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BIOGRAPHIES DES MARECHAUX D'EMPIRE Extrait du dictionnaire Larousse du dix-neuvième siècle
Nous sommes redevable au courage du 8e bataillon de grenadiers et au sang-froid du général de brigade Victor d’être sortis à si bon marché de ce combat inégal.
Napoléon Bonaparte lors de la 1ère campagne d'Italie
Entré au service comme tambour à l’âge de dix-sept ans, il servit dans le 4e régiment d’artillerie et obtint son congé en 1789.
Il se fixa à Valence, y fit du commerce et se maria ; mais, après la déclaration de la patrie en danger, il vola aux frontières en avec le 3e bataillon de la Drôme. | Maréchal Victor (1764-1841) duc de Bellune | |||||||
De simple volontaire, il s’éleva en peu de mois au grade de chef de bataillon, par la valeur qu’il déploya dans la première campagne d’Italie. Sa conduite au siège de Toulon le fit nommer général de brigade par les représentants du peuple (30 frimaire an II). Il se distingua ensuite à l’armée des Pvrénées-Orientales (1793-1795), à celle d’Italie, sous Schérer et Bonaparte, à la capitulation de Provera, au combat de La Favorite, reçut le brevet de général de division, seconda les opérations de Lannes sur Rome, occupa Faenza, et Forli, et surprit Ancône (1797). Ayant reçu le commandement de Nantes, il demanda d’être employé activement dans l’armée d’Angleterre, qui s’organisait alors. Il écrivait, à ce sujet, au Directoire : « Rester dans l’intérieur pendant que le canon républicain va se faire entendre sur la Tamise est une fonction que je ne puis exercer. » Rappelé, en effet, à l’armée d’Italie, il prit part-à la malheureuse campagne de 1798 sous Joubert et Moreau. L’année suivante, à Marengo, il commanda l’avant-garde pendant les trois journées de cette mémorable bataille et passa immédiatement après à l’armée gallo-batave. Nommé ambassadeur en Danemark en 1805, il commanda successivement le 10e et le 1er corps dans la campagne de Prusse (1806-1807), détermina, à la tète de ses troupes, le succès de la bataille de Friedland et en fut récompensé par le bâton de maréchal et le gouvernement de Berlin. De nouveaux lauriers l’attendaient en Espagne : il y gagna, avec le 1er corps, les batailles d’Uclès et de Medellin (1809). Les champs de la Russie et de la Saxe, en 1812 et 1813, furent aussi témoins de sa valeur.
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Dans la campagne de 1814, il disputa aux Russes l’entrée des Vosges, chassa l’ennemi de Saint-Dizier et emporta le village de Brienne à la baïonnette. Napoléon ayant abdiqué, Victor offrit ses services à Louis XVIII, qui lui confia le commandement de la 2e division militaire et l’éleva à la pairie. Fidèle à son nouveau souverain, il l’accompagna à Gand, rentra avec lui, devint président de la fameuse commission chargée d’examiner la conduite des officiers qui avaient servi pendant les Cent-Jours et se fit, dans ces fonctions, l’organe des rancunes des ultra-royalistes.
Nommé au ministère de la guerre en 1821, il montra plus de zèle que de capacité administrative dans l’organisation de l’armée d’Espagne (1823), et il perdit son portefeuille à l’occasion des marchés Ouvrard. Major général de la garde royale à l’époque de la Révolution de 1830 il ne se rallia point au nouveau gouvernement ; il lui fit même une opposition sourde. | Maréchal Victor | |||||||
On le désignait comme l’un des membres d’un gouvernement provisoire légitimiste, et c’est grâce a l’amitié du maréchal Soult qu’il dut de ne pas être compris dans les poursuites dirigées à ce sujet contre Chateaubriand, M. Hyde de Neuville et autres. Ses-dernières années s’écoulèrent dans la retraite. Elles furent troublées pourtant par un incident assez curieux. Alexandre Dumas, dans sa Notice sur La jeunesse de Napoléon, avait avancé, sur le témoignage de personnes dignes de foi, que le duc de Bellune avait été à Valence, en 1790, épicier et ménétrier. Les journaux répandirent cette révélation, comme un châtiment infligé à l’ancien roturier, aujourd’hui champion du droit divin. Le maréchal essaya de se défendre, mais ses explications ne servirent qu’à donner de la consistance au bruit répandu. Il menaça Alexandre Dumas d’un procès en diffamation ; celui-ci défendit son dire, et le procès n’eut point lieu. | ||||||||