LE DONJON D'AVRANCHES
     
 PHOTOGRAPHIES EFFONDREMENT DU DONJON
     

Avranches, CPA collection LPM 1900

 

Le donjon d'Avranches

Un mystère historique...

David NICOLAS-MÉRY 2002

 

5. Les photographies de l'effondrement par Hodiesne

 

Ces trois photographies furent retrouvées, en 1998, lors du rangement de cartons non traités des Archives municipales d'Avranches. Et je reconnais qu'elles sont, en partie, à l'origine de cette étude du donjon. Ces clichés ont été pris peu après l'effondrement et sont signés par un photographe exerçant à Avranches à l'époque. Le chanoine Pigeon connaissait ces clichés, peut-être même en était-il le commanditaire. Ils présentent un grand intérêt pour la compréhension des vestiges qui subsistent et restituent une partie de l'espace intérieur du donjon. Chacune de ces images est prise sous un angle différent et apporte des renseignements complémentaires. Pour plus de clarté j'ai cru bon de les nommer respectivement PH1, PH2 et PH3.

     

L'image PH1

 

L'image PH1 est sans doute prise depuis la fenêtre d'une maison de la rue des Fossés, en plongée vers le bas de la rue Neuve d'Office percée en 1848. On devine assez bien la hauteur du bâtiment et le muret qui entourait la terrasse du télégraphe. Il est, à mon avis, assez pertinent de comparer cette image à un dessin réalisé par le chanoine Pigeon.

 

Le point de vue choisi par ce dernier est quasi similaire à celui de Hodiesne, mais son exécution remonte avant l'effondrement. Ce croquis montre de quelle manière les maisons voisines venaient s'adosser au donjon. D'autre part le chanoine a représenté, telle qu'il l'a vue, la face est du bâtiment. C'est cette face qui est en ruine sur la photographie. Il mentionne, dans les maçonneries figurées, une ouverture cintrée comportant de la brique, ainsi qu'un contrefort circulaire. Quoi qu'il en soit, sur l'image PH1, cette façade orientale n'existe plus! Par contre son absence révèle un autre mur, également orienté nord-sud. Ce mur est traversé par une ouverture; c'est sans aucun doute le passage utilisé par le propriétaire de la maison voisine pour accéder à la fameuse salle voûtée, interne au bâtiment.

 

L'image PH1

     

L'image PH2

 

L'image PH2 est la seule à avoir été publiée et utilisée par Monique Levalet. La photographie est prise du haut de la tour Saint-Louis, le matin de l'effondrement ou très peu de temps après l'événement. Le photographe est tourné vers le nord. La masse des gravats est considérable.

 

Rien n'a encore été déblayé. Une voûte "émerge" des décombres. Cette image est essentielle car le mur de courtine, visible sur la droite, nous donne une échelle assez précise du site. Dans l'épaisseur du mur est, au même niveau que la voûte, le sommet d'une galerie est parfaitement identifiable.

 

Cette galerie ressemble à une "gaine", qui aurait permis, jadis, de circuler à l'intérieur du mur; et cette gaine aurait pu également communiquer avec la courtine qui prolonge le donjon au nord-est. Grâce à cette image PH2, je dois bien avouer que la confrontation avec le site actuel est édifiante.

 

L'image PH2

     

L'image PH3

 

Pour réaliser l'image PH3 le photographe s'est installé, cette fois-ci, au pied des ruines; c'est une vue en contre plongée depuis le bas de la rue Neuve d'Office. Un certain temps s'est écoulé depuis la réalisation de PH1 et PH2, une quantité considérable de gravats a été dégagée. On aperçoit maintenant, grâce à un plan serré, les deux faces intérieures découvertes par l'effondrement.

 

La terrasse du télégraphe, ou ce qu'il en reste, est parfaitement visible. En dessous de ce niveau extérieur, une salle se distingue nettement. Il s'agit du niveau comblé à une époque inconnue, suite à un premier affaissement.

 

Il est aisé de mesurer l'importance du remblai reposant sur la modeste pièce voûtée à présent découverte. Ce local n'est autre que celui évoqué par la presse locale peu avant sa destruction. Le mur massif, destiné à renforcer le voûtement, témoigne des efforts consentis par les occupants afin d'éviter sa ruine.

 

L'autre élément tout à fait remarquable est la galerie qui court dans le mur nord de l'édifice, au niveau supérieur. Cette gaine semble elle aussi communiquer avec la courtine. La paroi extérieure du mur nord semble s'évaser comme pour mieux s'y raccrocher. La gaine, observée sur PH2 dans l'épaisseur du mur est, était sans doute identique à celle-ci. Je suis également convaincu, devant ces indices, que la courtine du XIIIe était bien pourvue de gaines de circulation, et que ces dernières communiquaient avec le donjon. Je suggère également qu'il devrait être assez aisé d'accéder à l'intérieur de cette courtine en procédant à quelques percements.

 

Sur cette image, le mur qui clôturait le bâtiment à l'ouest, parallèlement au mur est, est lui aussi dégagé. Il comporte trois importantes ouvertures, ici plus ou moins obturées. Deux sont au niveau supérieur, une au niveau inférieur.

 

Étant donné l'appareil fort ancien, en opus spicatum, dans lequel elles sont comprises, ces ouvertures doivent être contemporaines de la construction du donjon. D'autre part ces percements ne ressemblent pas à de simples fenêtres donnant vers l'extérieur, à l'ouest, mais font franchement penser à de véritables "passages", à travers un mur de refend. Bien entendu, aucun espace n'existe plus derrière notre mur lorsque sont prises ces photographies.

 

Toutefois, si d'autres éléments venaient étayer cette 'hypothèse d'un mur de refend interne', l'édifice verrait son volume originel considérablement accru, au regard de ce qui était convenu jusqu'alors.

 

Aussi, dès à présent, puisque ces indices existent bien, je décide d'appeler et de considérer ce mur comme "de refend".Aujourd'hui, ce dernier est presque totalement détruit; toutefois, on voit assez bien, au centre de la fig 18, la façon dont il se prolongeait vers le sud.

 

Figure 18

 

L'image PH2 sous le même angle aujourd'hui

 

L'image PH3

 

Détail de la rue interne au mur Nord

 

Les passages dans le mur de refend