VIEILLES PROVINCES DE FRANCE
   
  LA GASCOGNE    -12.2
         
 

La Gascogne en gascon Gasconha est une ancienne province située sur le territoire des départements actuels des Landes, du Gers, des Hautes-Pyrénées et, pour partie, d'autres départements des deux régions d'Aquitaine et de Midi-Pyrénées.

 

Successivement appelée Aquitaine, Novempopulanie, Vasconie puis Gascogne au XIIIe siècle, elle est forte de la diversité géographique de son territoire naturel, localisé entre Atlantique, Garonne et Pyrénées. Revendiquant une identité culturelle fondée sur son histoire évoluant de peuples aquitains de langue proto-basque vers un peuple de Gascons partageant un dialecte latinisé commun, elle constitue l'aire linguistique actuelle du gascon, l'un des dialectes de l'occitan.

 
     
 

Histoire Wikipedia


La Gascogne n'est pas une région administrative mais une aire naturelle, culturelle et linguistique. La province historique est de fait éclatée entre les deux régions de l'Aquitaine et de Midi-Pyrénées sans les constituer en totalité. Elle recouvre entièrement les départements des Landes, du Gers et des Hautes-Pyrénées, et comprend pour partie ceux des Pyrénées-Atlantiques, de la Gironde, de Lot-et-Garonne, du Tarn-et-Garonne, de la Haute-Garonne et de l'Ariège, les autres parties de ces départements et les autres départements d'Aquitaine (Dordogne) et de Midi-Pyrénées (Lot, Tarn et Aveyron) étant respectivement situées sur le territoire des anciennes provinces de la Guyenne, du Béarn, de la Basse-Navarre, du Languedoc ou du comté de Foix. La zone d'influence du gascon se prolonge sur une partie du territoire de l'ancienne province de Guyenne.

 

Le Val d'Aran, bien qu'appartenant à l'Espagne, fait partie linguistiquement de la Gascogne, elle-même partie de l'Occitanie dont le gascon est un dialecte.

 

Le royaume d’Aquitaine

 

En 781, Charlemagne fit sacrer son troisième fils, Louis alors âgé de trois ans, roi d’Aquitaine. Ce nouvel État, royaume d’Aquitaine, comprenait l’Aquitaine proprement dite ainsi que le Duché de Vasconie et avait pour capitale Toulouse. L’administration en était assurée par Guilhem, comte de Toulouse et duc d'Aquitaine.

 

Les Vascons avaient élevé au pouvoir, après la mort de Loup II, l’un de ses fils, Sanche Ier Loup qui reconnut la suzeraineté de Charlemagne et prit part, contre son sentiment mais par fidélité, à l’expédition organisée par le roi d’Aquitaine contre Barcelone en 801.

 

Mais cette reconnaissance fut de courte durée puisqu’en 802 Pampelune avait fait allégeance à l’émir de Cordoue.

 
 
       
       
   

 «Carte de La Gascogne» par Oie blanche

 

Partie méridionale du gouvernement de Guyenne où se trouvent le Condomois, la Chalosse, le pays de Soule, le Labour, l'Armagnac, les Landes, le Comminges, le Bigorre, le Couserans etc ; Gouvernement de Basse Navarre et Bearn, Robert de Vaugondy. Carte du Bearn de la Bigorre, de l'Armagnac et des Pays Voisins, Delisle. Définition de la frontière Guyenne/Gascogne selon Expilly (Gascogne = sud du Bordelais et du Bazadais).

 
         
 

Toujours est-il qu’en 812, après une révolte vasconne contre les Francs menée par Semen Ier Loup, frère aîné de Sanche Ier Loup qui l’avait remplacé à sa mort, une nouvelle expédition de Louis le Débonnaire, fils de Charlemagne, arriva jusqu’à Pampelune en passant par Dax pour y raffermir son autorité chancelante. Louis prit la précaution, cette fois-ci, afin de ne pas répéter la défaite de 778, au retour par Roncevaux de s’emparer de femmes et d'enfants vascons qu’il ne libéra qu’une fois arrivé dans une zone sûre où son armée ne risquait plus d’embuscade.

 

À la mort de Charlemagne, Louis le Débonnaire (ou le Pieux) devint empereur et associa ses fils au gouvernement. En 817, il donna à Pépin Ier d’Aquitaine, la Vasconie, la marche (juridiction) de Toulouse et une partie de la Septimanie et de la Bourgogne. Pendant ce temps, dans le duché de Vasconie, Garcia Semen, le fils aîné de Semen Loup avait succédé à son père mort en 816. Mais Garcia Semen mourut en 818 et fut remplacé, à son tour, par un cousin germain, Loup III. En 819, ce dernier fut dépouillé de ses biens par Pépin Ier qui le bannit. Cependant, pour se concilier les Vascons, il leur donna pour chef Aznar Sanche, fils de Sanche qui l’aida à combattre les révoltes vasconnes. C’est l’époque du comté de Vasconie citérieure qui sera érigé en duché de Vasconie en 852.

 
         
 

À la mort d'Aznar Sanche en 836, ce comté puis duché de Vasconie revint à son frère Sanche II Sanche lui-même remplacé, à sa mort vers 855 par son neveu Arnaud qui était le fils de sa sœur Sancia et de Emenon, comte de Poitiers, puis d'Angoulême. Arnaud mourut en 864 et la succession des ducs gascons n'est en rien très claire. Une légende affirme qu'en 864, les Gascons nommèrent comme comte, Sanche II Menditarra, un petit-fils de Garcia Ier Semen. Ce Sanche II Sanche de Vasconie « Menditarra » serait l'ancêtre des futurs ducs et comtes de Gascogne qui se sont succédé jusqu'en 1032, date de la mort du dernier prince de cette famille.

 

Les comtes de Gascogne

 

La chronologie difficile à démêler des ducs et comtes de Gascogne devient un peu plus claire à partir de Sanche Mittara.

 

Son fils Garcia Sanche dit le Courbé le remplaça à la tête de la Gascogne avant 893. Il eut trois fils, Sanche Garcès qui lui succéda vers 930 dans un duché amputé des parts de ses frères, Guillaume Garcès, tige des comtes de Fezensac

 
 
 

et d’Armagnac et Arnaud Garcès, tige des comtes d’Astarac.

 

Sanche Garcès eut, semble-t-il, au moins trois fils : Sanche, Guillaume et Gombaud.

 

Sanche Sanche ne laissant aucun enfant, son frère Guillaume Sanche, dont le fait d'armes fut sa victoire sur les Vikings10, lui succéda vers 961 et régna sur la Gascogne jusqu’en 996 au moins. Il eut, de sa femme Urraca, fille de Garcia Sanchez, roi de Pampelune cinq enfants : Bernard Guillaume, Sanche-Guillaume, Brisce, épouse de Guillaume V de Poitiers, comte de Poitiers, duc d’Aquitaine, Garsende, épouse d’un grand seigneur de Bourgogne et Toda, femme de Bernard Ier, comte de Besalú.

 

Bernard Guillaume, duc de Gascogne et comte de Bordeaux, étant mort le 25 décembre 1009 sans laisser de postérité, le pouvoir échut à son frère Sanche Guillaume qui le garda jusqu’à sa mort, le 4 octobre 1032.

 

Son neveu, Eudes ou Odon de Poitiers hérita du duché de Gascogne puis du comté de Bordeaux. Il mourut en 1039 et Bernard dit Tupamaler, comte d’Armagnac fut reconnu comte de Gascogne

 

Bernard (Bernat) était, en effet, le petit-fils de Brisce de Gascogne et était donc le descendant le plus direct de Guillaume-Sanche (13) au sens de la coutume. Mais le frère d'Eudes, Guy-Geoffroy ou Guillaume VIII, duc d’Aquitaine, lui contesta le pouvoir, étant devenu comte de Bordeaux vers 1044. Après nombre de péripéties, les Poitevins l’emportèrent à la bataille de la Castelle en 1063. Guy-Geoffroy, plus connu sous le nom de Guillaume VIII d’Aquitaine, fut suivi par Guillaume IX, le fameux troubadour, puis par Guillaume X d'Aquitaine qui mourut en 1137, laissant la couronne d’Aquitaine à sa fille Aliénor.

 

En 1152, par le mariage d’Aliénor avec Henri II Plantagenêt, comte d’Anjou et duc de Normandie, le duché d’Aquitaine et celui de Gascogne furent unis à l'empire Plantagenêt qui comprenait l'Angleterre, la Normandie, l'Anjou-Maine-Touraine.

 

En réalité, il ne restait plus grand-chose de la Gascogne de Sanche Mittara, elle-même déjà réduite par rapport à la Novempopulanie par la création du Comté de Comminges (Xe siècle) comprenant alors le Couserans. Les partages successifs entre les descendants du Courbé virent la création d’une mosaïque de seigneuries indépendantes qui reconnaissaient, ou non, la souveraineté des ducs suivant les circonstances et les alliances du moment.

 

L'histoire de la Gascogne unie comme territoire politique s'arrête là, mais pas l'histoire de la Gascogne médiévale. On pourrait dire qu'au niveau politique, il y a des « Gascognes ». Mais la principale division sera celle entre une Gascogne occidentale, située autour de Bordeaux, de Dax et de Bayonne, unie à l'Angleterre (jusqu'en 1451/1453) et une Gascogne orientale, située autour des comtés d'Armagnac, de Foix-Bearn et de Bigorre, qui sera pro-française pendant la guerre de Cent Ans.

 
         
 

La période moderne

Le duché de Guyenne et Gascogne

 

Dans cette période (XVIe-XVIIIe), le territoire de la Gascogne est englobé dans la province qu'est devenu le duché d'Aquitaine aussi appelé duché de Guyenne et Gascogne en 1789. Les généralités (d'Auch ainsi que de Pau, pour la Gascogne) furent des circonscriptions administratives royales dont le rôle se renforça du XVIe au XVIIIe siècle. Elles disparurent lors de la Révolution française, pour être remplacées par les départements en 1790.

 

Sur le plan ecclésiastique l'Archevêché d'Auch, composé (à l'origine) d'une douzaine de diocèses11 issus des cités (civitas) du Bas-Empire romain, survécut jusqu'en 2002. Mais les frontières de ces diocèses sont encore utilisées pour tracer les limites des cités de Novempopulanie.

 

La partie gasconne du duché de Guyenne et Gascogne, à la veille de la Révolution, était formée des comtés, vicomtés et seigneuries suivants : le comté d'Armagnac avec l'Eauzan, le Bas-Armagnac, la vicomté de Rivière-Basse, la vicomté de Vic-Fezensac, le Haut-Armagnac et la vicomté du Fézensaguet ; le comté d'Astarac avec la vicomté du Magnoac ; le comté de Lomagne ; le comté de L'Isle-Jourdain ; la vicomté du Brulhois ; les enclaves gasconnes de la jugerie de Rivière-Verdun.

 

Fin de l'Ancien Régime

Le gouvernement de Guyenne et Gascogne sous l'Ancien Régime

 

Les lettres patentes royales publiées le 4 mars 1790, faisant suite aux décrets pris, « après avoir entendu les députés des toutes les provinces », par l'Assemblée nationale les 15 janvier, 16 et 26 février, ordonnant la division de la France en quatre-vingt-trois départements dresse la liste des anciennes « provinces » qui allaient donner naissance à ces circonscriptions d'un nouveau genre à l'aube de l'ère contemporaine.

 

Pour autant, l'ordonnance précise que la division ne vaut encore que pour l'exercice du pouvoir administratif, les anciennes divisions relatives à la perception des impôts et au pouvoir judiciaire subsistant jusqu'à nouvel ordre.

 

 

Les armes de Gascogne

 

Ecartelé d'azur au lion d'argent et de gueules à la gerbe de blé d'or liée d'azur.

 

Ce sont des armes modernes créées par le héraut d'armes de Louis XIV pour compléter son armorial, la province, disputée comme la Picardie entre plusieurs grandes maisons, n'ayant jamais eu d'armes propres. Le lion évoque celui des Armagnac, des Pardiac et des Mauléon qui portaient tous, ainsi que Bigorre, une brisure d'Aquitaine, la soumission de Bernard d'Armagnac au duc d'Aquitaine étant antérieure à l'introduction des blasons. En revanche Albret et Béarn portaient des armes bien distinctes. L'écartelé évoque une province frontalière.

 

Lors des révoltes contre le pouvoir central, les Gascons criaient « Guienne! Guienne! » et brandissaient, par opposition à l'étendard de de Saint Michel des rois de France, la bannière de Saint Georges. Empruntée en mai 1285 aux navires génois, qui transportaient les croisés, par le roi d'Angleterre Edouard lors de son triomphe célébrant sa victoire sur le roi gallois Léolin l'Ultime pour dénigrer la croix de Nuz (en) réputée être du bois de la Vraie Croix et exposée à Westminster parmi les autres regalia du vaincu, c'était devenue l'emblème du ralliement à l'Angleterre, en particulier au « Princi Negue », depuis l'instauration en 1348 de l'Ordre de la Jarretière

 
         
 

Il s'agit par conséquent de la liste, non pas des « provinces » qui sont au nombre de trente-deux (gouvernements militaires), ni de celle des diocèses ou des ressors des parlements, mais de celle des circonscriptions fiscales ou celle des pays de coutumes (bailliages et sénéchaussées).

 

Pour ce qui concerne le territoire délimité au XVIIIe siècle par les géographes Guillaume Delisle et Gilles Robert de Vaugondy ou l'historien Jean-Joseph Expilly comme constitutif de la « province » de Gascogne et qui deviendra les départements du Gers, des Landes, des Hautes-Pyrénées et pour partie des Pyrénées-Atlantiques, de la Gironde, de Lot-et-Garonne, du Tarn-et-Garonne, de la Haute-Garonne et de l'Ariège, les circonscriptions citées dans cette liste sont les suivantes : Bordelois, Bazadois, Agénois, Condomois, Armagnac, Chalosse, Pays de Marsan et Landes qui allaient constituer quatre départements, Pays basque et Béarn, un département, Bigorre et Quatre-Vallées un département, Couserans et Foix un département, Languedoc, Comminges, Nébouzan et Rivière-Verdun sept départements.

 

Parmi les territoires cités, le Bordelais, le Bazadais et l'Agenais sont partagés avec l'ancienne province de Guyenne, le Languedoc, le Comté de Foix et le Béarn sont extérieurs à la Gascogne et seules la Soule et le Labourd parmi les « Basques » sont en Gascogne à laquelle Jean-Joseph Expilly adjoint en outre le Tursan et une partie de l'Albret. Ce n'est donc pas la Gascogne proprement dite, laquelle, au sein du gouvernement militaire de Guyenne et Gascogne, n'a pas en soi de réalité administrative, qui est prise en considération dans ce découpage, mais les « provinces » qui la constituent et qui sont parfois à cheval sur d'autres territoires.