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Archives annuelles de la Normandie :
LE Goblin ou Gobelin, dont le nom se retrouve aussi en Angleterre, est un génie malicieux, espiègle et dégourdi ; toujours prêt à faire quelques niches, toujours en activité de service, assez bon diable d’ailleurs, point trop exigeant, jouissant au surplus d’une grande puissance dont il a le bon esprit de ne pas abuser, ce qui n’est pas commun, comme on sait, surtout parmi les diables. La protection du Goblin n’est pas du tout à dédaigner. Pour être bien avec lui, il suffit de ne point parler mal sur son compte : c’est un point sur lequel il est fort chatouilleux. |
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Il se plaît quelquefois à lutiner ses protégés ; tantôt il chatouille, il pince les enfants ; tantôt il ébouriffe les crins des chevaux. Et des crins entremêlés annoncent infailliblement sa présence et sa protection. Il aime assez les métamorphoses ; et quoique le sort des chevaux ne soit guère plus heureux dans les campagnes qu’il ne l’est à Paris, le Goblin se change souvent en cheval. Il est vrai de dire pourtant que sa métamorphose est de courte durée. Ce temps, qu’il sait mettre à profit, lui suffit pour jouer quelques tours assez plaisants. Le Goblin a beaucoup de rapports avec le Nissen des paysans de la Norwège. Le Nissen, suivant ces bonnes gens, a soin des bestiaux, et surtout du cheval, qu’il affectionne particulièrement. Il les tue quand on les néglige. Ces paysans croient aussi à des génies qui substituent leurs petits monstres aux enfants qu’ils enlèvent. C’est là probablement l’origine des enfants qu’on croit changés en nourrice.
Le Goblin est sujet aussi à se changer en petit garnement ; et, pour être bien avec lui, il faut l’appeler le bon garçon ; ce nom le flatte beaucoup ; et pour si peu de civilité, on ne désoblige pas volontiers. D’ailleurs, rien de si complaisant et de si poli que le villageois quand il a peur. Le Goblin hante principalement les vieux donjons et les châteaux abandonnés ; il veille sur les trésors. Quand on veut le faire déguerpir, comme il aime beaucoup la symétrie, il suffit de déplacer ce qu’il a mis en ordre. On peut aussi jeter ça et là de la graine de lin dans l’appartement qu’on veut lui faire quitter : sa vivacité naturelle ne lui permet pas de la ramasser ; il finit par s’impatienter, et il va chercher fortune ailleurs. On ne dit pas si on le ferait décamper en usant du remède qui fut employé à Naples contre le pauvre Belphégor, et qui eut un si favorable succès quand Mathéo lui dit pour lui faire prendre la fuite :
NOTES. | ||||||||||