BETES ET MONSTRES EN NORMANDIE

  QUERQUEVILLE
   
  QUERQUEVILLE ET SON SERPENT
         
 

Bête de Querqueville « Le Petit Journal illustré 1934»

 
     
 

Une Bête étrange s’échouant en 1934 en Normandie évoque le mythique serpent de mer

D’après « Le Petit Journal illustré », paru en 1934

 

Le 28 février 1934, une carcasse de sept mètres, en décomposition, était découverte sur la plage de Querqueville. Certains scientifiques ont vite conclu à un cadavre de requin. Beaucoup d’autres pensèrent à un nouvel animal. Mais le mauvais état de l’animal ne permit pas d’études plus poussées

 

La bête de Querqueville avait huit mètres de long, un cou allongé comme celui d’une girafe, une tête pareille à celle d’une tortue ; de fortes nageoires, dont une dorsale, toute couvertes de poils... Des savants l’examinèrent et y perdirent leur latin.

 

« C’est un cétacé », disait l’un. « Pas du tout, disait l’autre, c’est un poisson. » Un vieux marin, qui a bourlingué au temps des grands voiliers sur toutes les mers du monde, est venu à son tour. « C’est le vrai serpent de mer, a-t-il dit. Nous sommes plus d’un qui l’avons vu au cours de nos croisières. Mais celui-ci est un petit, a-t-il ajouté, il y en a qui ont jusqu’à quatre fois cette taille... »

 

 
     
 

La légende du serpent de mer

La France Pittoresque 2012

 

On a beaucoup plaisanté à propos du serpent de mer. C’est la faute d’un journal du temps de Louis-Philippe, le Constitutionnel, dont le directeur, le docteur Véron, était un personnage volontiers facétieux. Quand il manquait d’informations sensationnelles, il faisait venir un de ses rédacteurs :

 

« Faites donc, lui disait-il,

un article pour annoncer qu’on vient

de rencontrer le grand serpent de mer

entre Calais et Douvres. »

 

La nouvelle secouait un instant l’apathie de l’opinion. Mais, comme elle se reproduisait trop souvent, on avait fini par en rire, et l’on ne croyait plus à l’existence du serpent de mer

 

Louis Véron, directeur du Constitutionnel

 
   

 
 

Pourtant, il est bien certain que le serpent de mer n’est pas un mythe. Sans doute, il faut faire, dans tout ce qui a été raconté sur cet animal fantastique, la part de la légende.

 

Or, la légende du serpent de mer est vieille comme le monde. On la trouve particulièrement dans les traditions norvégiennes.Tout le monde, en Scandinavie, croyait au serpent de mer. Pontoppidan, évêque de Bergen, en 1752, affirme que, toutes les fois qu’il mettait en doute l’existence du serpent de mer, chacun souriait comme on aurait souri s’il avait eu l’idée de douter de l’existence de l’anguille ou du hareng.

 

L’archevêque d’Upsal, Olaüs Magnus, décrit le serpent de mer qui sort la nuit des rochers aux environs de Bergen ; il a, dit-il, une crinière, le corps couvert d’écailles, il se rue sur les navires, « happant et traînant à lui tout ce qu’il trouve ». Les écrivains scandinaves parlent sans rire des six cents pieds de longueur du serpent de mer, de son épaisse cuirasse d’écailles. Sa tête, disent-ils, ressemble à celle du cheval. Tous lui attribuent « une épaisse crinière, phosphorescente dans la nuit ».

 

Dans la relation du second voyage au Groenland de Paul Egède, on lit que les marins, un jour, aperçurent un monstre s’élevant haut au-dessus de la mer, si haut que sa tête atteignit l’élévation du mât. Cette tête était pointue et le serpent rejetait de l’eau par un évent dont l’orifice était placé au sommet de la tête. Il n’avait point de nageoires mais des immenses oreilles qu’il agitait comme des ailes pour maintenir hors de l’eau la partie supérieure du corps.

 

Une autre description d’un voyageur nous donne des détails sur le serpent de mer qui, comme il est advenu ces jours derniers à la bête étrange de Querqueville, alla naguère s’échouer mort sur une plage des îles Orcades. Celui-ci avait quatre-vingts pieds de long et quatorze de circonférence. Il portait une crinière longue et hérissée depuis le sommet de la tête jusqu’à la queue. Dans la nuit, cette crinière était lumineuse ; elle ternissait au jour. Deux espèces de nageoires de cinq à six pieds de longueur, et dont la forme tenait à la fois des ailes et des oreilles velues, se détachaient des côtés latéraux de la tête... La véracité de cette description fut constatée par des procès-verbaux dressés devant les autorités locales.