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Paris rue Saint-Lare début 1900 |
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Nous commencerons notre exploration à Mantes. Mantes est en effet le vrai point de départ de la ligne de Paris à Cherbourg. C'est là que s'opère la bifurcation des deux lignes de Caen et de Rouen, dont le parcours depuis Paris est commun.
La Compagnie, en conséquence, a reculé la station de Mantes jusqu'à ce point de bifurcation ; elle y a élevé des constructions, établi des ateliers et organisé un service en harmonie avec l'importance nouvellement acquise par la jonction des deux chemins ; on y trouve un buffet. Dès l'ouverture de l'embranchement, les fabriques de l'Eure et du Calvados, du côté de Lisieux, ont fait venir par cette voie leurs matières premières des ports de la Manche.
Ce n'est pas que les recettes de la station de Mantes doivent s'en élever beaucoup. La bifurcation, à bien dire, n'est guère autre chose que ce qu'on appelait autrefois une patte d'oie ; les marchandises et les voyageurs y transitent : ils s'y arrêtent peu. En fait de commerce, l'industrie de Mantes se résume dans la minoterie. La proximité du marché de Paris a toujours fait préférer aux meuniers, pour le trans-port de leurs farines, la voie de terre à la voie ferrée : aussi la station da Mantes vit-elle, pour ainsi dire, de la seule circulation de ses voyageurs, qui, toute proportion gardée, est énorme ; c'est un mouvement d'environ 200,000 fr.
Pour les voyageurs de la ligne de Cherbourg dont Paris est le point de départ ou le point d'arrivée, il convient cependant que nous donnions un aperçu des stations qui précèdent Mantes : Nous le ferons rapidement.
I - PARIS A MANTES
C'est à la gare de la rue Saint-Lazare, mais aux guichets de la rue d'Amsterdam qu'on prend ses billets pour Cherbourg.
Au sortir de cette gare qui sert de tête de ligne à de nombreux chemins dont nous pourrons tout à l'heure compter les embranchements, le convoi s'engage dans deux tunnels successifs ; le premier percé sous la place de l'Europe, et séparé du second, qui passe sous les Batignolles, par une tranchée à ciel ouvert. - Cette tranchée agrandie dans ces derniers temps, montre, sur la droite de la voie, un vaste carré creusé à son niveau, terrain vague aujourd'hui, sorte de bassin établi à plus de 15 mètres de profondeur, qui devait être l'emplacement des Docks-Napoléon. |
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Paris la gare Saint Lazare CPA Collection LPM 1900 |
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Tout de suite après le souterrain des Batignolles, la plaine commence, mais le convoi file, à peine avons nous le temps d'apercevoir cette cage de verre qui marque l'embranchement et la première station du chemin de fer d'Auteuil.
Les ateliers et les magasins de la compagnie de l'Ouest se poursuivent, à cette heure, au-delà des fortifications. C'est pour ainsi dire en suivant leur alignement des deux côtés de la voie, que nous arrivons au pont d'Asnières, rendez-vous général des canotiers parisiens. La flotte est là, à droite et à gauche sur la Seine qui fuit dans des îles boisées ; le Mont-Valérien et la ligne des coteaux de Suresnes surmontent les îles de Neuilly ; rien de plus gracieux que ce paysage.
ASNIÈRES a bâti pour la villégiature de Paris des maisonnettes, des châlets et des vide-bouteilles dont le pêle-mêle présente une physionomie particulière de gaité et d'indépendance ; Asnières encore a converti son fameux parc en jardin public. Il y a fêtes et danses le dimanche à Asnières ; la marine parisienne y est très-gaie, dit-on.
Mais le convoi ne s'arrête point à cette station où s'embranche à droite le chemin de Versailles, à gauche celui d'Argenteuil. Nous poursuivons la voie du milieu qui est celle de Saint-Germain ; nous la quittons à COLOMBES seulement, et nous voilà sur la ligne de Rouen. |
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Asnieres la gare vers 1900 |
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MAISONS sera notre première station. C'est à Maisons, qu'au retour, on demande les billets aux voyageurs.
Maisons, situé sur la Seine à quelque distance de Saint-Ger-main, dont il n'est séparé que par la forêt, possède un magnifique château, un chef-d'oeuvre d'architecture que Fr. Mansart, en 1642, éleva pour le président René de Longueil, depuis marquis de Maisons. La descendance du marquis conserva le château jusqu'en 1731, époque à laquelle elle s'éteignit en la personne du président de Maisons, l'ami de Voltaire. |
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Château de Maisons Laffitte CPA Collection LPM 1900 |
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Plus tard, le comte d'Artois en devint propriétaire et le garda jusqu'à la révolution. Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, avec Marie Antoinette furent souvent les hôtes de Maisons ; ils y avaient leur chambre désignée sous le nom de chambre du Roi et de chambre de la Reine. - Les souvenirs les plus intéressants se rattachent à ce château
Parmi les personnages célèbres qui y marquèrent leur passage, il faut nommer Voltaire qui, par mégarde, y mit le feu ; et Mme du Barry qui vint y travailler à la chute du ministère de Choiseul. Sous l'empire, le maréchal Lannes se rendit acquéreur de Maisons qui, à la Restauration, passa dans les mains de M. Laffitte. Tous les coryphées du parti libéral du temps, les Foy, les Lafayette, les Manuel, les Benjamin Constant, Thiers, Arago, Béranger, etc., s'y donnèrent alors rendez-vous. Les conciliabules de Maisons furent célèbres ; on y prépara la révolution de 1830. M. Laffitte ne sut pas respecter ce beau domaine. En 1834 il aliéna le grand parc pour y fonder ce qu'il appela la colonie de Maisons, qui fait aujourd'hui la fortune du village. Les villas qui la composent, sont depuis quelques années, fort recherchées par la Bourse et par l'Opéra. Le château de Maisons est, à cette heure, entre les mains réparatrices de M. Thomas de Colmar. |
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La gare de Maisons Laffitte CPA Collection LPM 1900 |
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Conflans Sainte-Honorine café de la gare vers 1900 |
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Après deux minutes d'arrêt, le train reprend sa course, pénètre dans la forêt de St-Germain, et parvient à travers bois et clairières jusqu'à Poissy. Mais au milieu de cette course, à certaines heures, il s'arrête à CONFLANS, ou plutôt à l'Étoile de Conflans.
Le village de Conflans Sainte-Honorine que dessert cette station est à trente-cinq minutes du carrefour de l'Étoile. Situé au confluant de la Seine et de l'Oise, comme son nom l'indique, il a son importance au point de vue de la marine fluviale.
Son origine fort ancienne remonte au IXe siècle au moins. A cette époque, alors que les normands envahisseurs menaçaient le monastère de Graville sur la Basse-Seine, où se trouvaient les restes de Sainte-Honorine, martyre, des mains pieuses enlevèrent le corps de la sainte, pour la soustraire à la profanation des hommes du nord, et l'ayant mis sur un cheval, le déposèrent à Conflans. Depuis, et en l'honneur de la sainte, dont il conserve les reliques dans son église, le village s'appela Conflans-Sainte Honorine. - Les beaux villages d'Andresy et de Maurecourt, dont le chasselas, à la halle de Paris, se confond avec celui de Fontainebleau, empruntent à Conflans l'omnibus de sa station |
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La gare de Conflans Sainte Honorine CPA Collection LPM 1900 |
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POISSY. - Cette ville est, avec Sceaux près Paris, le marché d'approvisionnement de bestiaux de la capitale. Le chemin de fer lui apporte aujourd'hui, de tous les points de la Normandie, les boeufs, les vaches et les veaux, voire même les moutons et les porcs qu'elle met en vente tous les jeudis.
Aussi Poissy constitue-t-il pour la compagnie, une station d'un excellent rapport et dont le trafic annuel monte à 250,000 fr. environ.
Sous sa blouse de marchand de boeufs Poissy, néanmoins, a des souvenirs historiques dont elle a le droit de se montrer fière. Elle a donné le jour à St-Louis, et c'est chez elle que s'est tenu le fameux colloque dit de Poissy (1561). St-Louis est né dans le château que les rois de France possédaient à Poissy avant la construction de St-Germain. On dit que Philippe-le-Bel fit construire son église sur l'emplacement de ce château, et qu'il prit soin de placer le maître autel à l'endroit même où se trouvait le lit de la Reine-Blanche lorsqu'elle mit saint Louis au monde. |
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La gare de Poissy CPA Collection LPM 1900 |
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Poissy arrivée d'un train de Paris 1904 |
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Nous allons à Triel en suivant la rive gauche de la Seine, entre des îles boisées et le coteau doucement relevé sur lequel les plus jolies propriétés dessinent les pelouses de leur parc et montrent la façade élégante d'une habitation confortable. TRIEL est sur la rive droite de la Seine, et se montre à une certaine distance de la station, au bout d'une longue avenue de peupliers qui conduit à son pont suspendu. Le village est plus long que large, et s'étend au pied de la côte assez élevée qui le domine. La côte de Triel était autrefois célèbre pour ses abricots, mais, après une mauvaise année, la récolte s'étant, pendant dix ans, obstinée à manquer, les gens de Triel ont perdu patience et mis les abricotiers au feu. Ils ont des carrières à plâtre d'un grand rapport et des vignes dont on peut ne pas parler.
Si jamais vous descendiez à Triel, il faudrait vous conseiller une visite à son église ; vus d'où nous sommes, son profil et son clocher ont fort bon air. |
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La gare de Triel CPA Collection LPM 1900 |
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MEULAN - EPONE. - Voici les deux dernières stations avant Mantes. Nous les brûlerons presque. Meulan est sur la Seine, et sur l'ancienne route de Rouen après le village de Vaux, lequel placé entre Triel et Meulan prêtait à cet innocent jeu de mot dont l'amour propre de Meulan s'arrangeait mal : Triel, Vaux, Meulan. - Epone, lui se trouve dans les terres, il élève des moutons, et l'an passé en a confié plusieurs centaines à l'expédition du chemin de fer |
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La gare de Meulan coté intérieur CPA Collection LPM 1900 |
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La gare de Meulan coté cour CPA Collection LPM 1900 |
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Nous arrivons à Mantes. |
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La gare de Mantes coté cour CPA Collection LPM 1900 |
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