LE TELEPHONE DANS LA MANCHE  6/7
   
  Un réseau fragile et de nouveaux besoins
         
 

Percy la poste. CPA collection LPM 1900

 
   
 

Afin d’en rationaliser l’exécution, les travaux furent divisés en séries géographiques. Dans son rapport pour la deuxième session de 1907, le Préfet constatait que les travaux en cours étaient activement poursuivis mais regrettait que le fil direct Saint-Lô Paris ne fût pas établi avec la même activité, constatant que « la célérité de nos communications au-delà de Caen commence à en souffrir  ». Dans son rapport annuel de juillet, le Directeur départemental des P et T apparaissait plus optimiste: « Malgré le mauvais temps qui entrave fréquemment les travaux de nos équipes, nous pourrons être en mesure de poursuivre cette année la construction de 27 ‘réseaux et de doter 27 communes du service téléphonique . Ainsi, lors de la séance du 21 août, le rapporteur de la Commission d’Administration Générale put annoncer que les réseaux de Carolles, Barenton et Mortain venaient d’être mis en service et que ceux de Bérigny, Cerisy la Forêt, Montmartin en Graignes et Saint-Jean de Daye le seraient le 1er septembre. Le Conseil Général préférait que seul le réseau prévu fût exécuté et renvoyât les nouvelles demandes en avril 1908. Par exemple, lors de la première session, le conseiller général de Beaumont Lemoigne émit le voeu que le téléphone soit installé à Nacqueville qui « est fréquentée pendant la belle saison par des baigneurs ‘ ». Au 1er août 1908, le service téléphonique était ouvert dans 48 localités et 497 manchois étaient abonnés. Le directeur départemental constatait avec quelque satisfaction que l’établissement du circuit Paris Saint-Lô avait considérablement amélioré les relations avec la capitale. Cependant, victime de son succès, le circuit apparaissait déjà limité: « en raison du nombre de communications qui s’échange par ce circuit, les attentes sont inévitablement nombreuses, surtout aux heures de la journée où les affaires sont les plus actives». En outre le rythme d’exécution des travaux n’était pas aussi rapide que le souhaitait le Préfet et l’administration des P et T s’en expliquait ainsi « la constitution du réseau téléphonique se poursuit aussi activement que nous le permettent les moyens malheureusement restreints dont nous disposons en personnel ouvrier ‘ ». Malgré ces difficultés, le Directeur Départemental peut annoncer en août 1909 que le réseau téléphonique départemental projeté en 1905 est quasiment achevé 74 communes sont reliées et seulement deux réseaux restent à construire.

 
       
 

Le département de la Manche possède un réseau téléphonique fort de 643 abonnés en 1910, mais ce dernier apparaît fragile avec seulement trois circuits interdépartementaux: Saint-Lô Paris, Saint-Lô Caen et Granville Rennes, ce qui fait écrire au Directeur départemental en juillet 1909 : « c’est bien peu pour écouter les communications issues des 74 bureaux téléphoniques ‘  ».

 

Dans le sud du département, deux centres importants, Avranches et Mortain ne possèdent pas de liaison directe avec Saint-Lô.

 

Cette insuffisance de lignes entraîne des difficultés d’audition et de longues attentes: téléphoner de Vire à Sourdeval, seulement distants d’une quinzaine de kilomètres, exige en plus des bureaux extrêmes cinq bureaux intermédiaires (Mortain, Avranches, Villedieu, Saint-Lô et Caen). Il en est de même pour téléphoner de Cherbourg à Mortain. Enfin téléphoner d’Isigny à Carentan, chefs-lieux de canton limitrophes demande trois bureaux intermédiaires: Bayeux, Caen et Saint-Lô.

 
 
         
 

Devant ces problèmes d’écoulement des communications, l’administration de P et T suggère que le Conseil Général étudie la création de grandes lignes de raccordement. Ainsi en 1910 les améliorations suivantes sont envisagées : Cherbourg Paris, Mortain Vire, un second circuitCaen Saint-Lô,Villedieu Avranches et Carentan Isigny. En avril 1910, le Directeur départemental souligne que « la longueur des attentes imposées au public nous prive d’une importante clientèle ». Les nouveaux circuits proposés visent non seulement à améliorer ce qui existe, mais aussi à prévoir la mise en scène de nouveaux bureaux. Le Conseil Général admet la nécessité de ces améliorations et propose que les études soient poursuivies afin qu’un projet complet soit présenté en août. Nécessaires en 1909, les améliorations sont devenues urgentes en 1910 ainsi que l’attestent les plaintes de particuliers et des chambres de commerce de Granville et de Cherbourg reçues par le Directeur départemental. Malgré les difficultés, le trafic continue de croître, ce qui entraîne une progression des produits et une accélération des remboursements de l’emprunt. Au fur et à mesure de l’augmentation du nombre des abonnés, le nombre des conversations par abonné croît: après avoir stagné autour de 300 conversations par abonné en 1904, nous constatons entre 1905 et 1911, en liaison avec le développement du réseau départemental, une progression régulière de 408 à 652.

 
         
 

Brecey l'arrivée du corrier à la poste. CPA collection LPM 1900