LEGENDES DE L'ORNE
 

ATHIS

   
  LE CHENE DE LA MOTTE
         
 
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CPA Collection LPM 1900

 
         
 

Le chêne de la Motte ou chêne au muet

 

Anatole DUVAL (sans date)

 

Un domestique que le sieur Mathieu Le Bailly de la Motte, personnage protestant, avait eu pendant quelque temps à son service et qui avait quitté sa maison on ne sait pourquoi, connaissait non seulement la position de fortune de son ancien maître, mais encore était très au courant des usages du logis. Cet homme comptait peu sur les moyens de défense des châtelains et avait résolu leur perte dans le but de s'enrichir. Il s'empressa donc d'accepter l'offrande d'une forte somme qu'un aventurier des environs lui offrit pour le guider en vue d'assassiner la famille Le Bailly. Tous deux, aidés de quelques complices, arrivèrent bientôt au château de la Motte pendant les vêpres de Ronfeugeray, le 29 mars 1692.

 

Ils commencèrent par tuer, sans être aperçus de personne, deux chiens de garde qui auraient pu certainement les déranger dans l'exécution leurs desseins. Bientôt ils frappèrent à la porte du château, Mathieu Le Bailly vint ouvrir, après avoir déplacé une forte solive carrée, arcboutant la porte d'entrée à l'intérieur et qui s'enfonce encore aujourd'hui dans la muraille aux deux extrémités. Apercevant alors des gens en costume de voyage, le sire de la Motte leur souhaita la bienvenue, les prenant à pareille heure pour des étrangers égarés dans cette contrée.

 

Un des assassins s'avança et, pour toute réponse, déchargea à bout portant sur M. de la Motte un pistolet qui l'étendit raide mort.

 

Un fils de la maison, Jean Le Bailly, jeune homme de dix huit ans, s'avance incontinent au secours de son malheureux père ; mais voyant qu'il ne lui restait plus qu'à le venger et à se défendre lui-même, il se disposa à vendre chèrement sa vie. Il courut vers l'âtre du foyer, malgré les profondes blessures qu'il avait déjà reçues, monta sur un siège et essaya de dé-crocher une arme de fort calibre suspendue au manteau de la cheminée, mais les assassins qui le poursuivaient lui firent lâcher prise et l'achevè-rent sans pitié... Alors survint un autre fils de M.. Le Bailly, enfant de douze ans. L'ancien domestique qui guidait les assassins du geste et de la voix, arrêta le bras de l'un d'eux en disant :

 

- Inutile, cet enfant est muet. Ne craignez pas ses révélations.

 

Dans le trouble, l'enfant parvint à s'échapper, et, pour se mettre à l'abri du danger de mort qui planait encore sur sa tête, il se réfugia dans le creux du Chêne voisin, qui, depuis cette époque, porte le nom de Chêne au Muet.

 
         
   
  LEGENDES DU CALVADOS
 

BARNAVILLE LA BERTRAND

   
  LE CHÊNE DE L'IMAGE
         
 

LE CHÊNE DE L'IMAGE

Anonyme

in Le pays normand (août 1900) 

 

A l'entrée du charmant village de Barneville-la-Bertrand, se trouve un chêne très ancien connu dans le pays sous le nom de "Quêne de l'Image".

 

Ce nom vient de ce qu'une statuette de saint Jean-Baptiste, patron de la paroisse, est attachée au vieil arbre.

 

Mais il faut croire que la pieuse icône n'effraie pas le malin, car on a maintes fois sous le "Quêne" un spectacle extraordinaire bien qu'invariable : à minuit frappant apparaît une table portant douze couverts et magnifiquement servie.

 

Il y aurait aussi à cet endroit l'entrée d'un souterrain hantée et qui aboutit au bord de la mer au lieu-dit le Butin.

 
 
         
   
  LES FABLES DE LA FONTAINE
   
  LE CHENE ET LE ROSEAU
         
 

Le Chêne un jour dit au roseau :
Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet  pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est aquilon ;

tout me semble zéphir
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent. 
La Nature envers vous

me semble bien injuste.
Votre compassion, lui répondit l'Arbuste ,
Part d'un bon naturel ;

mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins

qu'à vous redoutables. 
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin.

Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants

  

Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,

 

Illustration de Gustave DORE

 
       
   

Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.

 
         
   
  LES ARBRES ET LEURS USAGES
   
  LE CHENE
         
   
         
 

En Europe, le chêne a été très utilisé, puis cultivé, pour son bois, son liège, son écorce et ses glands (dont on faisait autrefois de la farine, mais qui ont surtout servi à alimenter des porcs). On trouve parfois des chênes têtard dans les haies bocagères ou des chênes isolés dans une prairie ou un champ.

 

Les chênes sont des arbres à bois dur. Le bois de chêne a une masse volumique comprise entre 0,75 et 0,85 g/cm3. C'est un matériau très résistant et très dur. Sa résistance aux insectes et aux champignons (durabilité naturelle) est très importante grâce à sa forte teneur en tanin. Les grandes planches radiales de chêne sont prisées depuis le Moyen Âge et servent à réaliser des boiseries d'intérieur de bâtiments prestigieux comme la Chambre des communes en Angleterre à Londres, et dans la construction de menuiserie fine. Le bois du chêne pédonculé et du chêne rouvre était utilisé en Europe pour la construction navale jusqu'au XIXe siècle et étaient les principales essences de bois utilisées dans la construction des charpentes en bois des bâtiments en Europe. Aujourd'hui le bois de chêne reste couramment utilisé dans la menuiserie, la parqueterie, et la production de plaquage. Les tonneaux dans lesquels les vins rouges, xérès et d'autres spiritueux tels que le cognac, le scotch ou le bourbon sont vieillis, sont des fûts de chêne. Les tonneaux de chêne contribuent à la saveur vanillée de ces boissons. Les copeaux de bois de chêne sont utilisés pour le fumage du poisson, de la viande, du fromage et d'autres produits alimentaires.

 

Parmi les chênes nord-américains, le chêne rouge d'Amérique Quercus rubra est le plus prisé pour son bois au sein du groupe Lobatae. Toutes les espèces de ce groupe sont commercialisées en tant que « chêne rouge ». Le bois standard des chênes du groupe Quercus, lesquels sont tous commercialisés en tant que « chêne blanc », est le chêne blanc Quercus alba. Le bois du chêne rouvre et du chêne pédonculé Quercus petraea et Quercus robur, tous deux à feuilles caduques, représente la plus grande partie de la production de chêne en Europe, mais les espèces persistantes, tel que le chêne vert Quercus ilex, et le chêne-liège Quercus suber produisent aussi un bois de valeur.

 

    Quercus coccifera est parasité par le kermes, ou cochenille, un insecte dont les œufs séchés et traités servaient à confectionner une teinture de couleur écarlate ;

    Quercus pubescens est quant à lui le meilleur chêne truffier, le mycélium de la truffe vivant en association avec ses racines.

 

L'écorce de Quercus suber, ou chêne-liège, donne le liège qui sert traditionnellement à fabriquer les bouchons en liège. Cette espèce pousse sur le pourtour méditerranéen, ainsi qu'au Portugal. L'Espagne, l'Algérie et le Maroc sont les plus gros producteurs mondiaux.

 

L'écorce de chêne est riche en tanin. Pulvérisée, elle donne le tan utilisé pour le tannage des cuirs par les tanneurs.

 

L'écorce du chêne blanc est séchée et utilisée dans certaines préparations médicales.

 

En Kabylie (Algérie), l'écorce du chêne-liège découpée en forme de cylindre de 70 à 80 cm est utilisée en apiculture pour élever des essaims d'abeilles.

 

Les glands peuvent être consommés par les humains. Les glands servent pour faire une farine, grillés comme substitut de grains de café ou fermentés pour donner une boisson pétillante (piquette de glands). Les glands sont aussi mangés par les animaux sauvages ou domestiques : les écureuils, les cerfs, les sangliers qui en sont très friands. Toutefois, ils sont nocifs pour les équidés. Au Moyen Âge, dans presque toute l'Europe, en octobre, la glandée consistait à emmener les cochons en forêt pour qu'ils se nourrissent des glands tombés à terre. Les glands sont utilisés en Corse et en Espagne pour l'alimentation de cochons élevés en semi-liberté (qui vont en Espagne servir à confectionner le jambon ibérique de bellota).

Utilisations des galles

 

On appelle noix de galle (ou galle du chêne) l'excroissance provoquée sur les feuilles de certains chênes par des piqûres d'un autre insecte, le cynips — la noix de galle est utilisée pour la confection de teintures.

 

La galle du chêne a longtemps été utilisée comme ingrédient principal pour fabriquer l'encre (encre métallo-gallique), récoltée à une période précise de l'année.

 

Dans les campagnes, les enfants transperçaient d'une allumette les galles (appelées "imoines" dans le Poitou), pour en faire de petites toupies.