LES HOMMES DE CHERBOURG | ||||||||
JEAN NICOLET 1598-1642 | ||||||||
Explorateur de la Nouvelle-France
Né à Hainneville ou à Cherbourg en 1598, fils de Thomas Nicollet (avec souvent deux "l" à l'origine), « messager ordinaire du roy entre Cherbourg et Paris », et de Marguerite de la Mer, Jean Nicolet est aussi dit le sieur de Belleborne, du nom qu'il donna à son fief, à Sillery, puisque clairement délimité par deux ruisseaux descendant de la colline de Québec ; une partie de ce fief, qu'il partageait avec Olivier Le Tardif, forme aujourd'hui le parc du Bois-de-Coulonge. | ||||||||
Jean Nicolet débarquant à la baie des Puants,par Franz Rohrbeck (1852-1919), 1910 | ||||||||
Commis et truchement
En 1618, à 19 ans, il fait partie des 28 hommes qui rejoignent la Nouvelle-France. Il y sera tôt commis et « truchement » (interprète en langues indigènes et ambassadeur de bonne entente) de la Compagnie des marchands de Rouen et de Saint-Malo, puis de la Compagnie des Cent-Associés.
L’année de son arrivée, Jean Nicolet est chargé par Samuel de Champlain de se rendre à l’île aux Allumettes, sur la rivière des Outaouais, qui est alors le point de ralliement de la grande famille algonquine et un lieu stratégique connu pour être sur « la route des fourrures ». Il commence à vivre avec les Amérindiens de la région, les Algonquins et les Wendat-Hurons, se fait apprécier d’eux et apprend leurs langues pour devenir, à partir de 1624, un interprète reconnu, un intermédiaire privilégié entre les colons venus d'Europe et les Amérindiens, ce qui lui confère déjà un réel prestige.
Expatriation, mariage, paternité et retour à Québec
En 1629, des forbans bretons au service de l'Angleterre, les frères Kirke de Dieppe, prennent le poste de Québec, « au nom du roi anglais ». Jean Nicolet fait partie des rares Français qui restent au Canada, tous célibataires, réfugiés à l'intérieur des terres chez leurs amis amérindiens pendant les trois années que durera cette occupation. On peut avancer que Nicolet croit alors la colonie perdue à jamais, acceptant d'épouser une Amérindienne. Il avait déjà 32 ans et vivait depuis 1620 chez les Nipissing (de la famille algonquine). Ceux-ci, l'ayant en très haute estime et l'ayant adopté comme l'un des leurs, lui donnèrent (vers 1630) une jeune épouse, suivant les seuls rites des « Pays d'en haut », en l'absence de prêtre missionnaire catholique.
De cette union, lui naît, vers 1631, une fille « naturelle », Euphrosine, aussi dite Madeleine Nicolet, qui, par deux mariages successifs [1], assurera jusqu'à nos jours une grande partie de la nombreuse descendance de Jean Nicolet.
En 1632, la Nouvelle-France est redonnée à la France (par le Traité de Saint-Germain-en-Laye). Samuel Champlain revient en 1633. Nicolet revient à Québec avec sa bambine, dont la mère est décédée. La petite est confiée au sédentaire Olivier Le Tardif (truchement à Québec et bientôt sur la côte de Beaupré, copropriétaire du fief de Belleborne), jouant le rôle de parrain, et elle est prise en charge par Marie Rollet, la veuve de Louis Hébert, qui hébergeait avec bonheur d'autres fillettes amérindiennes.
Mission diplomatique et de grande exploration
En juillet 1634, à la demande de Champlain qui souhaite, au nom du roi de France, que cessent les conflits entre les tribus des Outaouais et des Winnebagos dans l'espoir de développer le commerce des peaux
Remariage
Le 7 octobre 1637, à Québec, Jean Nicolet (réputé célibataire par les catholiques !) épouse la toute jeune Marguerite Couillard (âgée de 11 ans, petite-fille de Louis Hébert et Marie Rollet, elle est née en août 1626 à Québec), qui lui aurait donné deux enfants : un garçon en 1639 (décédé à l'âge d'un an) et une fille en 1642, Marie-Marguerite Nicolet, qui épousera à 14 ans Jean-Baptiste Le Gardeur de Repentigny, de qui elle aura vingt enfants (entre 1657 et 1684; le premier à 15 ans, le dernier à 42 ans), dont cinq eurent de la descendance.
Réputation
Au cours de ces années, Jean Nicolet se comporte en véritable homme d'affaires, tout en rendant de grands services à la colonie, cela en raison de sa maîtrise des langues amérin-diennes et de la confiance que les diverses tribus lui témoignent.
Mort tragique
Ayant passé sa vie sur l'eau sans savoir nager (!), Jean Nicolet meurt tragiquement en se noyant dans l’anse de Sillery le 27 octobre 1642, dans le Saint-Laurent, sa chaloupe s’étant retournée dans une tempête, alors qu'il se rendait sur demande expresse à Trois-Rivières épargner du supplice un prisonnier iroquois. Son corps ne fut pas retrouvé.
Il a un frère, Gilles Nicolet, prêtre séculier œuvrant en Nouvelle-France de 1635 à 1647.
Honneurs posthumes
Aujourd'hui, Jean Nicolet est souvent considéré aux États-Unis comme « le père du Wisconsin et du Michigan occidental ».
Son nom fut attribué à la Nicolet National Forest, aux villes de Nicolet dans le Wisconsin et au Québec, à la rivière Nicolet au Québec, à des écoles ainsi qu'à de nombreuses rues, partout jusqu'à Hainneville, où il a des ancêtres, dans le département de la Manche.
Une plaque rappelle sa mémoire à Trois-Rivières, où il résidait souvent depuis la fondation du poste, en 1634.
Une statue rappelle son souvenir à Green Bay. Une plaque inaugurée en 1934, rappelle sa mémoire, sur Nicolet Drive, au nord-est de Green Bay. La poste des États-Unis a honoré sa mémoire par l'émission, dans cette même ville, le 7 juillet 1934, d'un timbre à l'occasion des 300 ans du Wisconsin.
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