LEGENDES NORMANDES

RECUEILLIES SUR MORTAIN
   
  Hippolyte SAUVAGE
         
 

Hippolyte-Louis-Jean-Baptiste Sauvage, né le 4 février 1823 à Mortain, dans la maison de M. Josset, avocat, et décédé à la maison de retraite Galignani, à Neuilly-sur-Seine, le vendredi 26 juin 1914, est un écrivain, folkloriste, historien, bibliographe et juge de paix de la Manche. Il appartient du côté de son père à une famille de magistrats. Son père, procureur du roi Louis XVIII à Mortain, avait épousé la fille du colonel Groslain, qui avait tenu garnison à Mortain même pendant la Révolution. Par sa longévité, il fut un des derniers témoins des périodes de 1830 et de 1848; il avait connu des survivants de 1793 et 1815 ainsi que plusieurs acteurs des drames de la chouannerie dans le Bocage Normand.

Il fut d'abord élève du Collège de Mortain en 1831, puis élève boursier du collège royal de Rennes en 1837. Deux chutes très graves, au collège, provoquent chez Hippolyte une surdité partielle qui, plus tard, compromettra sérieusement sa carrière d'avocat.

   
         
 

Ses études de droit terminées, il fut reçu avocat en 1847 et membre du Conseil de l'Ordre en 1862. Il resta dans son pays natal jusqu'en 1862, plaidant au Tribunal, remplissant à titre gratuit les fonctions de bibliothécaire de la ville de Mortain et s'occupant beaucoup de l'histoire locale. Il fut aussi maire de la commune de Saint-Jean-du-Corail de 1860 à 1862. Marié vers 1860 à une demoiselle de Vire, Angèle du Temple, il brigua les fonctions de juge de paix et fut nommé à Couptrain en 1862 puis au Louroux-Béconnais en 1866.

 

Mais, bien plus que sa vie professionnelle, ce furent ses loisirs qui permirent à Hippolyte Sauvage de donner le meilleur de lui-même. Tous ses instants de loisir, il les consacra à l'histoire et à l'archéologie. Et, à l'instar de Borodine qui fut un génie tout en se prétendant un compositeur du dimanche, Hippolyte Sauvage, sans aucun diplôme d'histoire ou d'archéologie exerça ces disciplines avec un talent exceptionnel.

 

Il est l'auteur de plus de 200 brochures patiemment étudiées, et cet érudit fut un collectionneur émérite qui n'a rien gardé pour lui. Ce sont plusieurs milliers de chartes précieuses, de parchemins divers, de pièces de monnaies anciennes, d'ouvrages rares qu'il a donnés à la Bibliothèque nationale, aux Archives des Départements et aux Musées. Mais la pièce la plus rare dont il ait enrichi la Bibliothèque Nationale est incontestablement l'enveloppe en moire blanche du Livre d'Heures déposé sur le prie-Dieu de Marie Leckzinska le jour de son mariage avec Louis XV. Cette couverture est enrichie de peintures à l'aquarelle, aux armes de France et de Pologne. C'est une pièce unique qui provenait sans doute d'un arrière-grand-père d'Hippolyte Sauvage qui avait été capitaine aux gardes de la reine Leckzinska. Avec son désintéressement habituel, Hippolyte Sauvage a cru que cet objet précieux appartenait plus au public qu'à lui-même, et il est maintenant dans les vitrines de l'établissement national de la rue de Richelieu, à Paris.

 

Avec l'âge et après des revers de fortune. Hippolyte Sauvage fut hors d'état de subvenir aux frais de son existence. Sur les rapports élogieux et la recommandation généreuse de Léopold Delisle, membre de l'Institut, et de Christophe, gouverneur du Crédit Foncier, il entra, en 1892, comme pensionnaire de l'Académie française, dans la maison de retraite des philanthropes Galignani, boulevard Bineau, à Neuilly-sur-Seine. C'était la tranquillité assurée à tous les points de vue, et aux portes de Paris, avantage inappréciable pour un ami passionné des bibliothèques.

 

Dans le calme de sa retraite, Hippolyte Sauvage écrivit inlassablement, collabora aux Mémoires de l'Histoire de Normandie, à la Revue de l'Avranchin, à la Revue Archéologique du Maine et de l'Anjou, au Bulletin de la Société d'Archéologie de Saint-Lô, envoya des articles à 10 journaux différents, etc. Il réunit enfin en un volume toutes les légendes qu'il connaissait sur le Mortainais qu'il intitula "Légendes Normandes" et le succès fut tel que son éditeur, Leroy, en a publié cinq éditions successives.

 

L'Abbaye de Savigny aussi fut l'objet de ses études historiques; il lui consacra une dizaine d'opuscules. Il laisse de nombreux articles manuscrits qui seront publiés par la Revue du Mortainais. Son écriture est précise, concise et agréable à lire malgré une très grande richesse de vocabulaire qui peut obliger le lecteur moyen à de fréquentes consultations du dictionnaire.

 
         
 

Hippolyte Sauvage a le don de la synthèse narrative : il séduit par le récit, évoque avec précision les gens, les choses et les lieux (le bocage normand et ses charmes, Mortain et ses environs, Saint-Sever et Rancoudray, Martigny, le Mont-Saint-Michel et Parigny...) et il se fait, en même temps, l'écho de la mythologie locale, expression de l'imaginaire collectif. Écrivain reconnu et prolifique, ce juge de paix du canton du Louroux-Béconnais, qui utilisait tous ses loisirs à des travaux littéraires et historiques, ne considère pas pour autant cet exercice de conteur comme une oeuvre accessoire, un moment de délassement, puisqu'il affirme que ces histoires ont « leur poésie et leur utilité ». Sa plume court donc à travers plaines et forêts, montagnes, torrents et rochers, pour nous retracer l'épopée de Velléda, prophétesse et guerrière, qui ne sut pas mener les Gaulois à la victoire et qui nous a laissé cette roche formant une véritable falaise, non loin de Mortain, que l'on a appelée la chaire de Velléda. Il y eut aussi, tout aussi forte et tout aussi tragique, cette empoignade entre Satan et saint Michel qui s'acheva par le triomphe de l'archange et l'érection de ce mont, dressé dans l'océan, qui porte son nom ; plus légère et plus savoureuse, l'histoire de Marie retenue prisonnière par le gouverneur de Mortain, qui parvient à fuir en empruntant un souterrain, dont l'orifice de sortie sera confisqué par le plus mauvais génie du lieu et baptisé... 

 
 
 

 

     
 

 

 

 

 

 

 

 

 

I Le Trou du Gobelin

II Le Pater noster

III Le Pas au Diable

IV La Grotte des Sarrasins

V La Chaire de Velléda

VI Le Tombeau des Amants

VII Les Corbeaux de la Cascade

VIII L'Aiguille de la Vallée de la Cance

IX  Saint Guillaume et son âne

X La Messe d'une heure

XI Un Portrait d'abbesse

XII La trahison

XIII Le Seigneur de Mortain

XIV Le Dolmen de Roche-Grise

 
         
   
 

LEGENDES NORMANDES

RECUEILLIES SUR MORTAIN
   
  Hippolyte SAUVAGE
         
 

Hippolyte-Louis-Jean-Baptiste Sauvage, né le 4 février 1823 à Mortain, dans la maison de M. Josset, avocat, et décédé à la maison de retraite Galignani, à Neuilly-sur-Seine, le vendredi 26 juin 1914, est un écrivain, folkloriste, historien, bibliographe et juge de paix de la Manche. Il appartient du côté de son père à une famille de magistrats. Son père, procureur du roi Louis XVIII à Mortain, avait épousé la fille du colonel Groslain, qui avait tenu garnison à Mortain même pendant la Révolution. Par sa longévité, il fut un des derniers témoins des périodes de 1830 et de 1848; il avait connu des survivants de 1793 et 1815 ainsi que plusieurs acteurs des drames de la chouannerie dans le Bocage Normand.

Il fut d'abord élève du Collège de Mortain en 1831, puis élève boursier du collège royal de Rennes en 1837. Deux chutes très graves, au collège, provoquent chez Hippolyte une surdité partielle qui, plus tard, compromettra sérieusement sa carrière d'avocat.

   
         
 

Ses études de droit terminées, il fut reçu avocat en 1847 et membre du Conseil de l'Ordre en 1862. Il resta dans son pays natal jusqu'en 1862, plaidant au Tribunal, remplissant à titre gratuit les fonctions de bibliothécaire de la ville de Mortain et s'occupant beaucoup de l'histoire locale. Il fut aussi maire de la commune de Saint-Jean-du-Corail de 1860 à 1862. Marié vers 1860 à une demoiselle de Vire, Angèle du Temple, il brigua les fonctions de juge de paix et fut nommé à Couptrain en 1862 puis au Louroux-Béconnais en 1866.

 

Mais, bien plus que sa vie professionnelle, ce furent ses loisirs qui permirent à Hippolyte Sauvage de donner le meilleur de lui-même. Tous ses instants de loisir, il les consacra à l'histoire et à l'archéologie. Et, à l'instar de Borodine qui fut un génie tout en se prétendant un compositeur du dimanche, Hippolyte Sauvage, sans aucun diplôme d'histoire ou d'archéologie exerça ces disciplines avec un talent exceptionnel.

 

Il est l'auteur de plus de 200 brochures patiemment étudiées, et cet érudit fut un collectionneur émérite qui n'a rien gardé pour lui. Ce sont plusieurs milliers de chartes précieuses, de parchemins divers, de pièces de monnaies anciennes, d'ouvrages rares qu'il a donnés à la Bibliothèque nationale, aux Archives des Départements et aux Musées. Mais la pièce la plus rare dont il ait enrichi la Bibliothèque Nationale est incontestablement l'enveloppe en moire blanche du Livre d'Heures déposé sur le prie-Dieu de Marie Leckzinska le jour de son mariage avec Louis XV. Cette couverture est enrichie de peintures à l'aquarelle, aux armes de France et de Pologne. C'est une pièce unique qui provenait sans doute d'un arrière-grand-père d'Hippolyte Sauvage qui avait été capitaine aux gardes de la reine Leckzinska. Avec son désintéressement habituel, Hippolyte Sauvage a cru que cet objet précieux appartenait plus au public qu'à lui-même, et il est maintenant dans les vitrines de l'établissement national de la rue de Richelieu, à Paris.

 

Avec l'âge et après des revers de fortune. Hippolyte Sauvage fut hors d'état de subvenir aux frais de son existence. Sur les rapports élogieux et la recommandation généreuse de Léopold Delisle, membre de l'Institut, et de Christophe, gouverneur du Crédit Foncier, il entra, en 1892, comme pensionnaire de l'Académie française, dans la maison de retraite des philanthropes Galignani, boulevard Bineau, à Neuilly-sur-Seine. C'était la tranquillité assurée à tous les points de vue, et aux portes de Paris, avantage inappréciable pour un ami passionné des bibliothèques.

 

Dans le calme de sa retraite, Hippolyte Sauvage écrivit inlassablement, collabora aux Mémoires de l'Histoire de Normandie, à la Revue de l'Avranchin, à la Revue Archéologique du Maine et de l'Anjou, au Bulletin de la Société d'Archéologie de Saint-Lô, envoya des articles à 10 journaux différents, etc. Il réunit enfin en un volume toutes les légendes qu'il connaissait sur le Mortainais qu'il intitula "Légendes Normandes" et le succès fut tel que son éditeur, Leroy, en a publié cinq éditions successives.

 

L'Abbaye de Savigny aussi fut l'objet de ses études historiques; il lui consacra une dizaine d'opuscules. Il laisse de nombreux articles manuscrits qui seront publiés par la Revue du Mortainais. Son écriture est précise, concise et agréable à lire malgré une très grande richesse de vocabulaire qui peut obliger le lecteur moyen à de fréquentes consultations du dictionnaire.

 
         
 

Hippolyte Sauvage a le don de la synthèse narrative : il séduit par le récit, évoque avec précision les gens, les choses et les lieux (le bocage normand et ses charmes, Mortain et ses environs, Saint-Sever et Rancoudray, Martigny, le Mont-Saint-Michel et Parigny...) et il se fait, en même temps, l'écho de la mythologie locale, expression de l'imaginaire collectif. Écrivain reconnu et prolifique, ce juge de paix du canton du Louroux-Béconnais, qui utilisait tous ses loisirs à des travaux littéraires et historiques, ne considère pas pour autant cet exercice de conteur comme une oeuvre accessoire, un moment de délassement, puisqu'il affirme que ces histoires ont « leur poésie et leur utilité ». Sa plume court donc à travers plaines et forêts, montagnes, torrents et rochers, pour nous retracer l'épopée de Velléda, prophétesse et guerrière, qui ne sut pas mener les Gaulois à la victoire et qui nous a laissé cette roche formant une véritable falaise, non loin de Mortain, que l'on a appelée la chaire de Velléda. Il y eut aussi, tout aussi forte et tout aussi tragique, cette empoignade entre Satan et saint Michel qui s'acheva par le triomphe de l'archange et l'érection de ce mont, dressé dans l'océan, qui porte son nom ; plus légère et plus savoureuse, l'histoire de Marie retenue prisonnière par le gouverneur de Mortain, qui parvient à fuir en empruntant un souterrain, dont l'orifice de sortie sera confisqué par le plus mauvais génie du lieu et baptisé... 

 
 
 

 

     
 

 

 

 

 

 

 

 

 

I Le Trou du Gobelin

II Le Pater noster

III Le Pas au Diable

IV La Grotte des Sarrasins

V La Chaire de Velléda

VI Le Tombeau des Amants

VII Les Corbeaux de la Cascade

VIII L'Aiguille de la Vallée de la Cance

IX  Saint Guillaume et son âne

X La Messe d'une heure

XI Un Portrait d'abbesse

XII La trahison

XIII Le Seigneur de Mortain

XIV Le Dolmen de Roche-Grise