ENCORE DES LEGENDES
   
  LES MAISONS HANTEES
         
 

 
         
 

Partout en France, quelle que soit la région, on se racontait jadis des histoires de maisons hantées, le soir à la veillée. La Normandie n’échappe pas à la règle comme ce cas extraordinaire que je m’en vais vous conter maintenant. Ces manifestations, absolument stupéfiantes, ont eu pour cadre un château du Calvados à la fin du 19ème siècle.

Héritant du lieu, Monsieur et Madame de X s’y installent en 1867. L’automne venu, ignorant tout du château pourtant réputé pour être le théâtre de phénomènes fantastiques, ils ne tardèrent pas à être confrontés à des manifestations étranges. C’est surtout à partir d’octobre 1875 qu’elles prirent toute leur ampleur. Monsieur de X consigna alors, jours après jours, dans un journal tous les événements, au fur et à mesure qu’ils se produisaient.

 

Ceux-ci eurent pour témoins principaux les habitants du lieu : le couple de châtelain, leur jeune fils, un abbé, précepteur de ce dernier, ainsi que quatre domesti-ques. Ont put également assister aux phénomènes plusieurs autres personnes : des parents, des amis, plusieurs ecclésiastiques ainsi qu’un officier. Selon les dires des contemporains de l’époque, leur bonne foi et leur honnêteté ne pouvaient être mise en doute.

Il serait vain de tenter d’évoquer, ici, la totalité des événements qui s’y sont produits entre le 13 octobre 1875 et le 30 janvier 1876, ainsi qu’aux mois d’août et de septembre de la même année, tellement ceux-ci sont nombreux. Durant ces longues semaines, les témoins seront assaillis d’un nombre incalculable de bruits divers émanant de toutes les pièces du château. Pratiquement chaque nuit sera l’objet de ces manifestations allant du simple bruit de pas à des coups extrêmement violents frappés sur les portes et les murs, en passant par des galopades dans les couloirs, des bruits de chute d’objets ou bien des cris et des pleurs de personnes invisibles.

Dimanche 31 octobre 1875 : Cinq grands coups, tellement forts, que les objets suspendus aux murs se mettre à battre sur place. Puis on dirait qu’une lourde enclume ou une grosse poutre a été projetée sur un point des murs, de manière à ébranler la maison (...)

Mercredi 3 novembre : Un coup formidable, comme un maillet de charpentier lancé à tour de bras, sur la porte de la chambre verte (...)

Nuit du mercredi 29 au jeudi 30 décembre : A minuit et demi, nous sommes réveillés subitement par quatre effroyables coups sur la porte de la chambre de Mme de X Pour se faire une idée de leur violence, qu’on se figure un mur qui s’écroule, un cheval qui rue dans une porte ou quatre boulets de canon lancés dans cette porte ; ce ne sera pas exagéré.(...)

A de multiples reprises, Monsieur de X. et ses domestiques effectueront des rondes minutieuses, qui n’apporteront jamais aucun résultat. Plus tard, dans une lettre, l’abbé parlera de coups tellement forts qu’on pouvait les entendre à une distance de 500 mètres, et dira que les murs du château étaient tellement ébranlés qu’il craignait de voir le plafond tomber sur sa tête. Plus étrange, encore :

Lundi 18 octobre 1876 : Tout le monde est éveillé par le bruit d’une énorme boule pesante qui descend l’escalier du second au premier en sautant de marche en marche. (...)


Dimanche 31 octobre : Il semble que quelqu’un monte, plus rapidement qu’un homme puisse le faire, l’escalier du rez-de-chaussée, en affectant de frapper des pieds. (...)

Dimanche 2 janvier 1876 : Chaque matin, depuis trois jours, ceux qui descendent de leur chambre sont suivis jusqu’au rez-de-chaussée, pas à pas et de marche en marche, par des coups s’arrêtant et repartant avec eux (...)

 

... DE NOMBREUX CRIS :

Mercredi 10 novembre : Tout le monde entend comme nous un cri, comme un long son de corne d’appel qui domine la tempête ; il me semble venir du dehors (...)

Vendredi 12 novembre : A minuit tout le monde se lève : on entend des cris dans la cave, puis dans l’intérieur de la chambre verte, enfin les sanglots et les cris d’une femme qui souffre horriblement (...)

Samedi 13 novembre : Minuit 15 minutes, deux cris très forts au palier ; ce n’est plus le cri d’une femme qui pleure, mais des cris aigus, furieux, maudits, désespérés, des cris de damnés ou de démons (...) Et même de la musique : l’abbé entendra un petit orgue à tuyau se trouvant dans sa chambre, jouant de nombreux airs. Celui-ci était fermé, la clef se trouvant dans la poche de Monsieur de X, absent du château à ce moment (...) Parallèlement à ces phénomènes, les témoins assisteront également à de nombreuses manifestations physiques : objets déplacés, quelquefois sous leurs propres yeux, ou bien contacts "sensoriels" avec des entités, celles-ci sont de même décrites en détail par Monsieur de X (...)

Samedi 13 novembre : 3 heures 15, bruits dans la chambre verte ; nous y allons, un fauteuil était déplacé et posé contre la porte de manière à l’empêcher d’ouvrir ; nous le replaçons. 3h40, piétinements dans la chambre de madame... un fauteuil s’y est promené. Deuxième visite dans la chambre verte : le fauteuil est de nouveau placé de façon à empêcher la porte de s’ouvrir, Madame et Amélina vont avec M. l’abbé dans la chambre et, devant leurs yeux, la fenêtre du cabinet, qui était bien fermée, s’ouvre. (...) Dans la chambre de Madame un fauteuil a de nouveau changé de place. Dans la chambre de M. l’abbé, la fenêtre, qui était bien fermée, s’est ouverte de nouveau (...)

 

Vendredi 24 décembre : A midi, tous les domestiques étant à table, nous trouvons, dans la chambre de M. l’abbé, le lit renversé sur le coté et la table poussée dessous. Le soir, à 6 heures, nous rouvrons la porte de cette même chambre, qui était fermée à clef et nous voyons la table posée sur le milieu du lit (...)

 

Samedi 25 décembre : Dans la chambre de M. l’abbé, nous trouvons le fauteuil monté sur le pupitre de mon fils, (...) le canapé renversé, le réveille-matin sur le globe de la pendule et une chaise sur la table. Le soir à 9 heures, on entend le balai se promener dans le corridor du second ; nous y allons : il avait changé de place (...)

Dimanche 26 décembre : Dans la chambre de l’abbé, "(...) Nous trouvons les coussins du canapé posés debout, (...) sur le bord extérieurde la fenêtre de son cabinet de toilette. J’avais antérieurement condamné cette fenêtre, à l’époque ou elle s’ouvrait seule, par un morceau de bois bien clouté sur la tablette intérieure. Ce morceau de bois avait été arraché sans trace d’aucun outil et posé à coté des coussins ; la fenêtre était refermée (...)

Lundi 27 décembre : Dans la chambre de l’abbé, "Nous trouvons tous ses livres, au moins une centaine épars sur le plancher. Trois volumes seuls sont restés debout, chacun sur son rayon : ce sont trois livres d’Ecriture sainte (...)

 

Mercredi 29 décembre : Alors que Madame de X veut prendre la clenche de la porte de la chambre de M. l’abbé pour l’ouvrir, "Elle voit la clef qui se détache, en tournant rapidement dans la serrure, et vient la frapper à la main gauche. (...) Le coup était assez fort pour que deux jours après la place fût encore sensible et visible (...)

 

Nuit du Jeudi 30 décembre : M. le curé de P. a couché ici et a été témoin. Il a entendu comme le bruit d’un animal ayant des planchettes sous les pieds, qui serait entré de la chambre voisine dans la sienne, aurait grimpé sur la table de nuit pour de là, passer sur son oreiller, s’introduire dans son lit et s’arrêter à la hauteur de son coude gauche (...)

 

PLUS EXTRAORDINAIRE ENCORE

 

Nuit du 23 au 24 janvier 1876 : 5 heures, M. l’abbé lisait son bréviaire. Quoiqu’il fit depuis trois jours un temps superbe, une masse d’eau tombe, par la cheminée, sur le feu qu’elle éteint et fait voler la cendre ; M. l’abbé est aveuglé. Il en a la figure toute couverte (...).