|
||||||||||||||||||||||||||||||
Joseph Athanase Paul Doumer, né le 22 mars 1857 à Aurillac (Cantal) et assassiné le 7 mai 1932 à Paris, figure importante de la IIIe République de par son élection, en 1931, à la présidence de la République.
Origines
Paul Doumer est issu d'une famille modeste du Quercy, dont les membres sont habituellement manouvriers ou cultivateurs. Il est le dernier enfant de Jean Doumer, né en 1814, et de Victorine David, née en 1823. Il a deux sœurs : Renée (1854) et Thérèse (1855).
Lors de sa naissance, son père est poseur de rails de la Compagnie des chemins de fer d'Orléans. Peu après, la famille quitte Aurillac pour Paris ; Jean Doumer meurt et sa veuve travaille comme femme de ménage. Paul est scolarisé à l'école communale de la rue Ramey.
Ascension sociale 1869-1885
Paul Doumer est un cas exceptionnel d'ascension sociale par l'école
Après avoir obtenu le certificat d'études, il commence à travailler à 12 ans comme coursier ; il devient ensuite ouvrier graveur dans une fabrique de médailles.
Il étudie au Conservatoire national des |
|
|||||||||||||||||||||||||||||
arts et métiers. Il est reçu au baccalauréat ès-sciences et obtient, en 1877, une licence de mathématiques.
En 1878, il obtient une licence de droit.
Il entre dans l'enseignement comme répétiteur.
En 1877, il est nommé professeur de mathématiques au collège de Mende.
En 1878, il épouse Blanche Richel, dans la famille de laquelle il logeait pendant ses études. De leur mariage naîtront huit enfants :
En 1879, il est nommé au collège de Remiremont (Vosges), où il reste jusqu'en 1883. Parallèlement, il entre grâce à son beau-père, ancien inspecteur primaire dans l'Aisne, en contact avec des personnalités parisiennes : l'historien Henri Martin et l'archéologue William Waddington, sénateurs de l'Aisne. Il écrit quelques articles à l'occasion de ses vacances. En 1883, il quitte l'enseignement pour raisons de santé et devient rédacteur en chef du journal Le Courrier de l'Aisne à Saint-Quentin. Il est sur une ligne très radicale, de sorte qu'à la mort d'Henri Martin, la direction du journal l'oblige à démissionner. Il fonde alors La Tribune de l'Aisne. |
||||||||||||||||||||||||||||||
Débuts dans la politique 1885-1896
Aux élections municipales de 1885, il se présente sur une liste qui obtient la majorité. Il devient conseiller municipal et est remarqué par Charles Floquet qui en fait son chef de cabinet.
En 1888, à l'occasion d'un scrutin partiel, il est élu député de la circonscription de Laon. À la Chambre, il siège dans les rangs de la gauche radicale.
Il est cependant battu lors des élections générales de septembre 1889. Il se présente alors à un autre scrutin partiel en 1890 à Auxerre et est élu au deuxième tour ; il est réélu aux élections de 1893.
En 1894, il est à l'origine avec Godefroy Cavaignac d'un projet d'impôt sur le revenu, soutenu par Jean Jaurès, mais repoussé par la Chambre.
Il se fait remarquer en 1895 comme rapporteur du budget des Colonies par une étude sur la situation financière de l’Annam et du Tonkin, et dès cette époque, on pense à lui pour occuper le poste de gouverneur général de l'Indochine, que son titulaire, Rousseau, souhaite quitter.
En novembre 1895, il est nommé ministre des Finances, dans le ministère Léon Bourgeois, qui est renversé quelques mois plus tard, en avril 1896.
Suite au décès du gouverneur général de l'Indochine, Jules Méline lui offre de prendre ce poste. Paul Doumer est nommé le 28 décembre 1896 et remplacé à la Chambre par Bienvenu-Martin. L'Indochine 1896-1902
Gouverneur général de l'Indochine de 1897 à 1902, où il succède à Armand Rousseau, il réorganise la structure de la colonie en basant le gouvernement à Hanoï où il fait construire une nouvelle résidence, et en créant les différents budgets de l'Union indochinoise.
Il se fit également construire la Villa Blanche au Cap Saint-Jacques, lieu de villégiature prisé des coloniaux de Cochinchine. |
|
|||||||||||||||||||||||||||||
Sur le plan des infrastructures, il est un ferme partisan de la construction du chemin de fer Transindochinois (achevé en 1937) dont l'essentiel du plan du réseau avait été dressé par son prédécesseur, Armand Rousseau (1835-1896), polytechnicien "X Ponts". Armand Rousseau avait servi en 1867 comme ingénieur du port de Brest, en 1870 comme officier du Génie (durant la guerre), directeur des routes et de la navigation au ministère des Travaux publics de 1876 à 1881 et comme membre de l'inspection générale des Ponts et Chaussées en 188 avant de gagner l'Indochine. Ce fils de saint-simonien convaincu avait fait réaliser un plan ferroviaire qu'il n'eut pas le temps de s'attribuer, la mort venant brutalement le faucher. Doumer, successeur immédiat de Rousseau, s'attribue immédiatement un plan sur lequel il n'a plus qu'à apposer sa signature.
Ses services font achever les travaux du port de Haïphong, commencés sous le mandat de Paul Bert par le groupe lyonnais dirigé par le soyeux Ulysse Pila (1837-1909) (Klein, 1994, 1998, 2002). |
||||||||||||||||||||||||||||||
Hanoï est la première ville d'Asie à avoir l'électricité, Paul Doumer étant un des premiers administrateurs de la Compagnie Générale d'Électricité (fondée par Pierre Azaria).
Il entérine le souhait du pasteurien Alexandre Yersin de construction d'un premier sanatorium à Dalat, étudié par Eric Jennings.
Suite aux conseils prodigués par de remarquables agronomes (Auguste Chevalier) et spécialistes des questions économiques (H. Brenier) qu'il a dû engager, Doumer est favorable à l'acclimatation de l'hévéa, dont la culture est déjà importante en Malaisie britannique et aux Indes néerlandaises dans les terres récemment conquises de Sumatra
Sa principale réalisation est le chemin de fer du Yunnan pour lequel il obtient un emprunt de 200 millions de francs-or
Carrière parlementaire 1902-1931
À son retour d'Indochine en 1903, il entre en contact avec l'historien et écrivain André Lichtenberger, qui devient son assistant. André Lichtenberger est son chef de cabinet alors que Paul Doumer est président de la Chambre des députés et ils fondent ensemble un périodique appelé L'Opinion
Réélu député de l’Yonne en 1902, il est placé à la tête de la commission des Finances. Ayant évolué avec son retour en politique, il fait dès lors figure de modéré et ses anciens compagnons de la gauche radicale le considèrent comme un renégat. Il remporte le 10 janvier 1905 la présidence de la Chambre des députés contre le président sortant, Henri Brisson, une partie de la droite modérée ayant voté pour lui. Lors de son élection il promet de « rendre plus fécond le travail législatif ». Particulièrement apprécié grâce à son ardeur au travail et malgré une austérité quelque peu ostentatoire, sa courte présidence ne lui laisse pas le temps de mettre en œuvre ses projets, puisqu’à la fin de la législature, le 31 mai 1906, il cède sa place au « perchoir » à Henri Brisson. |
||||||||||||||||||||||||||||||
Carte du Chemin de fer du Yunnan |
||||||||||||||||||||||||||||||
Il perd son siège de député en 1910, mais revient au Parlement en 1912 comme sénateur de Corse. En août 1914 il se met à la disposition du général Gallieni en ces termes :
« Je sais commander ;je saurai donc obéir »,
et ce dernier le charge d’assurer la liaison avec le Gouvernement replié à Bordeaux. Il est nommé ministre d’État du premier cabinet Painlevé de septembre à novembre 1917, devient rapporteur général du budget à la fin de la guerre, puis par deux fois ministre des finances dans les septième et huitième cabinets Briand.
Il fait partie de la Commission de l'Armée du Sénat pendant la Première Guerre mondiale.
Dans les années 1920, il participe au Cartel des gauches, au sein duquel il représentait le secrétaire général du Parti radical.
Il préside le Sénat de janvier 1927 jusqu’en juin 1931, date à laquelle il est investi de ses fonctions présidentielles.
Président de la République 1931–1932
Sa carrière culmine avec son élection à la présidence de la République le 13 mai 1931. Il s'agit d'une belle revanche politique et personnelle pour le président du Sénat, qui fut battu vingt-cinq ans plus tôt par le démocrate Armand Fallières, lors de l'élection présidentielle de janvier 1906. |
||||||||||||||||||||||||||||||
En compagnie de son épouse, l'élégante Blanche, le nouveau président de la République prend ses appartements au palais de l'Élysée. Le couple présidentiel y réside, en compagnie de sa plus jeune fille, Germaine, et de son gendre.
Le nouveau chef de l'État, dès lors, souhaite offrir à la fonction présidentielle, un prestige moral et un rôle moins politique. On voit ainsi le président Doumer inaugurer des expositions et prononcer des discours à l'occasion de fêtes populaires. C'est à cette époque que l'expression « inaugurer les chrysanthèmes », traduisant le fait qu'un personnage public n'a guère de pouvoirs étendus sinon d'inaugurer quelques expositions et de prononcer quelques discours, fait son apparition.
En inaugurant une exposition sur l'aviation, en Seine-et-Oise, le 2 avril 1932, le président Doumer, s'étonnant de l'impressionnant dispositif de sécurité mis à sa disposition, confie, amusé, à Léon Noël, directeur de la Sûreté générale et secrétaire général du ministère de l’Intérieur, cette petite phrase « À mon âge, après tout, ce serait une belle fin que de mourir assassiné ». |
Caricature de Paul Doumer |
|||||||||||||||||||||||||||||
L'assassinat
Le 6 mai 1932, le président Doumer se rend à l'hôtel Salomon de Rothschild, afin d'inaugurer une grande exposition consacrée aux écrivains de la Grande guerre.
Le chef de l'État salue courtoisement les écrivains présents et achète quelques livres, dans le but de les offrir à son épouse. Alors que le président de la République converse avec l'écrivain Claude Farrère, plusieurs coups de feu retentissent. L'assassin a utilisé un pistolet Browning S 15 cm, conservé au Musée de la Préfecture de Police. Deux de ces coups de feu atteignent le président à la base du crâne et à l'aisselle droite. Il s'écrie « Tout de même ! », puis s'effondre au beau milieu de l'assistance, médusée, et se retrouve face à Paul Gorgulov, l'auteur des coups de feu, déstabilisé par Farrère qui, après avoir tenté de sauver le président en détournant l'arme du criminel, est blessé au bras. |
||||||||||||||||||||||||||||||
Une quatrième balle se fiche dans le décor. L'agresseur de Doumer est immédiatement maîtrisé par les inspecteurs de la Sûreté, puis arrêté.
Le chef de l'État est immédiatement transporté à l'hôpital Beaujon, qui était alors situé à quelques pas du lieu de l'agression, au no 208 rue du Faubourg-Saint-Honoré Mal soigné, victime d'une hémorragie sévère due à la section de l'artère axillaire, Paul Doumer meurt le lendemain à 4 heures 37 du matin.
Après avoir appris la mort de son époux, Blanche Doumer, à laquelle les autorités avaient proposé d'inhumer le président défunt au Panthéon, déclare : « Je vous l'ai laissé toute sa vie. Alors maintenant, s'il vous plaît, laissez-le moi. »
Des funérailles nationales sont organisées en hommage au défunt président, à Notre-Dame de Paris, ainsi qu'au Panthéon. Doumer est inhumé, dans l'intimité, dans le caveau familial du cimetière de Vaugirard.
Gorgulov est condamné, puis guillotiné le 14 septembre. |
|
|||||||||||||||||||||||||||||