QUELQUES BATEAUX
   
  LE CORSAIRE
         
 

Bâtiment qui, en temps de guerre, était armé en course par des particuliers en vertu d'une commission du gouvernement.


Par métonymie, le capitaine commandant un tel bâtiment. Particulier travaillant à son compte, mais reconnu par le droit des gens, il fait partie de la force armée du pays dont il bat pavillon.


Terme apparu au XVe siècle, emprunté de l'italien corsaro, dérivé du latin cursus, « cours ».

 

La course résulte, en effet, d'un contrat entre un armateur et un gouvernement (en général celui de son pays, mais pas nécessairement). Dans cette association, chacun poursuit ses objectifs propres. Pour le gouvernement qui délivre les « lettres de marque » ou la « commission en guerre », il importe avant tout de nuire à l'ennemi : un bateau coulé est un succès. Pour le cosaire, au contraire, il s'agit de faire une opération économique comportant des profits : un bateau coulé est un échec, c'est un bateau qu'on n'a pas pris et qu'on ne prendra jamais.

 

La course est donc un compromis entre les intérêts privés et les intérêts de l'État ; c'est pour ce dernier, un moyen de se débarrasser des frais de guerre sur mer en abandonnant à des particuliers la majeure partie de ses profits éventuels ; pour le corsaire et ses armateurs, c'est une façon de continuer une entreprise maritime quand la guerre arrête le commerce, activité essentielle.

 

 

Le Renard en face de Saint Malo

 
         
 

Il en résulte deux caractères distinctifs de la course : primo, il ne peut y avoir de course qu'en temps de guerre, d'où il faut conclure que la course n'est pas une activité permanente mais occasionnelle ; secundo, la course est dirigée uniquement contre l'ennemi, d'où l'élaboration d'un droit des neu-tres, pièce essentielle du droit des gens. Qui contrevient à ces deux principes est un pirate.

 

Mais cette distinction juridique progressivement établie au cours des temps n'est valable que pour desépoques relativement récentes, disons à partir du XVIIe siècle, et pour les régions relevant du droit international européen. C'est dire que de vastes secteurs de l'humanité l'ont totalement ignorée.

 
         
 

La Vénus et la Melpomène en rade de Saint-Malo - Dessin " Etienne Blandin "