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Abbaye de La Lucerne d'Outre-Mer, collection CPA LPM 1960 |
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L'ABBAYE
Une abbaye (du latin abbatia) est un monastère ou un couvent catholique placé sous la direction d'un abbé (ou d'une abbesse; dérivé de l'araméen abba qui signifie « père »), lequel sert de père spirituel à la communauté religieuse. Les ordres monastiques, les chapitres canoniaux (de chanoinesses surtout), les communautés de chanoines réguliers ont vocation à fonder des abbayes. L'abbaye n'est donc pas nécessairement un lieu de clôture monastique.
Le monachisme chrétien commença en Égypte et en Terre Sainte et continua plus tard en Abyssinie (Éthiopie). Selon la tradition, au IIIe siècle saint Antoine s'est cru le premier chrétien à adopter un style de vie mêlant anachorétisme et cénobitisme - avant de rencontrer saint Paul de Thèbes qui était le premier - le monachisme étant plutôt auparavant de type anachorétique. D'autres suivirent peu de temps après.
À l'origine, tous les moines chrétiens étaient des ermites qui rencontraient rarement d'autres personnes. Mais à cause de l'extrême difficulté de la vie solitaire, beaucoup de moines échouèrent dans leur vocation, et soit retournèrent à leurs vies antérieures dans la cité, soient perdirent leurs illusions spirituelles.
Une forme transitoire de monachisme fut créée plus tard par saint Amoun dans laquelle des moines “solitaires” vivaient assez proches les uns des autres pour s'offrir un soutien mutuel et pour se rassembler les dimanches pour des services communs.
Ce fut saint Pacôme qui préconisa que des moines vivent et vénèrent un culte ensemble sous le même toit (monachisme cénobitique). Bientôt, le désert égyptien se peupla de monastères, surtout autour de Nitrie, qui était appelée la "cité sainte”. On estime qu'il y avait au moins 50 000 moines qui vivaient dans cette région à certaines époques. |
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Dès le commencement, la vie monastique recommandait la lecture assidue de la Parole de Dieu. Les principes de la Lectio divina, telle qu'elle était définie par Origène (sur la prière) furent le plus souvent adoptés dans les règles des monastères. Pacôme, saint Augustin, saint Jérôme, saint Benoît prescrivaient la lecture assidue de la Parole de Dieu1. Jean Cassien la recommandait également, et formula à la suite d'Origène les règles d'interprétation des textes selon quatre sens.
Le premier théoricien du monachisme en Occident fut l'abbé Jean Cassien de Marseille.
En Occident, saint Benoît fonda l'abbaye du Mont-Cassin en 529 et rédigea la Règle de saint Benoît |
Saint Benoît (abbaye de Münsterschwarzach) |
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Où sont situés les monastères
Les monastères sont le plus souvent situés dans un endroit calme et paisible, dans la campagne loin de la ville qui est l’endroit idéal pour le monastère.
La population des monastères est composée de :
- Novices qui sont en formation pour devenir moines ; - Moines qui ont prononcé leurs vœux (stabilité, obéissance, conversion de vie chez les moines qui suivent la Règle de Saint Benoît; pauvreté, chasteté, obéissance chez les autres religieux latins) et se trouvent attachés définitivement au monastère. Leur nombre varie d’un monastère à l’autre. Exemple : trois cents moines à Cluny à la fin du XIe siècle, quatre moines dans un prieuré dépendant de Cluny à la même période ; - Familiers qui ne sont pas des religieux. Ce sont souvent des serviteurs laïques qui logent soit au monastère soit en ville avec leur famille. - Frères Convers (religieux qui sont passés par le noviciat, mais ne sont pas moines de chœur) chez les Cisterciens et les Chartreux; des oblats réguliers qui portent l'habit de la communauté et vivent avec elle, sans avoir prononcé les vœux monastiques; enfin toute sorte d'hôtes à moyen ou long terme qui partagent la vie de la communauté, sans y être engagés.
L’ordre hiérarchique
Les charges monacales
1) Les dirigeants
- L’abbé dirige la communauté des moines. - Le prévôt ou prieur est un supérieur dans certains ordres religieux. - Le circateur est chargé de surveiller le comportement des moines et de si possible sanctionner tout relâchement. |
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2) Les responsables des ordres religieux
- Le sacristain entretien l’église et est proposé à la sacristie. - L’aumônier veille sur les pèlerins à pied qui sont à la chapelle.
3) Les moines du scriptorium
- Le chantre est responsable de la bibliothèque et du scriptorium. - Le moine copiste réalise les manuscrits.
4) Les responsables de l’entretien
- Le cellérier veille à l’approvisionnement de la communauté. - Le réfectorier s’occupe de la cuisine et du réfectoire. - Le camérier s’occupe du linge à la rivière.
5) Les responsables des pèlerins
- L’hôtelier veille sur les pèlerins à cheval à l’hostellerie. - L’aumônier veille sur les pèlerins à pied qui sont à la chapelle. - Le portier fait le garde à la porte du monastère. - L’infirmier s’occupe des malades. |
Les moines copistes d'aprés Elliot Collection CPA LPM |
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L'abbaye "des Blanches" a été fondée en 1112 par Adeline, sœur de saint Vital pour les moniales de l'ordre de Savigny. Vital, ancien chapelain du comte Robert de Mortain, demi-frère du Conquérant, renonça en 1095 à sa charge et se retira au "désert" dans les forêts du Passais et de Fougères. Il y vécut dix-huit ans, avant de fonder l'Ordre de Savigny. Il est, avec Robert d'Arbrissel et Bernard de Tiron, l'un de ces " magistri et principes eremitarum " qui autour de 1100 ont voulu réformer l'Eglise. Ils ont fini par établir des congrégations bénédictines nouvelles et originales, dans le sillage des Cisterciens auxquels Savigny se rattacha en 1147. (C'est donc sans doute à partir de cette date que le monastère féminin de Mortain peut prendre le nom d'Abbaye Blanche, en référence aux vêtements blancs des religieuses, faits de laine non teinte.)
L'église abbatiale et les bâtiments conventuels des moniales ont été édifiés entre 1150 et 1205.
Le cloître qui comprend encore deux galeries (mais seuls onze arceaux appartiennent bien à la fin du XIIe s.) est formé d'étroites arcades en plein cintre retombant sur des colonnettes qui lui confèrent beaucoup de légèreté. |
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Galerie du cloître |
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Aujourd'hui
L'église, les celliers, la salle capitulaire et le cloître longeant la nef avec trois arcades en retour le long du transept ont été classés monuments historiques par arrêté du 3 avril 1920.
L'ordre des pères du Saint-Esprit, propriétaire des lieux quitte l'abbaye en 1984, et la communauté des Béatitudes s'y installe en location. Leurs journées sont rythmées par les prières, les rites liturgiques (laudes, vêpres, complies, etc.) et la volonté de respecter la façon de vivre des premiers chrétiens. Une place importante est réservée à l'art par le biais d'expositions et de mises en scène d'une part, et par l'accueil d'artistes au sein de l'abbaye d'autre part parmi lesquels Marcel Hasquin, Hary Rosenthal, Patrick Chupin, Isa Slivance, Michael Lonsdale, Solomon Rossine, Akéji, Rachid Koraichi, la compagnie Habaquq... Un musée missionnaire sur l'ethnographie africaine est également ouvert au public.
En 2008, elle est mise en vente à trois millions d’euros. Fin 2010, la vente n'est toujours pas conclue. La mise à prix est raisonnable pour un édifice de ce calibre et les 5 hectares du domaine qui s'y rattache mais les 14 millions d'euros nécessaires à la restauration de l'abbaye font réfléchir. Comme dans le monde du travail, les spiritains, propriétaires de l'abbaye, doivent se restructurer en vendant des propriétés et en regroupant leurs membres.
La dizaine de frères et de sœurs des Béatitudes quitte l'abbaye de Mortain en mai 2011. Une promesse de vente est signée par l'architecte François Pin, le promoteur Maxime Rinaldi et un architecte belge, qui souhaitent en faire un lieu culturel en conservant le caractère spirituel du lieu |
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L'abbaye de Hambye vers 1960, CPA collection LPM 1960
Revue monumentale et historique de l’arrondissement de Coutances Renault, « Annuaire du département de la Manche » 1854 et additifs de 1861
L'abbaye de Hambye, de l'ordre de saint Benoit, dédiée à la Vierge Marie, s'élevait au pied d'un rocher, ad radicem montis abrupti, à peu de distance du vieux château, non longe ab antiquo Hambeiœ castello, et dans un riant vallon où serpente la rivière de Sienne. On a remarqué le soin que mirent, dès le XI° siècle, les pieux fondateurs d'abbayes et de maisons religieuses à toujours les établir près d'une rivière, ou au moins d'un ruisseau d'eau vive.
On entre dans la cour de l'abbaye par deux portes cintrées : l'une, grande et assez large pour les charrettes ; l'autre, moins grande, pour les gens de pied. La grande porte est ornée d'un rang de petites moulures rondes, figurant des têtes de clous. Il y avait au dessus un écusson aux armes des Paynel. Ces armes ont en grande partie disparu. Suivant les uns, elles étaient d'or à deux fasces d'azur à une orle de merlettes de gueules. Suivant d'autres, elles étaient d'or à deux fasces d'azur à neuf merlettes de gueules, 4, 2, 3.
La petite porte présente comme ornement une garniture denticulée.
La porterie avant renovation, CPA collection LPM 1900 Les ruines de l'église sont encore imposantes el dignes d'être visitées. A leur vue, on est saisi d'un sentiment d'indignation contre ces vandales et ces barbares de la fin du XVIII° siècle, qui entreprirent de régénérer la société en incendiant et en détruisant ces admirables basiliques, ces vieux donjons qui redisaient la bravoure comme la piété de nos aïeux, et avaient fait appeler notre belle province la terre classique des églises et des châteaux.
Cette église est à gauche, en entrant dans la cour; elle se compose d'un chœur, d'une nef, de bas-côtés régnant autour du chœur, et de cinq chapelles qui rayonnent le long des bas-côtés.
La nef est antérieure au chœur; elle annonce un peu l'époque de transition. Commencée à la fin du XII° siècle, elle n'a été achevée que dans les premières années du XIII°. Le chœur est de la fin du XIII° siècle ou de la première partie du XIV°. Quelques travaux de réparation paraissent y avoir été exécutés dans le XV° siècle.
La nef et les bas cotés, CPA collection LPM 1900
On remarque dans cette église de longues et étroites fenêtres dont l'ogive représente presque un fer de lance, ce qui a fait donner à cette forme de fenêtre, par les antiquaires anglais, le nom de lancette. On y en voit aussi de plus courtes, géminées et renfermées dans une plus grande ogive. Un trèfle occupe le centre de l'arcade.
De belles colonnes s'élancent d'un seul jet jusqu'au haut des voûtes. Celles qui règnent autour du sanctuaire sont légères, géminées et de forme cylindrique.
Plusieurs chapiteaux sont ornementés, les uns avec des palmettes, des volutes ou fleurs enroulées, les autres avec des animaux à corps ou figures bizarres. On remarquait encore, il y a quelques années, une scène de chasse sur le chapiteau d'une courte colonne en granit, monolithe, vers le transept, côté de l'évangile : sur ce chapiteau l'artiste a grossièrement sculpté un chasseur tenant de la main droite une lance ou épieu, et de la gauche un olifant dans lequel il souffle fortement. Deux chiens le devancent, poursuivant un cerf. Sous chaque angle du tailloir qui est carré un arbre étale ses rameaux : les arbres figurent sans doute un bois, une forêt. Cette scène se reproduit souvent dans l'architecture du XII° siècle.
Le clocher, qui, dit-on, était d'un style fort élégant, s'élevait entre chœur et nef. Sa voûte existe encore. Il était soutenu par quatre piliers élancés de figure hexagonale.
La partie absidiale de l'église est en forme de rond-point.
L'église est entièrement dépavée. Elle avait conservé un grand nombre de pierres tumulaires. Jeanne Paynel et Louis d'Estouteville, son mari, regardés comme les restaurateurs d'une partie de l'église du monastère, reposaient dans le milieu du chœur. Leur tombe était fermée par une grande pierre tumulaire plate offrant une épitaphe marginale en français, et revêtue, dans sa partie moyenne, d'une tablette en cuivre sur laquelle était sans doute représentée l'effigie des deux époux.
Plusieurs tombeaux des membres de la famille des fondateurs étaient placés dans les chapelles et dans les entre-colonnements autour du chœur. On en remarquait un surtout très-curieux : c'était un guerrier, représenté couché, les mains jointes sur la poitrine, en costume militaire. Sur son écu, attaché au bras gauche, on distinguait les armes des Paynel.
Des actes de donations ou de fondations de messes et d'obits nous font connaître sous quels vocables étaient quelques-unes des chapelles de l'église de l'abbaye. Ainsi, Lesceline de Subligny donna à la chapelle Sainte-Catherine, et pour le soulagement des moines infirmes, six acres de terre de son domaine de Marcey ; ...videlicet capellœ Sanctœ Catherinœ abbatiœ de Hambeja.
« Noble et puissant chevallier messire Nicolas Paisnel seigneur de Bricqueville-sur-la-Mer fonda quatre messes de requiem par chacune semaine pour le salut de lame de luy de madame Marie de la Marche sa femme et pour madame Agnès de Chanteloup sa mère… Suit le détail des objets donnés… Et furent icelles messes fondés lan mil trois cent quatre vingt dix huit et trépassa le dit chevallier lan mil quatre cent en retournant du pardon de Rome et en gist le corps en lhopital de Montflacon et le corps de madame Marie sa femme gist en la chapelle Saint Jacques de cette abbaye et le corps de madame Agnès sa mère gist devant la chapelle Saint Jean. »
« Comme feu de noble mémoire monsire Guillaume Paisnel sire dHambye naguère allé de vie a trepassement en son testament ou deraine (dernière) volonté eut esleu sa sépulture en labbaye du dit lieu dHambye qui fondés fut par ces prédécesseurs et aussy noble dame madame Jeanne Paisnel dame de Moyon sa compagne eut pareillement esleu sa sépulture en la dite abbaye et à relligieux abbé et couvent djcelle abbaye et a leurs successeurs eut le dit seigneur donné affin dhéritage trente livres de rente a estre pris en franc fieu pour le salut des ames de ses père et mère et autres ancesseurs de luy de la dite madame Jeanne Paisnel dame de Moyon sa compagne et de touts leurs successeurs et amis et parmy ce que jceux relligieux et leurs successeurs seroient tenus et obligés dire et célébrer chacun an quatre obits solennels dont la messe sera ordonnée à diacre et sous diacre cest a scavoir aux quatre temps de lan et outre ce par dessus seront tenu dire et célébrer perpétuellement chacune semaine trois messes à la chapelle Saint Michel que le dit feu sire dHambye avait fait faire à la dite abbaye et avant qu'il eu peu avoir passé lettres devant tabellion royal fut aller de vie a décéder… nobles hommes Guillaume Paisnel Foulques Paisnel Colin Paisnel Jean Paisnel escuyers enfans et héritiers du dit feu sire dHambye lesquels en accomplissant la bonne dévotion de leur dit père par le consentement et le conseil de la dite madame leur mère de révérend père en Dieu monsieur l'évêque de Coutances et de plusieurs autres et de leurs amis ratifièrent approuvèrent et eurent agréable le dit don des trente livres de rente pour les causes et en la manière dessus touchés… Ce fut fait en la présence de Guillaume Despas et de Raoul de Monde le quatorzième jour davril lan de grâce mil quatre cent quatre. »
« Messire Jean Paisnel chevallier seigneur du Mesnil Ceron du quel le corps repose en la chapelle de la Magdelaine de cette abbaye fonda quatre obits et trois messes la semaine la première de la Trinité la seconde de Nostre Dame et la tierce de St. Jacques et St. Christophe pour le salut de lame de lig et de son père de sa mère et de ses frères et pour ce donna et aumosna afin dhéritage pour jceux obits et messes fondés le fieu de Lengronne… le quel don après le trépassement du dit seigneur du Mesnil Ceron le dit messire Foulques Paisnel seigneur de Moyon de Créances et de Chanteloup frères aisnés et héritiers du dit seigneur du Mesnil-Ceron eurent… et agréable et pour ce baillèrent au dit abbé a héritage la saisine et possession du dit fieu de Lengronne et fut ce fait lan de grâce lan mil quatre cent treize ».
Les bâtiments claustraux étaient voisins de l'église, et les moines pouvaient se rendre à l'office à couvert et sans traverser ni les cours, ni les jardins. On remarque dans le bas-côté méridional de l'église la porte par laquelle ils entraient.
La salle du Chapitre est encore entière. Un rang de colonnes la divise en deux. Sa voûte est en pierre, et ses arceaux croisés sont formés de tores bien profilés et de cannelures soigneusement évidées. Des fleurons ornent leur point de jonction, et des volutes garnissent les chapiteaux. Cette salle, qui se termine par un rond-point, et dont les murs sont tapissés de quinze arcades ogivales aveugles ou bouchées, est bien conservée, et offre un beau type de l'architecture à ogive du XIII° siècle.
Entrée du Chapitre, CPA collection LPM 1900
Près de la salle capitulaire, on trouve la Salle des morts, ainsi nommée, parce qu'après leur mort on y déposait les religieux jusqu'à leur inhumation. Sa voûte en pierre n'est soutenue au centre que par un pilier cylindrique.
La salle capitulaire, CPA collection LPM 1960
La cuisine est placée à côté, et un pilier central soutient sa voûte, qui pareillement est en pierre. On voit encore la longue galerie couverte que suivaient les religieux lorsqu'ils se rendaient à l'église, et le long de laquelle règnent les chambres qu'ils occupaient. Cette partie des bâtiments date du XVII° siècle.
L'une des chambres, appelée Chambre du meurtre , est voûtée en pierre, et fermée par une porte en fer. C'était dans cet appartement qu'on déposait les papiers, les archives et les chartes de l'abbaye.
Dans une chambre, au premier étage, et qui peut-être était celle de l'abbé, on remarque une cheminée dont le trumeau est ornée d'anges qui jouent dans des grappes da raisin et autres fruits. Un lion repose sur chaque colonne, placée à droite et à gauche du trumeau.
L'abbaye de Hambye fut fondée vers l'année 1145. Son fondateur, Guillaume Paynel, descendait de Raoul Paynel, un des seigneurs normands qui allèrent avec Guillaume conquérir l'Angleterre. Il donna la charte de fondation en présence de ses quatre fils, Hugues, Jean, Fouques et Thomas, et d'AIgare, évêque de Coutances, qui lui inspira la pensée de cette fondation. Cette charte est en latin; en voici la traduction :
« Qu'il soit connu à tous, présents et à venir, que moi Guillaume Paisnel, de l'avis et du consentement de mes fils Hugues, Fouques, Thomas et Jean, j'ai fondé une abbaye sur mon propre héritage, à Hambye, pour le salut de mon âme et de celles de mon père, de ma mère et de mes ancêtres ; pour la construction de laquelle et pour l'entretien des frères qui serviront Dieu en ce lieu, j'ai donné à perpétuité l'église de Hambye avec tout ce qui en dépend; deux charruées de terre en cette même paroisse; la dime de tous les revenus des terres que je possède dans l'évêché de Coutances; la moitié de la laine des moutons, et trois livres de cire à prendre sur le Mont-Saint-Michel; tout mon sel de Verdun; le panage de leurs porcs, et l'exemption de toute coutume ordinaire pour leurs hommes et serviteurs; le lieu où est située l'abbaye, avec tous les droits d'eau des deux côtés, et l'Ile qu'elle forme; et encore cette partie de la forêt qui a été séparée par des devises, et la lande de Meley; en outre, une maison de retraite dans la forêt qui m'appartient aux Moutiers-Hubert, avec ce qui en dépend, savoir : celte partie de la même forêt qu'on a partagée par des devises, deux charruées de terre, deux acres de pré, un jardin et toutes les dîmes de mes revenus du château des Moutiers-Hubert. Le terme de ces donations est la Saint-Michel; à la charte desquelles j'ai fait apposer mon sceau, afin que personne n'ose y attenter par quelque machination que ce puisse être. Témoins Algare, évêque de Coutances, à la recommandation duquel j'ai entrepris cette œuvre ; Théodoric, abbé de Saint-Lô; Roger, Gislebert et Philippe, archidiacres; Robert de Hambye, Roger de Lizors, Hugon de Neuville, Silvestre, Thomas et Jean Paisnel, Guillaume de Verdun, Jean de Gavray, Guillaume de Tresgoz, et beaucoup d'autres . »
Alexandre III, Grégoire X et plusieurs autres papes accordèrent à l'abbaye de Hambye des privilèges et des immunités. Elle compta au nombre de ses bienfaiteurs Henri II, duc de Normandie et roi d'Angleterre, les Paynel, Lesceline de Subligny, Eléonore, comtesse de Salisbury, André de Vitry, Foulques de Chanteloup, Nicolas et Jourdain de la Haye, Henri et Guillaume de Thieuville, Guillaume de Tresgoz, seigneur de Saint-Romphaire, son fils Geoffroi, Guillaume Carbonnel, Guillaume de Montaigu, seigneur de Guéhébert, Guillaume et Jean de Brucourt, Jeanne Paynel, et Louis d'Estouleville, son mari
L'abbaye de Hambye possédait le patronage des églises de Pont-Flambart, Quesnay, Bréhal, Mesnil-Bonant, Tribehou, Saint-Romphaire, Lolif, Marcilly, Crollon, Subligny, Ronthon, du Grippon et de Notre-Dame-des-Houletles aux Moutiers-Hubert , ainsi que le prieuré de la Genevraie .
Ce fut Foulques Paynel qui lui donna les églises de Bréhal et de Quesnay, avec tout ce qui en dépendait; la dime aussi de la foire de Bréhal, celle de la mouture et des anguilles de son moulin de Quesnay. Guillaume, son fils, donna a l'abbaye vingt quartiers de froment sur ses moulins de Bréhal .
Lesceline de Subligny lui donna, pour le salut de son âme, de celles de son père, de sa mère, de Foulques, son mari, de Guillaume, son fils, en pure et perpétuelle aumône, les églises de ses fiefs en Angleterre et en Normandie. Elle l'aumôna encore de toute la dime de son fief et de son héritage de Pont, afin d'avoir le vin nécessaire pour les messes qui seraient célébrées dans l'église du monastère . | ||||||||||||