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Bruleurs de goémon aux Glénan. Collection CPA LPM 1900 | ||||||||
LE GOEMON DANS TOUS SES ETATS. Annick Le DOUGET
En 1784, implantation de l'industrie aux Glénan par des Normands Au XVIII ème siècle, une Compagnie de négociants de Cherbourg, souhaitant développer la petite industrie de la soude destinée aux Manufactures royales de verrerie de Rouen installe vers 1784 dans l'archipel des Glénan une colonie d'une vingtaine de normands. A-t-elle l'autorisation des moines de Saint-Gildas, alors propriétaires ? Rien n’est moins sûr (1) Ces ouvriers normands fabriquent la soude à partir du goémon cueilli, séché puis brûlé dans des fosses rudimentaires de pierres (dont on voit toujours les traces).Les hommes vivent ensemble, sans leur famille, dans des conditions particulièrement difficiles : insalubrité de la pièce commune, isolement, fumées, odeurs, rayonnement solaire, manque d'eau potable, Un négociant de Concarneau, le sieur Cathala, est chargé par la Compagnie de ravitailler les hommes et de veiller « à leur fournir le nécessaire de la vie »
La révolte des Normands Selon les documents conservés aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, on assiste alors à un début d'émeute en juillet 1784. . , Ces fabricants de soude « se sont nouvellement arrachés du sein de leur famille, ont abandonné leur patrie pour se transporter aux isles de Glénan, où ils vivent séparés du reste des hommes " dans ce réduit malheureux, ces hommes, chers à l 'humanité, se sacrifient pour ainsi dire à l'utilité publique », Ils exposent leurs dures conditions de vie et de travail avant de préciser l'objet de leurs doléances: ils veulent du cidre! « Excédés par le travail que rend plus dur et plus pénible l'ardeur du soleil, le feu des fourneaux et les exhalaisons de ces matières limoneuses." ils exposent que les eaux de ces isles sont saumâtres et très pernicieuses, qu'il leur est impossible de soutenir le poids du travail sans boisson; ils demandent de préférence du cidre, boisson que l'usage journalier dans leur pays (Normandie) leur a rendu nécessaire »
Le sieur Cathala est à l'écoute des Normands et «s'empresse à les soulager » en portant au plus vite leur requête devant le Receveur des Devoirs de Concarneau et en faisant «sa déclaration d'envoyer aux isles deux barriques de cidre provenant de son cru », Sans doute le négociant Cathala connaît-il bien le receveur concarnois et croit-il à une simple formalité. . .Hélas, ledit receveur est justement absent et le directeur des Devoirs, consulté, s'oppose formellement à cette démarche. (N.D.L.R. : d'un autre document consulté, on apprend que le directeur des Devoirs, M. Fasquel, était tout à fait hostile à la présence de cette entreprise dans l'île ; son attitude, qui peut passer pour un manque d'humanité, n'était sans doute qu'un coup bas porté à l'adversaire. . .) Bredouille, Cathala revient aux Glénan rendre compte de son échec, et les travailleurs, révoltés, décident alors d'aller sur le continent. « Ces malheureux, privés d'un secours que le sol et leur genre de travail rend nécessaire, se déterminent à abandonner leurs ateliers. Ils partent au nombre de sept, se rendent à Concarneau où leurs compagnons se proposent de les venir joindre ». Là, on leur conseille de présenter une requête au Juge de Concarneau, ce qui sera fait, « à l'effet d'obtenir un commandement au fermier de recevoir la déclaration ». Les Normands sont des hommes sages, peut-être naïfs, et sans se douter de la longueur des formalités judiciaires ainsi engagées, « sont rendus à leurs travaux par l'espérance d'une justice prompte»... Aucun document judiciaire, aucun courrier n'apporte de précisions sur l'issue de cette affaire et les délais de règlement. | ||||||||
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Pêche au varech, Collection CPA LPM 1900 | ||||||||