LE MONDE RURAL NORMAND
   
  FOIRES ET MARCHES
         
 

Percy jour de foire, CPA collection LPM 1900

 
   
 

Tradition de Normandie: Foires et marchés

Publié dans Culture et Traditions de Normandie,

Histoire de la Normandie


Pour le paysan Normand, le jour de la foire ou du marché est le plus important de la semaine. Tôt le matin, il part pour la ville vendre les produits de sa ferme. Affaires faites, il prend le temps de s'amuser un peu.


Le vêtement pour le marché était plus rustique que celui du dimanche. Si le temps était pluvieux ou rude, le paysan endossait sa « limousine1» sur sa veste de froc. Quand le temps était doux, il prenait seulement le long sarreau de toile bleue. Coiffé d'un feutre ou du chapeau à « trois lames de feu ». Il s'entourait les reins de sa ceinture ou de sa sacoche de cuir, il s'armait du solide bâton de houx ou de mêtier, à poignée de cuir découpée au bas et formant par son renflement une sorte d'ornementation. Il le suspendait à son poignet par un cordon qui était terminé par un pompon.


 
 

Lorsque la fermière l'accompagnait, soit elle montait en croupe derrière son mari, soit on installait un haut panneau de bois placé sur le dos de la jument poulinière. Deux cambottes pendaient de chaque côté du panneau. Dans l'une on avait entassé les denrées pour le marché: beurre, oeufs, poules, canards, etc... dans l'autre, chaudement anicoté, se prélassait, un gros blondin, souriant, vermeil comme pomme d'api, tout épanoui de bonheure, et qui, impatient de partir, criait: Allons! Marienne! Dia, Marienne, dia!

 

Il est une industrie, le maquignonnage, pour laquelle, les Normands, surtout les Bocains (habitant du Bocage) ont toujours montré une singulière aptitude. Ils fréquentaient les foires de Bretagne pour acheter des chevaux. Les Bretons les appelaient sous les nom de : grédinn, gredins, geusards. Ces noms, ils les méritaiuent un peu. Les Bretons appelaient tout les Maquignons des autres Provinces de France avec ce type de noms!


Si le maquignon s'occupe du trafic des chevaux ordinaires, d'assez haut prix quelquefois tel que le Haricotier, haricotte des Haridelles. Sans cesse à la recherche des bêtes tarées, le maquignon sait parer sa marchandise par des moyens connus de lui seul. D'un cheval fourbu il fait souvent un cheval fringant.


Certain Maquignon vend ses rosses telles quelles, sans leur faire le moindre brin de toilette. On le vois arriver à la foire à califourchon, jambe de ci, jambe de la, sur quelque hourin essouflé, traînant à sa suite attachées par la queue, toute une ribambelle de bêtes étiques, poussives, efflanquées qui le suivent têtes basse. Et lorsqu'il s'agit de ranger la troupe famélique pour la vente. Les coupes de bâtons pleuvent dru sur les échines pelées et sonnent sec sur les os, accompagnés des cyniques jurons du bourreau et des gémissements de douleur des victimes.

 

 

 

1 la Limousine est le vieux manteaux celte, dont le tissu de grosse laine et de poil de chèvre n'a guère changé depuis les temps si lointains où Limoges le fabriquait. Ses rayures n'ont pas l'éclat des plaid écossais mais leurs teintes pour sombres et effacées qu'elles soient, ne laissent pas que d'animer cette rude et forte étoffe, dont les plis toujours amples se drapent bien et largement en tombant le long du corps. La limousine était garnie de deux ou trois collets destinés à protéger plus efficacement les épaules, et quelque pluie qui tombe, le charretier ou le cavalier sous sa limousine reste plus chaudement abrité que sous un tissu de caoutchouc.