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BIOGRAPHIES DES MARECHAUX D'EMPIRE Extrait du dictionnaire Larousse du dix-neuvième siècle Il a vieilli vingt ans sous mes ordres, il n’a plus la même ardeur ; d’ailleurs il a eu des moyens militaires, mais jamais de génie ni d’éducation… Le vainqueur de Castiglione eût pu laisser un nom cher à la France ; mais elle réprouvera la mémoire du défectionnaire de Lyon, dont la trahison a fait tant de mal à la patrie.
Napoléon Bonaparte
Maréchal AUGEREAU (Pierre-François-Charles), duc de Castiglione, maréchal et pair, de France, fils d’un domestique et d’une fruitière du faubourg Saint-Marceau, à Paris, où il naquit en 1757. Il servit comme carabinier dans les troupes napolitaines jusqu’en 1787, et exerça ensuite à Naples la profession de maître d’escrime. | Maréchal AUGEREAU, duc de Castiglione | |||||||
Rentré en France en 1792, il s’engagea dans les armées de la République, et y parvint, en deux ou trois ans, au poste de général de division. De l’armée des Pyrénées il passa à celle d’Italie, où son intrépidité et ses talents militaires le placèrent au premier rang des généraux de cette époque. Après avoir forcé le pont de Lodi, défendu par une formidable artillerie, il s’empare de Castiglione et de Bologne, et termine cette campagne célèbre par la fameuse journée d’Arcole, où il partage avec Bonaparte l’honneur de la victoire. L’armée française paraissait hésiter devant l’artillerie des Autrichiens ; Augereau saisit un drapeau, s’élance sur le pont balayé par la mitraille, et vole au pas de charge en entraînant ses soldats sur l’ennemi, qui est culbuté malgré une résistance opiniâtre. Choisi par le général en chef, après le traité de Campo-Formio, pour porter à Paris les drapeaux enlevés aux Autrichiens, le Directoire lui fit don de celui dont il avait fait un si noble usage. Peu de temps après, il exécuta, de concert avec le gouvernement, le coup d’Etat du 18 fructidor, et arrêta de sa main Ramel et Pichegru.
Bataille de Castiglione 5 août 1796 Bonaparte donnant ses ordres sur le Mont Medolano
Toutefois, il fut cruellement déçu dans son espoir d’être porté au Directoire, et il en ressentit une vive irritation. Envoyé à l’armée du Rhin-et-Moselle, pour remplacer le général Hoche, qui venait de mourir, puis à Perpignan en qualité de commandant de la dixième division militaire, il considéra, peut-être avec raison, ces missions comme une sorte d’exil, et se fit nommer membre du conseil des Cinq-Cents par le département de la Haute-Garonne. Il arriva à Paris presque en même temps que Bonaparte, auquel il parut d’abord opposé, mais dont il se rapprocha après son triomphe au 18 brumaire, et qui lui donna le commandement de l’armée de Hollande. Dévoué au nouveau pouvoir, dévoué surtout à sa propre fortune, Augereau, lors de la proclamation de l’Empire, fut créé maréchal, grand-aigle de la Légion d’honneur et duc de Castiglione. Il prit la part la plus glorieuse à la bataille d’Iéna et à celle d’Eylau ; passa eu Espagne en 1809, où il éprouva quelques revers ; reçut un commandement dans la campagne de Russie, et fit des prodiges de valeur a la bataille de Leipzig. Toutefois, à l’arrivée de Louis XVIII, il se hâta de faire sa soumission au nouveau souverain, et en reçut le titre de pair avec le commandement de la quinzième division militaire. Pendant les Cent-Jours, il fit de vains efforts pour rentrer en faveur auprès de Napoléon, qui l’avait flétri comme traître dans sa première proclamation, à son retour de l’île d’Elbe. Les Bourbons revinrent, mais refusèrent ses services, et il se retira alors dans sa terre de la Houssaye où il mourut, en 1816, d’une hydropisie de poitrine. Soldat de fortune, Augereau avait de grands talents, une intrépidité irrésistible, de la décision, et des inspirations qui n’étaient qu’à lui ; mais il se décourageait facilement, même au mïlieu de la victoire. Son caractère, d’ailleurs, ne fut pas toujours honorable.
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Outre sa versatilité, l’histoire lui reproche encore ses dilapidations ; toute l’armée connaissait les fourgons d’Augereau.
Napoléon, à Sainte-Hélène, a porté sur Augereau le jugement suivant :
« Augereau, tout au rebours de Masséna, était fatigué et comme découragé par la victoire même ; il en avait toujours assez. Sa taille, ses manières, ses paroles, lui donnaient l’air d’un bravache, ce qu’il était loin d’être quand il se trouva gorgé d’honneurs et de richesses, lesquelles d’ailleurs il s’adjugeait de toutes mains et de toutes les manières… Il était incapable de se conduire ; il n’avait point d’instruction ; peu d’étendue dans l’esprit, peu d’éducation ; mais il maintenait l’ordre et la discipline parmi ses soldats, et en était aimé. Il divisait bien ses colonnes, plaçait bien ses réserves, se battait avec intrépidité ; mais tout cela ne durait qu’un jour : vainqueur ou vaincu, il était le plus souvent découragé le soir, soit que cela tînt à la nature de son caractère, ou au peu de calcul et de pénétration de son. esprit. »
Augereau avait un frère, officier de mérite, qui devint baron, lieutenant général, et chevalier de Saint-Louis à la Restauration. | Augereau au pont d’Arcole, 15 novembre 1796 par Charles Thévenin | |||||||