L’Afrique de l'Est  1 

 

1890-1970

 

Côte des Somalis

(République de Djibouti)

 


Madagascar


     
 

 

 EDITION MANCHOT 2013 LES COLONIES FRANCAISES   N°28 AE 01
 

 

 

 

 

 

 
   L’Afrique De l'Est 1
 
 

 
 

 MADAGASCAR

 
 

 

Rappel historique entre 1890 et 1970

 

Grand comme la France, le royaume de Madagascar conclut un traité de protectorat avec la France en 1885 et le rompt en 1894. Une expédition militaire est organisée. Les troupes débarquent à Mahajunga et n’atteignent Tananarive que huit mois plus tard, ayant perdu 40 % de l’effectif, (20 000 hommes) le long de la piste par maladie ou épuisement. L’impréparation était manifeste. La reine Ranavalona lll accepte un nouveau traité de protectorat.

 

En 1896, l’annexion est réalisée. Gallieni, secondé un temps par Lyautey, est le premier gouverneur. Il pacifie en réprimant quelques soulèvements et organise en créant des subdivisions, en s’appuyant sur des cadres malgaches, en décrétant une assistance médicale gratuite et en ouvrant des écoles pour instituteurs, médecins, sage-femmes…

 

Routes et lignes de chemin de fer sont ouvertes. Les ports sont aménagés. Agriculture et élevage permettent d’exporter. L’administration encourage les petites exploitations agricoles malgaches.

 

Mais les aspirations à l’indépendance, à la reconnaissance d’une culture malgache se font de plus en plus pressantes à partir de 1918 mais restent en veilleuse pendant le Deuxième Conflit mondial. D’ailleurs l’administration française opte pour le régime de Vichy et il faudra le débarquement de troupes anglaises et sud-africaines pour que l’île revienne à la France Libre.

 

La Conférence de Brazzaville en 1944 suscite de grands espoirs chez les nationalistes. La déception qui suit est à l’origine du soulèvement populaire de 1947 qui est réprimé sévèrement. Dès lors, les événements conduisant à l’indépendance vont s’enchaîner.

 

En 1951, une assemblée territoriale élue au suffrage universel est organisée sur la base d’un double collège. Un Grand Conseil assiste le haut-commissaire.

 

La loi-cadre de 1956 dote le territoire d’un conseil de gouvernement présidé par le gouverneur de la colonie et dont les ministres sont nommés par l’assemblée territoriale élue au suffrage universel avec un collège unique. En 1958, l’adhésion à la Communauté française est approuvée . En 1960, Madagascar accède à l’indépendance et est admis dans l’Organisation des Nations unies.

 

 

 
 

 Epoque coloniale

 
 

 

De Louis XIV à la Révolution française, l'administration coloniale malgache dépend très indirectement des rois de France. L'évangélisation est assurée tout d'abord par les Anglais protestants, premiers occupants, puis par les Français, catholiques.

 

Ce n'est véritablement qu'au XIXe siècle, lors du partage de l'Afrique par les Européens à la conférence de Berlin (1884-1885), que sonne le glas de l'expansion et de l'indépendance du Royaume de Madagascar. Les politiciens malgaches jouaient jusqu'alors sur les rivalités des puissances occidentales pour conserver leur souveraineté. Le traité de Berlin attribue l'île à la France (sa seule position stratégique face aux Anglais, dans l'Océan Indien). La France signe alors un traité avec le Royaume de Madagascar qui repose sur l'ambiguïté de la langue malgache et qui ne donne théoriquement aucun droit à la République Française sur le Royaume de Madagascar. Mais, au fil des incidents diplomatiques, la France mène une politique de plus en plus agressive, puis entreprend la conquête de l'île.

 

La conquête française

 

La conquête de l'île par la France se déroule sans difficultés et presque sans combat. Le premier ministre malgache de l'époque avait vainement tenté de préparer la guerre, ou plutôt la défense, en cherchant un instructeur européen pour former une nouvelle armée professionnelle. Mais, en 1896, au début du conflit, le chef du gouvernement malgache ne se fait pas d'illusions sur l'issue des combats face à une armée occidentale, qu'il suppose moderne et entraînée. En fait, il comptait davantage sur l'insurrection populaire.

 

Le débarquement se fait sans encombre. Le Premier ministre envoie alors dans des forts militaires les 60 000 hommes de l'armée de réserve malgache, encadrés par des officiers, seuls professionnels de cette armée. Les nombreuses désertions affaiblissent l'armée malgache. De son côté, le gouvernement français envoie une armée de conscrits mal préparés qui progresse très lentement, la maladie faisant des ravages. On parle de 30% de pertes liées aux maladies tropicales Finalement, au premier coup de canon sur la capitale Antananarivo, la reine Ranavalona III fait hisser le drapeau blanc.

 

 

 

Les débuts de l'administration française


La fin de l'Indépendance est suivie de dix ans de guerre civile larvée.


Le maréchal Joseph Galliéni, à l'époque gouverneur général de Madagascar (1896-1905), contribue à pacifier l'île. Il confie aux Merinas les postes les plus importants des services publics, s'appuyant en particulier sur la caste des Andrianas, les nobles, et celle des Hovas, les bourgeois, qui, pendant des lustres, avaient dominé le pays en créant un État qui avait acquis une inconstestable notoriéte.

 

Selon ce dernier, l'action militaire devait être accompagnée d'une aide aux peuples colonisés dans différents domaines, comme l'administration, l'économie et l'enseignement.

 

Elle nécessitait un contact permanent avec les habitants ainsi qu'une parfaite connaissance du pays et de ses langues. Sous l'impulsion de Galliéni, de nombreuses infrastructures sont mises en place (chemin de fer, Institut Pasteur, écoles, etc.).

 

Pendant la colonisation française, un enrichissement de la population malgache est constaté, reflété à travers un achat croissant de tissus. En 1907, pour la première fois, les exportations sont supérieures aux importations.

 

 
     

L'indépendance et l'expérience socialiste

 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Empire britannique prend possession de l'île de Madagascar pendant l'opération Ironclad, avant de la remettre aux Français libres en décembre 1942.

 

En mars 1947, l'Insurrection malgache éclate, qui entraîne une répression sanglante par l'armée française ayant fait plusieurs dizaines de milliers de morts, les chiffres oscillant, selon les sources, entre une dizaine de milliers et 89 000 d'après Jacques Tronchon. Cependant, c'est la presse française qui avança souvent le chiffre de quatre-vingt mille morts. Jean Frémigacci, maître de conférence à Paris I et Madame Rabearimanana, professeur à l’Université de Tananarive montrent qu'il y eut :

Cent quarante (140) Français et deux mille (2000) Malgaches tués par les insurgés ; Entre mille (1000) et deux mille (2000) Malgaches tués par les autodéfenses européennes ; Enfin, entre cinq mille (5000) et six mille (6000) insurgés malgaches tués par l'armée française.

 

Territoire d'outre-mer de 1946 à 1958, Madagascar obtient un premier niveau d'autonomie le 10 octobre 1958, en tant que République Malagasy au sein de la Communauté française. Puis elle accède à l'indépendance le 26 juin 1960.

 

Le 14 octobre 1960, Philibert Tsiranana est élu premier président de la République autonome malgache. La première République de Madagascar reste très étroitement liée à la France par les accords de coopération. Le président Tsiranana, critiqué par la population pour son soutien aux intérêts français, fait face à une contestation grandissante (en particulier la grève des étudiants menée de la capitale vers les provinces) et quitte le pouvoir en 1972.

 

Il donne les pleins pouvoirs au général Gabriel Ramanantsoa qui décide d'organiser un référendum afin d'officialiser son pouvoir pour une période transitoire. Le référendum l'ayant plébiscité, il crée un gouvernement d'union nationale, qu'il dirige jusqu'en 1975, avant de passer le flambeau au populaire colonel de gendarmerie Richard Ratsimandrava. Ce dernier est assassiné au bout d'une semaine, le 11 février 1975 à 20 heures. Après l'assassinat du général Ratsimandrava, Madagascar a été dirigé par un Comité national de direction militaire présidé par le général Andriamahazo.

 

Le 14 juin 1975, Didier Ratsiraka est nommé chef de l'État et du gouvernement. Le Comité national de direction militaire est alors remplacé par un Comité national de la révolution. Le 21 décembre 1975, les Malgaches ont approuvé par vote référendaire la Charte de la Révolution socialiste et la nouvelle Constitution instituant la Deuxième République avec Didier Ratsiraka comme président. Le 30 décembre 1975, le capitaine de frégate Didier Ratsiraka proclama la République démocratique de Madagascar. En mars 1976, il créa le parti Avant-Garde de la Révolution malgache (AREMA). Par la suite, il entreprend de s'aligner sur la position du bloc soviétique, tout en étant l'un des militants actifs du non-alignement. En 1976, le gouvernement termine l’expulsion de l'armée française et ferme les ambassades et consulats. Ratsiraka instaure le franc malgache (FMG) et délaisse le Franc CFA. L'État contrôle tous les échanges avec l'extérieur. Vers la fin des années 1980, après plus de 10 ans d'expérience socialiste, il est contraint d'engager le pays sur la voie d'un libéralisme prudent.

 


 
     
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CHAPEAUX DE PAILLE

DE MADAGASCAR


 

 

 

 

 

 

EDITION MANCHOT  LA REVUE DES CHAPEAUX              N° 59 BIMENSUEL 21-06-2011

 

 

 

 

 

 

 

 
     
   CHAPEAUX DE MADAGASCAR
 
 
 

 

CHAPEAUX DE PAILLE EXOTIQUES

Francis Marre

La Nature, N°2100- 23 Aout 1913

 

Avant l'époque de la conquête française, l'industrie des chapeaux en paille tressée était traditionnelle à Madagascar, surtout dans la région de Tananarive. Les nobles Hovas portaient une sorte de haut de forme en paille dont la partie supérieure de la calotte était rapportée et cousue à la main; mais le prix relativement élevé de cette coiffure n'en permettait guère l'usage qu'aux riches et aux notables. Quant aux gens du peuple, ils se contentaient de porter le chapeau bourjane ou la capeline à larges bords que n'ont jamais abandonnée les Betsimaraka de la côte orientale. La seule paille employée était alors l'Ahibano, qui pousse abondamment et sans culture dans les vallées humides comme au bord des cours d'eau. Elle est encore aujourd'hui récoltée, travaillée et blanchie au soleil par les Malgaches qui en font un important commerce et la vendent aux représentants d'un certain nombre de maisons françaises ; celles-ci l'exportent, pour le compte de divers chapeliers de la métropole auxquels elle convient d'une façon parfaite, à cause de sa solidité, de sa très grande finesse et de la facilité avec laquelle on peut lui faire subir toutes les mises en forme qu'exigent les variations incessantes de la mode féminine.

 

 

La paille « Penjy » est surtout récoltée dans l'Imerina : elle est d'un vert foncé virant au marron après exposition au soleil ; quand on en refend les brins dans le sens de leur longueur, 'on obtient, grâce à la partie intérieure de la tige qui est d'un blanc ivoirin, des pailles bicolores, avec lesquelles il est facile de produire des effets décoratifs curieux. C'est avec la Penjy que sont faits ces chapeaux de bains de mer pour enfants et fillettes auxquels leurs couleurs, d'un beau panaché vert et blanc, valent un certain succès d'originalité.

 

L' « Arefo » est spéciale à la région du Betsileo : on la récolté d'Ambositra à Fianarantsoa et jusqu'à Mananjari. Elle est de couleur verte, mais d'aspect assez grossier et d'une qualité inférieure qui limite son emploi la fabrication des chapeaux à bon marché que portent les indigènes pauvres. Cependant, on commence à en exporter en Europe et en Amérique des quantités assez considérables, et les manufacturiers s'en servent pour fabriquer les formes » ordinaires, vendues par les modistes à façon et lés magasins de nouveauté.

 

Enfin, la chapellerie malgache se sert encore de deux sortes de fibres, la « Bao » et la « Manarana ». La première, d'un blanc laiteux à reflets argentés, est extraite du raphia qui croît en abondance sur les côtes Est et Ouest; mélangée en proportions convenables à l'Ahibano, elle donne des chapeaux extrêmement légers et néanmoins très solides. Quant à la Manarana, qui est de couleur jaunâtre, elle possède dés qualités de souplesse, d'élasticité et de résistance si remarquables qu'on l'emploie pour faire des coiffures susceptibles d'être roulées, froissées et mises en poche sans se déchirer ni se casser aux plis. Les chapeaux de Manarana ont fait leur apparition en France et en Angleterre au début du printemps de 1906; ils ont rapidement conquis auprès du public, sous le nom de a Panamas malgaches » une faveur qu'expliquent à la fois leurs qualités intrinsèques et leur prix de vente modéré.

 

Les ateliers où sont mises en oeuvre ces diverses sortes de pailles et de fibres sont répartis dans . un grand nombre de centres ruraux et emploient des femmes dans la proportion moyenne de 75 à 80 pour 100. Au point de vue économique, ils peuvent être distingués en deux catégories.


Les premiers ont à leur tête des contremaîtres européens, et le personnel ouvrier qu'ils occupent est salarié à la journée; ils se bornent à exécuter les commandes directes des négociants exportateurs, et à travailler, sur leurs indications, une matière première qu'ils leur fournissent.

 

 

Les seconds, au contraire, sont constitués par la réunion d'un certain nombre d'associés dont le chef, généralement sorti d'un atelier patronal, a dirigé l'instruction professionnelle.: ils achètent en commun, ou parfois récoltent et préparent eux-mêmes. la paille et la fibre dont ils ont besoin, puis fabriquent, en copiant les modèles qui leur sont remis au fur et à mesure des changements de Rome ou d'aspect imposés par la mode; ils vendent aux représentants locaux des négociants européens et s'efforcent d'obtenir, par de longs marchandages, un prix aussi rémunérateur que possible. Ces ateliers sont, en somme, de véritables coopératives de production et de vente, tandis que les premiers sont simple-. ment des manufactures.


La population malgache, généralement d'une indolence profonde, et rebelle à toute autre occupation que le travail au jour le jour, s'est rapidement adaptée à la besogne industrielle que lui offraient les chapelleries. Assurés du lendemain, les ouvriers des deux sexes s'intéressent maintenant à elle ; ils obtiennent des résultats tout à fait remarquables, grâce aux qualités très réelles d'habileté et d'adresse manuelles qui les caractérisent.

 

En 1908, il a été exporté de Madagascar 80.000 chapeaux de paille et près de 220 000 en 1942. Les commerçants européens qui les ont achetés, séduits par leur souplesse et par leur a fini », paraissent de plus en plus disposés à assurer dans l'avenir d'importants débouchés à la chapellerie malgache. Nous payons annuellement pour les Panamas un tribut fort lourd aux Républiques sud-américaines, ainsi qu'aux usines rhénanes qui Inondent' nos marchés de a Panamas » grossièrement imités et tressés avec des brins de jonc habilement refendus. Il serait désirable que la plus grosse part de ce tribut allât à ceux de nos compatriotes qui ont su, par leur intelligence, leur travail et leur énergie, créer une. industrie nouvelle dans le pays neuf où ils sont allés se fixer.

 

 

 
 
     
  LES CHROMOS DE L'ETE
  CRHOMOS LIEBIG
   
 

Série 937 MADAGASCAR

Eédité en 1908

     
 
    Le pays des HOYAS