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La récupération de places privilégiées En contrepartie, ces situations ont parfois valu aux moulins à vent d’être reconvertis en tours de guet plus ou moins légendaires, en amers, en fanaux ou signaux (fig. n°10), en plates-formes de tir ou plus récemment encore en belvédères [25] qu’annonçaient déjà les micro-toponymes Beauregard (Sainte-Marie-du-Mont) ou Haut-Regard (la Haye-du-Puits). Par ailleurs, bien a-vant les éoliennes, des châteaux d’eau ont investi nombre de places de moulins ou leurs a-bords, offrant l’opportunité, toutes proportions gardées, d’entrevoir la place qu’occupait unearchitecture d’autant plus os-tensible qu’animée : « Vous é-tiez alors comme les senti-nelles de cette terre promise […] gigantesques caônes que de loin je voyais tourner, tan-tôt lentement, tantôt brus-quement » [26]. | ||||||||
Fig. 10 - L’Epivent des landes de la Pernelle reconverti en « signal » ? [Plan de la rade de la Hougue (détail)], fin XVIIIe siècle. Phot. B. Canu, 2004. Service Historique de la Défense de Cherbourg (2K157-3465) © Service Historique de la Défense de Cherbourg | ||||||||
Nuances géographiques
Toutefois, l’altitude - toute relative ici- n’a pas déterminé chaque implantation et si les moulins abondaient sur les crêtes et collines du Bauptois et de la Côte des Isles comme sur les coteaux et plateaux du Plain et, dans une moindre mesure, en raison de la densité du réseau hydrographique, de la Hague et du Val-de-Saire, « l’effet colline » a également profité à des installations proches du niveau de la mer : sur le littoral d’abord mais sans commune mesure avec les grèves bretonnes de la Baie du Mont-Saint-Michel mais aussi sur les bordages (rives) ou les hougues (buttes) des corridors de marais. A l’instar du moulin à vent de rempart établi sur le bastion nord de l’Isle-Marie à Picauville, les moulins du Castel à Saint-André-de-Bohon, en position quasi-insulaire en périodes de crue, devaient offrir du haut-pays voisin un spectacle d’autant plus impromptu que les flancs de la motte féodale portaient trois édifices, appartenant de surcroît à deux types différents. Aussi, n’y eut-il guère que le cœur du Bocage, suffisamment irrigué pour se satisfaire de roues, à avoir été quasiment dépourvu de moulins à vent : quelques unités seulement, dont deux à plus de cinq siècles d’écart, la première sur le Mont d’Huberville, la seconde à Bricquebec en surplomb de l’abbaye de la Trappe, ont pu y être recensées.
Les concentrations
A contrario, sur les zones les plus densément plantées de tours, la proximité d’ateliers dut assurément amplifier les effets visuels. Si les tours isolées ou éparses furent majoritaires, en dépit d’aveux mentionnant, en plus des édifices avérés, d’énigmatiques « places de moulins » [27], quelques-unes, au nombre de deux et plus souvent trois (cf. fig. n°1 et 15), s’alignaient ouse groupaient, plus spécialement à l’ouest où subsistent les batteries dé-couronnées de Besneville et des Moi-tiers-d’Allonne. Encore ces deux tria-des ne doivent-elles leur pérennité qu’à l’ajout d’unités modernes à une tour d’Ancien Régime : les moulins à vent ne disposant pas des capacités d’agrandis-sement de leurs confrères hydrauli-ques, promoteurs et meuniers surent en revanche tirer parti au XIXe siècle d’une réelle liberté juridique pour multiplier les ateliers. | ||||||||
Le vieux moulin de Saint Germain des Vaux, collection CPA LPM 1900 | ||||||||
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