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De tous les sortilèges le plus redoutable est celui qui menace les nouveaux mariés. Tout le monde a entendu parler de l’aiguillette nouée. Ce conte n’est pas nouveau. On sait que cette aiguillette n’est autre chose qu’un cordon qui tient rapprochées les deux parties des culottes anciennes ;
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Quand un aspirant au mariage craint que son épouse ne soit aimée de quelque malveillant, ou qu’il redoute les maléfices de quelque ennemi, pour prévenir les effets du charme, il fait placer par le cordonnier entre les semelles de la chaussure de la jeune fille qu’il épouse, un peu de sel ou une pièce d’argent, sans qu’elle s’en aperçoive : cela suffit pour empêcher de nouer l’aiguillette, et préserve les nouveaux mariés de toute entreprise malencontreuse. C’est encore une précaution prudente, lorsque on craint quelque accident conjugal, de se placer, pendant qu’on est à genoux à la messe du jour des noces, sur une partie de l’habillement de l’épousée, sans qu’elle s’en doute.
L’écart d’un cheval, l’entorse d’une personne se guérissent radicalement, dès qu’on a, sur la partie douloureuse, fait à jeun des signes de croix avec le pouce de la main gauche, et prononcé ces efficaces paroles : Ante, Ante te, super Ante, Ante te.
Un certain jour, certain pauvre se présente à la porte du malade et demande l’aumône. Celui-ci répond au mendiant que la fièvre l’empêche de travailler, et qu’il ne saurait rien donner. - « Qu’à cela ne tienne ! dit l’indigent, je vous guérirai. - Bah ! s’écria la ménagère de la maison. Mon mari guérira bien sans votre magie. - Oh ! que non ! nous verrons. » Le villageois, qui était plus crédule que sa femme, et qui voulait en finir avec sa maladie, prêta l’oreille aux insinuations du mendiant qui prononça quelques paroles mystérieuses, et appliqua sur le bras du malade un papier contenant un sort, et joignit à ces puissants moyens une pantomime qui, par malheur, excita le rire de la femme.
Ce rire et son incrédulité ne tardèrent pas à être punis comme ils le méritaient : car tous ces hommes surnaturels ne veulent pas qu’on rie et surtout à leurs dépens. Après avoir fait son affaire, le magicien apostropha ainsi, en se retirant, la pauvre ménagère : « Madame, vous vous moquez, mais votre mari sera bien guéri que vous serez bien malade ! » En effet, peu de jours après cet entretien, elle perdit la raison dont elle avait fait un si mauvais usage. On fut obligé de l’enfermer. Dans cet état, elle se mit à effiler sa couverture de lit, en fit des cordelettes qu’elle tendit pour se livrer à l’exercice des funambules, et sortit pour aller sur les arbres sauter de branche en branche comme un écureuil, sans faire fléchir sous le poids de son corps de faibles rameaux qui se seraient cassés sous un chat. Le mari bien et bientôt guéri, comme on s’en doute, alla consulter des sorciers pour enlever le sort qui affligeait sa femme. Ils n’en purent venir à bout. Celui qui l’avait infligé était plus fort qu’eux : c’est ce que l’on voit communément chez les fées avec lesquelles aussi il n’est pas prudent de plaisanter. Enfin l’homme de Bonnebosc se décide à se rendre dans le Pays-de-Caux, qui ne passe pourtant pas pour receler des sorciers, et qui, si on l’accusait de magie en voyant ses opulentes récoltes, pourrait dire comme ce Romain montrant ses instruments aratoires : Voilà mes sortilèges ! Toutefois, un sorcier fut trouvé, et moyennant finance il retira le sort à condition qu’on désignerait un individu sur lequel il serait reporté, et qui, en conséquence, mourrait dans le cours de l’année. Au lieu d’un être animé le villageois eut l’humanité de choisir une aubépine. La malade recouvra la santé, et l’arbre ne tarda pas à mourir. | ||||||||||
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Bue-en-Sancerrois (Cher) - La Foire aux Sorciers |
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Préjugés et superstitions en Normandie
Remarquons d’abord que les plus grands sorciers, ceux qui guérissent sans remèdes et par de simples paroles, ceux qui font retrouver les objets perdus ou volés, ceux qui connaissent l’avenir, sont ou des mendiants, ou de vieilles femmes indigentes, qui nous rappèlent l’auteur de l’Embarras des Richesses qui en fut lui-même si peu embarrassé qu’il mourut à l’hôpital, et sont comme Moïse qui conduisit ses Hébreux à la Terre Promise, mais n’y entra pas. On attribue surtout un grand pouvoir surnaturel aux bergers, sans doute parce que le soir ils peuvent observer les planètes, et le jour constater les vertus des simples.
L’intéressé à la découverte apporte un demi-boisseau de pois, pour servir probablement de salaire aux malins esprits. A mesure qu’ils se présentent pendant l’évocation, on leur donne un pois à chacun. La liste s’épuise enfin, et le dernier diable appelé satisfait catégoriquement à la demande. |
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C’est à Lucifer que s’adressent les coupables qui viennent à résipiscence. Un homme qui a commis un crime le prie de l’en acquitter. Aussitôt le criminel est saisi, l’exécution se fait avec prestesse ; et le patient est dépouillé ; c’est-à-dire écorché vif. C’est là le cas de faire peau neuve : ce qui ne manque pas d’arriver. Apparemment, le criminel en changeant de peau, change aussi de conduite.
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La poule aux oeufs d’or était une poule précieuse et depuis la mort de celle d’Esope et de La Fontaine, on croyait bonnement qu’il n’y avait pas moyen de s’en procurer une autre. Heureusement c’est une erreur : il suffit de se donner au diable pour obtenir de lui une poule noire qui ponde de l’or tant qu’on veut. On assure aussi qu’avec une poule noire ordinaire, mais complètement noire, on arrive au même but : le possesseur de ce précieux oiseau le porte à un point où doivent aboutir cinq chemins ; il crie à haute voix par cinq ou sept fois consécutives : « Argent de ma poule noire ! » Comme le diable est très friand d’un tel morceau, il ne manque pas d’accourir et de se présenter au vendeur. Ce dernier, pour peu qu’il entende le commerce, recevra en argent comptant une soixantaine et même une centaine de mille francs.
Celui qui se livre au démon devient sorcier et doit lui appartenir douze ans après le pacte. Il est prudent toutefois de stipuler que les jours qui entrent dans la composition de ces années seront comptés à raison de vingt-quatre heures chacun ; car le diable ne manquerait pas de les réduire à douze heures en ne comptant réellement que le jour, et de s’emparer de sa proie au bout de la sixième année : ce qui ferait un terrible mécompte et une perte réelle de cent pour cent. Il paraît que le secret de la poule noire n’est pas connu de tout le monde : il y a beaucoup de pauvres hères qui ont beau se donner au diable et qui n’en deviennent pas plus riches. Au reste, c’est par cet expédient tout simple que les paysans expliquent la cause des fortunes qui leur paraissent très rapides. Non seulement, pour obtenir du diable beaucoup d’argent, on peut se vendre à lui, mais on peut aussi lui vendre sa femme et ses enfants : c’est tout profit.
Dans l’ouest du département de l’Orne, on appelle la Mazarine une femme puissante qui passe pour être la mère de tous les diables anciens et modernes. Ce n’est pas du tout une Diablesse sans conséquence que la Mazarine. Elle possède dans la forêt de Fougères un très beau château, malheureusement peu facile à trouver comme celui de Bramavaca, qui est situé, pour qu’on ne doute pas de son existence, sur le sommet d’une montagne escarpée vers les confins du département des Hautes-Pyrénées. La forêt de Fougères (département d’Ille-et-Vilaine) est voisine de la Normandie : elle contient 1770 hectares. On y trouve un dolmen connu sous le nom de Pierre du Trésor, sans doute à cause de la tradition fabuleuse dont nous parlons ici. Celui qui aspire à la fortune se met en quête ; il dirige ses pas vers la forêt de Fougères ; il trouve sur sa route un petit ruisseau sans apparence et non pas sans pouvoir. S’il met le pied dans le ruisseau, il est sûr d’avoir le cou cassé par le diable. Ce mauvais pas franchi, on arrive au château ; on entre ; on trouve une masse immense de richesses. Alors une voix se fait entendre et crie solennellement : « Prends de cet or autant que tu voudras, mais n’en prends pas plus que tu n’en pourras porter. » Le retour a lieu aussitôt ; et le nouvel enrichi, tout fier qu’il est de son acquisition, n’a garde d’oublier ce précepte de la sagesse : rien de trop. Il ne s’est chargé que convenablement. On dit que les petits ruisseaux font les grandes rivières ; en effet au lieu où coulait le petit ruisseau, se trouve une rivière fort large ; mais l’histoire ne dit pas qu’elle empêche de passer. L’enrichi jouit de ses richesses comme il le juge à propos ; mais au bout des douze années, il appartient au diable qui en fait ce qu’il juge à propos. Le nom de Mazarine ne saurait être ancien ; il remonte probablement au commencement du règne de Louis XIV, au ministère du cardinal Mazarini. Comme le peuple n’aimait pas ce ministre, il est possible que, dans un pays encore aujourd’hui si peu avancé en civilisation, les paysans l’aient cru fils du diable et aient nommé de son nom sa mère prétendue. |
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La Pierre du Trésor se situe à Landéan dans la forêt de Fougères |
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