qui laissera son nom à la propriété. L'hôtel d'Aboville abrite aujourd'hui la Maison Familiale Rurale.

 

L'élévation sur rue de l'hôtel d'Aboville se compose de huit travées et de deux niveaux d'élévation. La façade non enduite laisse apparaître son parement en moellons, avec des joints tirés à la pointe, donnant une impression de régularité. Initialement, la porte cochère était décalée à droite de la façade. A une date inconnue, elle fut démontée et replacée au centre de l'élévation, c'est pourquoi la fenêtre située à gauche de la porte cochère ne possède qu'un seul vantail, anomalie provoquant une asymétrie dans l'élévation de la façade. Cette porte cochère est encadrée de pilastres en creux et surmonté d'un épais linteau cintré orné d'une moulure en creux.

 
         
 

La porte cochère actuelle ouvre sur un long corridor donnant accès à un jardin en terrasse. Trois soupiraux situés sur la partie droite de l'édifice éclairent un niveau de soubassement, partiellement aveugle en raison de la déclivité de la rue. Les baies du rez-de-chaussée, couvertes d'un linteau cintré, se distinguent des fenêtres du premier étage, coiffées d'un linteau droit. Les fenêtres du premier étage se signalent aussi par leurs appuis ondulants caractéristiques des hôtels valognais du milieu du 18e siècle - et leur petit garde-corps en fer forgé. Quatre lucarnes éclairent les combles. Les chambres sont lambrissées et ont gardé leurs cheminées sculptées. Devenu une école d'enseignement rural, l'édifice a été augmenté à l'époque moderne d'une aile en retour abritant la cantine. A noter également, la fontaine extérieure et une curieuse niche à chien en pierre de style Louis XVI.

 

 

L'hôtel d'Aboville figure de manière peu distincte sur le plan Lerouge de 1767.

 
         
   
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  L'hôtel D'ANNEVILLE

Anciennement rue de l'Officialité  (édifice disparu)

     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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Deux actes respectivement datés de 1641 et de 1655 mentionnent l'existence d'un édifice situé rue de l'Officialité, à l'emplacement du futur hôtel d'Anneville, et appartenant alors au sieur de Sottevast. Le 18 avril 1679 cette propriété est vendue par Robert-Arthur de Couvert, seigneur d’Auderville, à Guillaume Pouchin, écuyer, sieur du Cornez.

 

Le 27 mai 1691 ce dernier la revend, pour la somme de 3 160 livres, à messire Bon-Thomas Castel, marquis de Saint-Pierre-Eglise.

 

 

Partie ancienne subsistante au niveau

de l'aile des communs

 
 
         
 

Le 8 décembre 1695 Charles-Claude de Bréauté rachète l'édifice - qui était probablement nouvellement construit - pour 6000 livres.

 

Le 22 juin 1697, la propriété est acquise par Guillaume-Eustache d'Anneville, chevalier, seigneur de Chiffrevast, Anneville et Saint-Vaast, qui y réside jusqu'à sa mort en septembre 1700. La famille d'Anneville, l'une des plus importantes familles nobles du Cotentin, restera propriétaire de cet hôtel jusqu'en 1841. Celui-ci a malheureusement été détruit lors des bombardements alliés de juin 1944.

 

Lors de la vente effectuée en mai 1691, l'édifice comprenait un petit corps de logis sur rue, avec salle, cuisine et office en rez-de-chaussée, chambres et greniers au dessus. Une cour abritant "de vieilles écuries" et un jardin potager occupaient l'arrière de la propriété. Un procès de voisinage opposant Bon-Thomas Castel à Jacques Barbou de Plainmarest, fait état, l'année suivante, de travaux entrepris par le nouvel acquéreur. Cette nouvelle construction comprenait manifestement une aile en retour, édifiée contre le mur formant séparation entre les deux propriétés. La description fournie par l'inventaire après décès du sieur d'Anneville, le 20 septembre 1700, atteste bien que l'édifice avait été à cette date considérablement agrandi. Il comprenait désormais deux étages d'habitation, avec au moins six pièces de service en rez-de-chaussée (cuisine, laverie, celliers, office…), une "haute salle", trois chambres et un cabinet, au premier étage, trois autres chambres avec cabinet ou vestibule au second. Les communs édifiés dans la cour comprenaient notamment une remise à carrosse et une écurie. Un second inventaire après décès, dressé en mars 1729, apporte de nouvelles précisions sur la distribution de l'hôtel. Il mentionne notamment la chambre du seigneur d'Anneville, située au premier étage, qui ouvrait sur la cour par deux croisées et était précédée par une antichambre accessible depuis l'escalier.

 
         
 

La grande salle, donnant sur la rue, se trouvait sur le palier opposé et était suivie de deux autres chambres, l'une abritant cinq portraits de famille et la seconde étant située "sur la grande porte d’entrée de ladite maison". L'étage supérieur abritait notamment la chambre de la veuve et son cabinet, ainsi que "la chambre sur la haute salle où couchaient les enfants et les. Domestiques". Au nombre des pièces de service du rez-de-chaussée sont citées la cuisine,la buanderie, un grand cabinet, plusieurs celliers et une cave à vin. L'écurie servait aussi de logement au dénommé Laurent Lelong, palefrenier

 

En 1785, Jean-François d'Anneville augmente la propriété d'une maison attenante comprenant "un petit salon, une cuisine à la suite, un cellier au derrière, avec les chambres, greniers et escaliers d'accès, le tout couvert en ardoise, un jardin potager de cinq perches avec une buanderie sur le Merderet". Le plan Lerouge de 1767 permet de distinguer le corps de logis principal, édifié sur la rue, et son aile en retour.

 

 

 

L'hôtel d'Anneville sur un plan d'urbanisme

de la Reconstruction


 
  Les cartes postales anciennes antérieures à juin 1944, montrent une élévation sur rue se composant de six travées et de trois niveaux d'élévation. La porte cochère surmontée d'un arc en plein-cintre, permettant l'accès à la cour, était décalée sur la gauche de la façade. Les baies du rez-de-chaussée se distinguaient par leurs chambranles moulurés tandis que les fenêtres du premier étage étaient coiffées d'un simple linteau cintré et de celles du second étage d'un linteau droit. Les combles étaient éclairés par des lucarnes reportées aux deux extrémités latérales de la toiture. L'aile sur rue comprenait deux étages d'habitation édifiés sur un rez-de-chaussée abritant les communs.    
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
  Hôtel de Banville 2, rue de Wéléat
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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L'hôtel de Banville a été construit dans le second quart du XVIIIe siècle, par Françoise Osber, veuve de Charles Patny, sieur de Banville, qui le vend achevé, en 1747, à sa mère, Jeanne-Françoise Osber. L'acte de vente précise bien qu'il s'agissait d'une maison "faite construire par ladite dame de Banville". Le 1er août 1768, la propriété est revendue par les deux gendres de Françoise Osber à Charles Auguste Traynel sieur de Saint-Blaise (à Bricquebec) seigneur de Bolleville.

 

 

L'hôtel de Banville

 
         
 

L'édifice présente une façade austère, régulièrement ordonnancée, composée de cinq travées et de deux niveaux d'élévation. Les baies du rez-de-chaussée à linteau cintré se distinguent des fenêtres du premier étage à simple linteau droit. Cinq lucarnes prolongent à hauteur des combles l'ordonnance de la façade. Un bandeau horizontal courant à hauteur d'appui des fenêtres du premier étage. La porte d'entrée, accessible par un perron de quelques marches, est située sur la travée centrale. Le mur pignon ouvrant du côté de l'hôtel de ville est percé de deux travées de fenêtres et d'un oculus. La façade sur jardin est identique à l'élévation sur rue.

 
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
   Hôtel de BAUDREVILLE

puis couvent des soeurs franciscaines Réparatrices de Jésus-Hostie

2, place du Calvaire

     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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L’hôtel de Baudreville est situé à l’angle de la place du Calvaire (anciennement place des Vieilles Halles) et de la rue des Capucins. La constitution de la propriété peut être attribuée à Jean-François de Thieuville qui, par achats successifs effectués entre août 1759 et avril1763, rassemble trois maisons voisines d'inégale valeur.

 

Le premier lot, cédé par le sieur Delaville "docteur en médecine demeurant en la ville de Cherbourg", pour moins de 2000 livres, était constitué par une modeste demeure nécessitant "un besoin pressent de réparations".

 

 

L'hôtel de Baudreville

sur un dessin aquarellé exécuté vers 1920


 
 
 
 

Le second lot, comportant notamment un cabinet de compagnie, deux chambres et six cabinets, fut cédé le 13 mars 1761, pour la somme beaucoup plus élevée de 12 000 livres. S'ajoutait encore à cet ensemble une troisième maison, située de l'autre côté de la rue des Capucins, achetée le 12 avril 1763 à Pierre François Vaultier, menuisier, pour la somme de 2000 livres. L'intégralité de la propriété est revendue le 19 août 1768 par Hervé Charles François de Thieuville, héritier de Jean François de Thieuville, à Madeleine de Pittebout de Graffard. Le corps de logis principal abritait désormais "une cuisine, deux offices, cave et deux caveaux, une écurie servant actuellement de bûcher, une grande porte cochère, une écurie, salle à manger, cabinet de compagnie, quatre chambres, six cabinets

 
 
 
 

Les greniers dessus étant le tout de fond en comble couvert en pierre d’ardoise". Etaient également compris dans cette vente "les meubles meublants", composés notamment par des tapisseries en velours de "treich" jaune, une cheminée de marbre, les dessus de porte des cabinets de compagnie, de la salle à manger et des chambres, les glaces des dessus de cheminées, et un poêle de potier.

 

En 1801, l'hôtel est racheté aux héritiers de Madelaine Pittebout par Bonne Jeanne Marguerite Vauquelin, épouse d’Anonyme Anquetil de Baudreville, ce dernier ayant laissé son nom à la propriété

 

 

L'hôtel de Baudreville sur un plan

de la place des Capucins, vers 1780

 
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
  Hôtel de Beaumont  Rue Barbey d'Aurevilly
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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La propriété figure en 1670 dans la succession d'Arthur Levesque, écuyer, sieur des Mares, gendarme de la compagnie du roi, anobli en 1642.

 

Saisie par des créanciers, elle sera rachetée par Hervé le Berseur, marquis de Fontenay, au profit de la veuve d'Artur Levesque, Jeanne de Crosville. En décembre 1687, cette dernière consent à la vente de son bien au profit de Etienne Duhamel, sieur de la Prunerie.

 

Facade sur cour

 
         
 

La demeure se composait alors d'un "grand corps de logis où est premièrement un pavillon de pierre de taille, couvert d'ardoise d'Angleterre, dans lequel est un escalier de carreau. . . plus un autre corps de logis tenant aud. pavillon". Cette construction du XVIIe siècle figure sur le plan Lerouge, daté de 1767. En 1706, Etienne Duhamel revend l'ensemble à Charles Jallot de Beaumont, qui a laissé son nom à la propriété. Charles Jallot fut à l'origine des travaux d'extension et de modernisation de l'édifice. A sa suite, Pierre Guillaume de Beaumont, son neveu, parachève la construction en faisant appel à l'architecte Raphaël de Lozon, qui meurt en 1771 à l'intérieur des combles de l'hôtel, où il occupait un appartement. On attribue à ce dernier le dessin de l'avant-corps central, situé côté cour. Il ne semble pas que la construction ait reçue de nouvelles modifications après la mort du propriétaire, Pierre Guilaume de Beaumont, également décédé en 1771. Lors de l'inventaire après décès de Jeanne Félicité Jallot, le 29 pluviose an 3, plusieurs appartements de l'hôtel étaient affectés à l'usage de bureaux pour le tribunal révolutionnaire. A la mort de cette dernière, la propriété passe dans les biens de la famille du Mesnildot. Vendue en 1882 par Madame du Mesnildot, l'hôtel de Beaumont devient en 1897 la propriété du comte Froidefonde Florian, ministre plénipotentiaire, décédé en 1932. Depuis 1955 il est entré par héritage en possession de la famille des Courtils qui l'occupe aujourd'hui. Inscrit à l'inventaire supplémen-taire des Monuments historiques par arrêté du 4 novembre 1927, il bénéficie d'un classement partiel depuis le 31 décembre 1979.

 
         
 

L'hôtel de Beaumont possède une façade sur cour en pierre de taille longue de quinze travées, ornée de chaînages d'angle traités en bossage. Son avant-corps central au dessin ondulant, couronné d'un fronton triangulaire abrite trois travées de baies en plein-cintre. Les mêmes ouvertures distinguent l'élévation des deux pavillons légèrement saillants établis aux extrémités de l'édifice.

 

Les clefs des baies du rez-de-chaussée de l'avant-corps central sont ornées de mascarons représentant des visages de femme entourés de blé ou de raisin, symbolisant les saisons. Les baies du premier étage sont décorées de motifs rocaille très abondants. Le garde-corps en fer forgé du balcon de l'avant-corps central représente les attributs de l'amour.

 

 

Détail de l'avant corps de la façade sur cour,

dessin par Charles JOUAS, 1941

 
         
 

La corniche possède des modillons très saillants héritage de l'édifice du 17e siècle intégré à la construction. Dix oeil-de-boeuf éclairent les combles. Les armes des familles Jallot et Cairon devaient être sculptées sur les deux blasons ovales posés sur des rameaux de chêne mais elles furent bûchées. La façade sur jardin possède treize travées, l'avant-corps central ne comprend qu'une travée. Cet avant-corps est droit avec des baies couvertes en plein-cintre. Cette façade est recouverte d'un enduit au clou récemment restauré. Le fronton triangulaire est orné d'une sculpture en bas-relief de Pomone, la divinité protectrice des fruits, des fleurs et des jardins. Elle est représentée accompagnée de deux putti, assis sur un trône, tenant une corbeille remplie de fruits et de fleurs. Un des putti lui tend un bouquet de fleurs.

 
     
 
 
     
 

Façade sur les jardins2010

 
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
  L'hôtel DE BLANGY  53-55, rue de Poterie
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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En 1670, Jean Marmion obtient en héritage de Pierre Huel une propriété sise paroisse d'Alleaume, comprenant un jardin potager et une maison.

 

En 1683, une portion de cette propriété, constituée d'un jardin de 20 perches, est vendue par les héritiers de Jean Marmion à Antoine Le Conte de Soigneuze, qui entreprend sur ce terrain la construction de l'hôtel.

 

 

Hôtel de Blangy, aile nord, façade sur cour

 
         
 

Ce premier édifice, formé "de maisons, mesnages, cours et boelles et issues tant basties en leur intégrité que ce qui reste à bastir sur les portions de terre servantes autrefois à usage de jardin potager" est revendu dès 1706 à Joseph de Sainte-Mère-Eglise. L'année suivante, ce dernier acquière également de la famille Marmion la portion de propriété restante, où subsistait une ancienne maison de pierre. Charles de Sainte-Mère-Eglise continue sur ce terrain la construction de l'hôtel, probablement en l'augmentant de l'aile orientale, donnant sur la rue de Poterie. Cette aile conserve sur une pièce de la charpente une date portée de 1743, indicative de son achèvement. L'ensemble ainsi constitué est revendu en 1764 à Marie Catherine de Hennot d'Arreville, veuve de Jean Charles de Crosville. Il comprenait alors un important corps de logis consistant, entre autre, en plusieurs salles et chambres ainsi que des écuries et remises. Un plan de la rue de Poterie datant de 1768 (plus fiable que le plan Lerouge de 1767) en montre le plan-masse, formé de l'aile sur rue et d'une première aile en retour, flanquant la cour du côté nord. L'année suivante, Louis René de Crosville augmente encore la propriété d'une nouvelle portion de terrain. Comme l'atteste un acte de vente de l'an 8, c'est cette extension qui permettra la construction de l'aile sud, marquant l'achèvement de l'édifice. Au début du 19e siècle, l'hôtel entre en possession de Sophie de Hennot, épouse de Maximilien de Blangy, qui lui laissera son nom et y hébergera le Duc de Berry, le 14 avril 1814.

 

Le corps de logis principal de l'hôtel de Blangy développe sur la rue de Poterie une longue façade, très sobrement traitée. Le rez-de-chaussée, ayant peu d'ouvertures, se distingue du premier étage éclairé de hautes baies coiffées d'un linteau cintré. Une porte cochère, coiffée côté rue d'un arc en plein cintre, donne accès à une cour pavée, resserrée entre les deux ailes formant retour sur la façade arrière, et le mur de soutient du jardin en terrasse. Le corps de logis se compose de six travées et de deux niveaux d'élévation séparés par un bandeau horizontal. Les fenêtres du rez-de-chaussée, couvertes d'un simple linteau droit, se distinguent des baies à linteau cintré de l'étage noble. Des lucarnes éclairent les combles. Les ailes nord et sud, très semblables, s'organisent autour d'un faux avant-corps central, large d'une travée unique, encadré de chaînes d'angle et surmonté d'un fronton triangulaire avec pierre armoriale en attente. La porte d'entrée des deux avant-corps est coiffée d'un arc en anse de panier. Le mur de soutènement du jardin en terrasse, agrémenté d'une balustrade classique, se signale par son décor de chaînes en bossage.

 
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
 

Hôtel de CAMPGRAIN dit aussi hôtel de la Moissonière

Hôtel Fouquet de Réville ou de Bellefonds

Place du Calvaire (édifice disparu)

     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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L'hôtel de Campgrain occupait un terrain "sis au triage des vieilles halles", auprès de l'ancienne route menant de Valognes à la Hougue. Le 24 mai 1665, Pierre Bauquet, sieur de Barrehaye, vendait à son emplacement un terrain de trois vergées, comprenant jardin et maisons, à Pierre Marie, écuyer, sieur des Essarts. Ce dernier en rendait aveu au roi en 1667, puis le 7 juillet 1691, il cédait pour 2 189 livres la propriété à sa sœur Françoise, épouse de Antoine Jardel, procureur au baillage de Valognes.

 

Le 20 mai 1741, Jean-François Jardel, fils et seul héritier de feu Estienne Jardel sieur des Tours, aussi seul héritier de feu Pierre Jardel, son oncle, revendait l'ensemble à Vincent-René Turbert sieur de Pommereuil, pour la somme de 5 200 livres.

 

 

L'hôtel de Campgrain

sur le plan Lerouge de 1767


 
         
 

Ce dernier s'en séparait le 14 octobre 1743 au profit de Hervé Fouquet seigneur de Réville, Saint-Nazaire, Crosville, Tourlaville, Biniville et autres lieux, pour le prix de 12 500 livres. Le 14 juillet suivant, le seigneur de Réville augmentait sa nouvelle propriété par l'achat d'un terrain attenant, consistant en un enclos fermé de murailles contenant deux vergées et demi. Peu après son décès, survenu le 25 novembre 1777, la propriété était occupée par sa veuve, Anne Pigache, qui y était servie par onze domestiques. N'étant pas héritière de son époux, celle-ci doit cependant quitter la propriété au profit de Gilles-René Avice de Sortoville. Afin de payer ses dettes, ce dernier revend l'hôtel le 28 avril 1781 à Ambroise-Gabriel de La Houssaye d'Ourville. L'année suivante, à la mort du marquis d'Ourville, l'hôtel est cédé à Charles-Adolphe de Mauconvenant, seigneur de Sainte-Suzanne. Le 13 février 1786, le seigneur de Sainte-Suzanne échange son hôtel de la place des Capucins avec celui de Louis-Bernardin Gigault de Bellefonds, situé à la croix Cassot (hôtel de Gramont), les deux propriétés étant alors estimée à une valeur identique de 20 000 livres. En 1792, Bellefonds agrandit l'ensemble en achetant au sieur Thiphaine une parcelle de jardin joignant le sieur d'Ellon et la dame de Thieuville. En 1837, l'hôtel devient la propriété d'Eugénie Bauquet de Grandval, épouse de Charles-Auguste le Roy de Campgrain, qui laissera son nom à l'édifice.

 

L'acte de vente de 1691 précise que l'édifice antérieur à l'hôtel du XVIIIe siècle se composait d'une maison manable comprenant "salle, cuisine, cellier, escurye, grange, les chambres et greniers dessus étant partie couvert d’ardoise et partie de paille". Il possédait en dépendance une petite maison couverte de paille, ainsi qu’un enclos fermé de murailles et percée d'une porte cochère. La propriété revendue en mai 1741 par Jean-François Jardel, comptant "cuisine, salon, office, un cellier, une écurie, une grange, les chambres et greniers de dessus", ainsi qu'une grange, une remise et une loge à cochon, ne semble guère différente, si ce n'est que la maison est alors signalée comme étant "presque en ruine". La construction de l'hôtel ne fut engagée qu'au cours des années suivante, par Vincent-René Turbert de Pommereuil, qui, en 1743 revendait au seigneur de Réville "une maison couverte de pierre se consistant en plusieurs aistres encore non achevée", avec les pierres et autres matériaux entreposées sur le chantier. C'est donc à Hervé Fouquet qu'il convient d'attribuer l'achèvement de l'édifice, tel du moins que l'on peut l'identifier sur le plan de la ville de Valognes levé en 1767. L'acte de vente du 28 avril 1781 décrit une construction relativement importante, comprenant deux étages d'habitations portant sur un rez-de-chaussée affecté aux pièces de services. Les premier et second étages se composaient chacun d’une antichambre, chambre à coucher, garde-robe et cabinet, salle à manger, salon de compagnie et autre cabinet. La propriété possédait aussi cour et basse cour, des remises et écuries, une "jardinerie", un jardin avec terrasse et promenoir, ainsi qu'un pressoir "avec la chambre dessus et une pièce pour tuer la volaille".


L'hôtel visible sur les cartes postales anciennes, se composait d'un corps de logis double en profondeur édifié sur un rez-de-chaussée semi enterré. La façade principale se composait de sept travées, ordonnancées autour d'un étroit avant-corps central encadré de chaînes en bossages et coiffé d'un fronton triangulaire. L'édifice s'accédait par un perron formé de deux volées doubles en équerre. Il était flanqué d'un unique pavillon latéral en légère saillie, son pendant n'ayant probablement jamais été construit. Initialement bâti entre cour et jardin et équipé de dépendances agricoles (pressoir, écurie et remises), cet hôtel vit au XIXe siècle ses abords plantés d'un parc boisé. Il fut totalement rasé en 1944 et remplacé ensuite par une maison moderne.

 
   
 

L'hôtel de Campgrain sur une carte postale ancienne

 
   
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
  Hôtel de CARMESNIL

ou hôtel de Beausse ou hôtel Levaillant de Folleville,

puis distillerie Duchemin

46, rue Henri Cornat

     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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L'hôtel de Carmesnil appartenait à la fin du XVIIe siècle à Barbe Martin, dame d'Armanville. Par héritage, la propriété se transmet ensuite à Jean-René de Cussy, seigneur d'Armanville, puis à Jean-Gabriel de Cussy. Entré en possession de Jean-Antoine de Beauvalet, seigneur de Durécu, l’hôtel fut revendu en mai 1757 à Charles-Jacques-Michel d'Auxais, sieur de Sainte-Marie

 

 

Hôtel dit de Carmesnil, façade antérieure

 
         
 

Puis à nouveau cédé par ce dernier, le 4 février 1758, à Messire Philippe-Antoine-François de la Motte-Ango, seigneur et patron d'Anneville, Hémévez et autres lieux.

 

Le 18 décembre 1767, François de la Motte-Ango cédait l'hôtel à Messire Thomas-Hervé de Béatrix, écuyer. Après le décès celui-ci, sa veuve et ses fils revendirent en février 1784 la propriété à Guillaume Bernard, sieur du Chesne, conseiller du roi au baillage de Valognes. Décédé le 22 novembre 1831, Guillaume Bernard transmet en héritage l'hôtel à mademoiselle Antoinette-Marie Dubourdieu qui en fait à son tour hériter mademoiselle Florentine-Rosalie-Honorine Huel-Cabourg. Le 8 janvier 1832, cette dernière revend son bien à Monsieur Louis-Charles de la Motte-Ango, vicomte de Flers. La demeure est ensuite cédée par les héritiers du vicomte à Louis-Auguste Blanche, qui la vend à son tour, le 24 décembre 1836, à Antoine-Emilien baron Gay de Taradel. Le 13 mai 1837, l'hôtel de Carmesnil entre en possession de Arsène-Maurice le Mouton de Carmesnil, qui lui a laissé son nom. Entre la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle, la propriété abrite la distillerie Duchemin, fabriquant de liqueurs et d'eau de vie de cidre, qui y emploie jusqu'à une centaine d'ouvriers.

 

 
 

L'hôtel de Carmesnil, implanté en bordure d'un vaste parc boisé, est constitué d'un corps de logis de plan rectangulaire à mur pignon sur rue. La comparaison entre le plan de Lerouge de 1767 et le plan de Valognes de 1880 montre que la propriété a été amputée d'une aile en retour et d'une partie de son jardin, lors du tracé de la nouvelle route de Bricquebec. Le corps de logis, dont la construction initiale se situe vers le milieu du XVIIe siècle, a été remanié au XVIIIe siècle par l’insertion de la travée centrale et une reprise des ouvertures.

 

Il en résulte une façade ordonnancée organisée autour d'un faux avant-corps central, large d'une travée unique, appareillé en pierre de taille et intégrant en partie haute une fenêtre de comble logée sous un fronton triangulaire. La corniche à modillons qui court au niveau des sablières constitue un vestige de l'édifice du XVIIe siècle. La porte d'entrée principale, intégrée à l'avant-corps central, est desservie par un escalier extérieur en fer-à-cheval. A l'étage, une porte-fenêtre ouvre sur un balcon à garde-corps en ferronnerie, soutenu par des consoles en volutes.

 

 

Etiquette commerciale des distilleries Duchemin,

où figure l'hôtel de Carmesnil

 
     
 

Les niveaux supérieurs de la façade principale sont intégralement recouverts d'un enduit, tandis que l'étage de soubassement et la façade postérieure sont traités en moellon apparent.

 

Les bâtiments de l'ancienne distillerie, situés sur l'arrière de la propriété, sont aujourd'hui désaffectés. Le parc a conservé un canal long d'une soixantaine de mètres bordé de part et d'autre par une large promenade et un pavillon de jardin datant du XVIIIe siècle.

 

L'organisation des bosquets et des jardins a été mis au goût du jour au début du XIXe siècle dans le style paysager et romantique. De nombreux arbres ont été plantés autour d'une vaste pelouse ondulée masquant en partie l'hôtel, que l'on découvre entre les frondaisons. Le canal a été agrémenté d'une île plantée de deux cyprès chauves. Un jardin potager occupe une partie des anciens parterre

 
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
  Hôtel de CARVILLE 45, rue de Poterie
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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En 1722, les frères Thomas et Jacques Néel vendent à Catherine Hamon un tènement de maisons comprenant quatre salles et chambres jouxtant l'hôtel de Blangy, dont ils avaient hérité en 1670 de Pierre Huel et Sébastienne Duclos. En 1733, la nouvelle propriétaire cède une portion de la propriété comprenant une salle et une chambre, puis, en 1769, le reste du lot est racheté par un dénomé Jean Blanvillain, qui constitue ainsi l'assise du futur hôtel de Carville. Le petit fronton triangulaire de la façade sur rue porte la date de 1778, indiquant vraisemblable-ment l'année de la construction. A droite de la façade sur rue, des pierres d'angles saillantes en attente indiquent un projet d'extension qui ne fut pas réalisé.

 

L'hôtel de Carville possède une façade sur rue constituée de cinq travées, édifiées sur trois niveaux d'élévation.

 

La séparation entre les différents niveaux est soulignée par un bandeau horizontal. La travée centrale est couronnée par un petit fronton triangulaire percé d'un oculus servant à éclairer les combles. Les baies du rez-de-chaussée et du premier étage sont coiffées d'arcs segmentaires à clef saillante, tandis que les fenêtres du deuxième étage possèdent des linteaux droits à clef.

 

Les appuis de fenêtre des deux niveaux supérieurs sont ondulés. La façade, initialement conçue pour être enduite, est désormais laissée en pierre apparente. L'absence de porte cochère ou de portail en façade mérite d'être signalée.

 

L'hôtel de Carville. Façade sur rue

 

Petit fronton triangulaire percé d'un oculus

 
         
   
  VALOGNES
  CC 49.09 COEUR DU COTENTIN
   
  L'hôtel DE CHANTORE  9, rue des Capucins
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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L'histoire de l'hôtel de Chantore illustre, par sa complexité et l'enchevêtrement des transactions diverses qui ont présidé à sa construction, un phénomène représentatif de la constitution de certaines demeures valognaises du XVIIIe siècle.

 

L'assise foncière de la propriété est formée entre mai et septembre1701 par Bertin-Claude Jobard, prêtre, sieur des Valettes, qui réunit alors une "vieille masure" ainsi que plusieurs maisons achetées à deux propriétaires distincts.

 

 

Hôtel de Chantore, Façade sur rue

 
     
 

En 1705, ce dernier revend l'ensemble à Marie Suzanne de Gouberville, qui en fait bénéficier son héritière, Françoise de Gouberville, épouse de Nicolas Le Danois. S'étant séparée d'avec son mari, Françoise de Gouberville vend à nouveau la propriété, le 16 février 1719, à Madeleine Plessard, qui effectue l'achat au profit de son neveu et héritier, Jean-François Osber, seigneur d'Agneaux. Les archives notariales précisent alors que la construction, entreprise par Nicolas Le Danois, ayant longtemps été laissée inachevée était entièrement à reprendre. Le nouvel acquéreur, Jean-François Osber, tenta de poursuivre les travaux, qu'il mena jusqu'à la charpente, avant de céder l'édifice, le 26 avril 1728, à Anne Durevie, veuve du seigneur de Beaudrap, "pour être icelle maison achevée de bâtir et construire".

 

L'hôtel était en possession de François-Eliodore de Beaudrap, fils d'Anne Durevie, lors de son décés survenu le 19 septembre 1763. La propriété passe ensuite en héritage à Angélique-Françoise de Beaudrap, dite Mademoiselle d'Ouessey.

 

Le 18 brumaire an 9, l'édifice est affecté par une tempête, qui endommage également le jardin, où 17 pommiers sont abattus. Un acte de vente du 25 janvier 1823, au profit de Hervé-Marie-Pierre-Thomas-Casimir Ernault de Chantore, mentionne "une grande maison sise à Valognes rue du Bourg-Achard ou des Capucins, composée de deux grands corps de logis dont un sur le devant de la dite rue accédé par une porte cochère, l'autre donnant sur la cour et faisant l'angle droit avec le précédent, de deux cours, jardins haut et bas et d'un petit jardin à la suite".

 

En 1868, l'hôtel de Chantore est acquis par la communauté des soeurs du Refuge de l'abbaye Notre-Dame de Charité de Caen, qui y restera jusqu'en 1871. Jules Barbey d'Aurevilly situe dans cet hôtel une scène de son roman "Le Chevalier des Touches".

 

L'hôtel de Chantore présente un plan en L avec corps de logis sur rue et aile de service en retour sur la cour. Un grand jardin en terrasse se développe à l'arrière du bâtiment. La façade sur rue se compose de six travées intégrant un avant-corps central de deux travées faiblement saillant, surmonté d'un fronton triangulaire. La porte d'entrée ne se situe pas dans l'axe de l'élévation, mais est décalée sur la droite, tandis qu'une porte cochère, ouvrant sur le jardin occupe la première travée de gauche. Un bandeau horizontal court à hauteur d'appui des fenêtres du rez-de-chaussée, puis un second bandeau souligne le premier étage. Des lucarnes à pignon éclairent les combles établis sous une toiture à pans brisés. Le parement est traité en petit appareil piqueté, initialement destiné à être recouvert d'un enduit de revêtement. Un escalier intérieur tournant, avec une rampe en ferronnerie aux élégants motifs de courbes et contre-courbes, dessert l'étage. Dans l'angle de celui-ci, dans l'épaisseur du mur, un petit escalier secondaire aujourd'hui muré permettait l'accès aux combles. A l'intérieur subsiste des boiseries ainsi que des lambris, des plâtres moulurés et des ferrures d'époque.

 
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
  Hôtel de Chivré  11 bis rue de Wéléat
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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L'hôtel de Chivré n'est attesté par les sources écrites qu'à compter de 1750, mais intègre de nombreux éléments d'une construction remontant aux environs du milieu du 16e siècle. Le 29 floréal an 3, la propriété est augmentée d'un jardin de 18 perches situé derrière la rue du Gisors, acquis de Pierre Charles-François Hubert. La famille de Chivré, qui a laissé son nom à l'édifice, possédait l'hôtel dans le dernier quart du 19e siècle. Touché par les bombardements alliés de juin 1944, l'hôtel de Chivré a été restauré et partiellement reconstruit après guerre par l'architecte E. Puget.

 

L'hôtel de Chivré se compose d'un corps de bâtiment à pignon sur rue et d'une aile en retour, comprenant chacun trois niveaux d'élévation.

 

 

La propriété sur le plan Lerouge de 1767

 
         
 

Les deux ailes, formant un angle ouvert, s'articulent autour d'une haute tour polygonale d'escalier en vis. Cette tour comprend en partie supérieure une chambre à feu, accessible par une petite vis logée dans une échauguette, supportée par un encorbellement à décor de billettes. Les reprises du 18e siècle paraissent n'avoir affecté que le percement des fenêtres à simple encadrement quadrangulaire, et des portes du rez-de-chaussée. L'aile sur la rue, intégralement reconstruite après 1944, reprend pour l'essentiel la disposition des ouvertures antérieures. Les parements à pierre apparente sont constitués de petits moellons de pierre calcaire.

 
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
  Hôtel de Gouberville (Edifice disparu)
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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Le 8 Mars 1715, jean Jacques Folliot, sieur des Carreaux, propriétaire de l'hôtel de Touffreville, vend à Pierre Lefevre des Londes, marchand bourgeois, conseiller du Roi, changeur et premier échevin de la ville de Valognes, un terrain correspondant à l’assise foncière du futur hôtel de Gouberville, et comprenant alors un jardin potager planté d’arbres fermé de murailles, avec emplacement d'un lavoir. Ce terrain, toujours non bâti, est revendu en 1730 à Jean François Levéel.

 

 

L'hôtel de Gouberville sur une carte postale ancienne (coll. C. Dréno)

 
         
 

En 1740, ce dernier règle avec ses voisins des problèmes de mitoyenneté, manifestement dans le but de mener à bien la construction de son hôtel. L'édifice est vraisemblablement achevé lorsque, le 28 février 1761, y est dressé l'inventaire après décès de Anne Escoulant, épouse de Jean-François Levéel. Le 27 Août 1812, la propriété est vendue par les héritiers de Michel Levéel à Marie-Joséphine-Olympe d’Orange, épouse de Louis Constantin de Gouberville qui laissera don nom à la propriété. L’hôtel de Gouberville a été totalement détruit par les bombardements alliés de Juin 1944.

 

L'inventaire après décès de Michel Levéel,  dressé le 2 pluviose an X, apporte des précisions sur la distribution de l'hôtel, qui comprenait alors un rez-de-chaussée surélevé sur un niveau de cave, comprenant pas moins de quatre salles, ainsi qu'une cuisine, la laverie et un cabinet de compagnie. L'étage abritait une dizaine de chambres ainsi que deux cabinets. La bibliothèque se trouvait isolée dans un appartement dit se situer "au bout de la maison ayant accès par un escalier donnant dans le jardin". Ce document mentionne également des écuries ainsi qu'un cabinet de travail situé sur la porte cochère donnant accès à la cour de l'hôtel.

 

La façade sur jardin de l’hôtel de Gouberville était composée de six travées ordonnancées et de deux niveaux d’élévation. Les baies du rez-de-chaussée de l’élévation sur jardin étaient couvertes d’un linteau cintré, tandis que celles de l’étage étaient coiffées d’un simple linteau droit. Des lucarnes, inscrites dans l’axe des travées, éclairaient les combles. La porte d’entrée, légèrement décalée sur la droite de la façade, donnait accès aux jardins en terrasse par un important perron. Le jardin public actuel de la ville de Valognes occupe une large portion du terrain de l’ancien jardin de l’hôtel de Gouberville. Une carte postale ancienne montre que l'édifice était pourvu d'une orangerie couverte d’un toit en terrasse bordé d'une balustrade, et éclairée par de grandes ouvertures coiffées d’arc de plein cintre.

 
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
  Hôtel de la Bussière 41, rue des Religieuses
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

closducotentin.over-blog.fr

 

L'hôtel de la Bussière est datable selon des critères stylistiques des environs du milieu du 18e siècle. La demeure figure sur le plan de la ville de Valognes par Lerouge de 1767, avec un plan et une implantation identiques à ceux visibles sur le plan dessiné par Folliot de Fierville en 1880. En revanche, le jardin et l'enclos ainsi que la remise en retour d'équerre située sur l'arrière de la propriété ne paraissent avoir été annexés à la propriété et construits que postérieurement à 1880.

 

 

Hôtel de la Bussière, façade sur la rue de Poterie

 
         
 

L'aspect dissymétrique de la façade et la discontinuité de la toiture indiquent que l'hôtel actuel est constitué de la réunion de deux bâtiments initialement disjoints. La division de la façade par un bandeau vertical contribue également à matérialiser une séparation entre les deux portions du bâtiment.

 

L'hôtel de la Bussière possède un corps d'habitation sur rue et un grand jardin à l'arrière. La façade principale se divise en six travées et trois niveaux d'habitation plus un étage de comble. Elle est entièrement recouverte d'un enduit à faux joints et prend appui sur un solin en pierre de taille. Un bandeau horizontal marque la division entre le rez-de-chaussée, percé de baies à arc surbaissé, et l'étage, ouvrant par des fenêtres à linteau droit. Un bandeau vertical de refend sépare les deux travées de gauche du reste de la façade. La façade postérieure est en moellon non enduit.

 
     
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
 

Hôtel du Mesnildot de la Grille

puis école libre de filles Sainte-Marie

18, rue des Religieuses

     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2011

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Il existait dès le 16eme siècle une importante demeure urbaine située à l'emplacement de l'actuel hôtel du Mesnildot-de-la-Grille. Cette propriété appartenait à Guillaume Bastard, lieutenant du bailli du Cotentin, important notable valognais, qui y résida jusqu'à sa mort en 1589 ou 1590. Lors de son décès, l'édifice comprenait deux salles et une cuisine en rez-de-chaussée, ainsi que quatre chambres à l'étage. Au nombre des dépendances, figuraient notamment deux boutiques donnant sur la rue, des étables, un fournil avec chambre à l'étage et une grange. L'ensemble s'étendait sur plus d'un hectare de terre.

 

Après la mort de Guillaume Bastard, la propriété est transmise par sa veuve, Aliénor André, à Arthur du Moustier son fils aîné, né d'un premier lit. Lors de son décès survenu vers 1640 celui-ci transmet à son tour la propriété à son fils, Louis-Jacques du Moustiers. Selon l'analyse proposée par Michel Viel, ce dernier aurait entrepris des travaux de modernisation de la demeure. Il serait notamment responsable de la construction du monumental escalier à trois volées tournantes, munies de balustres de pierre, qui occupe l'extrémité nord du corps de logis. A sa mort, en 1661, l'hôtel entre en possession de son fils et homonyme, Jacques-Louis du Moustiers, qui, le 24 juin 1730, vend la propriété à son neveu, Jean-Antoine du Mesnildot.

 

 

Localisation de l'édifice

sur le plan Lerouge, 1767

 


L'hôtel du Mesnildot , vers 2010

 
         
 

L'hôtel reste ensuite dans la famille du Mesnildot jusqu'en 1895. En 1813 Jacques-Louis-Gabriel du Mesnildot y reçoit l'impératrice Marie-Louise, puis en en 1830, son fils, Jean-Louis-Gabriel du Mesnildot, y accueille Charles X, en partance pour l'exil. En 1895, Marie-Gabrielle-Céleste née de La Gonivière laisse la jouissance de l'hôtel à l'Archiprêtre de Valognes pour y installer l'école libre des frères de la Doctrine chrétienne. Après la séparation de l'Eglise et de l'Etat, le bâtiment est affecté à l'école libre des filles Sainte-Marie.

 

 

La construction des années 1640 subsiste pour l'essentiel à l'intérieur de la structure de l'édifice actuel, mais elle a fait l'objet de profonds remaniements. La plupart des niveaux intérieurs paraît avoir été modifié, bien qu'il subsiste encore, dans l'une des pièces du rez-de-chaussée ouvrant sur la cour d'honneur, un plafond à solives peintes appartenant à cette période de construction. Il est pour le reste assez apparent que l'ensemble de la façade sur cour a subit une importante reprise dans le courant du 18e siècle. Les percements ont été agrandis ou modifiés et un bandeau horizontal, séparant initialement les deux niveaux d'élévation, a été bûché. La cour qui précède l'édifice a dans le même temps été mis au goût du jour, par l'aménagement d'un portail en demi-lune, avec grille en fer forgé au chiffre de la famille du Mesnildot, et par la construction des deux murs de clôture latéraux, agrémentés d'un décor d'ouvertures feintes et de chaînes en bossage. L'agrandissement et la modernisation des ailes flanquant l'arrière-cour, comprenant l'aménagement d'une orangerie à l'extrémité de l'aile ouest, se situent également dans le courant du 18e siècle.

 

L'aménagement d'une chapelle, occupant jadis l'étage de l'une des ailes de l'arrière cour, attribuable à Jacques-Louis Gabriel du Mesnildot, se situerait dans le premier tiers du XIXe siècle. En 1844, Jean-Louis-Gabriel du Mesnildot entreprend de construire une nouvelle orangerie, occupant quatre mètres de large et toute la longueur de la terrasse nord. Cette orangerie située au-dessus d'un niveau de caves, mesure 25 mètres de long et se divise en trois pièces. Six hautes baies couvertes en plein-cintre ouvrent du côté du parterre et donnent accès à la galerie supportée par des poteaux en fonte. Les moulures chantournées des linteaux en plein-cintre sont reliées entre elles par un bandeau horizontal. Les angles de cet édifice sont ornés de chaînages traités en bossage.

 
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
 

Hôtel des Bazan  puis Auberge du Grand Turc

Edifice disparu 24 Rue de Poterie

     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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Durant les 17e et 18e siècles, l'hôtel appartenait à la famille des Bazan, seigneurs de Querqueville et de Montaigu-la-Brisette.

 

Le 12 juin 1748, Robert Barbou et son neveu, héritiers de la veuve de Pierre Bazan, vendirent l'hôtel à Claude Pardon du Belair, aubergiste à Valognes. C'est probablement à ce moment que l'hôtel devient l'auberge du Grand Turc

 

La partie en fond de cour fut démolie en mai 1866 et le reste de l'édifice  a été détruit par les bombardements américains de juin 1944

 

 Localisation de l'hôtel des Bazan sur le plan Lerouge, 1767

 
         
 

D'après la description faite en 1748, l'hôtel comprenait un escalier, un salon à gauche, la salle-à-manger à la suite, une chambre de plein-pied, une chambre dessus la cuisine du côté de la cour, une chambre à la suite, cabinet, chambre dessus la salle, chambre dessus le cellier, deux greniers au-dessus, la cuisine et les offices. . .

 

L'ensemble semblait se répartir entre une aile abritant le corps de logis, une aile pour la cuisine et les offices, et une aile affectée aux remises et aux écuries. Sur la rue, la porte d'entrée de la cour d'honneur était apparemment bordée par deux boutiques. Un accord entre Le sieur Lienard et le comte de Tourville, son voisin, en 1766, nous apprend que l'auberge possédait une écurie voûtée et une autre avec un toit en bâtière.

 

En 1768, un voyageur anglais en fit cette description "Nous descendîmes à la Tête de Turc une très belle auberge dont je pensais qu'il s'agissait d'un hôtel, il y avait une rampe en fer forgé peinte et dorée, mais si poussiéreuse qu'il était plutôt difficile d'en distinguer les détails ; les escaliers en pierre étaient dans le même état. . . " Il évoque des plafonds peints dans les chambres et, pour l'une, signale une hauteur importante de plafond.

 

En 1866, à cause de la démolition, sont mis en vente : "un superbe escalier en pierre calcaire, parfaitement conservé, à jour carré, paliers de repos portés par des colonnes, avec sa rampe en fer, style Louis XIV;deux magnifiques plafonds de salon, de même époque, avec encadrements et ornementations en chêne sculpté, d'un grand mérite et faciles à démonter, des toiles de valeur forment le fond de ces plafonds;une cheminée de salon du même genre, avec le trumeau de dessus et diverses boiseries. Tous ces objets sont encore placés, on pourra donc juger de leur effet. "

 

N. B. : les plafonds sont alors achetés par le comte de Pontgibaud pour être remontés au château de Fontenay à Saint-Marcouf.

 
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
 

Hôtel du Mesnildot de Champeaux

6, rue Léopold Delisle

     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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Charles-Edouard Duhamel, sieur de la Prunerie est cité en 1730 comme propriétaire d'une "maison et cour " avoisinant l'hôpital de la ville et le vaste terrain du presbytère, située à l'emplacement de l'hôtel du Mesnildot de Champeaux. Par mariage avec Françoise-Marie-Duhamel de la Prunerie, François du Mesnildot de Champeaux entre en 1733 en possession de la propriété.

 

Tous deux sont nommés comme propriétaires de l'édifice dans des actes notariés datés de 1743 et de 1745. L'hôtel reste ensuite dans cette même famille - qui lui a laissé son nom - jusqu'au 6 avril 1786, lorsque Jean-François du Mesnildot, vend la propriété au dénommé Jean-Robert Drouet. Le sieur Drouet vivait encore dans cet hôtel en 1815.

 

 

La façade sur rue de l'hôtel du Mesnildot de Champeaux, aujourd'hui traitée en moellons apparents (l'enduit d'origine a été malheureusement supprimé), est constituée de neuf travées. Une grande porte cochère, nettement décentrée, occupe la quatrième travée. Des ouvertures circulaires, éclairent un niveau de soubassement abritant anciennement des "caves et cavots" et permettant de compenser la déclivité de la rue.

 

Le rez-de chaussée abritait en 1775 la cuisine, un office, une laverie et la salle à manger. Dans les étages sont simplement signalés à la même date trois chambres, puis des greniers, ce qui semble indiquer que l'élévation de l'édifice aura été augmentée d'un niveau supplémentaire à une date postérieure.

 

 

L'hôtel du Mesnildot-Champeaux

sur le plan Lerouge (1767)

 

 

La façade sur rue de l'hôtel

du Mesnildot de Champeaux,

 
 
 
 

Cette reprise justifie probablement le caractère particulièrement dépouillé de la construction, simplement percée de trois niveaux de baies à linteaux droits. La façade postérieure est sensiblement identique mais ouvre pour partie sur une terrasse à balustres qui constitue le principal agrément de l'édifice. Un petit pavillon, qui logeait en 1775 un cellier et une chambre, occupe l'angle de la cour. En 1786, cet ensemble est décrit comme de composant d'un « corps de logis situé rue de l’hôpital avec porte cochère sur ladite rue, une cour au derrière, les celliers, écurie, bûcher et autres bâtiments dans l’un des côtés d’icelle et un jardin potager à côté fermé de murs ».

 
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
  L'hôtel dit d'Anneville-du-Vast  7, rue des Capucin
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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L'hôtel dit d'Anneville-du-Vast fut édifié par Pierre Bourdet, bourgeois de Valognes, qui avait acquis en 1725 une petite maison couverte de paille située à son emplacement. Il semble que la construction de l'hôtel était achevée à la mort de Pierre Bourdet, dont l'inventaire après décès fut rédigé le 10 avril 1738. Cette propriété a appartenu de 1757 à 1771 à Françoise-Catherine Laisney du Gravier, puis, de 1771 à 1804 à Marguerite de Camprond, veuve de Charles de Sainte-Mère-Eglise.

 

De 1804 à 1841, il est en possession de la famille d'Anneville-du-Vast, qui n'y réside pas mais laisse son nom à la propriété. Entre 1820 et 1836, il est loué par les deux demoiselles Eulalie et Charlotte Simon de Touffreville, rebaptisées « Mlles de Touffredelys » dans le roman de Barbey d'Aurevilly intitulé Le Chevalier des Touches.

 

 

L'hôtel dit d'Anneville-du-Vast

 
         
 

C'est en effet dans cet hôtel que Barbey d'Aurevilly situe une partie de son roman. Depuis environ 1843 jusqu'en 1915 l'hôtel est loué à la famille de Clamorgan. Selon l'abbé Canu, "C'est dans cet hôtel  d'Anneville, au salon du premier étage, qui conserve encore ses belles boiseries, que Madame Clamorgan attendait, assise dans son fauteuil, vêtue de noir et la tête couverte d'une voilette, les artistes locaux, musiciens et chanteurs, qui venaient souvent donner chez elle un concert, à son jour". L'édifice aurait ainsi accueilli le violoniste Armand Royer, ami intime de Jules Barbey d'Aurevilly, qui entretint lui-même des relations amicales avec la famille de Clamorgan.

 

L'inventaire après décès de Pierre Bourdet, daté du 10 avril 1738, précise que l'édifice comprenait une cuisine, un salon et un cellier en rez-de-chaussée, ainsi que deux chambres et un cabinet installés dans chacun des niveaux supérieurs. L'hôtel possédait aussi une cour, une laverie et une écurie, dont le plafonnement était encore en cours de construction. L'acte de vente du 21 juillet 1757 n'apporte pas d'autre précision notable sur l'état de l'édifice ou sa distribution.

 

Cet hôtel présente une façade sur rue composée de cinq travées régulières, dont l'élévation, intègre deux étages carrés et un niveau de combles. Le parement est traité en moyen appareil de pierre de taille calcaire, piqueté pour recevoir un enduit aujourd'hui supprimé. La porte d'entrée est décalée en position latérale. Les baies du rez-de-chaussée sont à linteaux cintrés tandis que les baies des deux niveaux supérieurs se signalent, côté rue, par leurs linteaux délardés ondulés. La façade postérieure, beaucoup plus austère, est édifiée en simple moellon.

 
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
  Hôtel du Plessis de Grenadan 29, rue de Poterie
     
 

Stéphanie JAVEL

Julien DESHAYES, 2004

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L'hôtel du Plessis de Grenadan avoisine rue de Poterie l'hôtel de Cussy, qui appartenait au XVIIIe siècle à la même famille. Le 11 mars 1780, François de Cussy, sieur de Nouainville vendait l'édifice à Guillaume Louis d’Arthenay pour le prix de 15 480 livres. Le corps de logis se consistait alors en « plusieurs salles, avec porte cochère, sur le bord de la rue de Poterie avec chambres et cabinets au-dessus. . . couverts en ardoises, deux escaliers, une cour au derrière avec écuries, remises, appentis, un jardin potager fermé de murs jouxte et butte au levant la rue de Poterie, au midy le sieur de Cussy de Teurtheville-Hague à cause des cours, maisons et jardin, au couchant par un jardin restant audit vendeur et au nord par le sieur de Cussy par rapport à son enclos » .

 

 

Valognes, hôtel du Plessis de Grenadan,

carte postale ancienne, vers 1910

 
         
 

L'hôtel entre ensuite en possession de Louis Alexandre Etard de Bascardon, puis à sa fille Euphrasie, épouse de Louis René Guillaume du Plessis de Grenadan, qui a laissé son nom à la propriété. Ce dernier légua postérieurement la propriété à Joseph Marie Alphonse de Raquenel de Montmorel et son épouse Marie de Pontfilly. Le 5 janvier 1895, Eugène Bretel achète l'édifice, qu'il lègue ensuite à Raoul Ledoux. 


L'hôtel du Plessis de Grénadan possède une longue façade sur rue, composée de dix travées ordonnancées et rythmée par une succession de chaînes en bossage. Elle est recouverte d'un enduit récent, venu recouvrir un enduit au clou plus ancien, dont il est encore possible de lire la trace sur le mur pignon. Toutes les fenêtres présentent un simple linteau droit. La porte cochère placée sur la droite de la façade, a été intégrée lors de la modification de l'édifice, dans le courant du XIXe siècle. Elle est encadrée de pilastres cannelés soutenant un linteau échancré à décor de feuilles de chêne et de rosace, avec un entablement et une agrafe en feuille d'acanthe très saillante. La toiture est désormais percée de cinq oeils-de-boeuf, chacun décoré d'une coquille. La façade postérieure ouvre sur une cour donnant accès à des vastes jardins surélevés.

 
         
   
 
 
 

 

 

 
 

 

VALOGNES -1

 

 
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
 

 

 
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
   
 
     
 

 

 

 
     
   
  VALOGNES  
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN  
     
 

ABBAYE BENEDICTINE

NOTRE-DAME-DE-PROTECTION

 
         
 

 
     
 

Texte

Abbaye Notre Dame de PROTECTION
8, rue des Capucins 50700 VALOGNES

CPA collection LPM 1900

 
     
 

    Jean de Ravalet, Seigneur de Tourlaville, et Madeleine de la Vigne, son épouse, offraient en 1623, à l’Abbesse de Vignats, Anne de Médavy, une cousine de Madeleine de la Vigne, deux maisons sises à Cherbourg, rue au Fourdray, pour y établir un monastère de l’Ordre de Saint Benoît, à la condition que la sœur de la donatrice, Charlotte de la Vigne, qui était moniale à Vignats, en devînt la première Supérieure. Anne de Médavy venait d’introduire en sa communauté la réforme monastique telle qu’elle était mise en œuvre à l’Abbaye de Montivilliers par Louise de L’Hospital. L’Abbesse de Vignats s’était rendue, en compagnie de Charlotte de la Vigne à Montivilliers de façon à mieux connaître la nature de cette réforme et surtout rencontrer Louise de L’Hospital elle-même.

 

    Le 2 Décembre 1603, sous le règne d’Henri IV, étaient décapités à Paris, en Place de Grève, Julien et Marguerite de Ravalet, le frère et la sœur. Ils avaient été condamnés la veille, sous la double inculpation d’inceste et d’adultère, car Marguerite était mariée à un gentilhomme de Valognes, Jean Lefèvre de Hautpitois. Leur jeunesse, - ils avaient 19 et 17 ans - la beauté de Marguerite, leur courage aussi pendant le procès, enfin, il faut oser le dire, le caractère scandaleux de leur histoire, avaient attiré l’attention sur eux, et parfois même une sorte de sympathie générale. Très vite, cet événement va être transformé en ce qu’on va appeler « l’affaire Ravalet ».

 

     Certains, surtout au 19ème siècle ont cru devoir relier ces deux épisodes et leur imagination a ensuite brodé, inventant l’idée que la création du monastère était une « réparation » du double crime de Julien et Marguerite.

 

    Sans gommer le tragique des événements, l’Histoire est plus simple. La vérité est que la famille de Tourlaville s’était déjà rendue célèbre -avant l’affaire Ravalet comme après- par sa générosité et notamment par ses dons destinés à fonder couvents, chapelles, institutions religieuses

 

    Voilà donc signée, le 24 novembre 1623 la charte de fondation du monastère. En décembre 1623 Mgr Jacques Camus, Evêque de Séez, accorde à Charlotte de la Vigne et à ses compagnes la permission de quitter l’Abbaye Sainte Marguerite de Vignats pour Cherbourg. Le 25 janvier 1624, à Cherbourg, en ce lieu qui leur était offert, la croix était plantée par le Sieur Curé Official, mandaté par Mgr Nicolas Bourgoing, Evêque de Coutances.

 
         
 

    Charlotte de la Vigne et ses compagnes, au cours du voyage de Vignats à Cherbourg, s'arrêtèrent au sanctuaire de Notre Dame de la Délivrande, près de Caen. C'est alors qu'elles firent le voeu de placer la future Abbaye sous le vocable, honoré en ce lieu de Notre Dame de Protection. Puis elles s'embarquèrent à Ouistreham, pour se rendre par mer, à Cherbourg. Prises dans une violente tempête qui menaça d'engloutir leur vaisseau, elles implorèrent la Mère de Dieu et renouvelèrent le voeu de confier le nouveau monastère à la Protection de Notre Dame.

 

La tempête s'apaisa et elles purent débarquer à Cherbourg. Vers la fin de l'année 1626, sévit une épidémie de peste. La contagion atteignit les religieuses et plusieurs d'entre elles moururent

 

 

Charlotte de la Vigne

 
         
 

    Les autres demandèrent à l'autorité diocésaine de se retirer à Tourlaville. L'épidémie continuant à s'étendre, elles quittèrent Tourlaville pour Emondeville d'abord et avec une nouvelle licence en date du 12 décembre 1626, elles gagnèrent Valognes, s'établissant au Manoir l'Evêque où elles demeurèrent cinq ans environ.

 

    D'excellents sujets se présentèrent alors pour embrasser l'état religieux. Le danger de contagion passé, les Bénédictines pensaient regagner Cherbourg ; mais les Valognais les pressèrent de se fixer dans leur ville. Considérant alors Valognes comme plus favorable à l'établissement d'un Monastère " le lieu plus spacieux et l'air plus agréable et tempéré, " Madame de la Vigne acheta le 24 février 1629, un terrain appartenant à Charles Rislon, Sieur du Sicquet, Procureur du Roi. La même année, le nouvel Evêque de Coutances Mgr. Léonor de Matignon, encouragea cette entreprise en donnant le consentement canonique.

 

    La sympathie générale accompagnant cette oeuvre, les bâtisseurs s'y mirent avec entrain. Dès 1631, les travaux de construction étaient assez avancés pour que les moniales puissent emménager. Et le dimanche 5 octobre 1631, Messieurs les Vicaire Généraux de Coutances, accompagnés du clergé de Valognes, conduisirent Madame de la Vigne et sa Communauté du Manoir l'Evêque au nouveau couvent de la rue Aubert et y plantèrent la croix.

 

    Le Roi Louis XIII octroya à Madame Charlotte de la Vigne, Supérieure, une charte confirmant la donation et permettant de poursuivre la construction du Monastère.

 

    Le 23 mai 1635, la première pierre de l'Eglise fut bénite par M. le Vicaire Général et posée par la donatrice, Madeleine de Ravalet, soeur de la Supérieure. Le 22 juillet 1640, les Constitutions destinées à préciser quelques points de la Règle de Saint Benoît, furent approuvée par Mgr de Matignon.


Et le 6 juillet 1647, Charlotte de la Vigne était nommée Abbesse.

 

    Elle recevait la Bénédiction abbatiale le 9 octobre, des mains de Mgr Claude Auvry, nouvel Evêque de Coutances. Le 25 août de l'année suivante eut lieu la consécration de l'église de l'Abbaye dédiée à la Vierge Marie, sous le vocable de Notre Dame de Protection.

    Charlotte de la Vigne, fondatrice et première Abbesse s'éteignit le 18 février 1664 ; elle avait 71 ans. Elle laissait une communauté d'une soixantaine de moniales qui, selon le souhait des fondateurs, " s'employaient à l'éducation des filles et au soin de quelques personnes âgées. "


    De 1690 à 1710, l'Abbaye connut des années fort difficiles, et les privilèges royaux accordés en 1656, ne dispensèrent pas de lourdes charges financières. Le pain fut longtemps le seul mets au réfectoire. Pourtant la Communauté se développait et atteignit le nombre, jamais égalé depuis, de 75 religieuses.

 

    Lorsque l'Abbesse de cette époque, Madame Charlotte de Briqueville de la Luzerne, se démit de sa charge en 1706, les bâtiments étaient achevés, les dettes et emprunts acquittés. Lui succéda Gabrielle d'Orléans de Rothelin puis Madame Castel de Saint Pierre ( Soeur de l'Abbé de Saint Pierre 1658-1743 qui publia un "Projet de paix perpétuelle" et une critique de la politique de Louis XIV qui le fit expulser de l'Académie Française. Il participa à la fondation du Club de l'Entresol) ; sous sa sage administration, l'Abbaye connut des jours plus prospères.

 
     
 

 
         
 

    Peu de faits marquants de 1710 à 1790 ; célébrations liturgiques et travaux divers rythmaient le temps : ainsi la confection de vêtements liturgiques brodés par les moniales. Durant cette période paisible l 'Abbaye jouit d'un grand prestige dans la Vicomté de Valognes et dans les environs.

 

De nombreuses élèves sont accueillies ; parmi elles, de 1772 à 1774, venant de Barfleur, celle qui deviendra Sainte Marie Madeleine Postel, après avoir caché les prêtres réfractaires pendant la Terreur puis fondatrice d'une Congrégation d'enseignantes dans l'antique Abbaye de Saint Sauveur le Vicomte relevée de ses ruines par ses soins.


    Les Abbesses se succèdent : Madame Marie Madeleine de Pierrepont, Madame Marie Françoise du Foucq de Jucoville. Le calme de cette longue période fait penser justement au calme précurseur des tempêtes ; une nouvelle page va s'ouvrir dans l'histoire de notre Abbaye.

   Avec l'Eglise catholique en France, elle va subir pendant la Révolution, l'assaut des persécuteurs. Elle souffrira dans ses biens, dans ses personnes, pour se redresser, avec des forces neuves, une fois passée la tourmente.


Le 13 juillet 1790 est promulgué le décret de suppression des voeux monastiques. Madame Elisabeth Millo, alors Abbesse, envoie aux députés de l'Assemblée Nationale une vigoureuse protestation. Durant un peu plus de deux ans, les religieuses purent demeurer dans leur Abbaye, mais sans avoir le droit de recevoir de nouvelles soeurs.

 

    En septembre 1792, le Maire de Valognes, accompagné de gardes nationaux, fait la visite de l'Abbaye. Au cours de cette perquisition, ils ne trouvèrent rien. Cependant, quelques jours plus tard, ils reviennent enlever les grilles, les cinq cloches et divers objets précieux afin disent-ils " d'armer les défenseurs de la Patrie " .

 
         
 

    Le 29 septembre, en la fête de Saint Michel, les religieuses sont expulsées. Un petit groupe, autour de l'Abbesse Madame Millo, put se réfugier dans une modeste demeure, sise dans l'actuelle rue des Religieuses, d'autres rejoignirent leur famille dans les environs.

 

    Désormais sans clôture, sans habit distinctif, elles restèrent pourtant fidèles pendant toute la Terreur, à leurs engagements religieux, se réunissant chaque jour pour prier en commun, assurant ainsi, malgré les dangers et les emprisonnements dont plusieurs furent victimes, la pérennité de l'Abbbaye.


    La grande figure de cette époque fut Mère Saint Benoît du Mesnildot.

 

   C'était une Valognaise, économe et soutien de sa Supérieure. Elle fut arrêtée et emprisonnée à l'Hôtel de Vauquelin.

 

   Une période de détente suivit la Terreur et la Communauté s'installa le 20 juin 1795 dans l'Hôtel de Saint Rémy : c'est là que mourut Madame Millo et Madame du Mesnildot fut élue supérieure.

 

 

Valognes Abbaye Notre Dame de protection "Statue de Saint Benoit"

 
         
 

    Les démarches entreprises par les Bénédictines pour retrouver les bâtiments de l'Abbaye furent vaines car ils étaient occupés par l'Hôpital de Valognes et la municipalité mettait comme condition qu'elles deviennent hospitalières. La communauté ne comptait plus que douze soeurs car l'accueil des postulantes était encore interdit.

 

    C'est au zèle sans borne de Madame du Mesnildot et à celui de l'aumônier, le R.P. François Raymond de Saint Maurice, que le monastère doit son rétablissement.

 

    En 1810, Mme du Mesnildot put acheter à M. d'Harcourt, l'ancien couvent des Capucins, ceux-ci avaient été dispersés définitivement à la Révolution. L'achat du couvent signifiait pour Mme du Mesnildot le choix résolu de la vie contemplative. La Communauté put s'installer en ses nouveaux locaux le premier dimanche de l'Avent 1811. L'état de très grand délabrement du monastère imposait d'énormes réparations. Les travaux les plus urgents furent réalisés dans les quinze mois qui suivirent l'installation. La clôture fut rétablie, l'on rouvrit le pensionnat et reprit l'accueil de dames âgées.

 
     
 

 
         
 

    De l'époque des Capucins, il reste un retable du XVIIème siècle encadrant un tableau du peintre Laurent de la Hyre : une Adoration des Bergers.

 

    L'autorisation légale d'exister fut donnée en 1816 ; s'ouvrit alors une nouvelle période de prospérité et de paix laborieuse. Entre 1816 et 1825, quarante vêtures et trente six professions ; et quand Mme du Mesnildot mourut en 1825, elle laissait une communauté florissante, attachée à ce qui avait été les forces de sa vie : prière et austérité.

 

    Mère Saint Ambroise Aubin la remplaça et continua son oeuvre. Comme l'abbatiat était resté supprimé depuis la Révolution, des Supérieures se succédèrent par périodes de six ou douze années. Il incomba à Mère Saint Antoine Houel de diriger la Communauté aux heures difficiles de la Révolution de 1848 puis de la guerre de 1870.

 

   Mère Saint Louis Décombejean, Mère Saint Benoît Tostain, Mère Alphonse Martin Martinière furent à la tête de la Communauté les unes après les autres. Le XIXème siècle fut pour l'Abbaye, une période de prospérité tant spirituelle que matérielle. Et le 20 juin 1895, on pouvait célébrer la bénédiction des trois cloches de l'Eglise.

 


Valognes Abbaye Notree Dame de protection "Adoration des bergers Tableau de Laurent La Hire 1641"

 
         
 

    Bientôt, la loi contre les Congrégation religieuses, votée le 7 juillet 1904, fit l'effet d'un coup de tonnerre dans un ciel d'été. Le 11 juillet, la Supérieure, Mère Saint Augustin Grandin, apprenait par le Journal Officiel, la fermeture du pensionnat et de la maison d'accueil des dames âgées. Dès le 17 juillet, le pensionnat était définitivement fermé. L'ordre fut donné à la Communauté de quitter les lieux avant le 1er octobre. Les termes étaient clairs : " poursuivre les Bénédictines à outrance." L'Abbaye résista et lutta pendant deux années.

    Mère Saint Augustin fut plusieurs fois convoquée au Tribunal et il y eut des visites qui n'étaient rien moins que courtoises. Mais toutes ces perquisitions ne révélèrent que la pauvreté de la Communauté. Les Bénédictines cependant songèrent à l'exil : un petit groupe partit préparer une maison à Guernesey. Enfin le 23 février 1906, le Conseil d'Etat reconnaissait la Communauté. La vie reprit donc. Le noviciat rouvrit ses portes dès 1908 , Mère Saint Raphaël Alexandre étant alors supérieure. Lui succéda, le 10 février 1925, Mère Sainte Anne Requier Desjardins. Elle entreprit des réparations et fit restaurer plusieurs parties des bâtiments. En 1938, la Communauté comptait 42 religieuses.

 
         
 

 
         
 

    Le drame de la guerre mondiale n'entraîna, les premières années, que les souffrances liées à l'Occupation. Mais en juin 1944, les bombardements qui accompagnèrent le Débarquement bouleversèrent la Communauté et laissèrent de profondes cicatrices. Entre le 6 et le 20 juin 1944 ,ce sont 84 bombes qui tombèrent dans l'enceinte du monastère, épargnant heureusement les bâtiments. Devant le danger, les soeurs se réfugièrent à la campagne, d'abord à Huberville puis à l'école d'Yvetot Bocage. Il n'y eut qu'une seule victime : Soeur Saint Ange tuée sous les murs de L'Abbaye. Le 18 juillet, les soeurs réintégraient le monastère, mais les dégâts étaient importants : vitres pulvérisées, murs abattus, toitures arrachées, un corps de bâtiment écrasé.

 

    En 1950, la Constitution " Sponsa Christi " du Pape Pie XII invitait à une mise à jour des modes de vie des monastères féminins. Mère Sainte Anne qui était à nouveau supérieure, vit la nécessité de revoir les Constitutions qui étaient encore celles de 1640.

 

   Une jeune fille de Paris avait trouvé refuge à Valognes pendant la guerre de 1914 avec sa famille ; par la suite elle était entrée à l'Abbaye Sainte Scholastique à Dourgne dans le Tarn, mais était toujours restée en relation avec les religieuses qui les avaient accueillis. Mère Sainte Anne s'adressa donc à cette Communauté nombreuse pour demander aide et conseil.

 

    Il y eut des voyages de l'une à l'autre Abbaye et en 1953, plusieurs soeurs de Dourgne vinrent aider le monastère normand. En cette même année, l'une d'elles, Mère Hildegarde Trabarel fut élue supérieure. Elle fit restaurer l'église très abîmée par la guerre, retrouvant la voûte en bois du temps des Capucins recouverte par une voûte en plâtre en 1812, donnant au vaisseau toute sa longueur, ornant les fenêtres de vitraux du peintre Léon Zack.

 

    En octobre 1956, l'abbatiat était rétabli après 160 ans d'interruption. Le 14 septembre 1957 eut lieu la consécration des autels et le lendemain, Mgr Jean Guyot évêque de Coutances, conférait la bénédiction abbatiale à Mère Hildegarde Trabarel.


De nouveau, l'Abbaye connut une période faste et de nombreuses entrées.

 

    En 1961, elle put répondre à l'appel de Mgr Zoungrana, archevêque de Ouagoudougou, de fonder un monastère en Haute Volta ( actuellement Burkina Faso ). La prospection d'un terrain, fit découvrir en pleine brousse, Koubri, et la construction put commencer. L'installation eut lieu le 20 août 1963. Ce monastère est maintenant indépendant sous la conduite d'une supérieure africaine mais les liens restent très étroits entre les deux communautés d'Afrique et de France.

 
         
 
 
         
   
  LE TRAIN DANS LA MANCHE
  DE PARIS A CHERBOURG EN CHEMIN DE FER
   
  IX VALOGNES A CHERBOURG  -1/3
         
 

Gare de Valognes. CPA Collection LPM 1900

 
         
 

De Paris à Cherbourg en chemin de fer,

contenant l'historique complet des travaux

de la digue et du port de Cherbourg

 

Auteur : Henri Nicolle

Publication Caen : Alfred Bouchard, 1860

CPA Collection LPM 1900

 

PREMIÈRE SECTION

DE PARIS A CAEN  -239 KILOMÈTRES

DEUXIEME  SECTION

DE CAEN  A CHERBOURG -133 KILOMÈTRES

HISTORIQUE DE LA LIGNE

 

I PARIS A MANTES

II MANTES A EVREUX

III D'EVREUX A BERNAY

IV BERNAY A LISIEUX

V LISIEUX A PONT-L'EVEQUE

VI PONT-L'EVEQUE A CAEN

 

VII CAEN BAYEUX

VIII BAYEUX VALOGNES

IX VALOGNES CHERBOURG

 
         
 

Gare de Valognes. CPA Collection LPM 1900

 
     
 

VALOGNES

 

     Cette ville, qui montre des toits où la tuile est sertie dans de la chaux dont la détrempe salit le faîte de hautes maisons d'un grand air, c'est Valognes, l'Alonnia des Romains, le Versailles au petit pied de la Basse-Normandie sous Louis XIV.

 

     Que les temps sont changés ! C'est par ironie que Lesage prêtait à Mme Turcaret l'éloge des fêtes galantes et du beau monde de Valo-gnes. Mme Turcaret disait : « J'en ai fait un petit Paris. »  et le mar-quis répondait : « Comment ! un petit Paris. Savez-vous qu'il faut trois mois de Valognes pour achever un homme de cour ? » Mais le fait est qu'en ces beaux jours la ville qui fut depuis la patrie de Le Tourneur florissait.

     Le domaine de Valognes appartenait au roi, et dans toute la généralité de Caen il n'y avait pas de ville où tant de gentilshommes fissent leur demeure. Les équipages se croisaient dans les rues, que le pêle-mêle des soldats et des bourgeois animait. Chaque soir il y avait gala dans quelque hôtel, et les jeunes officiers menaient la danse avec les dames habillées à la dernière mode de la cour. Ces belles fêtes étaient la source de la prospérité de la ville et de l'aisance de ses habitants.

 

     Maintenant les rues sont trop larges pour les passants, qui n'y dominent point le bruit des ruisseaux d'eaux courantes où les ménagères savonnent leur linge ; et les vieux hôtels, où sans doute les locataires actuels gîtent en un coin, paraissent inhabités. La ville essaie bien de fabriquer des feutres pour la campagne et quelques dentelles, mais cela ne constitue pas un grand commerce ; et depuis qu'elle a perdu ses anciennes fabriques de drap, on peut dire que c'est une ville morte. Le chemin de fer peut-être lui redonnera quelque vie ; on voudra voir ses environs, qui sont beaux.

 

     Ne quittons point Valognes sans reconnaître qu'elle a conservé sa réputation de bien vivre consacrée par ce vieux dicton : Vive Valognes pour le roti ! - Vive Cherbourg pour l'esprit ! a quoi nous n'avons rien à reprendre ; chacun devant être content de son lot.

 
     
 

Couville gare

 
     
 

Couville gare

 
     
 

Martinvast gare

 
     
 

Martinvast gare

 
     
 

     Lesage faisait encore dire à Mme Turcaret, chez qui on lisait « les ouvrages d'esprit qui se font à Cherbourg..... Nous avons des cuisiniers qui ne savent faire aucun ragoût, à la vérité ; mais ils tirent les viandes si à propos qu'un tour de broche de plus ou de moins elles seraient gâtées. »

 

     Mais où sommes-nous, et dans quel pays la locomotive nous entraîne-t-elle ? Depuis Valognes, elle nous a montré des sites accidentés, toujours revêtus de prairies vertes, cependant, et de bouquets de bois, avec de jolis biens de campagne bâtis à mi-côte, et des fermes instalées dans quelque reste de manoir aux tourelles coiffées de poivrières. Le pittoresque s'y présentait sous toutes les formes et faisait envier le sort des heureuses gens possesseurs de ces belles terres.

 

     Parfois encore, lorsque les flancs de la vallée se rapprochaient, on pouvait, tant la nature sur cette partie de la ligne a des aspects divers, on pouvait se croire dans certains plis de montagnes basses. Or, voici que la roche perce le tapis des près, pointe ça et là, vive et nue ; la bruyère et les ajoncs marins, aux tiges piquantes, paraissent ; puis tout à coup la voie se resserre entre deux murailles de pierres ferrugineuses, de couleur rouge sombre ; au-dessus des wagons se penchent des arbres aux racines crispées ; des rochers surplombent. Ce sont les Alpes, les Pyrénées, voilà le Gave.

 

     La gorge est sombre ; elle sourit par une échappée, elle menace en se resserrant. Le bruit des voitures, entre ces parois rapprochées, augmente ; c'est un cli-cla assourdissant sur un grondement continu. La rampe devient de 10 millimètres.

 

Sur cette pente, la vitesse s'accroît, et tout concourt à redoubler l'impression saisissante qu'on éprouve. Où allons-nous ? La locomotive vole sur les courbes, où le train ondule comme un serpent ; elle siffle, jette des cris stridents, se ralentit enfin et vous fait passer en revue les ormes séculaires d'une promenade aux longues allées. En levant la tête, à droite, vous apercevrez, sur l'épaule d'une montagne, un fort incrusté dans les angles du rocher. Une gare avec sa voute vitrée, ses quais, ses magasins et ses ateliers, s'ouvre devant nous.

 

     La gorge sauvage était la vallée de Quincampoix ; le Gave, la Divette qui l'arrose ; la montagne avec son fort, c'est le Roule ; la gare où nous descendons, c'est Cherbourg.

 
     
 

La gare de Cherbourg, coté de l’arrivée. CPA Collection LPM 1900

 
         
   
  LE TRAIN DANS LA MANCHE
  DE PARIS A CHERBOURG EN CHEMIN DE FER
   
  IX VALOGNES A CHERBOURG  -2/3
         
 

Gare de Cherbourg. CPA Collection LPM 1900

 
     
 

CHERBOURG.

 

     Pour se rendre compte de Cherbourg et l'embrasser dans son en-semble, il faut monter au fort du Roule.

 

     Nous regardons la mer. - Dans le demi-cercle compris entre la pointe de Querqueville à gauche de celle des Flamands à droite, la côte en deux festons se découpe. Les trois dents qu'ils projettent ont chacune un fort à son extrémité ; les deux premiers portent les noms des endroits que nous venons de désigner ; le fort du Hommet occupe la pointe du milieu.

 

     Cherbourg étend les bras inégaux de ses jetées au centre de la baie comprise entre les Flamands et le Hommet, s'enfonce avec ses bassins du commerce vers le fond boisé de la vallée de Quincampoix, se porte à droite du côté des Mielles, qui sont des plaines de sable, et plus encore à gauche où le gros de la ville touche, par ses maisons, à l'entrée du port militaire

 

     Les établissements de la marine impériale remontent le côté ouest de cette première baie, jusqu'au fort du Hommet, - c'est là que, sur la mer, s'ouvre le grand port, - et dessinent leurs fortifications dans la pointe de l'échancrure de la seconde baie, qu'on nomme Sainte-Anne. Du fort du Hommet au fort de Querqueville, la côte doit mesurer trois lieues.

 

     Une digue dont le fort central regarde la ville, dont la jetée ouest dépasse le fort du Hommet et se dirige vers Querqueville, dont la jetée est s'étend vers le fort impérial de l'île Pelée, au nord des Flamands, ferme la rade, qui n'est ainsi accessible que par deux passes bien gardées.

 
     
 

Gare de Cherbourg. CPA Collection LPM 1900

 
     
 

    Tel est le plan simplifié de la ville importante dont nous essaierons de donner une idée. Du point où nous sommes, sur le Roule, le spec-tacle, inutile de le dire, est magique : au delà de la digue l'horizon embrasse dix lieues de mer en profondeur ; c'est l'immensité. Mais abaissons le regard à nos pieds et commençons par la cité, par Cherbourg même.

 

     Nous ne remonterons point à ses origines. Cherbourg est une brave cité qui se comporta toujours vaillamment dans les guerres du quatorzième siècle. En 1758, les Anglais la ravagèrent.

 

     C'est à partir de ce désastre qui marque l'ère de sa renaissance et le commencement de sa grandeur, que nous prendrons son histoire.

 

     Qu'il nous soit permis de faire tout de suite un rapprochement. En 1758, avons-nous dit, les anglais ruinent Cherbourg ; en 1858, Cherbourg couronne l'oeuvre de son merveilleux établissement, et la reine d'Angleterre y vient serrer la main de l'Empereur des Français. Ce sont là de simples coïncidences qui n'ont assurément rien de fatal, mais auxquelles l'esprit se plaît.

 

     Le port de commerce de Cherbourg se compose d'un avant-port et d'un bassin fermé par des portes. Le bassin ne fut terminé qu'en 1835 ; il peut contenir 200 navires. Tous ses revêtements et tous ses quais sont en granit du pays. Flamanville, Dielette, Jobourg, sur la côte, sont renommés pour leur granit. Le piédestal de l'obélisque de la place de la Concorde est en granit poli des environs de Cherbourg.

 

     Cherbourg fait le commerce des bois du nord : aussi les bâtiments norwégiens sont-ils toujours en majorité dans son bassin. Il exporte des mules aux colonies où elle sont très-recherchées et désignées sous le nom de mules de Cherbourg, bien qu'elles proviennent du Poiton. Son cabotage avec les îles anglaises et l'Angleterre même, est fort actif. Entre autres cargaisons qu'il transporte, on doit mentionner celles des oeufs en nombre prodigieux. Il fut un temps où les maisons de quelque apparence qui s'élevaient à Cherbourg étaient bâties pour le compte des marchands d'oeufs.

 
     
 

Gare de Cherbourg. CPA Collection LPM 1900

 
     
 

     Tout cela néanmoins ne constitue pas un commerce considérable, et quelque illusion que ses habitants se plaisent à entretenir, il est à croire que l'avenir ne lui réserve pas une destinée beaucoup plus brillante. Le commerce s'est toujours éloigné des ports de guerre ; ce voisinage le gêne et l'effraie. Cherbourg dit bien que sa rade en tous temps reste accessible aux grands clippers, qui souvent sont obligés d'attendre les fortes marées pour entrer au Havre ; mais le Havre compense largement cet inconvénient : par la Seine et le chemin de fer il a de faciles débouchés.


     La ville est jolie et d'un séjour agréable ; il n'y fait jamais très chaud en été, mais l'hiver à peine s'il y gêle ; les grenadiers poussent en pleine terre et les figuiers atteignent de grandes proportions dans ses jardins.

 

     Les gens qui, sur la foi des annuaires et des guides d'il y a dix ans, donnent à Cherbourg une population de 20,000 âmes, blessent profon-dément ses habitants, qui ont l'amour-propre bien entendu de leur pays. Cherbourg compte aujourd'hui plus de 30,000 âmes, et, compre-nant ses futures destinées, s'est depuis longtemps mise à la hauteur de son importance. Elle a bibliothèque et musée, une bibliothèque de dix mille volumes, ouverte le jour et le soir aux lecteurs, et un musée dont l'histoire fut assez curieuse.

 

     Un jour le roulage déposa de grandes caisses à la porte de la mairie, avec une lettre d'avis à l'adresse de la municipalité. La lettre annonçait un certain nombre de toiles qu'un anonyme priait la ville de vouloir bien accepter pour la fondation d'un musée. Je ne sais pas même si la somme nécessaire à l'appropriation d'une salle de l'Hôtel-de-Ville n'était pas jointe à l'envoi. L'anonyme faisait bien les choses. Les caisses contenaient des toiles de maîtres. Grand émoi, comme on pense ; le conseil se rassemble, il se creuse la tête pour deviner de qui peut venir le cadeau ; impossible d'y parvenir.

 
     
 

Gare de Cherbourg. CPA Collection LPM 1900

 
     
 

     Le maire alors se lève et déclare que ce qui est donné est bon à garder, et que des remercîments seront adressés, par la voie du journal de Cherbourg, au généreux donateur. On le priait en même temps de trahir l'anonyme pour que la ville au moins pût savoir sur qui arrêter sa reconnaissance. La supplique, paraît-il, et l'accueil qui fut fait à ses tableaux, le touchèrent. A quelque temps de là, il vint à Cherbourg, porteur de nouveaux cadres, qu'il offrit cette fois, lui-même, avec sa carte de visite. 


     C'était un monsieur Thomas Henry, grand connaisseur et amateur de peinture, dont la vie se passa à réunir une précieuse collection de tableaux. Il était né à Cherbourg, qu'il quitta fort jeune. Si sa ville natale l'avait oublié, il avait, lui, au contraire, religieusement gardé son souvenir. Lorsqu'il mourut, le reste de sa galerie particulière, aux termes de son testament, revint au Musée de Cherbourg, qui depuis cette époque, porte son nom, et se nomme le Musée-Henry.

 

     Le Musée-Henry renferme des toiles de Murillo, de Van-Dick, de Téniers, de Philippe de Champagne, du Poussin, de Van-Loo, de Lesueur, et d'autres maîtres encore que j'oublie ; c'est assurément le plus riche musée de Normandie en originaux.

 

     Le portrait de Mme de Mirbel, qui porta si loin l'art de la minia-ture, rappelle, dans cette galerie, qu'elle est née à Cherbourg. Parmi les bustes qui décorent la salle, on remarque un Tourville d'une grande tournure. C'est l'oeuvre de M. Levéel, l'auteur de la statue équestre de Napoléon 1er dont nous aurons tout à l'heure l'occasion de parler.

 
   
 
 
 

Gare de Cherbourg. CPA Collection LPM 1900

 
     
 

Gare de Cherbourg. CPA Collection LPM 1900

 
         
   
  LE TRAIN DANS LA MANCHE
  DE PARIS A CHERBOURG EN CHEMIN DE FER
   
  IX VALOGNES A CHERBOURG  -3/3
         
 

Gare de Cherbourg. CPA Collection LPM 1900

 
     
 

     L'Hôtel-de-Ville ne présente rien de monumental à l'extérieur ; il paraît fort bien distribué à l'intérieur. On a trouvé moyen, en jetant un plancher sur la cour, d'y disposer trois salons, qui servirent à la réception de Leurs Majestés et au bal qui leur fut offert.


     La place sur laquelle s'avance le péristyle étroit de l'Hôtel-de-Ville se nomme la place d'Armes, elle s'ouvre sur la mer, et c'est à son extrémité, près du quai, que s'éleve la statue de l'Empereur. - L'Em-pereur est à cheval, la tête légèrement inclinée sur son bras tendu, qui montre l'endroit où son génie conçoit la création du port militaire. La tête est belle et puissante, l'oeil profond, et sur ces traits calmes règne une mélancolie qui produit une grande impression. C'est là l'effet de la statue et la pensée de l'oeuvre.

 

     M. Levéel, il y a quelques années, exerçait à Briquebec, village à quatre lieues de Cherbourg, une fonction plus que modeste ; un jour le génie de l'art vint le visiter, souffla sur son front, et le jeune homme, comme les inspirés des vieux temps, ceignit ses reins, prit le bâton de voyage, et, toujours obéissant à la voix intérieure qui lui disait de marcher, alla frapper à la porte du vieux statuaire Rude, à Paris. Quels furent ses luttes, ses souffrances et ses travaux ? Qu'importe ! Il suffit de dire qu'il commence aujourd'hui par où les autres finissent, par une statue équestre, l'oeuvre réputée, de l'aveu des artistes, la plus difficile entre toutes.

 
 
 
 

Gare de Cherbourg. CPA Collection LPM 1900

 
     
 

     Quel que soit le jugement prononcé sur son oeuvre en place, le jeune sculpteur n'en aura pas moins mérité les honneurs qui l'attendent. Je ne dis pas qu'il soit modeste, les sculpteurs en général ne le sont pas, et d'ailleurs celui-là se sent, mais il vit actuellement dans un étonnement de soi-même que nous lui avons entendu exprimer avec une naïve franchise : « Quand je pense, nous confiait-il avant l'inau-guration, qu'il y a six ans à peine je servais de la chandelle aux pay-sans de mon village, et que je vais être un des héros de la grande fête qui se prépare, je me tâte pour bien m'assurer que c'est moi. »

 

     Qu'il jouisse aujourd'hui de son triomphe, demain on saura bien le lui faire expier. Est-ce qu'il n'y a pas déjà des petites rivalités de clo-cher qui s'exercent sur son oeuvre ? Laissez-moi vous conter cela.

 

     Cherbourg n'est pas riche en monuments ; je n'ai point parlé de ses trois églises, de ses halles, de sa prison, de sa préfecture maritime, de sa petite fontaine que surmonte le buste de M. de Bricqueville, par David, hélas ! et je crois avoir aussi bien fait. Cherbourg a conscience de sa pauvreté ; elle se réjouit d'avance de sa statue ; elle espère un chef-d'oeuvre qui sera l'admiration des étrangers. Mais Valognes, la vieille Valognes, Valognes la déchue, Valognes l'envieuse, s'écrie par l'organe de sa petite feuille locale : « Il faudra la voir, cette magnifique statue ; on sait que dame Cherbourg a le goût parfait et la main heureuse en fait de monuments ! » A quoi Cherbourg, justement indignée, répond : « Il vous sied bien, ma mie, de critiquer mes monuments, vous qui n'en avez pas ! » Attrape, Valognes !

 

     Valognes, néanmoins, se prépare à venir aux fêtes. Heureux Valognais ! qui n'êtes qu'à trente minutes de chez vous par le chemin de fer, et qui pourrez chaque soir aller regagner votre lit, tandis que nous, disent les curieux, plus distants, nous aurons à peine une couchette au poids de l'or ! bien favorisés encore serons-nous, si nous l'avons.

 

     On répandait le bruit que tous les hôtels et toutes les chambres de la ville étaient loués ; mais que l'édilité prévoyante avait décidé que les places publiques seraient splendidement illuminées, pour rendre plus brillante la belle étoile sous laquelle devaient coucher les mal-heureux sans domicile. Le premier étage d'un café, sur le port, disait-on encore, était loué 15,000 fr. par l'amirauté anglaise.

 
 
 
 

Gare de Cherbourg. CPA Collection LPM 1900

 
 
 
 

     Rien de tout cela n'est vrai. Les écriteaux pendent aux fenêtres de chaque maison. Quelques personnes venues à l'avance se présentent pour louer les appartements ; on leur demande des prix fabuleux ; le petit nombre se résigne, mais les autres branlent la tête et se retirent en se disant qu'elles verront au moment même de la fête ; celles-là sont les plus sages. Certains ouvriers du port confessent qu'ils seraient enchantés de gagner une pièce de 10 ou de 20 fr. et qu'ils se proposent d'offrir leur chambre, parée pour la circonstance, aux étrangers. Leurs hôtes ne seront certes pas les plus malheureux, et cette concurrence amènera sans doute les renchéris à composition.

 

     Maintenant, disons-le avant d'entrer dans le grand port, quelque argent qu'on ait à débourser, on n'aura pas payé trop cher le spectacle unique auquel on assistera. Les préparatifs avancent et déjà la rade offre un coup-d'oeil imposant.

 

     Huit vaisseaux sont en ligne devant la digue. La Bretagne, avec ses trois ponts et ses 140 canons, occupe la gauche. C'est le Bretagne, comme on sait qui portera l'Empereur et l'Impératrice à Brest. Après la mer, la vue d'un grand vaisseau est le spectacle le plus saisissant qui se puisse voir.

 

     Dès à présent on demeurerait des heures entières en contemplation les yeux sur la mer au bout de la jetée qui sert de promenade à la ville. C'est un mouvement continuel d'embarcations de la rade au port marchand. Une baleinière arrive, un canot la croise, tous deux fendent la vague, sous l'effort de leurs rameurs qui plongent, en cadence, leurs longs avirons dans l'eau. Vient à passer une embarcation montée par un officier supérieur ; le patron de la baleinière et celui du canot, assis à la barre du gouvernail, se lèvent et saluent. On a dépassé la jetée, les avirons sont rentrés, les matelots hissent les voiles, l'embarcation s'incline et glisse au souffle du vent ; elle est déjà loin qu'on la regarde toujours. On se dit qu'on quittera la place quand on ne la verra plus, mais une autre paraît entre les jetées, on la suit encore, puis une autre, puis une autre, et l'on reste là. - Il nous faut pourtant prendre notre courage et nous rendre au grand port.

 
 

 

 
 
 
 

Avenue de la Gare de Cherbourg. CPA Collection LPM 1900

 
     
   
  LE TRAIN DANS LA MANCHE
  DE PARIS A CHERBOURG EN CHEMIN DE FER
   
  VIII BAYEUX A VALOGNES  -1/2
         
 

Cathédrale de Bayeux. CPA Collection LPM 1900

 
       
 

De Paris à Cherbourg en chemin de fer,

contenant l'historique complet des travaux

de la digue et du port de Cherbourg

 

Auteur : Henri Nicolle

Publication Caen : Alfred Bouchard, 1860

CPA Collection LPM 1900

 

PREMIÈRE SECTION

DE PARIS A CAEN  -239 KILOMÈTRES

DEUXIEME  SECTION

DE CAEN  A CHERBOURG -133 KILOMÈTRES

HISTORIQUE DE LA LIGNE

 

I PARIS A MANTES

II MANTES A EVREUX

III D'EVREUX A BERNAY

IV BERNAY A LISIEUX

V LISIEUX A PONT-L'EVEQUE

VI PONT-L'EVEQUE A CAEN

 

VII CAEN BAYEUX

VIII BAYEUX VALOGNES

IX VALOGNES CHERBOURG

 
         
 

La gare de Bayeux, coté intérieur. CPA Collection LPM 1900

 
         
 

BAYEUX

 

     Bayeux, qu'on embrasse d'un coup-d'oeil, a droit au respect de beaucoup de villes plus grandes qu'elle. Bayeux a vu les druides, et dans ce temps-là s'appelait Aragenus. Bayeux a vu Jules-César ; elle a servi de résidence aux ducs de Normandie ; elle a été la capitale du Bessin ; elle a eu maille à partir avec les Anglais, qui l'ont brûlée ; elle s'est relevée ; elle a eu l'honneur de donner naissance aux deux Chartier, Alain Chartier, le père de l'éloquence française, et son frère, l'auteur des grandes chroniques. Bayeux a longtemps été pays de noblesse, longtemps elle a vécu de son faisant valoir, mais petit à petit elle a donné dans le commerce et l'industrie, aujourd'hui c'est tout à fait sans rougir qu'elle parle de sa dentelle, de sa porcelaine, voire même de sa tannerie, dont les revenus lui procurent l'aisance.

 

     Mais, toute marchande qu'elle tende à devenir, Bayeux a toujours un grand air par ses monuments ; sa cathédrale est de tous le plus important. C'est un beau vaisseau de 100 mètres de long sur 21 de large, avec une hauteur de 23 mètres. Deux tours couronnées de flèches se dressent de chaque côté de son portail ; une troisième, qui s'élève au centre du transept, attend aujourd'hui sa coupole, jadis construite par Mgr François de Nesmond, évêque au XVIIe siècle.

 

    Cette coupole qui, à mieux dire, est un admirable campanile à jour, n'a pas été détruite. Elle a seulement été enlevée pour permettre les travaux de restauration de la tour centrale qu'il a fallu reprendre en sous-oeuvre, entreprise hardie qui, lors de la visite de l'Empereur à Bayeux, a valu à M. Flachat la croix d'officier de la Légion-d'Honneur. C'est dans la cathédrale même que l'Empereur remit cette distinction à l'habile ingénieur, en expliquant à l'Impératrice que M. Flachat « avait soulevé la tour pour la remettre sur ses nouvelles bases, et que cependant on lui avait dit à Paris que c'était impossible. »

 

     Chaque époque, au reste, ajouta sa pierre à ce riche monument ; le roman fleuri, le gothique flamboyant et la renaissance lui ont chacun tour à tour apporté sa hardiesse, son élégance et ses grâces. Tous semblent l'avoir traité en joyau précieux, tant ils lui ont prodigué les fines arêtes, les ciselures et les dentelles de pierre. Les travaux actuels de sa restauration sont dus à l'intervention personnelle de l'Empereur. Bayeux, fière à juste titre de sa cathédrale, en témoigne une grande reconnaissance à Sa Majesté.

 
     
 

La gare de Bayeux, coté intérieur. CPA Collection LPM 1900

 
     
 

     Les vieux livres content que les chanoines de cette cathédrale étaient tenus de se lever de grand matin pour chanter au choeur les vigiles, qu'on a depuis appelées malines ; ils content encore, mais je veux croire qu'ils médisent, que parmi les chanoines il y en avait qui, touchés par le démon de la mollesse, s'oubliaient au lit parfois et dans la plume. Toujours est-il que lorsque ce manquement à leur devoir leur arrivait aux matines des grandes fêtes, l'usage était qu'immédia-tement après l'office les assistants allassent avec le bénitier, la croix et la banière, réveiller le chanoine à son logis et lui reprocher sa faute.

 

     Les chercheurs d'étymologie prétendent que cette sorte de punition fut commune à plusieurs diocèses, et que, de cet usage, est venue la phrase proverbiale qui dit de quelqu'un dont on obtient difficilement la présence : « Il faut la croix et la bannière pour le faire venir. » Nous donnons cet ingénieux déduit pour ce qu'il vaut, et sans nous prononcer. N'est-ce pas tout exprès pour les étymologistes qu'on a parodié ainsi la définition de l'orateur par Cicéron : Vir probus delirandi peritus, et même peritissimus.

 

     On ne passe point à Bayeux sans aller voir la fameuse tapisserie de la reine Mathilde. C'est l'histoire au petit point de la conquête de Guillaume. Un détail assez singulier s'y remarque : l'étendard ducal porte un corbeau. Le corbeau, chez les Scandinaves, représentait le symbole du commandement : « C'est l'oiseau de la mort ; il s'attache au guerrier qui lui promet le plus de cadavres. » L'action et les personnages se déroulent sur une bande de 70 mètres de long sur 50 centimètres de haut et présentent des épisodes très curieux pour l'histoire des armes et des costumes. Je ne reproche qu'une chose à Bayeux, qui conserve ce bel ouvrage avec soin : c'est la rétribution qu'elle permet qu'on impose aux étrangers dans les bâtiments de son édilité.

 
     
 

La gare de Bayeux, coté cour. CPA Collection LPM 1900

 
     
 

     A partir de Bayeux la nature change et nous avons sous les yeux le paysage le plus merveilleux qui se puisse voir. C'est une contrée plate cependant, mais d'une si belle verdure qu'on se prend à envier les boeufs qui vivent dans cette herbe abondante ; les lignes se perdent à l'horizon, en se prolongeant entre des collines bleuâtres à peine relevées, qui ouvrent à l'oeil surpris des vallées sans fin.

 

     Les brumes de la Manche, incessamment promenées de l'est à l'ouest et de l'ouest à l'est, sur la presqu'île, voilent le ciel, et, dans ses plus beaux bleus, lui conservent encore une petite teinte grise qui donne à ces contrées si riches et si grasses un cachet de mélancolie tout particulier. Ce n'est plus, si nous pouvons ainsi parler, le paysage bon vivant, tel que nous l'avons vu plus haut, qui donne l'idée du bien boire et du bien manger ; le sol ici respire la force et la santé, mais il inspire aussi les pensées élevées. Comme la mer, les horizons fuyants vont droit à l'infini, la grande impression qu'ils causent vient de là.

 
     
 

Bayeux Viaduc de L'Aure

 
     
 

     Le Molay-Littry deviendra par la suite une station importante ; Littry exploite de belles mines de charbon de terre.

 
     
 

La gare du Molay-Littry, coté cour. CPA Collection LPM 1900

 
         
   
  LE TRAIN DANS LA MANCHE
  DE PARIS A CHERBOURG EN CHEMIN DE FER
   
  VIII BAYEUX A VALOGNES  -2/2
         
 

Gare d'Isigny sur Mer Hors ligne

 
     
 

    Au seul nom d'Isigny, le voyageur voit s'élever des montagnes de beurre doré ; mais, quelque Pélion en motte sur quelque Ossa en petit pot qu'il en puisse entasser, sans doute son imagination restera au-dessous de la réalité : Isigny vend pour sept à huit millions de beurre par an. Isigny est port de mer et reçoit des navires de 100 tonneaux. A l'heure qu'il est, la ville attend encore la route qui la reliera à sa station, éloignée de ses murs d'à peu près deux kilomètres. Qui fera la route ? Le chemin de fer dit que cette dépense appartient à la ville, et il a raison ; Isigny voudrait bien que la Compagnie s'en chargeât, ce désir se conçoit, et il espère toujours qu'elle se décidera. En attendant, la station de Lison dessert Isigny.

 
     
 

Lison gare

 
     
 

Lison gare

 
     
 

Lison gare

 
     
 

Carentan gare coté cour

 
     
 

     Carentan montrait autrefois avec un juste orgueil des fortifications élevées par Vauban lui-même. Carentan fut en son temps une ville guerrière, mais, condamnée au repos, l'obésité lui est venue, et, mal à l'aise dans une ceinture étroite, elle a demandé qu'on la lui enlevât. Un décret de 1850 l'a retranchée du nombre des postes militaires ; ses remparts démantelés, laissent voir un ensemble de bâtiments Louis XIII remarquables ; ils servaient de caserne, ils sont maintenant inhabités ; on a dit que le maire avait l'intention de profiter du passage de l'empereur pour demander l'autorisation de les affecter à des écoles, à des ouvroirs et à des salles d'asile.

 

     Aux environs de Carentan, se trouvent des marais considérables ; marais goulus qui ont avalé deux ou trois remblais à la Compagnie qui n'avait pas plutôt fait de les poser qu'elle les voyait disparaître. A cette heure, les marais sont rassasiés ; ils ont du ballast jusqu'au profond de leur terre absordante qui repose, à 10 mètres, sur un sol résistant. La voie désormais bien consolidée, offre toute sécurité au voyageur. Cette eau qui la borde de droite et de gauche, qui s'étend et s'écoule au milieu des gras pâturages, par des saignées qui semblent parfois des rivières, ne forment plus qu'un paysage agréable et d'un nouvel aspect dans le panorama déjà si varié de la ligne.

 

     Voici les marais passés.

 

     Nous sommes en pleine presqu'île ; à mesure que nous avançons, la propriété se divise, les enclos sont nombreux ; chacun deux s'entoure d'une haie d'arbres de grande taille et si rapprochés, qu'au lointain la perspective en fait une forêt. Nous arrivons à Montebourg, où le gros et le petit bétail s'élèvent à miracle, aussi les foires de Montebourg sont-elles célèbres ; on y vient de cinquante lieues à la ronde. La vallée d'Auge y prend les bestiaux maigres qu'elle engraisse dans ses pâturages.

 
     
 

Carentan gare coté intérieur

 
 

 

 
 

La gare de Montebourg, sur la commune du Ham. CPA Collection LPM 1900

 
     
 

     Montebourg eut jadis la plus belle église du Cotentin ; une abbaye célèbre y attenait ; je raconterai la légende de cette abbaye en ruines.

 

     Il y avait alors, et cet alors marque le onzième siècle, deux hommes de bien qui vivaient en Savoie ; je ne veux pas dire de mal de la Savoie, mais je dois croire que ces deux fidèles s'ennuyaient sous son ciel ou n'y pouvaient pratiquer la vertu à leur aise, puisqu'un jour ils lui tournèrent le dos et ne songèrent à s'arrêter que lorsqu'il eurent mis à peu près toute la France entre eux et leur pays natal. Les voilà en Bessin, très-fatigués, on peut le concevoir, ils avaient fourni la course à pied. Il se faisait soir aussi, parait-il, en sorte que leur premier soin fut de se coucher, - à l'hôtel de la belle étoile, bien entendu. L'un avise une barque à sec, et s'y étend ; l'autre préfère le roc, et s'y couche, le bras sous la tête ; l'un et l'autre s'endorment profondément, comme deux justes qu'ils étaient.

 

     Ce qu'ils venaient faire là se devine. Ils se proposaient de mener la vie d'ermite. C'est une profession qui ne demande pas qu'on soit grand clerc en géographie ; les Savoisiens n'avaient nulle idée du flux et du reflux de l'Océan. Ce ne fut pas un mal.

 

     Durant leur sommeil, la mer monte, la mer redescend ; elle emporte la barque et l'échoue à Salisbury, en Angleterre, où précisément les habitants se trouvaient dans l'embarras pour le choix d'un évêque. Prendrait-on Pierre ? Prendrait-on Jacques ? On prit le naufragé, que Dieu semblait avoir envoyé tout exprès. On n'élit plus d'évêques de cette façon, et je crois qu'on fait bien. Néanmoins j'ai connu un monsieur, un bourgeois d'aujourd'hui, qui hésitait entre deux jeunes filles qu'on lui offrait en mariage.

 

     L'une était blonde, l'autre était brune, et dans l'éclectisme de son goût, il avait un égal penchant pour les deux couleurs, que sans cesse il mettait en parallèle, et qui finirent par si bien se brouiller devant ses yeux, qu'un soir, en un bal, croyant inviter à danser la brune ou la blonde il offrit la main à une jeune personne de nuance ardente. Il se dit que le destin était pour quelque chose dans sa méprise, et il épousa la demoiselle rousse, avec laquelle il se trouva qu'il fit un fort bon ménage. Les gens de Salisbury n'avaient pas eu la main moins heureuse : le Savoisien, dont le nom m'échappe, révéla les qualités d'un excellent pasteur.

 

     Pendant ce temps le désolé frère, resté seul sur la plage, reçoit une nuit, en songe, l'avertissement de regarder une étoile errante et de bâtir une église au lieu où elle s'arrêtera. L'étoile s'arrêta à l'endroit qui fut Montebourg, et brûla les broussailles sur une étendue qui devait marquer celle de l'abbaye à construire. Table rase étant ainsi faite, l'ermite commença à couper du bois et à tailler des pierres.

 

     Le miracle de l'étoile ne fut point sans faire quelque bruit. Le médecin du duc Guillaume, allant en Angleterre, le raconta dans tous ses détails à l'évêque même de Salisbury, et celui-ci s'écria que l'ermite maçon ne peuvait être que son frère. Aussitôt l'évêque de s'embarquer pour la France ; il aborde à Cherbourg, vole au lieu du miracle, et, après la reconnaissance, déclare prendre à sa charge les frais de construction de l'église. Guillaume s'adjoint généreusement à cette oeuvre pieuse, et de tout ceci résulta la magnifique abbaye de Montebourg.

 
     
 

Abbaye de Montebourg. CPA Collection LPM 1900

 
     
 

Abbaye de Montebourg. Abside et Transept inachevé CPA Collection LPM 1900

 
     
   
  LE TRAIN DANS LA MANCHE
  CFD  -Compagnie des Chemins de Fer Départementaux
   
  VALOGNES - BARFLEUR
         
 

Compagnie des Chemins de Fer Départementaux (CFD)

 

Le Réseau de la Manche de la compagnie de chemins de fer départementaux (CFD), comprend deux lignes construites à voie normale. Il a été mis en service en 1886 et fermé entre 1948 et 1950. En 1926, l'exploitation est abandonnée par les CFD au profit de la Compagnie des tramways normands (TN) qui deviendront Compagnie des Chemins de fer Normands (CFN) après 1928.

 

Il comprenait les lignes suivantes:

 

Petit réseau de 42 km destiné à desservir l'est du Cotentin, il est déclaré d'utilité publique en 1877, et concédé à MM. Dubus et Debains. Ne pouvant remplir leur obligation, ils rétrocèdent la concession à la CFD en 1883. Les deux lignes, à voie normale, sont ouvertes en 1886, et prolongées en 1911.

 

Après la 1ère guerre, le département étudie le rachat de l'ensemble des exploitations départementales, qui sera effectif en 1926. L'exploitation sera donc faite par les CFN.


Le trafic passe à la route, malgré la mise en route dès 1927 d'automotrices. Le trafic reprend un peu lors du second conflit. Mais malgré les réparations des dégâts, le déficit continue à croitre. Le trafic est suspendu en deux phases, 1948 et 1950.

 

Section

Compagnie d'origine

Ecartement

VN (1,435 m)

Exploitation

Ouverture

Fermeture

Valognes - Barfleur

CFD

VN

Autonome

20.04.1886

1948/50

St Martin d'Audouville - Montebourg

CFD

VN

Autonome

20.04.1886

08.02.1948

 

VALOGNES - BARFLEUR

 

La ligne Valognes - Barfleur, avec une antenne entre Saint-Martin-d'Audouville et Montebourg, est ouverte le 20 avril 1886 par la Compagnie de chemins de fer départementaux (CFD). En 1926, le département de la Manche rachète cette ligne, ainsi que la ligne Barfleur - Cherbourg ouverte en 1911 par la Compagnie des chemins de fer de la Manche, et en confie l'exploitation à la Compagnie des chemins de fer normands (CFN).

 

Tracé et profil

 

Entre Barfleur et Saint-Vaast, le tracé de la ligne est plus difficile à retrouver, en raison des remembrements. Quittant la commune par le Sud, elle rejoint la gare de Montfarville en passant par le lieu-dit des Roches. La gare de Montfarville, tout comme celle de Morsaline et Réville est d'un type particulier propre au réseau CFD de la Manche. C'est aussi à cet endroit que le Tue-Vâques croise à niveau une première fois, le GC 14 (actuelle RD 902). Peu après, à La Madelaine la voie ferrée effectue une large boucle à gauche, vers l'ouest, pour desservir la gare de Valcanville-Anneville au lieu-dit La Gare, sur la RD 335, avant de revenir vers le bourg d'Anneville-en-Saire, où la voie croise à nouveau et de niveau, le GC 14, reliant Barfleur à Quettehou. À cet endroit, les CFD établirent une halte, Anneville-Bourg, en raison de l'éloignement de la gare officielle de Valcanville-Anneville. La ligne s'en va ensuite vers Réville puis Saint-Vaast-la-Hougue. Arrivant du nord par l'ouest de la commune, elle rejoint la gare en cul de sac située au sud, par une large courbe à gauche. De nos jours, la Rue Victor-Grignard, suivie de la rue du 8-Mai ont pris place sur l'ancienne plateforme ferroviaire dont elles ont gardé l'exacte courbure. Le carrefour où ces rues se font suite, et croise celle du Maréchal-Foch, est en fait l'endroit exact où se situait le passage à niveau par lequel le Tue-Vâque croisait le GC 1 (actuelle RD 1) Valognes - Saint-Vaast-la-Hougue.

 

Elle quitte Saint-Vaast-la-Hougue en passant juste au sud de la RD 1.

 

On retrouve sa trace au sud de Quettehou longeant la côte, passant entre le Château et le Manoir de Aumeville-Lestre. Avant d'arriver sur Lestre, la voie se tortillait en longeant le ruisseau au nord de Vaudreville et se trace le chemin direction Valognes.

 
         
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Valognes

     
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Valognes Ville

     
     
 

Tamerville

 
 

Saint Germain de Tournebut

 
     
   
 

 
 

Saint Martin d'Audouville

 
     
   
 

Lestre-Quinéville

 
     
 

 
 

Aumeville Crasville

 
     
   
 

Morsalines 

 
     
 

 
 

Quettebou

 
     
   
     
 

 
 

St Vaast la Hougue

 
     
 

 
 

Réville

 
     
 

Valcanville-Anneville en Saire

 
     
 

Montfarville

 
 

 
     
 

 
 

Barfleur

 
     
   

 

 

  VALOGNES
  CC 42.09 CA DU COTENTIN
   
  Le Balneum d’Alauna près Valognes
         
 

Alauna 2006

 
     
 

HISTOIRES INSOLITES EN MANCHE

 

in E. Lebois Annuaire du Département de la Manche 1833

Par Les Goubelins ⋅ vendredi 10 avril 2009

 

Il reste encore des vestiges de l’ancienne Alauna tout près de l’actuelle Valognes. Quelques murs et les traces d’un ancien établissement de bains de l’époque romaine :

 

Alleaume, ancienne ville de Logne. Cassini y indique, au S. E., les vestiges d’un cirque romain ; ce qui a fait penser à Dunod qu’il appartenait à la ville d’Alauna, Allonia ou Lonia dont les ruines prouvent assez que le proconsul ou premier magistrat romain y devait faire sa résidence.

 

Les fouilles que M. Foucault, intendant à Caen , y fit en 1695, découvrirent d’anciens bains ou étuves, qui durent avoir 270 pieds romains de longueur et à peu près 135 de largeur. On y voyait un bassin circulaire, profond de 2 p. et large de 30, fait d’une espèce de mastic rouge, qui s’était conservé entier et uni comme une glace. Ce bassin avait 4 gueules de fourneaux de brique, de 3 pieds d’ouverture. Le long d’un mur dont une partie existe encore, on trouva 13 petits fourneaux carrés, égaux en hauteur, mais inégaux en diamètre, rangés parallèlement l’un près de l’autre et se communiquant par le bas au moyen d’un petit conduit : le tout en terre rouge bien conservée. Près de là était un bel aqueduc de grandes pierres fort unies, dans lequel il existait encore un cours d’eau, qui sortait de terre à cent toises au-dessous, et assez près d’un lieu où M. Foucault découvrit, à force de travail, un amphithéâtre qui avait 5 galeries, dont 3 entières ainsi que le mur de traverse qui séparait l’amphithéâtre de l’arène. On trouva aussi 3 loges ou cachots, pratiqués par dessous, pour enfermer les bêtes destinées aux spectacles.

 

Plus de 10000 personnes pouvaient être assises dans l’enceinte de ce théâtre, qui contenait plus que le demi-cercle, forme ordinaire de tous les autres. Son diamètre avait 204 p. , et la corde qui le terminait seulement 92. L’orchestre , qui était la place de distinction des personnes titrées, s’étendait encore au-delà de l’enceinte du théâtre ; son diamètre était de j5 p., et la corde qui le terminait de 57 p. Le postscenium avait 57 p. de long sur environ 12 de large. Quant à la scène et aux appartements des étrangers, qui étaient sur le devant, leur état de ruine ne permit pas d’en lever le plan.

 

Plus loin se trouvait un grand bain, dont il restait alors des murailles hautes et fort belles. Tous ces édifices étaient si solidement bâtis, qu’on en brisait plus facilement les pierres que le ciment.

 

Dans ces fouilles, on trouva plusieurs médailles d’or, d’argent et de bronze du haut-empire, ce qui fit juger que cette ville fut ruinée après Sévère et dans le 3e siècle (a). Peu à peu ces ruines ont péri, et il n’en reste aujourd’hui que peu de fragments.

 

(a) Extrait presque textuellement des Nouvelles Recherches sur la France 1766, tome 2

 
         
 

Alauna 1906, CPA collection LPM 1900

 
         
   
  LES BLASONS DE LA MANCHE
   
 

LA TRINITE

URVILLE-NACQUEVILLE

VALOGNES

         
 

 

La Trinité

 

D'azur à la fasce d'or chargée d'un tourteau de sable accosté de deux coquilles de gueules, accompagnée, en chef à senestre, d'une fleur de lys aussi d'or et, en pointe, d'un lion d'argent tenant une hallebarde d'or.

 

Le statut officiel du blason reste à déterminer.

 


 

 

 

 
         
 

 

 

Urville-Nacqueville

 

De gueules au léopard d'or armé

et lampassé du champ,

surmonté de deux lettres U et N capitales gothiques aussi d'or[

 

 

 

 

 

.

.

 

 

 

 
         
 

 

Valognes

 

D'azur au lynx courant d'argent,

accompagné de deux épis de blé,

un à dextre, un à senestre,

en pal, d'or,

et surmonté de deux autres épis de blé,

en sautoir, du même.37

 

 

 

 

 
         
   
  VALOGNES
  CC 42.09 COEUR DU COTENTIN
   
  Félix Vicq d’AZYR
         
 

Félix Vicq d’Azyr (ou Vicq-d’Azyr, cette orthographe se rencontrant également), né le 23 avril 1748à Valognes et mort le 20 juin 1794 (2 Messidor an 2) à Paris, est un médecin et anatomiste français. Il est considéré comme le fondateur de l'anatomie comparée et à l'origine de la théorie de l'homologie en biologie. On lui doit aussi d'importantes découvertes en neuroanatomie, notamment celle d'un faisceau reliant diverses structures cérébrales impliquées dans la mémoire et qui porte son nom. Il est enfin célèbre pour avoir été le médecin de la reine Marie-Antoinette.

 

Fils d’un médecin normand estimé, Vicq d’Azyr devient lui-même un médecin brillant et un spécialiste renommé de l’anatomie anima le et humaine. Arrivé à Paris en 1765, il se livre àl’étude des différentes branches des sciences physiques et naturelles, de l’anatomie comparée, qu’il enseigne à partir de 1773 au Jardin des plantes, à l’amphithéâtre des écoles de médecine, alors qu'il n'est encore que simple licencié. Choisi par Antoine Petit pour lui succéder dans la chaire d’anatomie du Jardin des plantes, il se voit évincé par suite d’intrigues.

 

 
         
 

Loin de se décourager, il ouvre des cours particuliers, dans lesquels il se propose d’éclairer l’anatomie et la physiologie humaines par la comparaison des mêmes organes et des mêmes fonctions chez les animaux, conception éminemment philosophi-que qu’il reproduit dans l’Encyclopédie méthodique, et dans un Traité dont il n’a pu donner que la première partie

 

Son mariage avec une nièce de Daubenton lui crée des relations parmi les célébrités scientifiques du temps. L’Académie des Sciences, dont il enrichit les mémoires de recherches nouvelles sur des animaux étrangers, lui ouvre ses portes en 1774. L’année suivante, il est chargé d’aller étudier les causes de l’épizootie qui touche les provinces méridionales ; une société est créée, sous son impulsion, pour l’étude des maladies épi-démiques. C’est de là que sort en 1776 la Société royale de médecine, qu'il fonde avec Lassone (1717-1788) et dont les travaux s’étendent bientôt à toutes les branches des sciences médicales et spécia-lement à la topographie médicale et à l’hygiène publique, connaissances jusqu’alors négli-gées. Élu secrétaire perpétuel de cette nouvelle compa-gnie, il se retrouve en butte aux pamphlets et aux attaques passionnées de la faculté, qui voit avec déplaisir s’élever une institution rivale. Il devient pour autant membre de la Société royale d’agriculture de Paris en 1784.

 

Il est chargé par arrêt du Conseil d’État de concevoir un questionnaire sur les problèmes d’épidémies et d’épizootie destiné à tous les médecins de province. Ces documents conservés à l’Académie de médecine sont une source primordiale pour étudier, entre autres, les maladies régnantes et l’hygiène publique à cette époque.

 

Il compilera sur 16 années un grand nombre d’informations variées sur les maladies, les médecins, les ressources économiques et alimentaires etc. Sa fonction exigeant de lui qu’il rédige l’éloge de ses collègues, le grand talent avec lequel il s’acquitte de cette tâche lui vaut d’être élu à l’Académie française en 1788 au siège de Buffon. Il est le premier médecin fait académicien par le suffrage de l’Académie elle-même.

 

Il était également professeur d’anatomie comparée à l’École royale vétérinaire d’Alfort, créée par Bourgelat en 1766, ainsi que surintendant des épidémies. Durant la Consti-tuante en 1790, il est chargé de rédiger un Nouveau Plan de constitution pour la médecine de France. Durant la Terreur, sa qualité de premier médecin de la reine Marie-Antoinette en 1789 et de médecin consultant de Louis XVI lui fera craindre pour sa vie.

 

Il est considéré comme l’un des grands précurseurs de l’anatomie comparée. Il fut parmi les premiers à utiliser les sections coronales du cerveau et à employer l’alcool afin de faciliter la dissection. Il a donné, en 1786, une description du locus cœruleus et de la bande de Vicq-d’Azyr, un système de fibres situé entre la couche granulaire externe et la couche pyramidale externe du cortex cérébral, ainsi que du faisceau mamillo-thalamique qui porte son nom. Toutes ses études des convolutions cérébrales sont devenues des classiques et il fut parmi les premiers neuroanatomistes à dénommer les gyri. Il a égale-ment étudié les noyaux gris profonds du cerveau et le système limbique à la base du cerveau..

 

Malesherbes et Turgot furent de ses amis et Desgenettes fut son étudiant. Il fut encouragé par Daubenton dont il épousa la nièce.

 

Il est mort d’une pneumonie peu après avoir assisté à la fête de l’Être suprême en 1794.

 

Ses œuvres complètes en 7 volumes dont un in-4° de planches ont été pu-bliées en 1805 par Moreau de la Sarthe

 
     
 

Grand marché, place Vicq-d’Azyr Valognes Début 1900 collection CPA lpm 1900