GRANVILLE
  CC 05.03 GRANVILLE TERRE ET MER
   
  LE HEREL
         
 
 
 

Le port de Granville est constitué par un avant-port (ou port d’échouage) et un bassin à flot fermé par une porte d’Elbe. Son marnage est l’un des plus importants du monde avec 11,60 m pour une marée de coefficient 100.

 

L’activité maritime de Granville s’est principalement développée aux XVIème et XVIIème siècles. A cette époque, Granville est un centre important pour la pêche à la morue, sur les bancs de Terre-Neuve et également pour la pêche aux huîtres, dans le golfe Normand-Breton.

 

La construction du port, avec sa grande jetée, ses quais et bassins à flot, s’étale tout au long du XIXème siècle, complétant les premiers ouvrages qui existaient  préalablement.

 

Après la guerre 1914-1918, l’augmentation du tonnage des cargos conduisent à réunir les deux bassins à flot en un seul et à créer en 1925 un vaste terre-plein le long de la jetée Sud.

 

En 1944, les travaux de remise en état du port ont donné lieu au déplacement de l’entrée du bassin à flot et à l’élargissement de la porte d’Elbe (20 m depuis 1950).

 

C’est grâce à ces travaux que le port a conservé, de nos jours, un trafic commercial, lui permettant de recevoir des bâtiments d’une largeur de 18 m, d’une longueur maximale de 125 m et d’une capacité de 5 à 6 000 tonnes.

 

En 1975, l’infrastructure portuaire a été complétée par la création d’un port de plaisance, le port de Hérel.

 

Les activités du port de Granville sont aujourd’hui de quatre ordres :

 

Le petit cabotage national et international.

Les liaisons voyageurs avec les îles Chausey et anglo-normandes.

La pêche côtière de coquillages et de poissons.

La navigation de plaisance.

 

Superficie

 

Avant-port : 13 hectares. Passe d’entrée de 125 m de largeur.

Bassin à flot : 4,80 hectares. Porte d’ebbe de 20 m de largeur. Il est constitué de cinq quais accostables :

 

    - Quai Est ou d’Orléans (94 m).

    - Quai Nord (240 m).

    - Quai Ouest (165 m), avec une activité pêche.

    - Quai Sud (250 m), avec une activité de commerce.

    - Quai Sud-Ouest (76 m), avec une activité passagers.

 

Aujourd'hui Granville, qui dispose du label Station Nautique, poursuit son développement orienté vers la mer : le Centre régional de nautisme, 1ère école de voile française en terme de fréquentation, est construite en 1970 ; en 1975, le port de plaisance est créé, favorisant l'essor touristique. Environ 5 000 bateaux font escale chaque année dans le port de Hérel, qui compte un millier d'anneaux et s'étend sur plus de sept hectares. 
 
La navigation de plaisance, la pêche côtière de coquillages et poissons (Granville est le 5ème port de France en tonnage) - les liaisons voyageurs quotidiennes avec les îles Chausey et anglo-normandes, et le petit cabotage national, constituent actuellement les principales activités du port de Granville.

 

Le Herel 2010 http://transports.manche.fr/iso

 
     
 

Le Herel CPA collection LPM 1960


 
 

Le Herel CPA collection LPM 1990


 
 

Le Herel CPA collection LPM 1900

 
         
   
  GRANVILLE
CC 05.03 GRANVILLE TERRE ET MER
  Rapport Sicard juillet 1731 -1/8
         
 

Rapport de SICARD, commissaire de la Marine, du 24 juillet 1731

(Archives Nationales, Marine, C4, 159)

Publié intégralement dans la Revue du Pays de Granville en 1948.

 

CPA collection LPM 1900: Ancienne gare du port à l'emplacement du commisariat de police

 
     
 

Granville est une petite ville maritime de Basse-Normandie par les 15 degrés 56 minutes de longitude et 49 degrés 2 minutes de latitude nord, à vingt lieues de Cherbourg, six de Coutances, six d'Avranches, dix de Pontorson, sept de Saint-Malo par mer et quatorze par terre, cinq du Mont Saint-Michel et onze lieues de Gersey.

 

Cette ville est située sur le haut d'un rocher escarpé de tous costés et presque environné de la mer et séparé de terre ferme, vers l'orient, par une tranchée de vingt pieds de large, taillée dans le roc, qui en forme une isle facile à inonder des eaux de la mer par le moyen de ce fossé

 

Sa forme est un ovale fort ellipsé, ceint d'une simple muraille, que le Roy fait réparer depuis quatre à cinq ans et à laquelle on travaille actuellement.   

 

Sa longueur s'étend de l'orient à l'occident, allant en pente des deux bouts dans le centre, et sa largeur du midy au septentrion

 

Elle n'est pas fort ancienne. On voit par un contrat de 1429 que Tho-mas sire Descalles Dancelles, che-valier anglois, qui prend la qualité de vidame de Chartres, capitaine général des Basses-Marches et sénéchal de Normandie, en est le premier fondateur et qu'il fieffoit de Jean d'Argouges, seigneur de Gratot, la Roque et la montagne de Granville, par le prix d'un chapeau de roses vermeilles, payable au jour de Saint-Jean Baptiste et, par la charte de Charles VII du mois de mars de l'année 1445, dont copie est ci-jointe, qu'elle ne commença d'estre édifiée par les Anglois qu'en 1440.

 

On voit aussy par cette charte que cette place fut trouvée considérable, regardée comme la plus forte de ce tems et comme une clef de Normandie et que Charles VII la fit fortifier, y mit pour gouverneur Jean de Lorraine avec une forte garnison et qu'il accorda à ceux qui voudroient y venir demeurer les privilèges par une charte dont il sera fait mention ci-après.

 

Cette ville fut démolie en 1689 et les munitions de guerre furent embarquées pour estre portées au port du Havre de Gràce sur un vaisseau qui fut pris en y allant.

 

Elle a deux fauxbourgs, l'un le grand fauxbourg et l'autre le petit fauxbourg, qui sont séparés par une petite rivière, ou ruisseau, nommé le Bosc ou Parquiet.

 

Le grand fauxbourg est au sud de la ville. Il commence où finit la promenade nommée l'Evre, dont il sera parlé cy-apres, et s’étend tout le long du pied de la coste sur laquelle est située la ville, jusqu'à la tranchée ou fossé taillé dans le roc dont il est parlé cy-dessus, vulgairement appelé Gueule d'Ane et se divise là en deux. L'autre partie est appelée fauxbourg de Donville parce qu'elle est située sur la paroisse du mesme nom.

 

Le petit fauxbourg est vers le sud du grand fauxbourg, de l'autre costé de la rivière ou ruisseau ; il sert de magasin général pour toutes les marchandises et denrées que l'on vend à Granville, et c'est le rendez-vous des marchands forains qui viennent dans le lieu.

 

Au bout de ce fauxbourg, sur la grève du costé du sud, il y a des corderies découvertes qui sont les seules de la ville. C'est sur ces grèves, et sur celles du grand fauxbourg, que l'on construit les navires et autres bastiments marchands.

 

Ces deux fauxbourgs se communiquent par un mauvais petit pont de carreaux étroits et mal ajustés au bout les uns des autres, sous lequel coule la rivière et qu'on ne peut passer lors d'un grand vent sans risquer de tomber à l'eau.

 

Ce petit pont est inondé dans toutes les grandes marées et alors on passe dans des petits bateaux conduits par des enfants. Un pont qui coûteroit environ 3.000 livres seroit très utile dans ce passage si fréquenté, mais la ville n'est pas en estat d'en faire la dépense n'ayant aucuns deniers communs.

 
     
 

La tranchée des Anglais  Collection CPA LPM 1900

 
         
   
  GRANVILLE
  Rapport Sicard juillet 1731 -2/8
         
 

La Grande Porte coté exntérieur Collection CPA LPM 1900

 
     
 

Le territoire dépendant de la paroisse de Granville s'étend jusqu'à une lieue ou environ de longueur vers le sud, appelé la campagne de Saint-Nicolas, sur laquelle est le village de la Houlle qui est considérable.

 

Il n'y a que deux portes à Granville, une grande et une petite. La Grande Porte, ainsy nommée par rapport à l'autre est la seule par laquelle on arrive en cette ville. Elle est située au milieu de l'enceinte de la ville du costé du sud, donne communication avec les fauxbourgs et est fortifiée par un pont-levis, aussy bien que sa fausse porte, et d'une herse.

 

Au-dessus de cette porte est une maison, appelée vulgairement le Logis du Roy, laquelle sert de logement au fermier du Gouverneur et a servi à loger le lieutenant de Roy. Elle servoit anciennement de corps de garde à la milice bourgeoise.

 

Il y a, à la sortie de cette porte, une place qu'on appelle l'Evre, par excellence, plantée de deux rangs d'or-meaux depuis cinq à six ans et soutenue d'un grand et gros mur, qui forment ensemble un assez bel ouvrage.

 
     
 

La Grande Porte coté intérieur Collection CPA LPM 1900

 
     
 

La petite porte est appelée la Porte des morts, parce qu'elle est située dans le cimetière. Elle conduit au port, donne communication avec le Roc qui est un champ à l'occident de la ville et d'un tiers plus grand et qui en est séparé par un fossé peu profond et étroit. Ce champ se termine en poin-te qu'on appelle Cap de Lihou, très avancé dans la mer et s'étend de l'est à l'ouest.

 

Au bout de la pointe, vers le nord, il y a un petit fort ou redoute avec deux mortiers et six pièces de canon de 18 et de 24 démontées qui appar-tiennent à la marine. Il y a dans ce fort un corps de garde et deux magasins appartenant à la terre dans lesquels il y a des bombes, boulets, affuts de canon et autres ustensiles de la marine.

 

De l'autre costé de cette poin-te, vers le sud, il y a une petite batterie en fer à cheval avec deux pièces de canon de 12 démontées. Le Gouverneur s'est approprié ce champ ; il le loue aux particuliers qui le labourent et y mènent paitre quelque bétail. Il y a sur ce champ des lapins qui détruisent la redoute et la batterie. Si le Roy donnoit permission de bastir sur cette place en y attachant les mesmes privilèges qu'à la ville, elle deviendroit considérable.

 

Les rues de Granville y sont en petit nombre. Elles sont étroites et mal aisées à pratiquer, allant en montant ou en descendant. Les maisons sont toutes de pierre, la pluspart de pierre de taille ou d'assez bon carreau et quelques-unes assez bien basties. On y compte environ 7000 communians ou 10.000 âmes, y compris les enfants au-dessus de sept ans, tant dans la ville que dans les fauxbourgs et dans le havre, qui est une rangée de maisons situées sur le port au pied du Roc, et dans la campagne de Saint-Nicolas.

 

Les femmes de Granville sont communément habillées à la paysanne d'une manière singulière. Elles ont une coëffe de toile fort fine et très claire qu'elles retroussent d'un seul ply, dont les barbes sont de moyenne longueur et, autour du col, un triangle de toile dont deux des angles viennent par devant se croiser et sont attachés avec une épingle au milieu de la poitrine. Les femmes distinguées portent de très belles dentelles autour de ce triangle.

 
     
 

Le Logis du Roy Collection CPA LPM 1960

 
         
   
  GRANVILLE
  Rapport Sicard juillet 1731 -3/8
         
 

Leurs habits sont de deux pièces. De la ceinture en haut c'est un corps qu elles appellent brassière, la taille en queue de morue par devant et par derrière, avec des manches fort grandes plissées sur l'épaule. Les femmes distinguées les portent de damas, de taffetas, d'écarlate et de drap fin et celles du commun de ras d'Angleterre, d'estamine, de drap d'Elbeuf et de Rouen, souvent de couleur rouge ou bleue. De la ceinture en bas, c'est une jupe fort ample et très lon-gue, faisant beaucoup de plys très serrés et profonds de la même étoffe que la brassière. Leurs tabliers sont de taffetas ou d'estamine de la longueur de la jupe.

 

Elles sont toutes très bien chaussées, en bas de couleur, soye ou laine et des souliers très propres. Elles portent l'hyver un petit mantelet de camelot sans plys, qui a deux petites manches plates de six pouces de longueur et les femmes un peu distin-guées portent un grand galon d'or sur le collet

de ce petit manteau. Il descend jusqu'au jaret. Leurs chemises sont comme celles des hommes, et fendues par un costé seulement.

 

Granvilaise vers 1830 Collection CPA LPM

 
       
 

Il n'y a à Granville qu'une église paroissiale, une église sucursalle et un hôpital général.


L'église paroissiale est située à un des bouts de la ville vers l'occident. Elle est dédiée à Nostre-Dame. Le vaisseau en est assez beau et elle n'est ornée que par la charité des habitants. Le trésor est très pauvre

On y remarque des orgues qu'on prétend estre un des plus beaux de France et qui ont esté faits par Jugon de Paris et une chaire à prescher en bois de chêne de bon goût. Quoi que le vaisseau soit fort grand, il ne peut contenir à peine que la moitié du peuple qui est fort dévot dans cette ville. Elle a esté souvent mal-traitée du tonnerre.


Le cimetière est autour de l'église entouré des murs de la ville, au bout duquel vers l'occident, du costé du midy, il y a un magasin à poudre cavé dans le roc ; et du costé du septentrion un autre magasin fort grand, qui est assez mal entretenu, qui sert actuellement d'étable au bétail que l'on met paitre sur le champ du Roc.

 

Ces deux magasins appartiennent à la terre.

 

L'église sucursalle est à une demi-lieue de la ville pour la commodité des habitants de la campagne ; elle est dédiée à Saint-Nicolas.

 

Ces deux églises sont desservies par deux curés, l'un pour la première portion, à la nomination de M. d'Ar-gouges de Gratot et l'autre pour la seconde portion, à la nomination de M. Lemercier de Granville comme seigneur et patron du lieu. Ces bénéfices valent environ 1.500 livres chacun. Ces curés desservent ces deux églises chacun leur semaine à l'alternative. Leurs presbytères sont au village de la Houlle, à environ un quart de lieue de la ville, afin d'estre à portée de la ville et de la campagne.

 
     
 

Granville en 1900 Collection CPA LPM

 
     
 

Le clergé est nombreux à Granville. Il est composé des deux curés, de deux vicaires et de trente-trois prestres dont douze sont habitués qui partagent aux obits, ou fondations, compris les curés et les vicaires. L'office s'y fait avec édification. Les curés ont aussi chacun un vicaire à Saint-Nicolas qui y réside.

 

L'hôpital général est situé dans le petit fauxbourg. Il a esté fondé en 1683 par ordre de Louis XIV par feu le Sieur de Beaubrian, bourgeois de Granville, pour y recevoir non seulement les pauvres de la ville mais encore les matelots en temps de guerre. Il a de revenu annuel environ 2.000 livres.

 

Il y a une manufacture d'étoupe à cal-fater à laquelle on occupe les pauvres qui peuvent travailler. La chapelle est dédiée à Saint-Sauveur. Elle est jolie et desservie par un chapelain aux gages de 30 livres par an payables par l'hô-pital. Ce chapelain est un des habitués de la paroisse de Granville.

 

Cet hôpital est administré conformé-ment au règlement de 1698 concernant les hôpitaux, en attendant les lettres patentes dont on poursuit actuellement l'obtention. Il y a à présent quatre ad-ministrateurs et un receveur qui sont élus tous les trois ans par assemblée générale. Les directeurs nez sont  l’é- vesque, le gouverneur, les curés, le vicomte et le procureur du Roy de la vicomté et le premier échevin comme maire

 
 

 

Eglise Notre Dame Collection CPA LPM 1900
 
         
   
  GRANVILLE
  Rapport Sicard juillet 1731 -4/8
         
 

Granville la plage CPA collection LPM 1900

 
     
 

Il y a à l'extrémité de la campagne de Saint-Nicolas, à un quart de lieue de la ville un petit couvent de cordeliers réformés assez beau. Leur maison, les jardins et les bois forment une agréable solitude. Ces religieux estoient autrefois sur les îles de Chausey d'où ils furent chassés par les Anglois il y a environ 190 ans et ayant esté reçeus par les habitans de Granville avec tout l'accueil qu'ils pouvoient souhaiter, ils en ont conservé leur reconnoissance par une procession solennelle qu'ils font tous les ans le quatrième dimanche d'après Quasimodo* avec le Saint-Sacrement à l'église de Granville ; ils y disent la grand- messe paroissiale et y font un sermon sur la prière. Le clergé de Granville en corps va recevoir cette procession hors la porte de la ville à une lieue du fauxbourg où on a soin de faire un reposoir et la reconduit jusqu'au mesme reposoir. Il n'y a point d'école publique pour les garçons à Granville. Mais il y en a une seulement pour les filles tenue gratuitement par une sœur de la Providence qui n'a que son logement et ce qu'elle peut gagner par quelques personnes qu' elle prend, et par deux retraites qu'elle fait tenir chez elle tous les ans, ordinairement par les pères heudistes, missionnaires de Coutances, ou par les capucins de la mesme ville ou autres des environs une pour les hommes et l’autre pour les femmes, avec permission de Mgr l'évesque de Coutances.


Le corps de ville est composé de trois échevins. L'élection se fait tous les trois ans à la pluralité des voix. Ils ne connoissent que des affaires de la communauté, n'ayant aucune justice contentieuse. Il n'y a point de maison de ville, les assemblées se tiennent dans la juridiction royale.


La ville n'a aucuns deniers d'octroi, ni autrement, ce qui cause souvent des troubles lorsqu'il y a la moindre chose à entreprendre ou à payer.


La milice bourgeoise est sujette au guet et garde de la ville seulement. Elle est partagée en sept compagnies qui ont chacune un capitaine, deux lieutenants, deux sergens, un caporal et un ampessade. Le nombre d’hommes n’est point fixé. Chaque compagnie monte la garde tous les soirs alternativement, en paix comme en guerre, sous le commandement du gouverneur ou du lieutenant du Roy ou commandant de la place lorsqu’il y en a un.


Il y a un commandant et un major bourgeois et un capitaine des portes pourveu d’une commission du gouverneur. Ce commandant donne l’ordre ou le mot en son absence les échevins le donnent.


Il y a aussy un colonel de la bourgeoisie pourveu de provision du Roy, mais il n’est pas reçeu et ne fait aucune fonction.


Ces officiers de milice bourgeoise sont perpétuels et à la nomination du gouverneur de-puis la suppression des charges. Cette milice a la réputation de s’être signalée au bombardement de Granville et dans les descentes que les ennemis ont voulu vainement tentés.

 
     
 

Granville en 1874   Collection CPA LPM 1900

 
     
 

* Quasimodo (fête)


Dans le calendrier chrétien, différents termes désignent le premier dimanche après Pâques : fête de la quasimodo, octave de Pâques, deuxième dimanche de Pâques, dimanche in albis, ou dimanche de Saint-Thomas. Dans l'Église catholique romaine, depuis la canonisation de Faustine Kowalska en 2000 par le pape Jean-Paul II, ce dimanche est devenu la fête de la divine miséricorde.


Les différentes dénominations 


L'expression quasimodo est formée à partir des premiers mots latins qui commencent la lecture de ce jour : « Quasi modo geniti infantes… » (« comme des enfants nouveau-nés… »), dans la Première épître de Pierre.


C'est aussi le jour où on lit le récit de l'apôtre Thomas refusant de croire à la Résurrection.

La fête est encore appelée in Albis (en blanc), car les néophytes, adultes baptisés durant la vigile pascale, ont quitté la veille le vêtement de couleur blanche qu'ils portaient depuis leur baptême (d'après le missel quotidien complet de 1962).


Cette fête a été instituée de façon officielle pour que les pèlerins venant de loin et arrivés à Rome en retard - pour raison valable - après les fêtes de Pâques, participent à cette messe de la même façon (en latin « quasi modo ») qu'à la messe de Pâques. Ces pèlerins ne recevaient toutefois pas l'indulgence plénière.


La fête est parfois nommé "Pâques closes" puisque c'est ce jour là que s'achève l'Octave de Pâques.


L'expression octave de Pâques désigne en général la période de huit jours qui va du dimanche de Pâques au dimanche suivant inclus. Elle est parfois employée pour indiquer le dernier jour de cette période.

 
     
   
  GRANVILLE
  Rapport Sicard juillet 1731 -5/8
         
 

Granville Eglise Notre-Dame CPA collection LPM 1900

 
     
 

Il y a eu de tout temps à Granville un lieutenant de Roy ou comman-dant de la place par permission ou brevet du Roy. Cette place est vacante depuis environ trois ans, il y seroit cependant d'une grande utilité.

 

Il y a un ingénieur en chef qui fait sa résidence à la Hougue. Il vient faire de temps à autre sa tournée à Granville, surtout lorsqu'il y a des travaux. Les échevins lui ont fixé la présente année 1731 cent livres pour son logement.

 

Le gouvernement de Granville est héréditaire ou aliéné à la maison de Matignon. M. le prince de Monaco en est gouverneur.

 

Son revenu est affermé environ 1.200 livres par an. Il consiste dans les halles, droits de coutume et autres.

 

Ce gouvernement dépend de celui de la province dont M. le marquis de Gratot en est lieutenant de Roy pour la Basse-Normandie.

 
         
 

Granville est de l'évesché de Coutances, du Parlement de Rouen, de la Généralité de Caen et de l'Election de Coutances.

 

Les armoiries de la ville sont d'azur au bras armé d'argent sortant d'un nuage accompagné de trois étoiles d'or. Le bras armé et les étoiles signifient que la ville est et doit estre armée jour et nuit pour sa propre dé-fense, selon les intentions de Charles VII duquel elle tient ses armoiries. Il y a à cette ville cinq juridictions scavoir vicomté, amirauté, police, traites et la moyenne justice.

 

La vicomté est composée du vicomte, d'un lieutenant général, d'un lieutenant particulier et d'un procureur du Roy ; les offices de lieutenant général et particulier sont aux parties cazuelles. L'amirauté, d'un lieutenant civil et criminel, les deux charges réunies dans la mesme personne, et d'un procureur du Roy ; le greffe appartient à Monseigneur l'Amiral, il est affermé 800 livres. La police, d'un lieutenant général et d'un procureur du Roy.

 

Les traites, d'un président et d'un procureur du Roy. La moyenne justice, d'un sénéchal et d'un procureur tiscal. Elle appartient à l'abbé du Mont Saint-Michel et tient ses séances dans le fauxbourg.

 

Granville  Notre-Dame CPA collection LPM 1900

 
     
 

Les appellations de la vicomté et de la moyenne justice sont portées au bailliage de Coutances. Toutes ces juridictions dépendent du Parlement de Rouen et l'on y suit la coutume générale de la province sans exception.

 

Il seroit à souhaiter pour cette ville qu’il y eut un consulat. Cela y feroit un bien infini, les négociants estant obligés de porter leurs affaires de négoce au consulat de Vire éloigné de douze lieues de Granville, et qui est tenu par des marchands peu au fait du commerce maritime.

 

Les privilèges qui furent accordés par Charles VII à la ville de Granville consistent en la franchise et exemption des aydes, de toutes tailles, emprunts et autres subventions et redevances quelconques, conformément aux lettres patentes du mois de mars 1445 ci-devant citées.

 
     
 

Granville L’église Notre-Dame ; Collection CPA LPM 1900

 
     
   
  GRANVILLE
  Rapport Sicard juillet 1731 -6/8
         
 

Granville Casino et Haute-Ville CPA collection LPM 1900

 
     
 

Les bourgeois et habitans ont joui de ces privilèges en leur entier jusqu'en 1675. Depuis ce temps, ils payent l'entrée des boissons, le huitième de la vente d'icelles et tous les autres droits de nouvelle création, quoy que leurs privilèges ayent esté confirmés successivement et mesme augmentés du pouvoir de faire valoir leurs biens par leurs mains et par celles de leurs domes-tiques, ainsy qu'il est plus amplement porté par les lettres patentes de Louis XIV du mois de septembre 1674, dont copie est cy-jointe.

 

Ces privilèges ont aussy esté confirmés en leur entier par lettres patentes de Louis XV du mois de mars 1718 avec la réserve que « sans neantmoins les échevins et habitans de Granville puissent estre exempts du pa-yement des nouveaux droits d'aydes, de jauge et de courtage et des inspecteurs des boissons créés et éta-blis depuis la création de leurs privilèges conformément aux arrêts des 24 août 1675 et 21 et 23 octobre 1717 ».

 

Il n'y a aucune fontaine publique à Granville, il y en a beaucoup de particulières, presque dans toutes les maisons, mais l'eau est saumâtre et ne sert qu'à laver. Ainsi il n'y a aucune eau bonne à boire. On a recours à des fontaines voisines qui tarissent presque toutes pendant l'été en sorte qu'on est dans l'obligation d'envoyer à un quart de lieue de la ville ou environ pour avoir de bonne eau.

 
         
 

Il n'y a qu'une place publique ou grand carrefour qui sert de marché pour le poisson. Elle est située presque dans le centre de la ville. Il y a au milieu un grand puits de pierre de taille dont l'eau est saumâtre et de l'autre costé du puits une place d'armes passablement grande qui sert de marché aux herbes et où le fe-mier du gouverneur exige le droit d'étalage.

 

Au bout de la ville, vers l'orient, il y a un moulin à vent qui appartient à un particulier de la ville.

 

Il se tient tous les samedis aux environs de ce moulin un grand marché au bled et pour la viande, la volaille, le gibier et autres petites denrées et un pour le lin et le chanvre, mais peu. On prétend que ce marché doit estre franc et on ne sçait pas pourquoy on y exige le droit de coutume sur le bled et les langues de boeuf en entier qui sont partagées par moitié entre le fermier du gouverneur et le fermier du droit de coutume.

 

Ce premier fermier y exige aussy les ris de veau et un droit d'étalage quoy que les halles soient très mal en-tretenues et que celle destinée pour mettre le bled à couvert soit totalement détruite depuis deux à trois ans.

 

Granville  Notre-Dame CPA collection LPM 1900

 
         
 

Le droit de coutume qui se perçoit dans ce marché appartient au gouverneur et fait partie du revenu du gou-vernement, et le droit de mesurage à M. Devaux, ancien mousquetaire, à qui le Roy en a fait don. Il est affer-mé 200 livres.

 

Le domaine du Roy est aliéné à Monseigneur l'Amiral en partie. Il consiste en rentes sur quelques maisons, au poids le Roy et au greffe de vicomté. Le tout est affermé 450 livres.

 

Les grains se mesurent à la ruche. Elle contient 24 pots et pintes. La ruche pour le bled pèse 70 à 72 livres, la livre est de 16 onces.

 

La mesure pour les boissons est le pot mesure d’Arques. Il doit contenir quatre litres d’eau ; la moitié du pot est la pinte ; le quart la chopine ; le huitième le demion ; le seizième le demi-demion ou robinet et le trente-deuxième est le demi-robinet ou demoiselle.

 

Les traites foraines et quart bouillon produisent au Roy, année commune, 50.000 livres, les aydes 25.000 livres, l'entrepôt du tabac 20.000 livres et le contrôle des actes des notaires et exploits 8.000 livres, faisant ensemble 103.000 livres.

 
 

 

Les fermiers ont à Granville une patache qui croise depuis Saint-Malo jusqu'à Cartret.

 

Mgr l'Amiral a à Granville un receveur de ses droits. Ils montent à 12 à 1500 livres par an. Il y a un maitre de quay pourveu de commission de S.A.S. depuis environ deux ans, sans appointemens ny émolumens. C'est à cette condition qu'il a esté pourveu.

 

Il n'y a point de maitre d'hydrographie, ny personne pour enseigner la navigation. Un pilote du Havre s'y estoit venu establir depuis environ dix-huit mois, mais ny ayant point trouvé à pouvoir subsister avec sa famille par le peu d'écoliers qu'il avait, il s'en est retourné au Havre il y a environ trois mois.

 

Il n'y a point de pilote lamaneur, Granville estant un lieu régulier dans le port duquel il aborde peu de navires que ceux du lieu dont les capitaines connoissent l'entrée qui d'ailleurs n'est pas difficile y ayant quatre balises qui marquent les passes pour entrer dans le port. Sinon ils prennent le premier pescheur d'huîtres pour les entrer.

 

Il n'y a point de voiture publique à Granville, mais il y a un bureau de la messagerie de Coutances. Le messager à cheval arrive à Granville le samedi au soir et en repart le dimanche matin pour Paris, Rouen et Caen.

 
     
 

Granville L’église Notre-Dame ; Collection CPA LPM 1900

 
     
   
  GRANVILLE
  Rapport Sicard juillet 1731 -7/8
         
 

Granville Le Normandy Hotel CPA collection LPM 1900

 
     
 

La poste pour les lettres arrive le mardi et le samedi au soir et part le mercredi à midi et le dimanche à huit heures le matin. Le commerce de Granville demanderoit qu'il y vint trois fois la semaine.

 

A trois petites lieues de Granville, dans la paroisse de la vieille Luzerne, il y a une belle abbaye de chanoines réguliers de Prémontrés dont l'abbé est aussy régulier. Elle est située dans un fond à l'extrémité d'un grand bois taillis qui fournit tous les ans à Granville quantité de bois en fagots à brûler et en faquines ou rames pour chauffer les navires et pour servir à leur faire de grenier sur le lest.

 

Les îles de Chausey sont au nord-ouest de Granville. Elles appartiennent à la maison de Matignon qui les a affermées depuis environ vingt ans à des habitans de St-Malo. Il y a beaucoup d'ouvriers employés à tirer et piquer des carreaux de grain fort beau qu'on transporte à St-Malo, à Granville et autres lieux pour les fortifications et pour bastir les maisons. Les Anglois y vont prendre aussy pour fortifier les îles de Gersey et de Guernesey. Il y a sur les îles de Chausey une petite chapelle et un chapelain pour les ouvriers et à leurs gages. Ces ouvriers tirent de Granville tous les alimens et choses nécessaires.

 

Granville n'a de terre ferme que du costé de l'est ou' il y a trois campagnes qui s'é-tendent jusqu'à demi lieue de la ville, allant du nord au sud, savoir la campagne de Donville, la campagne de Saint-Nicolas et la campagne de St-Pair.

 

La veüe de Granville s'étend du nord à l'ouest jusqu'au nez de Cartret et aux îles de Gersey et de Guernesey ; de l'ouest au sud sur la coste de Bretagne depuis le cap de Fréhel jusqu'à Dol inclusivement ; du sud à l'est depuis le Bec de Champeaux sur des campagnes labourables terminées par un bocage assez gracieux et de l'ouest au nord il y a une échappée de veüe qui s'étend jusqu'à Coutances et au delà et sur toute la coste jusqu'au nez de Cartret.

 

Les environs de Granville produisent des pommes à faire du cidre, du seigle, de l’orge à quatre quarres qu’on appelle hativeau, orge à deux quarres et autre menu grain, peu d’avoine et peu de froment, le terrain y estant peu propre pour ce dernier grain. On y fait beaucoup de lins d’hyver et quelque peu de chanvres.

 
     
 

Le village des Blainvillais à Chaussey Collection CPA LPM

 
     
   
  GRANVILLE
  Rapport Sicard juillet 1731 -8/8
         
 

Granville Le port CPA collection LPM 1900

 
     
 

CONCLUSION

 

Il y a dans le quartier de Granville 166 capitaines, maîtres, ou patrons et pilotes, 34 officiers marchands, 6 officiers mariniers et 1542 matelots du service, y compris 9 capitaines ou maîtres qui ont esté reçeus en contravention, 134 mousses ; 4 maîtres, 20 compagnons et 2 apprentis charpentiers, calfats et un apprenti voilier, outre ceux de ces métiers qui vont à la mer et qui font nombre des officiers mariniers et matelots de service ; 4 maîtres et un compagnon cordier ; 3 perceurs et 2 maîtres poulieurs ; faisant ensemble 37 ouvriers, 297 capitaines, officiers mariniers et matelots hors de service, 216 autres qui ont quitté la mer ou qui sont vagabonds ou inconnus, 7 qui ont changé de département, 37 invalides entretenus à la demi solde, 50 navires, 2 pinques, 4 barques, 3 brigantins, 22 gabarres, 42 bateaux caboteurs, 36 bateaux pescheurs, 48 pescheries ou parcs de clayonnage, 20 autres de pierre et 277 pescheurs riverains, sans com-pter beaucoup d'autres personnes de l'un et de l'autre sexe qui vont à la basse eau avec lanelets, bouquetous, savres, crocs, digons et autres instrumens pour pescher de la chevrette ou salicot, de l'équille ou lançon, des homards et autres rocailles et qui y tendent des cordes ou lignes aux haims et qui y prennent des soles et autres poissons plats avec le pied.

 

Fait à Granville, le 24 juillet 1731.

SICARD

 
     
 

Granville rue du Calvaire Collection CPA LPM

 
     
   
  GRANVILLE
  CC 05.03 GRANVILLE, TERRE ET MER
  LES ILES CHAUSEY  1/6
         
 
 
         
 

La grande Ile Collection CPA LPM

 
         
 

Jacques Doris 

Coutances, 1929

Publications et guides

de l'office de tourisme

de la Côte d'Emeraude normande


Aspect Général


     Les nombreux touristes qui, de la pointe du Roc de Granville, ou Cap Lihou contemplent un admirable panorama, voient l'horizon barré au nord par un chapelet d'îles qui de l'Ouest et l'Est, s'étend sur une longueur de 13 kilomètres avec 5 1/2 de largeur. C'est l'archipel de Chausey, composé de cinquante-trois îlots, dont une trentaine recouverts de végétation, avec, à marée basse des milliers de rochers, donnant l'im-pression d'un continent fraîchement émergé.

 

     Les côtes de France, si pittoresques, comptent peu de paysages aussi curieux, et, au moment des grandes marées, si saisissants. Seuls trois autres points du globe mon-trent, en Amérique, une telle différence entre les hautes et les basses mers extrêmes : 14 mètres ou 42 pieds la hauteur d'une maison à quatre étages.

 
 

       
   
  GRANVILLE
  CC 05.03 GRANVILLE, TERRE ET MER
  LES ILES CHAUSEY  2/6
         
 

 La traversée

 

     On compte 9 milles marins de 1.852 mètres, soit 3 lieues marines, ou 16 kilomètres et demi de la jetée de Granville au Sund de Chausey. La durée est d'environ une heure et demie avec les petits bateaux à moteur ou voiliers en temps normal : mais il faut souvent tenir compte des vents contraires, ou du calme, des courants, etc.

 

     L'embarquement se fait au Feu vert de la petite jetée, située au Sud du vaste avant-port, de 13 hectares qui abrite le môle de 540 mètres terminé par le feu rouge.

 

     N.-B. - La société « Les Entreprises Maritimes Granvillaises » dont les bureaux de Tourisme sont établis : à Granville, Cours Jonville ; à Donville-les-Bains, route de Coutances ; à Saint-Pair-sur-Mer, place Centrale, assure le service quotidien des Iles pendant l'été avec le yacht « Dream » qui peut porter 120 passagers et couvrir la distance en 45 minutes, dans les meilleures conditions.

 
         
 

 La vedette "Dream" partant pour Chausey. Collection CPA LPM

 
         
   

     L'appareillage accompli on franchit la passe de 120 mètres et là une certaine houle se fait souvent sentir jusqu'à la pointe du Roc.

 

     A gauche se dresse le Loup, tourelle sur un écueil avec cabine d'abri. Granville se montre alors en entier ; vieille ville ceinte de ses murailles et dominée par l'antique église de Notre-Dame-de-Lihou, ville nouvelle, s'étageant sur la Hogue, avec la masse byzantine de l'église Saint-Paul.

 

     Puis c'est la pointe de Roche-Gautier, avec son fort déclassé, l'anse de Hagueville, le château de la Crête, l'immense plage de sable de Saint-Pair, Kairon, le Pont-Bleu, Jullouville, Carolles jusqu'aux falaises de Champeaux ; mais bientôt une silhouette apparaît sur la côte basse des polders du Couesnon. C'est le Mont Saint-Michel.

 

      A l'Ouest la Bretagne avec la large échancrure du marais de Dol, surmontée du Mont Dol, enfin Cancale et la nef inachevée de sa grande église, l'île Rimains qui cache son port, la pointe de Cancale, son phare isolé en mer, les îles des abords de Saint-Malo.

   
 
         
 

     Le bateau a passé au large du cap Lihou, aux cavernes rocheuses, au sommet un phare, d'une portée de 18 milles, inauguré en 1828 et modernisé en 1893. En temps de brume, un signal sonore, le Braillard, situé au sommet, avise les marins.

 
     
 

     Au-dessous, le blanc sémaphore avec ses appareils caractéristiques (1862). Plus bas encore, une batterie déclassée surplombe la mer et l'écueil de la Fourchie, muni d'une balise : le site, entre ciel et terre, a un cachet sauvage.

 

     Ceux qui s'intéressent à la navigation verront les coups de barre incessants qui viennent rectifier le point de la boussole : c'est que, d'une part, des hauts fonds et des bancs nombreux, parallèles à la côte, et de l'autre le courant de marée, dont la force peut atteindre plusieurs noeuds, amènent une dérive à combattre.

 

     Voici maintenant la face Nord de Granville, les hautes falaises avec les remparts à pic, le Casino, Le Normandy-Hôtel, les villas de la falaise, le cimetière dominant la mer, Donville et la plage Normande.

 

     Là commence l'arc de cercle de six lieues qui se prolonge en dunes jusqu'à Regnéville, avec sur la hauteur des arbres et des clochers, enfin Agon. Des yeux exercés découvrent à 7 lieues, devant les buttes de Monthuchon, les tours de la cathédrale de Coutances

 

Le phare du Cap Lihou.Collection CPA LPM

 
     
 

      Bientôt à 1 mille, à gauche, se montre la bouée de la Vidcoq, signalant un haut-fond dangereux, à peu près à la moitié du parcours.

 

    A la saison du maquereau, de nombreux pêcheurs sillonnent ces parages, fréquentés par les oiseaux de mer comme par les marsouins, qui jouent sur les vagues. Par temps chaud, des quantités de méduses, blanches et gélatineuses, s'aperçoivent dans l'eau.

 

 
 

     On approche des îles, vers le milieu de l'archipel, non loin de la tour de la Foraine, dont la construction sur un écueil a demandé des années. Trois autres tours balises jalonnent cette région. En face, ce sont les trois Huguenans, dont l'un porte l'une des trois grandes tours blanches des îles. De suite, à gauche, s'ouvre la passe bien connue de Beauchamps, dans laquelle des navires calant 8 mètres peuvent mouiller à toute heure.

 

     L'escadre du Nord y vint jadis. Le chenal est balisé comme plusieurs autres.

 

     Cette passe sépare tout l'ensemble des îles en deux : à l'Est, à peine quelques ilôts réunis à mer basse par une immense étendue de sable et visitables seulement en bateau. A l'Ouest, l'ensemble le plus intéressant.

 

     Peu à peu toutes les parties de ce groupe se détachent avec d'étranges aspects, certaines îles couronnées d'herbe, les autres comme calcinées, toutes ceinturées de longues algues.

 

     Enfin c'est l'entrée du Sund ou hâvre de Chausey, où relachent de nombreux navires de plaisance, car il y reste toujours un mouillage suffisant. Le chenal Sud-Est amène les passagers de Granville, séparé par les Epiettes de celui du Sud ouvert vers Cancale.

 

     Le coup d'oeil est devenu très particulier. A droite, après Longue-Ile, une série d'ilôts sur la même file, tels d'énormes cuirassés. A gauche, la Grande-Ile ayant à sa pointe un beau phare en granit, puis la masse trapue du fort de 1866, déjà déclassé, les deux tours, pyramidale et ronde signalant les limites de la pêche entre Granville et Cancale par une ligne idéale joignant Tombelaine, l'hôtel Quinette (l'hôtel du fort) ; au-dessous le restaurant Leperchois (Belle Vue), les maisons des pêcheurs avec deux villas « Mon Rêve », et « Les Korrigans », la silhouette de l'église paroissiale ; sur le fond de verdure de beaux arbres, l'ancienne demeure des propriétaires des îles, derrière, le blanc sémaphore sur Gros Mont, et enfin, filant sur le Nord, le chenal qui bientôt asséchera, en laissant à sa place un banc de sable éblouissant.

 

     Il s'agit maintenant de débarquer, opération parfois compliquée, mais qui deviendra fort aisée dès que le wharf en construction sera complètement terminé. Jusqu'à présent on s'entasse avec provisions, engins de pêche, bagages dans des canots, et, pendant que le matelot, parfois un enfant, fait entendre les mots habituels : « N'oubliez pas le canotier », on aborde sur le terrain de l'Etat, soit à la cale de la Marine, soit à l'escalier menant à l'ancien Hôtel des Iles.

 
     
 

 La chapelle Collection CPA LPM

 
     
 

Hôtel des Iles. Collection CPA LPM 1900

 
         
   
  GRANVILLE
  CC 05.03 GRANVILLE, TERRE ET MER
  LES ILES CHAUSEY  3/6
         
 

La Grande Ile 1

 

    Le touriste descendu à la première, trouvera d'abord la confortable villa Mon Rêve, louée par la ville de Granville, au commandant Crosnier, l'un des membres dirigeants de la Société civile des Iles Chausey.

 

     Tournant à gauche, il finira de gravir la pente assez raide, où a été construit par M. Leperchois l'Hôtel BelleVue. Au haut l'Hôtel du Fort domine le Sund et l'ensemble des îles, offrant, sur ses terrasses abritées, sa cuisine appréciée et ses chambres confortables, « le gîte et le couvert » à ceux qui désirent séjourner dans les îles.

 
     
 

Le débarcadère Collection CPA LPM 1960

 
     
 

Hôtel du Fort Collection CPA LPM 1900

 
     
 

     De suite, à droite, c'est le fort moderne, avec ses fossés profonds, creusés à même le granit, ses capon-nières, ses talus gazonnés. La porte massive est pré-cédée d'un pont-levis ; à l'intérieur, une vaste cour sur laquelle s'ouvrent les casemates.

 

     Déclassé, le fort fut loué par l'Etat en 1910, au dessinateur si parisien, Jean de Losques, originaire de Saint-Lô, aviateur, le lieutenant Thouroude (tel était son vrai nom) devait périr sur la frontière dans un combat acharné.

 

     Une nouvelle adjudication eut lieu au profit des membres de la Société de Chausey, qui, en attendant de pouvoir réaliser ses projets (colonies de vacances pour enfants) en tira parti par des locations.

 

     Novembre 1928 a vu un nouvel adjudicataire dont nous ignorons les projets.

 

     Pendant la guerre, il a abrité nombre d'indésirables, allemands ou autrichiens, banquiers comme manoeuvres : de pacifiques territoriaux, casernés au-dessous de l'hôtel, le gardaient ; mais on avait installé sur les glacis mitrailleuses et canons. Déjà, en 1871, il avait logé pendant 5 mois 150 communards

 
     
 

Le fort Collection CPA LPM 1900

 
     
 

La chapelle et la croix Collection CPA LPM 1960

 
     
 

Le château Collection CPA LPM 1900

 
     
 

    Le fort passé, c'est le phare (1847) qui se pré-sente ; sa portée est de 22 milles. La visite en est intéressante. Au Nord-Est, quelques pins forment, à certaines heures, un abri délicieux.

 

     Redescendons vers la mer par les sentiers pierreux qui longent le port, à l'Ouest, près d'un lavoir : en bas, on trouvera la jolie plage de sable fin de Port-Marie, si fréquentée par les habitués du bain.

 
     
 

Le phare de granit Collection CPA LPM1900

 
          
   
  GRANVILLE
  CC 05.03 GRANVILLE, TERRE ET MER
  LES ILES CHAUSEY  4/6
         
 

La Grande Ile 2

 

     Une maison basse, couverte d'ardoises, avec un jardin entouré de pierres sèches. Quelques pins maritimes. Elle est la demeure du curé des îles, M. l'abbé Mauduit, homme hospitalier s'il en fut : ancien missionnaire en Afrique, il accueille aimablement tous les visiteurs. En 1920, ne donna-t-il pas abri à un ministre de la guerre, M. André Lefévre, venu prendre quelque repos à la chasse des oiseaux de mer à travers les îles.

 

 

     La ville de Granville est propriétaire de ce logis, qu'elle a aménagé avec goût, comme la jolie classe moderne, située à côté ; celle-ci a pour instituteur, officiel, s'il vous plaît, le propre curé de Chausey, qui y fait la classe à une douzaine de bambins et perçoit de l'Etat une légitime rétribution.

 

     Toute l'année il réside dans l'île (il a même été, à un moment donné, six mois sans mettre le pied sur le continent) exerçant son ministère près des 80 habitants, pêcheurs, signaleurs, gens de culture, etc... et servant même de médecin. Sa popularité est grande, comme le fut celle de ses prédécesseurs MM. Hébert et Launey.

 
     
 

Le Presbytére Collection CPA LPM

 
 

 

 
 

Vue générale sur le phare Collection CPA LPM

 
 

 

 
 

Vue aérienne sur la chapelle Collection CPA LPM

 
     
 

     On quitte maintenant ce terrain de l'Etat, acquis par une expropriation pour une contenance de 7 hectares et pour une somme de 72.000 francs, de la famille Hédouin, qui possédait les îles entières. Une longue clôture le limite.


     Le visiteur entre alors sur un vaste espace gazonné qui abrite les principales maisons des pêcheurs, à côté, la villa des Korrigans, à M. Durand, yachtman, l'un des administrateurs de l'île.

     A gauche, deux poteaux munis d'un disque singulier, prennent le fil qui sort d'une cabine brune, située sur le bord de la grève : là se trouve le cable sous-marin venant de Cancale au sémaphore, on peut l'utiliser pour les télégrammes.

 

     Des sentiers gravissent le tertre qui porte avec une croix la chapelle des îles, dédiée à saint Louis : construite au milieu du siècle dernier, simple, éclairée par des vitraux ornés de l'étoile de la mer, elle a bien le cachet d'une église maritime. Pendant la saison les étrangers y voisinent avec les pêcheurs ; de beaux chants s'y font entendre.

 

     Du portail, on a sous les yeux un vaste panorama, moins étendu cependant que des glacis du fort à cause des grands arbres situés au Nord-Ouest.

 
 
 
 

Le village des Blainvillais Collection CPA LPM

 
     
 

Le village des Blainvillais Collection CPA LPM

 
     
 

     Tout auprès, en effet, commencent les terrains enclos de pierres sèches, contenant champs cultivés et prairies d'une herbe excellente. Ormes et trembles ont poussé au XIXe siècle, alors qu'au XVIIIe on ne voyait pas un seul arbre.

 

     A gauche, une large voie bien ombragée mène aux deux fontaines d'eau potable permanente qui alimentent toute l'île. Les géologues disent que les sources de ces rocs de granit viendraient du continent.

 

     D'anciennes dépendances ont été aménagées : l'une renferme le bureau de tabac, tenu par Mme Moulin, la doyenne des habitants des îles. A côté, un orfèvre parisien, habitué de Chausey, a établi son home. Puis vient l'ancienne résidence des propriétaires des îles avec un long balcon.

 

     Derrière s'étend le jardin qui mériterait une description à part, pour l'abondance et la variété des fleurs, les espèces végétales des pays chauds y croissant aisément à cause du voisinage d'une branche du Gulf-Stream, myrtes, camélias, lauriers-roses (jadis un grenadier et un olivier), un aloès, qui chose unique en ces climats, a donné un stipe fleuri de 4 mètres de haut, et enfin ce figuier, rappelant en petit celui de Roscoff, qui couvrait 80 mètres carrés à un moment.

 

     La ferme compte un beau troupeau de vaches normandes que l'on voit s'aventurer à mer basse vers d'autres îles, sans jamais être surprises par le flot.

 
     
 

Les vaches de Chausey et la fontaine Collection CPA LPM

 
          
   
  GRANVILLE
  CC 05.03 GRANVILLE, TERRE ET MER
  LES ILES CHAUSEY  6/6
         
 

Pêche

 

      La pêche fait vivre maintenant presque tous les habitants de la Grande-Ile. C'est qu'elle est abondante, en crevettes surtout, cette belle espèce qu'on nomme le bouquet. Il n'est pas rare d'en rapporter en une marée une dizaine de livres, à condition, il est vrai, de connaître les bons endroits et d'aller assez loin de la Grande-Ile. L'étranger qui veut s'aventurer à distance doit se faire accompagner par un pêcheur sous peine de danger. A d'autres moments, les lignes ou les filets tendus rapportent des poissons variés : mulets, bars, lieux, lançons, soles, plies. Celles-ci sont pêchées aussi au diguet, fer acéré, dans les ruets sableux. Des congres, parfois de 20 livres, se rencontrent dans des trous profonds. Ils y voisinent souvent avec les homards, bien diminués, qu'on prend aussi avec des casiers descendus au fond de l'eau.

 
     
 

Pécheur de Chausey Collection CPA LPM

 

Pécheur de Chausey Collection CPA LPM

 
         
 

Histoire résumée

 

     Les îles Chausey ont été certainement rattachées à la terre ferme, mais bien avant l'époque historique : il y a donc lieu de reléguer parmi les légendes la fameuse marée de septembre 709, envahissant toute la vaste baie, dont la première mention remonte d'ailleurs au XVe siècle .

 

     Le nom de Chausey apparaît dans les chartres en 1022, où le duc de Normandie,

 

Richard II, fit don de l'archipel, comme de la baronnie de Saint-Pair, aux religieux du Mont Saint-Michel, qui établirent un prieuré bénédictin sur la Grande-Ile. Il était situé non loin des bâtiments actuels de la ferme : la chapelle, dont on a retrouvé les fondations, se trouvait dans la grande prairie à l'Ouest du jardin.

 

Construction Géologique

 

     Le granit forme tout l'archipel : il a fait son apparition vers la fin de l'époque cambrienne.

 

 

Pécheur de Chausey Collection CPA LPM

 

 
 

 Zoologie

 

     Les oiseaux de mer sont largement représentés, surtout l'hiver, d'après les catalogues de Le Sauvage et Le Mennicier.

 

    Pour les poissons, les crustacés, les mollusques et les coquillages, consulter dans les ouvrages de Gadeau de Kerville, de Joyeux-Laffuie, de Dautzenberg.

 

     Depuis cent ans, les explorations d'Audouin et Milne-Edwards (1828), de Quatrefages (1841) ont appelé l'attention des naturalistes sur la richesse extrême de la faune des îles.

 

Botanique

 

     Des spécialistes ont étudié de près la flore à plantes rares de l'archipel. Le catalogue le plus détaillé est celui de Crié de Rennes (1877), divisé en Florules de l'intérieur, marine, maritime ; L. Corbrière l'a complété.

 

     Comme algues une prodigieuse abondance de Fucus surtout ; les Laminaires s'y rencontrent, comme des espèces variées aux riches couleurs. 

 
     
 

La grande cale Collection CPA LPM

 
   

La grande cale Collection CPA LPM

 
          
   
  GRANVILLE
  CC 05.03 GRANVILLE, TERRE ET MER
  LES ILES CHAUSEY  5/6
         
 

La Grande Ile 3

 

     Jadis, à côté de la fer-me se trouvait l'Hôtel des Iles - qui a été transformé en séjour d'été par plu-sieurs familles d'industriels de l'Est, et devant lequel on voyait d'énormes fanons et vertèbres de baleines. Un peu plus loin les cahutes des Blainvil-lais, où, dans une pièce sans fenêtre, vivent pendant la belle saison les pêcheurs venus de la côte, dans l'odeur de crevette cuite et des congres séchant au soleil.

 

     Au tournant du sentier vers Gros Mont, la maison Vidament, qui abrite le doyen des insulaires. 

 

     Ensuite les six maisonnettes dépendant autrefois de l'Hôtel des Iles (les Algues, les Gerbettes, etc...) à la pointe du petit hâvre que limite une chaussée.

 
     
 

Les petits chalets de l'hotel des Iles Collection CPA LPM

 
     
 

     Ce sont alors de gros buissons d'ajoncs aux fleurs jaunes parmi lesquels s'élève la maison dite des Noyés, où, sans doute, l'on recueillait les gens péris en mer ; à quelques pas un dolmen enfoui en terre témoigne de l'antiquité de l'occupation des îles. On y trouva en 1834, trois superbes broches en diorité polie.

 

     Le sentier contourne l'anse et l'on remarque à côté, sur le tapis d'herbe rase, la multitude des églantiers extranains, une des curiosités de l'île, avec leurs baies rougeâtres. Le botaniste trouve partout du reste de vraies jouissances. Et de grand matin, les lapins s'ébattent sur cette dune. Du sommet du Gros Mont, le sémaphore domine un très vaste horizon : le cap Fréhel, dans les Côtes-du-Nord, en marque à l'Ouest la limite terrestre : au Nord, le plateau des Minquiers avec sa Maîtresse-Ile et ses nombreux ilôts, redoutés des marins (distance de Chausey, 8 kilomètres environ) ; puis Jersey, au Nord, qu'on distingue aisément, enfin sur la côte normande le cap de Carteret.

     Le soir, 5 phares s'allument sur ce pourtour : le Sénéquet, en face de Blainville, Granville, Cancale, la Pierre-du-Jardin (à l'entrée de Saint-Malo) et Fréhel, sans compter Chausey et Carteret qu'on aperçoit parfois.

 

     Toutes les îles qu'on peut atteindre à pied pendant les basses-marées en vue de la pêche se montrent nettement : les deux Romonts, Plate-Ile à l'Est, si reconnaissable, après le ruet de la Saunière, comme l'Enseigne, avec sa tour, puis au Nord, après la Pierre au Vra, l'Ile aux Oiseaux, qui porte encore les restes de tout un village de carriers avec une citerne à coupole, la Meule, jadis habitée aussi, comme nombre d'ilôts d'ailleurs, la Houllée, la Houston ; tout près le Genestaie avec ses restes de nombreux monuments mégalithiques.

 

     Juste en avant, un énorme rocher à forme caractéristique qui a reçu le nom de l'Eléphant : du reste assez nombreuses sont ces pierres à aspect spécial : le Robinson et l'Artichaut vers le Nord, l'Automobiliste, sur la Grande-Fourche, les Sauriens au-dessus du trou Louis, la Chimère, la Tortue, etc.....

 
         
 

Le Rocher de l’éléphant Collection CPA LPM

 
         
 

Le Rocher Robinson Collection CPA LPM

 

Le Rocher L'Artichaut Collection CPA LPM

 
     
 

Le Rocher La Chimére Collection CPA LPM

 
     
 

Les Rocher Les Moines Collection CPA LPM

 
     
 

Le Rocher de l'Auto Collection CPA LPM

 
     
 

     Une magnifique grève en arc, la Grande Grève, descend en cet endroit vers la mer, semée de nombreux ilôts ; entre autres, celui où se dressent les silhouettes, les Moines ou les Bonshommes : elle finit à la pointe de l'Epée ou Epail, d'où part un nouvel arc de superbe sable, Port-Homard.   

 

En 1922, celui-ci était encore dominé par les restes du vieux château fort, construit en 1558, pour défendre les îles contre les incursions anglaises.

 
 

 

 
 

Le Vieux château Collection CPA LPM

 
 

 

 
 

     M. Louis Renault, le fabricant connu d'automobiles qui, depuis plusieurs années, venait faire des séjours avec son yacht le « Chryséis », conclut en cette année avec les membres de la Société un bail spécial de très longue durée et trans-forma les ruines en une majestueuse et confortable installation moderne.

Il tint à honneur de conserver les parties anciennes et de garder à la vieil-le forteresse tout son intérêt si bien en harmonie avec le paysage sévère.

 

     Si l'on veut gagner le bas de la pointe il faut le faire surtout le soir pour contempler d'admirables couchers de soleil, voire même, le « Rayon vert ».

 

     Et l'on regagne les habitations soit par le chemin ombragé, soit par un sentier sablonneux.

 
     
 
 
     
 

Le Château Renault Collection CPA LPM  1900

 
 

 

 
 

      On n'a pas encore mentionné les vastes carrières de granit ouvertes sur de nombreux points, même sur des îles éloignées : pendant des siècles, on y puisa sans cesse, qu'il s'agit de l'Abbaye du Mont Saint-Michel, des quais et des murailles de Granville et de Saint-Malo, des quais de Cherbourg, des trottoirs de Paris et de Londres. Vers 1850, 300 carriers vivaient dans les diverses îles : le dernier navire a été chargé en 1896. Et 100 barilleurs ou brûleurs de soude transformaient en larges tourteaux les algues marines, destinées à la fabrication des produits chimiques.

 
          
   
 
 
 

 

 

 
 

 

GRANVILLE -1

 

 
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
 

 

 
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
   
 
 
 
     
 

 

 

 
     
   
 
 
 

 

 

 
 

 

GRANVILLE -2

 

 
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
 

 

 
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
 

 

 

 
     
   
 
 
 

 

 

 
 

 

GRANVILLE -3

EDITION LL 1 (4-38-61-82-73-95-108-19-13-67)

 
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
 

 

 

 
     
   
 
 
 

 

 

 
 

 

GRANVILLE -4

 

 
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
   
 
 
 
     
 

 

 

 
     
  GRANVILLE
  CC 05.03 GRANVILLE TERRE ET MER
   
  André DELABY
         
 

Chapelle de chausey édifier en 1850, CPA collection LPM 1900

 
 
 
 
Personnages remarquables de la Manche,
tome 3, Jean-François Hamel,
sous la direction de René Gautier
 

André Delaby, né à Paris en 1900 et décédé à Hudimesnil en 1990

 

Le dernier curé-gouverneur de Chausey

 

Solide comme un roc, la peau burinée par les embruns et par le soleil, une grande barbe blanche, toujours coiffé d’un large béret délavé, l’abbé André Delaby a tout du vieux loup de mer. Ce n’est pas seulement une impression. Le dernier curé de Chausey s’est fait pêcheur parmi les pêcheurs. Avec le jardinage et le bricolage, la navigation à bord de son bateau « Avec Dieu », un canot de 7,50 mètres, est sa grande passion. On n’injuriera pas sa mémoire en disant que le père Delaby est un personnage hautement pittoresque.

 

Il voit le jour boulevard Barbès à Paris où son père est cheminot. Au sortir du collège Sainte-Barbe, il suit les cours d’électricité et de mécanique industrielle de l’école Viollet d’où il sort avec son diplôme d’ingénieur en électricité. Sa vocation s’affirme durant son service militaire en Rhénanie. Entré au grand séminaire en 1925, il est ordonné prêtre en 1931 à Coutances (sa famille s’est retirée à Blainville-sur-Mer). D’abord vicaire à Tourlaville, il est ensuite nommé curé de Flottemanville-Bocage, de Sortosville-Bocage, de Saint-Cyr-Bocage et d’Éroudeville avant de succéder en 1950 à l’abbé Pierre Jourdan comme curé des îles Chausey.

 

Jusqu’en 1966, il va y faire fonction d’instituteur, rétribué par la ville de Granville. Il adapte ses cours au rythme des marées et des saisons. À la fin de chaque année scolaire, il organise une distribution solennelle des prix à l’ombre d’un figuier. Le préfet, l’inspecteur d’académie, le représentant du préfet maritime et le député se fot un devoir d’assister à cette cérémonie !

 

L’abbé Delaby fait aussi office d’infirmier, de mécanicien, de sauveteur, de radio et de secrétaire du syndicat d’initiative ! La légende ajoute qu’il pratique même des accouchements. Le 25 décembre 1970, par décret municipal, il est nommé gouverneur des îles. Le dernier gouverneur.

 

En 1980, il se retire de Chausey pour une retraite bien méritée à Hudimesnil où il se met à l’étude de l’allemand !

 

Durant trente ans, André Delaby a été l’âme de Chausey. S’il ne fut pas remplacé, c’est peut-être parce que ce prêtre hors du commun est irremplaçable !

 

Il serait sûrement bienvenu que, sur la grande île, une plaque au moins rappelle le souvenir de ce dernier curé dont la barbe légendaire fut un jour brûlée dans l’explosion d’une bouteille de gaz !

 
 
 
 

Presbytére de chausey construit en 1848, CPA collection LPM 1900

 
         
   
  LIGNE PARIS A GRANVILLE
  HISTORIQUE
         
 

Montparnasse 1904 CPA collection LPM 1900

 
 

 

 
 

La ligne Paris-Granville est une ligne radiale d'importance secondaire du réseau ferré français dont l'origine est à Paris-Montparnasse, et plus précisément en gare de Vaugirard.

 

Longue de 327 km, elle se détache de la ligne Paris-Chartres à Saint-Cyr-l'École et dessert principalement des zones rurales des Yvelines, d'Eure-et-Loir et de la Basse-Normandie. Les agglomérations traversées sont relativement peu peuplées.

 

Les gares les plus importantes sont Versailles-Chantiers, Dreux, Argentan, Flers, Vire et Granville. C'est une ligne construite à double voie mais dont une partie a été mise en voie unique banalisée en 1999 entre Argentan et Granville. Elle appartient au réseau national géré par Réseau ferré de France.

 

La section Paris - Dreux est électrifiée. Elle est exploitée en service banlieue (Transilien N).

 
 

 

 
 

Tracé schématique de la ligne.

 
     
 

Granville 1909 CPA collection LPM 1900

 
 

 

 
 

Cette liaison a été mise en service en plusieurs étapes

 

Date d'ouverture

Destinations

Observations

 

 

 

10 septembre

1840

Paris-Montparnasse à Viroflay-Rive Gauche

Section commune avec la ligne Paris-Montparnasse - Brest

12 juillet 

1849

Viroflay-Rive Gauche à Saint-Cyr

Section commune avec la ligne Paris-Montparnasse - Brest

1er février

 1858

 

Surdon à Argentan

Section commune avec la ligne Le Mans - Mézidon sur l'axe Caen–Tours

15 juin 

1864

Saint-Cyr à Dreux

Embranchement de la ligne Paris-Montparnasse - Brest

2 juillet 

1866

Argentan à Flers

Embranchement de la ligne Le Mans - Mézidon

1er octobre 

1866

Dreux à L'Aigle

 

5 août 

1867

L'Aigle à Surdon

Ligne complète entre Paris et Flers

16 septembre 

1867

Flers à Vire

 

3 juillet 

1870

Flers à Granville

 

 
   
 

Équipement


La liaison, à double voie sur la totalité du parcours lors de sa construction, a été électrifiée par caténaire alimentée en courant continu de Saint-Cyr à Plaisir-Grignon et en courant alternatif 25 kV 50 Hz de Plaisir-Grignon à Dreux. À l'occasion des travaux de modernisation intervenus entre 1994 et 1999 une grande partie de son parcours (Argentan - Granville) a été mis en voie unique par mesure d'économie, mais également pour permettre un relèvement de la vitesse autorisée. En matière de signalisation, la liaison est équipée du block automatique lumineux de Saint-Cyr à Dreux, du BAPR (block automatique à permissivité restreinte) de Dreux à Argentan et d'une CCVU (commande centralisée de voie unique) entre Argentan et Granville. Il existe plusieurs tronçons à double voie, appelés évitements sur la partie mise en voie unique, et ce afin de permettre le croisement et le dépassement des trains.

 
         
 

Liste des gares

 

De Paris à Saint-Cyr-l'École

 

Vanves — Malakoff

Clamart

Meudon

Bellevue

Sèvres-Rive-Gauche

Chaville-Rive-Gauche

Viroflay-Rive-Gauche

Versailles-Chantiers

Saint-Cyr

 

De Saint-Cyr-l'École à Surdon

 

Fontenay-le-Fleury

Villepreux — Les Clayes

Plaisir — Les Clayes

Plaisir — Grignon

Villiers — Neauphle — Pontchartrain

Montfort-l'Amaury — Méré

Garancières — La Queue

Orgerus — Béhoust

Tacoignières — Richebourg

Houdan

Marchezais — Broué

Dreux

Saint-Germain-Saint-Rémy

Nonancourt

Tillières

Verneuil-sur-Avre

Bourth

Saint-Martin-d'Écublei

L'Aigle

Rai–Aube

Saint-Hilaire-Beaufai

Sainte-Gauburge

Planches

Le Merlerault

Nonant-le-Pin

Surdon

 

De Surdon à Argentan

 

Almenêches

Argentan

 

D’Argentan à Folligny

 

Écouché

Fromentel

Briouze

Bellou-en-Houlme

Messei

Flers

Cerisy-Belle-Étoile

Montsecret-Vassy

Bernières-le-Patry

Viessoix

Vire

Mesnil-Clinchamps

Saint-Sever-Calvados

Saint-Aubin

Villedieu-les-Poêles

 

De Folligny à Granville

 

Folligny

Saint-Planchers

Granville

 

Les Clayes

Neauphle le Château

Argentan

Flers

Granville

 
         

 Les cahiers du petit manchot 2011               N° 15 du samedi 20 aôut

 

     
 

  PHARES & FEUX DE LA MANCHE 3

  D' AUDERVILLE A GRANVILLE

 
 

 

Un langage pour les marins

 

Les phares signalent des récifs ou des zones dangereuses de la côte. Mais les phares ne se contentent pas d'éclairer l'abord des côtes. Ils permettent également aux marins de se repérer. Chaque phare possède ses propres caractéristiques, sa façon bien à lui d'éclairer l'horizon. Certains phares émettent des feux à secteurs, c'est à dire des faisceaux lumineux de couleurs différentes : rouge ou verte pour signaler les zones dangereuses, blanche pour indiquer la route à suivre.

 

 

 
   AUDERVILLE  
     
   Phare du cap de la Hague  
 

 

CAP DE LA HAGUE

 

Phare du cap de la Hague, sur le rocher dit le "Gros -du-Raz


Premier novembre 1837

Feu fixe blanc de premier ordre au sommet d'une tour cylindrique en pierres de taille de 47m de hauteur. Travaux commencés en 1829 sous l'égide de l'ingénieur en chef Morice de la Rue


25 avril 1890

Feu provisoire


31 août 1890

Feu à éclat toutes les 10 secondes


3 septembre 1905

Puissance renforcée et un éclat toutes les 5 secondes, les trois derniers gardiens, Robert Chilard, Lionel Jeanne et Hubert Dejarcy descendent

 

 

 
   Histoire d'une construction  
 

 

 

Le phare de la Hague, situé face au port de Goury (Auderville), est inscrit aux monu-ments historiques. Pour le maire d’Auderville, Alain Dixneuf, c’est un motif de fierté. Le phare est bien sûr un symbole identitaire fort tout comme les paysages de la Hague. Par arrêté du 11 mai 2009, le préfet de Basse-Normandie a considéré que le phare présentait « un intérêt d’art et d’histoire en raison de la qualité de sa composition architecturale néo-classique ». Cette reconnaissance nationale est l’occasion de revenir sur la construction de ce phare, construction qui ne fut pas une partie de plaisir (entre 1834 et 1837).

 

Le projet de construction d’un phare au cap de la Hague

 

Dans un rapport, l’ingénieur des Ponts et Chaussées de l’agglomération du nord du département de la Manche, Morice de La Rue, revient sur la construction du phare qui devait signaler aux navigateurs les dangers du fameux Raz Blanchard après de nombreux naufrages. Selon l’ingénieur, le Raz Blanchard est l’un des plus mauvais coins de France. Quand le vent souffle, par grande marée, la vitesse des courants peut atteindre 12 nœuds, c’est-à-dire 23 kilomètres à l’heure. La zone porte bien son nom : le canal de la Déroute.

 

Il est prévu d’installer le phare de 46 m sur le Gros du Raz, rocher séparé du littoral par un canal d’environ 800 m de largeur. Comme l’indique le rapport de l’ingénieur, il existe de grandes difficultés à vaincre la construction du phare sur le Gros du Raz. Pour se rendre à ce rocher qu’envelopperont des courants d’une violence extrême, la côte voisine ne présente qu’un seul point de départ un peu abrité, le havre de Goury


 

On comprendra sans peine que pour naviguer dans des courants dont l’impulsion ressemble à la chasse d’une écluse, il ne faut ni employer de lourds navires, ni compter sur la force si inconstante du vent. L’apport de matériaux ne pourra se faire qu’à l’aide de barques plates et légères, plates pour moins de prises aux courants, légères pour être manœuvrées à la rame. A cela s’ajoute au départ de Goury des installations coûteuses et la fourniture du granit en provenance de Flamanville.

 

L’ingénieur des Ponts et Chaussées précise dans son rapport comment il réussit à vain-cre les difficultés d’implantation et de cons-truction du phare. Lors de l’établisse-ment des ouvriers sur le chantier, ces derniers refusèrent de s’y installer tant les habitants du pays leur avaient répété que le Gros du Raz serait leur tombeau, et qu’aucune cons-truction ne résisteraient aux déferlements.

 

Il fallut donc recourir à un autre expédient pour inspirer aux travailleurs plus de sécurité. Ainsi, une estacade constituée de pieux et dont le plan supérieur ne dépassait que de 0,50 m le niveau des hautes mers de vive eau d’équinoxe, a résisté aux plus violentes attaques, non sans démolition.

 

Parfois même, les déferlements ont couvert la grue toute entière et dépassé son sommet.

 

La construction du phare (1834 - 1837)

 

Le rocher du Gros du Raz, à 1 m environ au-dessus des hautes mers d’équinoxe, présen-tait une surface circulaire de 10 m de rayon.

 

Le phare proprement dit n’avait pas besoin d’une assiette aussi large ; cependant, il est apparu nécessaire pour l’ingénieur Morice de La Rue d’utiliser toute l’étendue disponible en établissant une plate-forme autour du soubassement de la colonne. Pendant la construction, un réduit insubmersible, où l’on pût déposer les ustensiles et les matériaux flottants, était indispensable, et la plate-forme a rempli cette fonction ; en outre, elle présente le double avantage de former une véritable défense contre le choc des lames, et d’offrir aux gardiens un espace moins rétréci que leurs chambrettes, espace où ils pourront au moins marcher et jouir de l’impression de l’air libre et du soleil.

 

L’ingénieur a aussi pensé aux conditions des agents affectés au service des phares. Dans cette optique, il a placé l’escalier dans une cage particulière qui communique avec les différents logements sans les faire dépendre les uns des autres. Cette disposition est convenable car elle rend les chambres plus commodes, et les voûtes de séparation des différents étages sont aussi solides que si elles étaient entières. Chaque pièce contient l’encadrement nécessaire pour admettre un lit, est munie d’une cheminée et reçoit le jour par deux fenêtres. Le massif qui supporte la plate-forme, au milieu de laquelle s’élève le phare proprement dit, est enveloppé par un gros mur dont le revêtement extérieur se compose de pierres de taille de granit ; et qui est formé dans le reste de son épaisseur par de la maçonnerie de moellons. L’intervalle compris entre ce mur et le soubassement de la colonne a été rempli avec des pierres sèches soigneusement arrimées.

 

Le phare proprement dit est entièrement formé de blocs équarris dont les parements extérieurs sont finement taillés et les faces intérieures simplement piquées à la grosse pointe. Les marches de l’escalier hélicoïdal (200 marches) qui règne du bas jusqu’à la chambre de service du phare sont engagées dans le mur de la cage. Toutes les voûtes de séparation des différents étages (10 au total), n’ont été construites qu’après l’achèvement complet de la colonne, le montage des matériaux ayant été opéré par l’intérieur.

 

Pour finir cette description, l’ingénieur rappelle que pendant les trois ans qu’ont duré les travaux, il s’est dévoué sans partage. La récompense de ses efforts a porté ses fruits car la construction du phare du cap de la Hague n’a pas coûté la vie d’un seul ouvrier. Morice de La Rue s’est estimé d’autant plus heureux de ce résultat, que les habitant de la côte ne cessaient de répéter, avant l’exécution des travaux, que le phare du Gros du Raz ne s’achèverait jamais, et qu’après avoir perdu bien des hommes, on renoncerait à cette entreprise.

 

Le phare a été allumé pour la première fois le 1er novembre 1837. Ses derniers gardiens en sont descendus définitivement en mai 1990, deux ans après son automatisation.

 

Le phare de Goury, Collection CPA LPM 1900

 

 
   DIELETTE  
 

 

 
   Feu postérieur d'alignement  
 

 

A 135° et 154 mètres en arrière du précédent, au fond du port sur une potence en bois de 6m de hauteur


Premier février 1858

Feu directionnel rouge

 

Avril 1876

Le feu est déplacé dans la maison des gardiens à 466m en arrière à flanc de colline surplombant le port.


 Maison des gardiens à 466m en arrière à flanc de colline surplombant le port.

 

Tourelle antérieure

 

 
 

 Feu antérieur d'alignement, sur le musoir de la jetée

 
 

 

Premier février 1858

Feu fixe blanc sur un candélabre en fonte (type)

 

Premier avril 1876

Feu fixe à secteur blanc et rouge sur une tourelle en tôle de 8m de hauteur


15 novembre 1896

Feu déplacé sur une cabane en tôle, montant en fer de 6,60 m de hauteur. Enlevée dans la nuit du 24 au 25 décembre 1896.

 

Le 3 mars 1897

Le feu provisoire est enlevé par la mer


10 novembre 1897

Feu définitif sur tourelle cylindrique en maçonnerie de 8,80m de hauteur

 

1906

Feu automatique, feu à occultation toutes les 4 secondes, secteurs blanc, rouge et vert.

 

Le phare de dielette en 1960, CPA colection lpm

 

Photo 2010
 

CPA 1910

  

 
 

 CARTERET 

 
     
   Phare de Carteret  
 

  

Le phare de Carteret se trouve à l'ouest de la presqu'île du Cotentin, sur la falaise du cap de Carteret.

Il a été mis en service en 1830 et s'élève à 84 mètres au dessus du niveau de la mer.

Son automatisation date de 1976. Son feu est à éclats blancs 15s. Sa portée est de 27 miles.

Son éclairage est produit par une lampe aux halogènes de 660 W.

Le phare est gardienné, mais ne se visite pas.

Il possède un signal sonore installé dans la falaise, et commandé par l'intermédiaire d'un détecteur de brume.

 

Coordonnées géographiques
49º 22' 27" N
01º 48' 26" W

 

Premier juillet 1839

Feu de deuxième ordre à éclats longs blancs toutes les 30 secondes sur une tour carrée et corps de logis de 15 mètres de hauteur,


1870

Sur les côtes du phare sont construites deux maisons d'habittion pour les gardiens

 

10 novembre 1906

Feu 2 éclats toutes les 10 secondes

Sérieusement endommagé par les troupes allemandes en 1944, le phare est restauré après guerre selon les mêmes plans et rallumé : éclats blancs (2+1) toutes les 15 secondes.

 

 


 
 

 Feu de Carteret sur l'extrémité de la jetée Ouest

 
 

 
18 décembre 1892

Feu fixe rouge sur un mât accolé à une cabane en bois.

Le mât est remplacé par une colonne en fonte en juin 1921 provenant des rives de Seine (feu de Ronceray).


1936

Feu alimenté au propane, feu rouge à occultation toutes les 4 secondes sur un pylone métallique de 5m de hauteur 


 
   PORTBAIL 
 
 
 
 

 Feu antérieur d'alignement

 
 

 

 Feu antérieur d'alignement, sur la pointe de la dune de la Caillourie devant le chenal  


15 avril 1859

Feu fixe blanc sur une potence en bois de 7,50m de hauteur


15 janvier1881

Feu fixe blanc sur une potence en fer avec une cabane en bois et maison d'habitation


1934

Electrification du feu


18 août 1973

Feu fixe rouge sur un pylone métallique blanc de 8m de hauteur, le feu est éteint en juillet 1965 car il ne donne plus l'alignement d'accès au port, rallumé, feu rouge à occultation toutes les 4 secondes.
 

 
   Feu postérieur d'alignement  
 

 

Feu postérieur d'alignement à 042° et 870 mètres en arrière du précédent


15 avril 1859

Feu fixe rouge sur le clocher de l'église de Port-Bail, toujours en activité

 

Eglise de Portbail

 

 
   GOUVILLE SUR MER  
     
   Le phare du Sénéquet  
 

  

Le phare du Sénéquet érigé en 1857. se trouve sur le rocher du même nom à 5 km au large de Gouville-sur-Mer. C'est une construction en pierres apparentes peinte en blanc, avec soubassement et lanterne en noir.


20 février 1861

Feu fixe rouge la tourelle exhaussée et renforcéee en pierres de taille de18,50m de hauteur,


5 août 1897

Feu rouge 3 occultations toutes les 18 secondes, secteurs rouge et blanc,


6 juin 1905

Incandescence par le pétrole,


Premier novembre 1938

Feu 3 occultations toutes les 12 secondes et automatisation, feu alimenté par le propane dans un réservoir de 800 litres,


28 avril 1942

Optique détruite

 

Phare du Senequet

 

 
 

 REGNEVILLE SUR MER

 
 
 
   Feu de Régneville, sur la pointe d'Agon
 
 

 

Premier février 1856

Feu fixe blanc sur une tourelle carrée en maçonnerie et corps de logis de 7m de hauteur,


1936

Substitution d'une lampe à mèches Aladdin à l'ancienne lampe

 

1939

Etude de la substitution du gaz propane à la lampe à mèche afin d'automatiser le phare mais les travaux ne sont pas exécuté à cause de la guerre,


24 avril 1942

Optique détruite, la tour est exhaussée de 12m après la guerre, feu 2 occultations toutes les 6 secondes, secteurs blan

c et rouge.

 

1856

 

1942


2010

 

 
 

 GRANVILLE

 
     
    Phare du Roc  
 

 

Premier novembre 1828 ;

Feu fixe blanc sur une tour cylindrique de 13m de hauteur construite par Vidal entrepreneur au Mont-Saint-Michel,


1882

Remplacement de la lanterne


8 janvier 1893

Feu 4 éclats blancs toutes les 15 secondes,


29 juillet 1903

Incandescence par le pétrole


15 avril 1894

Un signal sonore mû à la main fonctionne sur la pointe du Roc pendant les temps de brûme toutes les minutes un son de 5 secondes. Remplacé par une trompette de brume à air comprimé.

 

1924

Electrification du feu

 

Mai 1942

Peint avec badigeon de camouflage.

 
     

Phare de Granville ou phare du Roc.

 

La construction de la petite tour du Roc de Granville, érigée pour recevoir un feu fixe de troisième ordre, fut adjugée au Sieur VIDAL, entrepreneur au Mont-Saint-Michel, qui se chargeait de la réalisation de l'ouvrage moyennant une augmentation de 10% sur la somme proposée. Situation déjà exceptionnelle pour l'époque car seules les soumissions inférieures aux montants estimés par l'Administration étaient prises en compte. Dans le cas présent aucun entrepreneur n'estimait ce total suffisant et la Commission des Phares reconnut que les dépenses prévues par l'ingénieur ordinaire de l'arrondissement de Granville semblaient trop timides.

 

Le 7 décembre 1826 la première pierre était posée et le feu allumé le premier novembre 1828 mais dès cette date le constructeur réclamait une indemnité pour les pertes éprouvées lors de l'exécution des travaux. Il résultait de ses calculs que la dépense finale s'élevait à plus de 39 000 francs alors que le compte arrêté par les Ponts et Chaussées, selon les prix de l'adjudication, n'atteignait que 22 988,58 francs; il estimait sa perte à plus de 16 000 francs. L'ingénieur ordinaire Borgognon qui supervisa le chantier reconnut qu'effectivement le prix de la taille des pierres et du volume nécessaire était trop faible mais que l'entrepreneur n'en a pas moins continué l'exécution du phare jusqu'à son entier achèvement. Compte-tenu de ce zèle, de l'application et de la perfection apportées à la construction  l'ingénieur proposait une indemnité de 4367 francs que l'ingénieur en chef, chose extraordinaire, non seulement accepta mais porta à 6 000 francs. En définitive, et pour ne pas inciter les futures entreprises à reprendre ce genre de demande, le préfet accorda, non pas une indemnité, qui reconnaissait la faute de l'État, mais une gratification de 4000 francs.

 

CPA collection LPM 1900

 

 
   Granville, feu de port  
 

 

Sur l'extrémité du môle Neuf, jetée Ouest aujourd'hui


Premier janvier 1832

Feu fixe blanc sur une tourelle cylindrique en maçonnerie de 10,45m de hauteur, construite par Vidal entrepreneur au Mont-Saint-Michel ; 7 décembre 1826, cérémonie de la pose de la première pierre.


Premier décembre 1845

Feu fixe rouge


Premier novembre 1904

Feu fixe rouge automatique


1931

Alimenté au gaz

 

 

 
   CHAUSEY  
 

 
 

 Le phare de Chausey

 
 

 

Le phare de Chausey haut de 41,51 mètres désigne une maison-phare située sur la Grande-Île de Chausey. Sa présence a été rendue indispensable à cause du nombre considérable d'îles et d'îlots rendant la navigation hasardeuse.

Cette construction en pierres de taille provient des carrières de l'île. Elle est constituée d'une tour carrée accolée à la façade arrière du bâtiment d'habitation des gardiens et locaux techniques. Cette installation est complétée par un dispositif d'une corne de brume (corne 1 son/30 s) localisée à 80 m de l'habitation.

 

Les gardiens contrôlent aussi le phare de Granville, le phare de la pointe d'Agon et divers feux en mer

 

 

A l'extrémité Sud de la Grande Ile


15 octobre 1847

Feu fixe blanc varié par des éclats longs rouges toutes les 4 minutes sur une tour carrée et corps de logis en pierres de taille de 17m de hauteur

 

Adjudication du 27 septembre 1844

 

Accordée aux entrepreneurs caennais Jobert et Deschamps


1849

 

Substitution d'une toiture en zinc à la toiture en tuiles


 

 

15 septembre 1903

 

Feu à éclats blancs toutes les 5 secondes éclairé par une lampe halogénure de 250 W. Il a une portée de 23 milles (environ 42 kilomètres).

 

1945

Gravement endommagé lors de l'attaque allemande du 9 mars 1945, rallumé en 1950 avec les mêmes caractéristiques

 

Coordonnées géographiques
48º 52' 13" N
01º 49' 21" W

 

Le phare en 1906 CPA LPM collection 1900

 
     
  GRANVILLE
  CC 05.03 GRANVILLE TERRE ET MER
   
  CHAUSEY
         
   
     
 

L'archipel de Chausey est constitué d'une île principale, la Grande-Île, qui est certainement celle qui a donné son nom (jadis Calsoi basé sur le germanique augia « île ») à tout l'archipel, qui fait environ 1,5 km sur 0,5 km pour ses dimensions les plus larges (environ 45 hectares), et de 365 îlots à marée basse contre environ 52 îles à marée haute.

 

De quelques dizaines d'hectares de terres émergées à marée haute, l'archipel passe à environ 2 000 hectares d'estran à marée basse dans un rectangle d'environ 6,5 km de largeur et 12 km de hauteur. La Grande Île n'est appelée ainsi que pour la distinguer des autres îles, car en fait Chausey désigne à la fois l'archipel et la Grande Île, qui est la seule habitée. La Grande Île est sans voiture.

 

L'île est constituée d'une formation géologique granitique (granite précambrien) soumise à l'érosion de la mer et du vent. Des grèves de sables et cordons relient plusieurs parties de Chausey. Les marées y sont les plus fortes d'Europe (jusqu'à 14 mètres de marnage lors des marées d'équinoxe). Les hauteurs d'eau variables nécessitent donc de bonnes ancres pour tous les bateaux au mouillage.

 
     
 

Principales îles

 

Grande île : 45 hectares

La Genétaie : 1,82 ha

La Meule : 1,38 ha

La Houllée : 0,86 ha

L'île aux Oiseaux : 0,62 ha

Grand Epail : 0,29 ha

   
 
     
 

Chausey a longtemps fait l'objet de rivalités entre Anglais et Français. Contrairement aux îles voisines anglo-normandes, l'archipel est français depuis le XIIIe siècle. Site de piraterie et de contrebande, cet univers labyrinthique fut longtemps un repaire prisé des navigateurs-fraudeurs. Il suffisait de s'engager dans le Sound (le chenal naturel longeant la Grande Île), ou de mouiller dans la Passe Beauchamp pour être à l'abri des regards indiscrets.

 

Selon la légende de la forêt de Scissy, une marée aurait en 709 séparé ces îles, comme les Mont-Dol et Tombelaine, du continent.

 

En 1022, Richard II, duc de Normandie, fait don de Chausey et de la baronnie de Saint-Pair-sur-Mer aux religieux du Mont Saint-Michel, qui bâtissent sur la Grande Île un prieuré bénédictin, proche de l'actuelle Ferme.

 

Calsoi, le nom primitif de Chausey, apparaît d'ailleurs pour la première fois à l'occasion de la rédaction de cet acte de cession .

 

Au XVIIIe siècle, l'abbé Jean-Michel Nolin tente d'importer sur Grande-Île les principes de la physiocratie alias le «gouvernement par la nature».

 

L'étonnante dentelle de granite qu'est cet archipel a été longtemps exploitée : pendant huit siècles, il servit, entre autres, à bâtir l'abbaye du Mont-Saint-Michel et à reconstruire Saint-Malo, à dresser les quais des ports de Dieppe et de Londres, à paver les trottoirs de Paris. Au XIXe siècle, Chausey abritait environ 500 carriers.

 

Longtemps aussi, des exploitants venus de Blainville exploitèrent la soude, en fait du carbonate de sodium tiré du varech recueilli sur les côtes et qui servit à l'industrie du verre jusqu'à ce que les chimistes produisent le carbonate de sodium de synthèse. Cette soude a peut-être été utilisée dans l'industrie du savon de Rouen.

 

Ensuite, le varech a été utilisé, toujours par brûlage, pour produire de l'iode, élément de base de la teinture d'iode, utilisée comme désinfectant en pharmacie.

 

Le constructeur Louis Renault passa beaucoup de temps et investit beaucoup d'argent dans l'archipel, au point d'en être considéré comme un bienfaiteur.

 
         
   
 

Le chateau de la Grande Île Archipel de Chausey  PlineTravail personnel

 
         
   
 

LES GRANDES PECHES

   
 

LA PECHE MORUTIERE A GRANVILLE

     
 
 
   
 
 
 

LA PECHE MORUTIERE A GRANVILLE XVIéme-XXéme

Dominique Confolent

Docteur en histoire, C.R.H.Q. - Université de Basse-Normandie

Illustration CPA collection LPM 1900

 

Rien ne prédisposait Granville à devenir une grande cité maritime avant le XVIe siècle. Ce n’était jusqu’au Moyen Âge qu’un petit village de pêcheurs pratiquant la pêche au poisson frais. Pourtant dès le XVIe siècle, il est attesté que les Granvillais pratiquaient régulièrement la pêche à Terre-Neuve. Dès lors et durant quatre siècles, la cité lia son destin à celui de la grande pêche en jouant un rôle prépondérant dans l’économie halieutique nationale.

 

Une demande adressée au roi en 1564 confirme la pratique de la grande pêche à Terre-Neuve depuis un certain temps déjà. Selon Charles de la Morandière, les Granvillais furent parmi les premiers avec les Basques à se rendre sur cette partie du nouveau monde. La datation de cette présence s’effectue autour de 1520. Les navires malouins et rouennais fréquentent eux aussi ces eaux septentrionales durant ces mêmes années. La flotte morutière au XVIe siècle était de faible importance. Elle comptait entre 12 et 15 terre-neuviers à la fin du règne de Charles IX, vers 1570, et le plus conséquent était de 70 tonneaux. C’est peu comparativement à l’ensemble de la flotte morutière française qui comptait environ 500 navires à cette même époque (1). Cependant Granville participa au formidable mouvement international qui tendait à lancer les pêcheurs vers les eaux terre-neuviennes et, partant, à détrôner le hareng au profit de la morue.

 
     
 

Granville – Retour des Terres-Neuvas

 
     
 

Granville – Déchargement de la morue

 
     
 

La taille des bateaux d’alors, de l’ordre de 60 à 70 tonneaux, comme le Jean armé par Jean Péronne, laisse à penser que les pêcheurs Granvillais, s’ils pratiquaient à la fois la pêche sédentaire et la pêche errante, préféraient cette dernière. Les navires s’adonnant à la pêche sédentaire jaugeaient entre 100 et 200 tonneaux et étaient montés par quelque 50 hommes, alors que l’équipage des bateaux dérivants se composait d’une quinzaine de marins. Au fil du temps, l’armement morutier se développa et, s’il n’avait pas le monopole des courses lointaines, s’affirma comme le fer de lance de l’industrie maritime locale. La croissance du XVIe siècle s’essouffla et s’interrompit. La flottille Granvillaise tourne aux alentours d’une vingtaine d’unité sous le règne de Louis XIII et fluctue entre 7 et 25 bâtiments à la fin du XVIIe siècle. Les aléas de l’armement Granvillais sont conformes au schéma national. Une série de mauvaises campagnes doublées d’une mévente et d’une forte concurrence anglo-américaine expliquent cette stagnation. Quatorze morutiers en 1676, sept en 1678 puis vingt-cinq en 1686 ; ces chiffres attestent de la fragilité de l’industrie halieutique morutière. Toutefois le tonnage moyen tendit à progresser.

 

Si cette même année 1686 le Sainte-Anne ne jauge que 39 tonneaux, le Saint Luc et le Prophète affichent, quant à eux, une jauge de 150 ton-neaux. Les différents conflits, guerre de la Ligue d’Augsbourg, guerre de la succession d’Espagne, guerre de la succession d’Autriche, guerre d’Indé-pendance américaine, qui émaillent le XVIIIe siècle, obèrent gravement la fréquentation des bancs. Les Granvillais décidèrent alors de se lancer dans la guerre de course à partir de terre-neuviers tels la Reine des Anges ou la Vierge de Grâce armés en guerre, en alternance avec la pêche lointaine. En 1724, Granville arme plus de 50 navires (2), bénéficiant de l’exonération sur les marchandises servant à l’armement et à l’avitaillement des morutiers depuis 1717. Malgré les vicissitudes liées aux guerres, Granville connut un essor important dans l’armement aux pêches lointaines. En 1750, ce sont 95 navires qui partent pour les deux types de pêche à la morue alors pratiqués

 
     
 

Granville  - Départ d'un Terre -Neuvas "L' ECLAIR" 

(le nom inscrit sur le franc-Bord) les Doris sont à poste entassés sur le pont du bateau

 
     
 

Ces bâtiments qui totalisent un tonnage de 11 350 tonneaux, emploient 3 441 marins (3). Aux différen-tes gênes occasionnées par les hostilités, il convient d’ajouter celles générées par les traités de paix. En l’occurrence le traité de Paris qui ne laissa aux pêcheurs français que le French shore, la France devant abandonner ses possessions de l’île Royale et du Canada.

 

La concurrence devint de plus en plus forte et les heurts avec les Anglais très fréquents. Toutes ces difficultés n’empêchent pas la grande pêche de reprendre et l’armement de se développer à nouveau. En 1770, Granville envoie 43 navires dans l’Atlantique nord, tandis que Saint-Malo en arme 34 et Honfleur 21 (4). L’importance de l’armement morutier fluctua considérablement en fonction de la situation internationale, mais en 1786, avec 105 navires, Granville représente les deux tiers de l’armement morutier français (5) ! La Révolution puis l’Empire et son cortège de guerres stoppèrent cette industrie halieutique à Granville comme ailleurs. Il fallut attendre 1819 pour que le port normand reprenne une activité de quelque importance avec 55 navires expédiés à Terre-Neuve. La vie maritime fut prospère, mais le déclin s’amorça au cours des années 1860 malgré la tentative de rechercher d’autres zones de pêche, en l’occurrence l’Islande, que des primes étatiques encouragent à fréquenter. C’est durant ce même XIXe siècle que les pêcheurs Granvillais, conscients de la décadence de la pêche à la côte, développent la pêche errante. Dès lors, les marins ne pêchent plus à partir du bastingage, mais posent des lignes de fond à partir de lourdes chaloupes qui furent rapidement suppléées par les doris américains légers et facilement empilables sur le pont. La pêche en Islande, spécialité de Paimpol ou de Dunkerque, ne fit pas recette à Granville et cessa en 1882 pour ne reprendre timidement que dans les années 1920. Le déclin de la pêche morutière enregistré à Granville ne fut pas propre à ce port. Il s’inscrit dans un processus économique national et, quoiqu’il fut largement commenté, l’abandon du French Shore en 1904, ne fut qu’un épiphénomène en la matière.

 

Pourtant des tentatives essayèrent d’enrayer cette régression de la grande pêche. L’armateur Beust, en associa-tion avec des Arcachonnais, reprit l’idée de lancer un chalutier à vapeur, voulant de la sorte apporter un élément de modernité à une flottille jusqu’ici exclusivement constituée de bricks et de trois-mâts carrés. Ce chalutier baptisé la Jeanne, ne donna pas satisfaction. Bien que l’armateur dirigeât lui-même la pêche, les résultats furent décevants : les filets furent très souvent déchirés et les prises de « faux poissons » (6), trop nombreuses, voire supérieures à celles des morues ! L’initiative audacieuse se révéla être un échec financier. La famille Beust abandonna son idée et revint à l’armement classique.

 
     
 

Granville – Déchargement de la morue

 
     
 

Granville – Bateau morutier rentrant au port

 
     
 

L’armement ne cessa de décliner et à la veille de la première guerre mondiale, Granville n’expédiait plus que 20 navires sur les bancs, ce qui représente 8 % de la flotte morutière nationale . La guerre asséna un coup fatal à la flottille locale décadente. Neuf des vingt morutiers sont coulés par les sous-marins allemands. En 1919, seul le trois-mâts Normandie est armé pour les bancs.

 

La reprise d’après guerre ne s’opéra qu’en 1921 et culmina au milieu des années vingt avec une dizaine d’uni-tés. L’importance de la flotte morutière put apparaître bien faible. Toute-fois bien que distancé par Fécamp et surtout Saint-Malo, Granville figurait toujours parmi les dix ports morutiers français. Il se situait même au troisième rang dans les années vingt quant au nombre de voiliers armés. La flottille d’après guerre perdit en nombre, mais progressa en taille. En effet, en 1900 le tonnage moyen des terre-neuvas est de 156 tonneaux, alors que le plus petit morutier de l’entre-deux-guerres affiche une jauge supérieure à 218 tonneaux. L’outil de travail devint plus conséquent, mieux adapté à la concurrence, ce qui signifiait que la guerre n’avait pas annihilé les espé-rances des armateurs. La longueur des bâtiments s’échelonnait entre 30 et 50 mètres. Ils déployaient une voilure de l’ordre de 400 m2, voire beaucoup plus pour les plus grosses unités. Dès 1919, la totalité des navires était dotée de la TSF. Outre l’aspect sécuritaire, la radio se révéla être un excellent auxiliaire, précieux en matière de négociations commerciales. L’armateur put suivre les fluctuations du marché, être informé de l’importance de la pêche et influer sur le déroule-ment de celle-ci en allongeant la campagne, en l’écourtant ou en regroupant ses navires sur une même zone.

 

Cette flotte morutière granvillaise, hormis ses deux chalutiers, ne comportait aucun bateau neuf. Les armateurs ne se hasardaient pas à commander de mise en chantier pour deux raisons qui furent le prix de revient et la durée de construction. Il fallait en effet un an pour lancer un morutier or l’armement a besoin, surtout en cette période de reprise et malgré toutes les incertitudes, de navires immédiatement opérationnels ayant déjà fait leurs preuves. Ceci explique que les bateaux, souvent récents, soient achetés  d’occasion. En 1926, la moyenne d’âge des terre-neuvas était de 10 ans, le plus récent avait cinq ans d’âge. Quant au prix, il était estimé pour un navire d’une dizaine d’années, à 300 000 francs, auxquels il convenait d’ajouter environ 30 000 francs de remise en état. Hors fortune de mer, la durée moyenne de vie d’un morutier dépassait les 20 ans. Il était donc logique que la rotation des navires de l’entre-deux-guerres fut quasiment nulle. Et, de fait lorsqu’elle existait, elle était le fait d’un seul armateur qui agrandissait ou modernisait sa flotte.

 
     
 

Granville – Morutier dans le port

 
     
 

Granville – Départ pour le banc

 
     
 

Granville – Départ de « La Thérèse » pour Terre Neuve

 
     
 

La concentration capitalistique s’opéra au fil du temps. Vingt-cinq armateurs sous Louis XIV, une centaine en 1786, vingt-sept pour quarante-neuf bateaux, en 1818, quarante six pour cent dix-huit unités, en 1859, l’importance des armements va croissant. En 1900, on comptait encore dix-huit investisseurs pour une flotte de trente-trois terre-neuvas, et en 1926, les huit morutiers étaient aux mains de deux armateurs : la société des pêcheries de France et M. Chuinard, ce dernier étant également le principal actionnaire de cette société. Plutôt que de parler de recréation de la flottille post bellum, il est plus juste de dire que cette période est celle de la consolidation et de l’extension de

l’entreprise Chuinard. Il faut souligner une caractéristique importante de la classe armatoriale : son évolution sociologique. Globalement, jusqu’au XIXe siècle, les armateurs étaient d’anciens capitaines : Le Mengnonnet, Hautmesnil-Hugon, Couraye-Duparc, Ernouf… après l’Empire ce furent

essentiellement des chefs d’entreprise n’affichant pas un passé maritime mais des qualités de gestionnaires. Par contre, nous sommes dans la période des dynasties et les Chuinard s’inscrivent dans la lignée des Beust ou des Riotteau. La famille Chuinard régna incontestablement sur la pêche morutière de l’entre-deux-guerres. Elle fit preuve d’un dynamisme et d’une faculté d’adaptation incontestables. Face aux performances limitées des voiliers qui par convention embarquent 33 marins, 20 doris, mettant en moyenne un mois pour rallier les bancs, Rémi Chuinard associé à Alfred Vieu n’hésita pas à investir à son tour. Considérant que l’outil de travail classique qu’est le voilier, trois-mâts ou goélette, n’était perfectible qu’à la marge, ces deux armateurs créent en 1926 la société anonyme des Terreneuvas dont l’objet est la construction et l’exploitation de deux chalutiers gémellaires, éponymes de leurs initiateurs. C’est ainsi qu’en 1927 sont construits et lancés à La Ciotat le Rémi Chuinard et l’Alfred Vieu, deux chalutiers en acier de 65 mètres de long, dotés d’une machine propulsive de 1 000 chevaux-vapeur, leur autorisant une vitesse moyenne de 10 noeuds. Leur jauge qui dépassait les 1 000 tonneaux les plaçait non seulement au sein des 40 chalutiers français de plus de 500 tonneaux mais aussi parmi les plus grands chalutiers du monde. Il faut en effet rappeler que le Marcella puis le Jutland lancés tous les deux en 1934, étaient classés avec 70 mètres de longueur, comme les plus grands navires de pêche au monde.

 
     

 

L’investissement se révéla judicieux puisque durant la campagne de 1928 le Rémi Chuinard ramena près de cinq fois plus de morues que le voilier l’Essor, le chalutier pouvant assurer deux pêches alors que le voilier faisait une campagne classique. Malgré le bien-fondé de l’innovation, l’armement abandonna dans les années trente le chalutage au profit du cabotage international. Le protectionnisme de l’Islande, le fort développement de la flotte norvégienne, la concurrence exercée par la Grande-Bretagne et la Norvège qui s’imposaient sur les marchés grecs et espagnols, déstabilisèrent l’armement morutier. La transformation industrielle d’une sécherie par Rémi Chuinard et le versement de primes pour la pêche et l’exportation des gadidés ne suffirent pas à la reconquête d’un commerce qui se fermait aux Français. Enfin les changements alimentaires jouèrent un rôle important dans la baisse de la consommation de la morue. La morue tout comme le hareng et la sardine, était désormais concurrencée par le poisson frais dans l’assiette française. Le développement du chemin de fer, de la route, ainsi que les progrès constants de la cryogénie permettaient aux mareyeurs d’approvisionner toutes les régions de France en trois jours maximum. Le merlan, la raie, voire la sole, supplantèrent les poissons traditionnels. Il s’agit d’un phénomène national enregistré dans les années trente qui concourut à la chute de l’armement à la grande pêche. Pour Granville, cette fin est rédhibitoire et ponctuée d’un accident tragique.

 

 

Granville – Le « Sans Gene »

partant pour Terre Neuve

 

     

 

Le 11 avril 1933, la Thérésa fut abordée dans le sas en sortant du bassin à flot par le vapeur des Ponts et Chaussées, l’Augustin Fresnel. L’accident est unique et de fait pour le moins curieux. Le capitaine de l’Augustin Fresnel, pressé par la marée descendante croit pouvoir franchir l’écluse en même temps que le terre-neuvas et s’engage alors que le morutier est déjà dans la passe. Les deux navires se trouvent naturellement bloqués et la pression s’accentue au fur et à mesure que la mer baisse. Chargé de sel, puisque appareillant pour les bancs, le terre-neuvas s’avère trop lourd pour être halé et s’écrase entre la coque métallique du baliseur et le quai en granit. Il faut attendre le retour de la marée haute en fin de journée pour que les bateaux puissent être enfin dégagés. Irréparable, la Thérésa finit sa carrière au cimetière marin de la Houle près de Saint-Malo. Sa pitoyable fin met un terme à quatre siècles de grande pêche. L’histoire de la pêche morutière à Granville est bien sûr particulière et originale, mais s’inscrit des origines au XXe siècle dans un processus national.

 

     
 

Granville – Départ pour les bancs, l’adieu

 
     
 

Granville – Le quatre mats « essor »  partant pour Terre Neuve

 
     
 

Granville départ d'un Terre -Neuvas "L'AIGLON"

le nom inscrit sur le  franc-bord à l’avant, les Doris sont à poste entassés sur le pont du bateau

 
     
 

Granville départ d'un Terre –Neuvas "Le PRECURSEUR"

le nom inscrit sur le  franc-bord à l'arrière les Doris sont à poste entassés sur le pont du bateau

 
     
 

Granville départ d'un Terre –Neuvas L’"ESPOIR"

le nom inscrit à l'arrière  et sur le drapeau  en tête de mât

 
     
 

NOTES:

 

(1) Michel MOLLAT, Histoire des pêches maritimes en France, Bibliothèque historique Privat, Paris 1987, p.134-140 Décembre 2005 2 La Revue Maritime N° 474

(2) A.N Marine, C5, n°19.

(3)A.N Marine, D2, 51.

(4) A.N Colonies, C12.

(5) Ibidem.

(6) Flétans, anons, églefins.

Décembre 2005 3 La Revue Maritime N° 474

 

 

 

 

 

 

 LES BLASONS DE LA MANCHE

 

 

La Glacerie

 

D'azur au chevron d'argent chargé en chef d'une rose de gueules, surmonté d'une fleur de lys d'or, accompagné en chef de deux miroirs d'argent bordés d'or et en pointe d'une trangle aussi de gueules sommée d'un clocher d'argent. 

 

 


 

 

     

 

Gonneville

 

D'or à la fasce d'azur chargée d'une étoile d'argent, sommée d'un lion issant de gueules et soutenue de trois trèfles de sinoples ordonnés 2 et 1. 

 

 


 

 

     

 

Granville

 

D'azur à un dextrochère armé d'or mouvant d'une nuée du même et tenant une épée d'argent garnie d'or, surmonté d'un soleil du même.