JEUX D' AUTREFOIS
   
  JEU DE MAIL
         
 
 
         
 

A. Moetjens, 1696

 

Le jeu de mail est un ancien jeu sportif français.

 

La plus ancienne trace écrite liée au jeu de mail est un texte en latin datant de 1416. Très pratiqué en France et en Italie dès le Moyen Âge, le jeu atteint sous le nom de Pall Mall l'Angleterre au XVIIe siècle, époque à laquelle il est à son apogée en France. Ce nom est dérivé probablement du terme français palemail ou paille-maille (la maille étant un petit maillet envoyant une balle sous un arceau de paille), autre nom donné au jeu en France aux XVIe et XVIIe siècles. Le terme mail provient quant à lui du latin malleus : marteau, maillet.

 

L'Écosse est touchée plus tôt que l'Angleterre. À l'origine du golf, du croquet et même du billard, ce sport pouvait se pratiquer en individuel ou par équipes. Aujourd'hui, certaines villes gardent trace de ces pratiques dans le nom de certaines rues, les mails, ou la rue du mail et la porte Maillot à Paris, le mail Saint Dominique continué par le mail des Charmille à Troyes, la rue du mail à la Croix-Rousse, le square Paille-Maille à Metz, le mail Saint-Sébastien à Nancy, le mail François Mitterrand à Rennes, le mail Albert 1er à Amiens, Pall Mall à Londres, Palmaille à Hambourg et Maliebaan à Utrecht, par exemple.

 

Selon Brantôme, le roi de France Henri II était excellent en jeu de paume et au jeu de mail. Louis XIV, qui détestait la paume, raffolait en revanche du mail. Le terrain de jeu de mail du jardin des Tuileries fut même agrandi pendant son règne. Le jeu se pratique encore en France dans la région de Montpellier et d'Aix-en-Provence avant la Première Guerre mondiale.


Le jeu

 

Il existe quatre façons de jouer : rouët, partie, chicane ou grand coup.

La chicane est semblable au golf actuel. Le vainqueur était, comme au golf, celui qui atteignait un objectif fixé à l'avance en moins de coups.

Le grand coup consistait à frapper la balle le plus loin possible. Certains joueurs dépassaient la marque des 200 pas.

Le rouët se joue avec plusieurs balles tandis que la partie se joue par équipes.

 

Mails et boules étaient fabriqués par des artisans spécialisés , les Palemardiers ; chaque maître-palemardier avait son atelier, ses compagnons et ses aides ; il fabriquait mails et boules qu’il vendait ou louait aux amateurs. « Une bonne boule est l’âme de la partie ; elle doit être de bon buis fin, bien noué, fort sec et d’un poids proportionné à sa grosseur. » Les Palemardiers concevaient et dirigeaient l’aménagement d’un certain nombre de parcours ; en maintes circonstances , ils jouaient le rôle d’arbitres entre les pratiquants.

 
         
 

Extrait du livre

“ Le Noble Jeu de Mail de la ville

de Montpellier “

Oeuvre de J. Sudre

Edité chez Martel en 1772

 

Art .5 -  Avant de débuter , on convient de ce qu’on joue , de la route de jeu qu’on doit suivre s’il y en a plusieurs , et de la pierre où l’on doit aller finir la partie . On commence la partie près de la pierre de touche , ou autre endroit convenu , en plaçant la boule à son gré . Après quoi l’Adversaire , c’est - à - dire celui qui doit jouer après , peut s’avancer de la longueur d’un manche de mail , s’il veut , ou se reculer .  

 

Art .42 - Mouiller la boule Le joueur ne pourra mouiller la boule à dessein de la faire tenir en jouant ou croquant sur un lieu élevé , n’étant permis que de la frotter avec de l’herbe .

 

Art .58 - La boule partagée dans sa course. Le joueur pourra refaire son coup lorsqu’il partagera sa boule en deux pièces séparées faisant route ; mais il n’en pourra

 
 
 

pas faire de même lorsqu’il sera arrivé à la boule , et qu’on la trouvera fendue ou mise hors d’état de pouvoir continuer d‘en joue ; on pourra seulement en mettre une autre pour finir la partie

 

Art .75 - La partie commencée ne peut être renvoyée sans cause légitime et prouvée Une partie commencée ne peut être renvoyée à un autre jour sans légitime cause , comme mauvais temps survenu , pluie , manque de jour , ou enfin quelque affaire ou cas imprévu , reconnu véritable , à moins qu’il n’en soit autrement convenu entre joueurs . Car alors , il y aura mauvaise foi de la part de celui qui la renvoie , et , en ce cas , il sera condamné comme s’il l’avait perdue et tenu de payer ce qui se joue .

 
     
 

Vignette issue du livre de Mr SUDRE 1844

 
     
 

Une bonne boule “ est l’âme de la partie “ ; elle doit être “ de bon buis fin , bien noué , fort sec et d’un poids proportionné à sa grosseur ; il est essentiel que les noeuds , qui paraissent souvent sur les deux côtés opposés de la boule , soient le plus petits qu’il se pourra . Elle doit être frappée à la pierre par le maître Palemardier “ . Puis , elle est “rodée “ dans des parties d’entraînement avant son utilisation en compétition . “ Le suc de pariétaire ( herbe de Notre - Dame ) conserve les boules , lorsqu’on les frotte souvent avec cette herbe , ce qui les endurcit , leur fait prendre de la nourriture et du poids “. Mails et boules étaient fabriqués par des artisans spécialisés , les Palemardiers ; chaque Maître - Palemardier avait son atelier , ses compagnons et ses aides ; il fabriquait mails et boules qu’il vendait ou louait aux amateurs.

 

Les Palemardiers concevaient et dirigeaient l’aménagement d’un certain nombre de parcours ; en maintes circonstances , ils jouaient le rôle d’arbitres entre les pratiquants . Aux veilles de la Révolution , on comptait une douzaine de Maîtres - Palemardiers qui vivaient “ commodément “ à Montpellier. Ils formaient une corporation dont les statuts avaient été approuvés par le Sénéchal de Montpellier le 4 septembre 1668 , puis par un arrêt du Parlement de Toulouse intervenu le 28 novembre de la même année .C’est à cette époque que le Maître François Grasset , le plus connu des palemardiers montpelliérains exerçait ses talents.