HISTOIRE DES METIERS
   
  Les poids et mesures  sous l’Ancien Régime
         
 

Il y a deux cents ans, la loi du 18 Germinal An III (7 avril 1795) instituait le système métrique ; il ne fut rendu obligatoire que sous la monarchie de juillet par la loi du 4 juillet 1837. La plus joyeuse anarchie régnait précédemment, puisque les mesures variaient d’une province à l’autre, d’une ville à l’autre et même d’un village à l’autre.

 

Dans le domaine des mesures de capacité pour les grains, on atteignait des sommets dans l’absurde. En effet, chaque mesure pouvait être rase quand le grain ne dépassait en aucun point les bords de la mesure, elle pouvait être comble quand elle contenait tout le grain qu’elle pouvait porter sans qu’il se répandît par terre, elle pouvait enfin être « chauchée » quand le grain était tassé au pied.

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Quelquefois les mesures n’avaient pas la même grandeur selon le grain que l’on mesurait : ainsi à Beaujeu, vers 1480, quatre petites mesures d’orge valaient trois bichets, alors que quatre petites mesures de seigles ne valaient que deux bichets.

 

Ces quelques exemples montrent à l’envie l’extrême complexité de la question et l’humilité et la prudence dont on doit faire preuve quand on l’aborde.  

 

La lecture des documents anciens, notamment les actes notariés, est souvent rendue difficile par l’abondance des références à des unités complexes de poids et mesures.

 

On distingue : les mesures de longueur, les mesures de surfaces, les mesures de capacité, les poids.

 
     
 
 
     
 

Mesures de longueur

 

Le pied de roi : 0, 32483 m (censé être la mesure du pied de Charlemagne : 12 pouces). Il se subdivise en 12 pouces, le pouce (2,706 cm) en 12 lignes, la ligne (0,226 cm) en 12 points (le point =0,188mm). De 1812 à 1840, le pied métrique était de 0,33 m., le pouce métrique de 0,0275 m. et la ligne de 0,0023 m. Voir aussi le pied carré, le pouce carré.

 

L’aune : elle était utilisée surtout pour mesurer les étoffes.

 

L’aune de Paris : 1 m 1884 (soit 3 pieds 8 pouces)

 

L’aune de Bordeaux : 1 m 4561

 

L’aune de Troyes : 0 m 812...

 

La brasse : utilisée dans la marine. Il s’agit d’une longueur de corde entre les bras étendus. Elle varie de 7, 6 à 5 pieds (1,624 m).

 

La toise : du latin tensa, « étendue ». Elle était d’environ 6 pieds, soit 1,949 m. De 1812 à 1840, la toise métrique était de 2 m. Voir aussi la toise carée.

 

La canne : utilisée en Provence, elle valait environ 1,98765 m. (mais 2,01265 à Marseille)

 

La perche de Paris : elle équivalait à 18 pieds, soit environ 5,8471 m. Voir aussi la perche de Paris (mesures de surface).

 

La Perche ordinaire : cette mesure était égale à 20 pieds, soit 6,496 m.

 

La perche des eaux et forêts : 22 pieds, soit 7,1464 m. Voir aussi la perche des forêts (mesures de surface).

 

Le pas : 0,624 m.

 

La lieue de Paris : (du gaulois leuca, « distance entre deux pierres »). Jusqu’en 1674, elle valait 1 666 toises. De 1674 à 1737, elle représente 2 000 toises, soit 3,898 km. En 1737, elle mesure 2 400 toises pour les tarifs du transport de grains, 2 000 pour les Ponts et Chaussées, et 2 200 pour les Postes.

 

La lieue marine : 3 milles marins, soit 5 556 m.

 

Le mille marin : 1 852 m.

 

L’encâblure : cette unité marine représentait 1/10 mille, soit 185,2 m

 
         
 

Mesures de surfaces

 

Le journal : c’était l’unité de superficie la plus utilisée sous l’Ancien Régime. Il s’agissait de la quantité de terre qu’une charrue pouvait labourer, ou qu’un homme pouvait travailler, ou la quantité de pré qu’il pouvait faucher, etc. en une journée.

 

Le journal de Paris : 32 ares 86

 

Le journal de Bordeaux : 31 ares 93...

 

L’arpent : (du gaulois arepenn, « portée de flèche »). Cette autre mesure agraire était également très usitée.

L’arpent de Paris : 100 perches carrées de 18 pieds de côté, soit 34,19 ares, soit 3 417 m2.

 

L’arpent commun : 42,21 ares, soit 4 221 m2

 

L’arpent du roi ou d’ordonnance : 51,07 ares

 

L’arpent des eaux et forêts : 100 perches carrées de 22 pieds de côtés, soit 48 400 pieds carrés, soit 5 104 m2.

 

La perche des forêts : 22 pieds de côté, soit 484 pieds carrés, soit 51,04 m2.

 

La perche de Paris : 18 pieds de côté, soit 324 pieds carrés, soit 34,17 m2.

 

La toise carrée : 36 pieds, soit 3,796 m2.

 

Le pied carré : 144 pouces, soit 0,10546 m2.

 

Le pouce carré : 0,0007323 m2.

 

La verge : (du préceltique vège, « champ plat », contaminé par vergée, « terrain mesuré à la verge »). Elle correspond à 1/4 d’arpent, soit 1 276 m.

 

L’acre : correspond à 2 arpents ou 4 vergées.

 

L’ânée : il s’agit de la quantité de terre pouvant être ensemencée avec la charge normale d’un âne, soit environ 7 arpents.

 

Le bonnier : en moyenne 128 ares en Flandre et Artois.

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La rasière ou mencaudée : c’est la quantité de terre pouvant être ensemencée avec le grain contenu dans une rasière, soit environ de 35 à 45 ares.

 

L’hommée, la bicherée, la coupée, l’ouvrée, la quarterée, la séterée, la poignerée : ce sont des quantités de terre pouvant être ensemencées avec le grain contenu dans une quartière, un setier, une poignère, un boisseau, une émine (la moitié du setier).

 

L’éminée : en moyenne 8 ou 9 ares en Provence.

 

La salmée : en moyenne de 63 à 70 ares.

 
         
 

Mesures de capacité

 

Le boisseau : (dérivé de boisse, bas-latin bostia et gaulois bosta, « creux de la main ». C’était la mesure la plus utilisée pour les grains (blé, avoine, seigle) ou pour le sel, le charbon de terre et le charbon de bois.

 

Le boisseau de Paris : environ 16 litrons, soit 13 litres

 

Le boisseau de Bordeaux : 78,808 litres

 

Le boisseau de Saint-Brieuc : 33,86 litres

 

Le setier : 12 boisseaux, soit 152 litres. Voir aussi la chopine.

 

L’émine : 1/2 sétier, soit 78 litres.

 

Le minot : (diminutif de mine, du gréco-latin hemina, « mesure de 28 cl ». Correspond à 6 boisseaux pour l’avoine et le charbon de terre, 4 boisseaux pour le sel, 3 boisseaux pour le blé et 2 boisseaux pour le charbon de bois.

 

Le muid : (du latin modius, « mesure »). Elle correspond à 12 sétiers, soit 1 872 litres pour les matières sèches et à 2 feuillettes, soit 274 litres pour les matières liquides (le muid de Bourgogne = 268 litres.).

 
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Le litron : 0,79 litres

 

La chopine ou sétier : (du latin sextarius, « sixième »). Elle valait 0,476 litre.

 

La pinte : 2 chopines, soit 0,9305 litre.

 

Le pot ou quade (cade) : 2 pintes, soit 1,861 litre (2,2648 litres à Bordeaux).

 

La velte : (du latin médiéval gualguita, « petite jauge ». elle correspond à 8 pintes, soit 7,62 litres.

 

Le quartaut : 9 veltes, soit 68,5 litres.

 

La feuillette : il s’agit d’un tonneau marqué d’une feuillure « entaille de jauge ». Elle correspond à 2 quartauts, soit 137 litres.

 

La mesure : en Alsace, elle valait 64 pintes de Paris.

 

La barrique : a Bordeaux, elle valait 32 veltes et environ 110 pots bordelais.

 

La pipe : a Paris, elle correspond à 1 muid et demi, soit 432 pintes. En Bretagne, elle sert de mesure de grains (40 boisseaux).

 

La ruche : en Normandie, cette mesure correspond à 25 pots. Le demeau est la moitié d’une ruche.

 

La queue : en Champagne, elle valait environ 266 litres (mais 396 litres à Reims).

 

Le scandal : de 12 à 20 litres en Provence, selon les localités. Elle servait pour l’huile.

 

La foudre : 4 muids, soit 1 072 litres.

 

Note : Les mesures de froment et de seigle sont « rases », mais celle d’avoine sont « combles », d’où une augmentation d’1/3.

 

Poids

 

La livre : 489,5 grammes. Elle était divisée en 2 marcs (le marc = 8 onces, soit 4 608 grains, soit 244,75 g.), ou en 16 onces, ou en 9 216 grains. L’once (8 gros, soit 30,59 g.) en 8 gros, et le gros (3 deniers soit 3,824 g.) en 8 grains. La livre se divisait aussi en 4 quarterons, et le quarteron (122,4 g.) en 4 onces. A Lyon, la livre ne comprenait que 13 onces trois quart (15 pour la soie).

 

Le grain : 53 mg., soit 0,053 g.

 

Le denier ou scrupule : 24 grains, soit 1,275 g.

 

Le quintal : 100 livres, soit 48,95 kg.

 

Le millier : 1 000 livres, soit 489,5 kg.

 

Le tonneau de mer : 2 000 livres, soit 979 kg

 
         
 

Les anciennes mesures en NORMANDIE

 

Toutes ces anciennes mesures ont disparu avec l'adoption du système métrique.

 

Les mesures de longueur

 

La ligne 11 lignes = 2,2558 cm 12 points

Le pouce 2,707 cm 12 lignes

Le pied 32,484 cm 12 pouces

La toise 1,94904 m 6 pieds

La perche* linéaire 5,19745 m 16 pieds

La perche* de PARIS 5,84713 m 18 pieds

La perche* des Eaux et Forêts 7,14644 m 22 pieds

La Perche* linéaire NORMANDE 7,79618 m 24 pieds

L'aune 1,188 m  

Lieue "grande lieue" 4,67757 km 2400 toises

Lieue commune 4,44938 km 2283 toises

Lieue "petite lieue" ou "lieue de poste" 3,89807 km 2000 toises

 

* Il y a parfois aussi des Perches avec des pieds de 11 pouces. Cette longueur de 11 pouces est très peu utilisée ainsi que la Perche linéaire de 16 pieds d'11 pouces.

 

Les mesures de contenance

 

La pinte  0,931 litre (mesure de PARIS)  

Le pot 1,862 litre 2 pintes

La ruche 46,55 litres (~ 50 litres de sel dans les salines de NORMANDIE 25 pots

La barrique de 180 à 200 litres entre 100 et 110 pots

Le welte ou velte 7,44 litres 1 septier

Le septier ou setier 7,44 litres 8 pintes

Le muid de 180 à 200 litres 1 barrique

 

Décret relatif aux poids et aux mesures.

18 germinal an 3 (7 avril 1795)

 

On appellera :

 

Mètre, la mesure de longueur égale à la dix-millionième partie de l'arc du méridien terrestre compris entre le pôle boréal et l'équateur.

 

Are, la mesure de superficie, pour les terrains, égale à un carré de dix mètres de côté. Stère la mesure destinée particulièrement aux bois de chauffage, et qui sera égale au mètre cube.

 

Litre, la mesure de capacité, tant pour les liquides que pour les matières sèches, dont la contenance sera celle du cube de la dixième partie du mètre.

 

Gramme, le poids absolu d'un volume d'eau pure égal au cube de la centième partie du mètre, et à la température de la glace fondante.

 

Enfin, l'unité des monnaies prendra le nom de franc, pour remplacer celui de livre usité jusqu'aujourd'hui.

 

Au lieu des tables des rapports entre les anciennes et les nouvelles mesures, qui avaient été ordonnées par le décret du 8 mai 1790, il sera fait des échelles graphiques pour estimer ces rapports sans avoir besoin d'aucun calcul. L'agence est chargée de leur donner la forme la plus avantageuse, d'en indiquer la méthode, et de la répandre autant qu'il sera nécessaire.

 

Le Bureau international des poids et mesures

 

Le Bureau international des poids et mesures (B.I.P.M.) voit le jour en 1875, lors d’une conférence internationale diplomatique ; cette dernière aboutit, le 20 mai 1875 à la signature par les plénipotentiaires de 17 Etats du traité connu sous le nom de Convention du mètre.

 

La mission initiale du BIPM était d'assurer l'établissement du Système Métrique dans le monde entier par la construction et la conservation des nouveaux prototypes du mètre et du kilogramme, de comparer les étalons nationaux à ces prototypes, et de perfectionner les procédés de mesure afin de favoriser les progrès de la métrologie dans tous les domaines.

 

Néanmoins, le BIPM s'est progressivement orienté vers l'étude des problèmes métrologiques et des constantes physiques qui conditionnent l’exactitude des mesures lors de la définition des unités (tel que la thermométrie par exemple), puis au fil des développements industriels, ses attributions ont été étendues à de nouveaux domaines : les unités électriques (1937), photométriques (1937) ou les étalons de mesure pour les rayonnements ionisants (1960)

 
     
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