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Le pont des Biards CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
ISIGY LE BUAT Les cloches d'argents des Biards Hippolyte Sauvage 1858 Légendes normandes recueillies dans l’arrondissement de Mortain | ||||||||||||
Le château des Biards jouit longtemps d'une haute renommée. Ses maîtres furent de puissants seigneurs ; sous ses remparts furent livrées plusieurs sanglantes batailles ; de nombreux assauts firent reconnaître l'importance de ses fortifications ; enfin, il fut assiégé par les Anglais. Sa garnison se défendit avec vaillance ; elle combattit avec un courage héroïque, digne d'un meilleur sort ; mais, pressée par le nombre, il lui fallut capituler.
Ce fut en cet instant, dit la légende, que le baron ramassa ses immenses richesses et qu'il les jeta dans l'endroit le plus profond de la rivière.
Parmi ces trésors, vous dira-t-on, se trouvaient trois belles cloches d'argent, que l'on distingue au fond des eaux, lorsque le ciel est sans nuages. Mais le courant est si rapide au-dessous du pont qui joint les deux rives du fleuve, que nul n'a pu jusqu'ici affronter le tourbillon que les eaux forment en cet endroit. D'ailleurs, ces cloches sont si pesantes que personne ne pourrait même les remuer pour les en retirer. Elles restent donc là ; seulement, elles se font entendre quelquefois pendant la nuit. A Noël, notamment, chaque année, elles se mettent en branle, et leurs sons aigus s'en vont de collines en collines, répétés par les échos lointains des vallées.
Du reste, si l'on s'en rapporte à quelques habitants, le seigneur des Biards avait eu la précaution d'enfouir à l'avance son or monnayé dans divers endroits. Les Anglais le savent bien, car il y a une trentaine d'années, quelques-uns d'entre eux vinrent au bourg et se firent conduire à la ville. Un individu leur prêta pioches et marteaux. Ils travaillèrent quelques heures, d'après quelques indications consignées sur un vieux morceau de parchemin jauni, puis ils revinrent vers minuit.
Une dalle placée au pied de l'autel de la chapelle, et un bloc aux proportions et aux formes druidiques non loin du pont de Sélune, furent renversés.
Le lendemain, ces chercheurs ne reparurent pas ; ils avaient trouvé le précieux trésor. Celui qui les avait aidés dans leurs travaux, depuis cette époque, jouit d'une certaine aisance, mais il s'est obstiné à garder un mutisme absolu. | ||||||||||||