LEGENDES DE L'EURE

 

CRIQUEBEUF SUR SEINE

   
  LES BRÛLEURS D'ÂNE
         
 

CPA collection LPM 1900

 
     
 

LES BRÛLEURS D'ÂNE.

Alfred CANEL

Notice sur les sobriquets normands (1839)

 

Les habitants de Criquebeuf-sur-Seine, grands amis du carnaval, ne manquent jamais, le mercredi des Cendres, d'enterrer Mardi Gras.

 

Un jour, il y a de cela plus que la longueur d'une vie d'homme, un jour, disons-nous, le mannequin traditionnel ne suffit plus à ces zélés suppôts du carnaval. Ils imaginèrent de lui substituer un âne, qui, pour la plus grande gloire de la divinité saturnalesque et pour le plus grand plaisir de ses adorateurs, fut bien et dûment ars et brûlé, puis méthodiquement enterré suivant les rites pratiques en pareille circonstance. De là le sobriquet de "Brûleurs d'âne".

 

LES BRÛLEURS D'ÂNE 

Alfred CANEL

Blason populaire de la Normandie (1859)

 

Les habitants de Criquebeuf sur Seine ont toujours eu un goût très prononcé pour les réjouissances du carnaval et c'est avec peine qu'ils voient, chaque année, le rigide Carême venir mettre fin à ces jours de joyeuse folie.

 

Aussi se sont-ils bien gardé de négliger l'usager de carnavaliser quelque peu le Mercredi des Cendres, en le consacrant à l'enterrement de Mardi Gras. Grande et bruyante cérémonie ! vous pouvez m'en croire…

 

Un jour, il y a de cela plus que la longueur d'une vie d'homme -un jour, disons nous, le mannequin traditionnel ne suffit plus à ces zélés suppôts du carnaval. Ils s'imaginèrent de lui substituer un âne, qui, pour la plus grande gloire de la divinité saturnalesque et pour le plus grand plaisir de ses adorateurs fut bien et dûment ars et brûlé, puis méthodiquement enterré suivant les rites pratiqués en pareille circonstance. De là le sobriquet de brûleurs d'âne.

 

Et notez que les titulaires de ce sobriquet ne s'en offensent pas le moins du monde ; c'est pour eux presque un titre de gloire. Il y a quelques années, dans le but de prouver qu'ils ne dégénéraient et d'accuser la continuité de leur appellation, ils délibérèrent, dit-on, de renouveler, à la première occasion favorable, le sacrement d'un infortuné baudet.