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MONTEILLE | ||
Le château du Mont-de-la-Vigne est une puissante forteresse de la fin du XVème siècle établie sur une éminence naturelle isolée en fond de vallée, situation peu fréquente en pays d'Auge. Edifiée sur une large plate-forme enclose de murs et de fossés encore bien conservés, il est flanqué de deux grands bâtiments en colombage du XVIIème siècle, d'un chartrier et d'une chapelle.
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CHATEAU DE MONT-A-LA-VIGNE | ||
De Caen à Bernay par monts et par vaux : itinéraire pour ceux qui se par Arcisse de Caumont MONT-A-LA-VIGNE. — L'éminence que nous apercevons devant nous est celle du Mont-à-la-Vigne : dirigeons nous de ce côté. Le château du Mont-à-la-Vigne n'a plus sa sévérité d'autrefois. Une tourelle et quelques détails montrent seulement ce qu'il fut, et les. annales des guerres de religion attestent qu'il a joué un rôle au XVIe. siècle.
J'ai lu quelque part que le seigneur auquel il appartenait alors faisait des prisonniers pour les rendre, moyennant rançon, à leurs familles. Ce petit commerce était malheureusement trop souvent usité à cette époque,et les guerres de religion n'avaient rien de religieux dans leurs procédés.
Aujourd'hui, le château du Mont-à-la-Vigne est habité par les hôtes les plus aimables et dont chacun voudrait être le prisonnier.
Notre temps vaut un peu mieux que le XVIe. siècle, comme vous le voyez.
Mais avant de quitter le Mont-à-la-Vigne, observons le panorama et recueillons-nous. Quand on veut voyager avec fruit, il faut se recueillir de temps en temps afin de se rendre compte de ce que l'on a vu.
Ces points d'arrêt sont nécessaires dans les voyages comme les alinéas dans un livre.
La première question que doit s'adresser un homme qui observe, et qui ne voyage pas en étourdi, est celle-ci : J'ai parcouru en chemin de fer jusqu'à Mézidon une plaine unie ; depuis Mézidon et même au nord du chemin, bien avant d'arriver à cette station, j'ai vu des coteaux ondulés à l'extrémité de la plaine. Je me trouve à Mesnil- Mauger au milieu de ces coteaux verdoyants plantés, et l'aspect de ces contrées est bien différent de celui de la plaine. Pourquoi ce changement ?
Le géologue va vous répondre : le changement remarquable qui vous a frappé vient de ce que vous avez passé d'une formation sur une autre : vous étiez, dans la plaine, sur la pierre blanche que l'on nomme grande oolithe et dont tous les murs et les maisons sont construits. Maintenant vous êtes au milieu des argiles d'Oxford, ou de Dives, qui n'offrent pas de pierres et qui ont été facilement attaquées par les ruisseaux des vallées. Ces argiles étant postérieures au calcaire de la plaine de Caen et reposant sur lui, elles forment des éminences qui le dominent, et donnent au canton dans lequel nous avons mis pied à terre un aspect ondulé et montueux. Comme tous les faits géologiques s'expliquent mieux par des figures que par des mots, en voici une qui nous montrera ce que nous allons trouver de Mesnil-Mauger à Cambremer où je compte vous faire déjeûner, et à Manerbe où nous irons ensuite.
Nous devons, comme vous le voyez par cette coupe, passer successivement sur les argiles d'Oxford dont je vous parlais tout à l'heure ; sur le coral-rag, calcaire dont je ne vous ai pas encore parlé, et nous monterons ensuite [sur la craie, autre calcaire que nous observerons quand nous approcherons de la Touque. N'anticipons pas sur les faits qui se présenteront à nos yeux pendant le voyage : nous cheminons, quant à présent, dans l'argile d'Oxford.
La seconde question que doit se faire un homme réfléchi et bien advisé, qui est arrivé de Caen à Mesnil- Mauger, est celle-ci : Pourquoi toutes les terres que j'ai parcourues avant d'arriver à Mézidon et qui forment la plaine de Caen sont-elles labourées, tandis que celles au milieu desquelles nous sommes sont toutes herbées ? Voici la réponse : c'est que les terres qui recouvrent la grande oolithe sont perméables, faciles à labourer, tandis que les terres éminemment argileuses qui dépendent de la formation oxfordienne, et qui dominent dans le canton de Mézidon, retiennent l'humidité et conviennent parfaitement aux herbages ; elles sont d'ailleurs collantes et difficiles à labourer, et quoiqu'elles puissent produire des céréales et des prairies artificielles, elles demandent plus de main-d'oeuvre que les autres.
Le château du Mont-de-la-Vigne, CPA collection LPM 1900 Le château du Mont-de-la-Vigne, CPA collection LPM 1960 | ||