BIMENSUEL 2eme & 4eme mardi sauf Juillet-Août               N° 37 du 10 mai 2011


 

 

 

 
 
 
     
 
 
     
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
     

 

 

 
     
     

 

    BIMENSUEL 2eme & 4eme mardi sauf Juillet-Août               N° 99 du 10 Juin 2014

 

 

 

 

 
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 

 

 

 
     
     

 

    BIMENSUEL 2eme & 4eme mardi sauf Juillet-Août             N° 100 du 25 Juin 2014

 

 

 

 

Série de 9 cartes en patois du Saintonge

( Charente - Charente-maritime )

 

 
 
 
 

 

Au Village. L'Omelette. - 1

Dans mon patelin d'autre fois quand j'étais riche

Il y avait un voisin, qui me faisait souvent une niche

Sans souci de la politesse, il venait s'accroupir dès le matin

Pour satisfaire une faiblesse devant la porte de mon petit jardin.

 

 
 
 
 

 

Au Village. - L'Omelette. - 2

En pétard que l'on se foute de moi de la sorte

Un soir pendant qu'il se posait

je passe une pelle sous la porte

Et j'attendais que ce soit fait.

 

 
 
 
 

 

Au Village. - L'Omelette. - 3

Dès qu'il a fini, je retire ce p'tit enfant juste né

Et ben doucement, sans rien dire, je remplace

la chose par deux oeufs .

 

 
 
 
 

 

Au Village.- L'Omelette. - 4

Lui qui avait fini de se satisfaire, se retourne en arrière,

voie les deux oeufs. Il est épaté,

il croit dur comme fer que c'est lui qui les a pondus.

 

 
 
 
 

 

Au Village. - L'Omelette - 5.

Il galope ben vite chez sa ménagère

Pour lui raconter cet évènement imprévu...


 
 
 
 

 

Au Village. - L'Omelette. - 6

Ah ! mon homme qu'elle dit ébahie

Tu vaut mieux qu'une poule c'est bien sûr

Elle casse les oeufs et tombe de surprise

En voyant qu'ils sont durs.

 

 
 
 
 

 

Au Village. - L'Omelette. - 7

Sacré brigand, notre fortune est faite

Qu'elle hurle, à c't'heure en le bisant

Tout d'un coup le mari s'écrit Nom d'une trompette,

Qu'il dit, je ne sais pas ce que j'ai, voilà que c'ça me reprend !

 

 
 
 
 

 

Au Village. - L'Omelette . - 8

Il va peut être en pondre une autre paire,

qu'il dit en prenant la position

Oui dit la vieille, mais de peur qu'ils tombent par terre,

je vais les recevoir dans mes deux mains

Je riais à me tenir les cotes,

devant le bac en regardant par le trou,

de voir les deux les deux sots dans leur cuisine

en train d'attendre un oeuf. !!!

 

 
 
 
 

 

Au Village.-L'Omelette.- 9

Tout d'un coup, elle crie, elle jure, elle tempête,

Elle le traite de cochon, de saligaud, de grand mal dégourdi

A cause qu'elle fait, c'était une omelette

Et dame, les oeufs, étaient pourris. !!!


 

 

 

 
     
     

 

    BIMENSUEL 2eme & 4eme mardi sauf Juillet-Août       N° 109 du 13 Janvier 2015


 

 

 

 
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 

 

 

 
     
     
 LE DONJON D'AVRANCHES
     
 CONCLUSION
     

Avranches, CPA collection LPM 1900

 

Le donjon d'Avranches

Un mystère historique...

David NICOLAS-MÉRY 2002


9. Conclusion

 

Ivry-la-Bataille, la Tour de Londres, le donjon de Loches, voilà des éléments de comparaison prestigieux pour le donjon d'Avranches! On pourra me reprocher d'avoir occulté beaucoup d'autres édifices majeurs: Domfront, Falaise, Chambois ou encore Caen auraient bien pu, eux aussi, illustrer ma présentation. Cette mise à l'écart de ma part s'explique par le manque de similitudes flagrantes avec ces derniers édifices. En outre, je suis convaincu, au regard des particularités architecturales et techniques, de la grande précocité du donjon d'Avranches.

 

Les dimensions du donjon d'Avranches, reconsidérées et accrues grâce à la découverte de nouveaux éléments, en font enfin un lieu de résidence digne des puissants vicomtes d'Avranches; un palais à la mesure du faste décrit par Orderic Vital et du rôle important joué par ces puissants barons, aussi bien avant qu'après la conquête.

 

La redécouverte de ce "monstre" nous renvoie également à ce que Jean-Victor Tesnière de Brémesnil écrivait dans son manuscrit, au sujet du bâtiment qu'il pouvait encore observer en 1810: "Dans l'intérieur et au sud de le ville était construit le château qui servait en même temps de résidence aux gouverneurs: l'artillerie était placée sur ses remparts, il renfermait une salle immense voûtée dont on aperçoit encore les restes et qui servait, soit de garnison, soit de caserne à la garnison, soit de dépôt pour les prisonniers, ou de magasin d'armes et de machines de guerre".

 

Cette "salle immense voûtée" vue par de Brémesnil pourrait bien correspondre à l'un de ces espaces internes que je viens d'envisager.

 
 

Nicolas Méry 2002 Reconstitution

du Donjon d’Avranches XIeme siecle

     

Les liens avec l'Angleterre...

 

Dominique Pitte voit en la tour d'Ivry un chaînon de l'évolution entre Doué-la-Fontaine et la Tour de Londres.

 

Il faut maintenant compter avec le donjon d'Avranches qui semble participer, lui aussi, à cette évolution.

 

Nous avons retrouvé au coeur de la ville, un exemple de donjon quadrangulaire du début du XIe siècle.

Ses dimensions impressionnantes, son système d'espaces internes complexe et ses galeries murales font de lui un prototype spectaculaire de donjon anglo-normand.

 

Les comtes d'Avranches...

 

La fondation précoce de cette forteresse se justifierait par la prise en main militaire des parties occidentales de la Neustrie, au début du XIe siècle. Cassandra Potts a démontré de façon fort convaincante comment les premiers comtes d'Avranches et de Mortain se succédèrent.

 

Le premier d'entre eux fut installé à Avranches par le duc de Normandie, Richard Ier (+996), peu avant l'an mil.

 

Avranches CPA collection LPM 1900

 

Des chartes originales du XIe siècle révèlent la présence d'un comte Robert à Avranches, fils illégitime du duc. Par la suite il semble que le fils de ce Robert, nommé Richard, lui succède pour une durée assez courte. Ce dernier est banni pour avoir usurpé des terres de l'abbaye de Fleury et ensuite participé à la conspiration contre son oncle le duc Richard II (+1026).

 

À cette époque, c'est-à-dire avant 1026, Guillaume Werlenc se voit attribuer l'Avranchin et le Mortainais. Guillaume Werlenc est lui aussi un membre de la famille ducale; comme son cousin Richard, le félon, il est un des neveux du duc Richard II.

 

Mais Guillaume Werlenc sera contraint, lui aussi, de quitter Avranches, chassé par le duc Guillaume pour trahison... Werlenc s'enfuit visiblememt, avec beaucoup d'autres barons rebellés, en Italie du sud.

A cette époque, le comté d'Avranches est coupé en deux ensembles : le comté de Mortain et la vicomté d'Avranches. Notre cité perd son titre comtal et dépend désormais de Mortain dirigée par Robert, demi-frère du duc.

 

Un autre personnage entre alors en scène : Richard Goz, vicomte d'Avranches, prend possession du donjon vers 1055.

 

Son fils Hugues, dit le Loup, sera propulsé aprè la Conquète au sommet de la hiérarchie aristocratique normande...

     

Les ducs de Normandie...

 

Il apparaît clairement que les ducs, siégeant alors à Rouen, se sentent éloignés de cette partie du duché. Ils choisissent de confier à de proches parents cette région hautement stratégique. L'Avranchin, situé aux confins occidentaux de leur territoire, est exposé à des rivalités politiques incessantes face à la Bretagne et au Maine. Il est aisé de comprendre la démarche de Richard Ier et de Richard II: ils souhaitent s'appuyer sur des membres de leur famille, en théorie fidèles, plutôt que de faire confiance à de quelconques barons faisant passer leur fortune personnelle avant les intérêts ducaux! Dans ce contexte très précis, Avranches devient une capitale militaire primordiale pour la stabilité du jeune duché. Cette importance politique est renforcée par la présence, au sein des murs de la cité, de l'un des sept sièges épiscopaux normands.

 

Au vu des données historiques exposées par C. Potts, je suis convaincu que Robert d'Avranches, puis son neveu Guillaume Werlenc, sont les véritables instigateurs du donjon d'Avranches.


 

Richard Ier

     

La construction de cette forteresse se conçoit parfaitement dans le contexte frontalier du pays mais aussi du fait des liens privilégiés qui unissent alors Avranches au pouvoir ducal. Edward Impey avance à ce sujet qu'une telle construction, au côté de celles de Rouen et d'Ivry-la-Bataille, devait posséder un statut particulier: ces "tours maîtresses" construites au commencement de la période ducale étaient sans doute étroitement associées, ainsi que les comtés eux-mêmes, au pouvoir des ducs. D'autre part, E. Impey signale très justement l'importante valeur symbolique de cet édifice au c¦ur d'une nouvelle capitale comtale au début du XIe siècle.

 

Une interrogation reste soulevée quant à la longévité de l'édifice dans sa fonction résidentielle première. À quelle époque remonte son véritable démantèlement, puisque l'effondrement de 1883 n'est que la conclusion fâcheuse de toute une série de destructions préliminaires? Cette question pourrait peut-être trouver des éléments de réponse si nous considérons un vaste édifice, également situé dans la vieille ville fortifiée, non loin du pôle épiscopal. Il s'agit du Grand Doyenné.

     

Grand Doyenné.


Ce bâtiment énigmatique, dont plusieurs parties portent la marque des XIIe et XIIIe siècles, mériterait une étude approfondie. Cette vaste construction, mesurant plus de 20 mètres de longueur sur près de 10 mètres de largeur, est un grand hall sur cellier voûté d'arêtes dans un état de conservation spectaculaire. Un chamber bloc devait être attenant, à l'est dans l'axe. Devant une telle "résidence", le scénario d'un déplacement de l'habitat seigneurial, au sein de la vieille ville, se dessine.

 

Suite aux destructions de 1204, je pense que le donjon perd son rôle de résidence; il s'agit alors de tirer un trait sur ce symbole du pouvoir normand. Les fortifications sont réparées par le pouvoir royal, mais il est fort probable que l'édifice ne conserve qu'une fonction défensive. Ceci expliquerait notamment l'adjonction, à cette époque, de la courtine à gaine.

 

C'est peut-être pour remplacer le donjon dans sa fonction résidentielle que l'on construisit alors l'immense logis, dit du doyenné, afin d'y recevoir les hôtes de marque.

 

Grand Doyenné.

     
  NOTRE DUCHE 6/10
   
  DUCHE DE NORMANDIE 1194-1204
         
 

Château-Gaillard aujourd'hui

 
     
 

La conquête du duché par le roi de France

 

L’affrontement entre le roi de France Philippe Auguste et le nouveau roi d’Angleterre Richard (surnommé Cœur de Lion) commence en 1194. La Normandie est le principal théâtre d’affrontement. Si le champ de bataille donne souvent raison à Richard (victoires de Courcelles-sur-Seine et de Fréteval), Philippe Auguste se révèle particulièrement habile dans les négociations et dans les intrigues. Résultat, le Français réussit à obtenir lors de traités de paix quelques places fortes normandes : Gisors, Pacy-sur-Eure, Vernon, Gaillon, Ivry, Nonancourt. La ligne de défense sur l’Eure, l’Avre et l’Epte, édifiée et renforcée progressivement par les ducs de Normandie, est entamée. Pour compenser ces pertes, Richard érige près des Andelys une forteresse qui reprend les dernières améliorations militaires de l’Orient : Château-Gaillard sort de terre en un an seulement (1196-1197).

 
     
 

La mort accidentelle de Richard Cœur de Lion en 1199 bouleverse ce statu-quo. Son successeur, son frère cadet, Jean sans Terre (surnommé ainsi parce que son père n’a jamais pu lui donner des terres en héritage) n’a pas la stature au sens propre comme au sens figuré de Richard : c’est un faible, peu attaché à accomplir les devoirs de sa charge. Philippe Auguste sait en tirer profit. L’armée française entre en Normandie en 1202. Château-Gaillard tombe au bout de six mois de siège. Rouen capitule le 24 juin 1204. En deux ans seulement, le duché est conquis.

 

Comment expliquer cet écroulement ? Il semble que les Normands n’aient pas soutenu de tout leur cœur les Plantagenêts. Peut-être parce que ces derniers conservaient moins d’attaches avec la Normandie que les premiers ducs. Ajoutons aussi la lassitude des Normands face à la guerre et ses conséquences (augmentation des impôts, rupture commerciale avec Paris). La facilité de la conquête doit également à l’existence d’un parti francophile parmi les barons normands.

 

 

Le roi de France Philippe Auguste

 
 

 

 
 

La Normandie des Plantagenêts laisse place à la Normandie des Capétiens.

 
 

 

 
   
  NOTRE DUCHE 8/10
   
 

DUCHE DE NORMANDIE

INSTITUTIONS DUCALES

         
 

Ducs de Normandie

 

Alors que ses prédécesseurs sont qualifiés de jarl des Normands ou de comte de Rouen, Richard II de Normandie, qui succède à Richard Ier de Normandie est le premier à se donner le titre de duc de Normandie.

 

Le duc de Normandie était l’un des six pairs laïcs primitifs.

 

Divisions territoriales

 

Comtés

 

L’administration du duché reposait sur des comtes et des vicomtes. Les premiers apparaissent sous le principat de Richard II (996-1026). Leur rôle consiste à la défense du pays (d’où la localisation des comtés sur les frontières), à la garde des châteaux ducaux, à l’administration des droits du duc et notamment la perception des revenus ducaux. Les comtes sont nommés et révocables par le duc ; plusieurs ont ainsi perdu leur fonction à la suite d’une mauvaise gestion ou d’un complot (par exemple Guillaume Guerlenc entre 1049 et 1055).

 

 

Richard II de Normandie, qui succède à Richard Ier de Normandie est le premier à se donner le titre de duc de Normandie.

 
         
 

À l’inverse, certains comtes ont réussi à imposer l’hérédité de leur charge sur plusieurs générations (les comtes d’Évreux).

 
 

 

    - Comté de Talou, dit plus tard d’Arques

    - Comté d'Aumale, attesté seulement en 1082

    - Comté d'Avranches (démembré en vicomté d'Avranches et comté de Mortain entre 1015 et 1050)

    - Comté de Brionne (qui disparaît sous Guillaume le Conquérant)

    - Comté d'Eu

    - Comté d'Évreux

    - Comté d'Hiémois réduit en vicomté d’Hiémois au milieu du XIe siècle

    - Comté d'Ivry, dont un seul comte est connu, Raoul d'Ivry

    - Comté de Mortain

 
   
 
 
   
 

Vicomtés

 

Les vicomtés ne sont pas toujours des subdivisions des comtés. Certaines vicomtés correspondaient en effet à d’anciens comtés déclassés (Hiémois, Avranchin). De fait, les vicomtes normands étaient les représentants du duc, comte titulaire. Ainsi, les vicomtes avaient les mêmes fonctions que les comtes. Toutefois, à la différence de ces derniers, ils ne prenaient pas pour eux une partie des revenus ducaux mais les envoyaient à la cour ducale. Si la charge vicomtale était également révocable, quelques dynasties se sont pourtant formées (les Néel, vicomte de Cotentin), mais soit elles ont quitté la Normandie en 1204, soit elle ne conservèrent que quelques baronnies.

 

Baillies puis bailliages


Au cours du XIIe siècle sont instaurés les prémices d'un nouveau système de représentation ducale, sur le modèle des sherifs anglais. Toutefois, le maintien des comtés et de leur corollaire les vicomtés ont poussé les rois de France, ducs de Normandie continentale à réunir les vicomtés baillies. Le bailli y représente le roi, les vicomtes y sont ses délégués nommés et non héréditaires, semblables aux prévôts dans les sénéchaussées. Le terme de bailliage, synonyme, s'impose dès la fin du XIIIe siècle. Les comtés et seigneuries dépendant directement de la Couronne (du Duc) avaient leur propre bailli. Ce système perdura dans les faits jusqu'en 1789, bien que les baillis perdissent l'essentiel de leurs attributions au profit des intendants.

 

Divisions ecclésiastiques

 
         
 

Les sept diocèses historiques de la province ecclésiastique de Rouen

 
     
 

Le duché de Normandie correspond grosso modo à la province ecclésiastique de Rouen, qui comprend :

 

    - Le diocèse de Rouen

    - Le diocèse d'Évreux

    - Le diocèse de Lisieux

    - Le diocèse de Séez

    - Le diocèse de Bayeux

    - Le diocèse d'Avranches

    - Le diocèse de Coutances

    - Le Passais (région de Domfront) relevait toutefois du diocèse du Mans et l'exemption de Saint-Samson, située au sud de l'estuaire de la Seine, relevait de l'évêché de Dol

 
       
   
  NOTRE DUCHE 9/10
   
 

DUCHE DE NORMANDIE, UN ETAT VIKING

         
 

Depuis le XIXe siècle, plusieurs historiens normands se sont plu à vanter l’origine viking de la région. Ce récurrent renvoi au peuple scandinave a servi de support à la construction d’une identité normande quelque peu affaiblie. Mais la marque des Vikings fut-elle si importante sur le duché?

 

Dans la première moitié du XIe siècle, la Normandie offre l’image d’un pays francisé. L’empreinte viking apparaît somme toute assez limitée. Certaines pratiques témoignent d’une survivance des origines. Le duc Richard II a deux épouses : Judith épousée selon le rite chrétien et Papia, épousée à la mode danoise (more danico).

 

Il n’hésite pas à accueillir à Rouen même une flotte de pillards vikings. De même la filiation noble est rendue par l'adjonction du préfixe filz- / fitz- (« fils de ») au prénom du père, usage hérité de la pratique germanique (dans ce cas précis, scandinave) d'ajouter -son à la fin du nom du père pour nommer le fils.

 

 

Le duc Richard II

 
         
 

Dans le domaine institutionnel, les nouveaux chefs de la Normandie moulent leur État sur l’organisation carolingienne. Ils s’autoproclament comte, parfois marquis ou duc. Autant de titulatures d’origine romaine ou franque. Le duc a des droits régaliens, dans la lignée des rois carolingiens : droit de battre monnaie, droit de haute justice, droit sur les forêts… L’ancien droit scandinave subsiste seulement à travers des éléments comme l'ullac (droit de bannissement) ou la hamfara (répression des assauts à main armée contre les maisons).

 

Les alliances matrimoniales contractées par les ducs au Xe et XIe siècles renforcent la thèse d’une coupure avec le milieu d’origine. Les maîtres de la Normandie n’épousent pas les filles ou les sœurs des rois danois ou norvégiens. Ils préfèrent prendre femme (du moins celles épousées selon le rite chrétien) auprès de leurs voisins : Bretagne, France, Flandre.

 

Quelle meilleure preuve d’acculturation que la perte de la langue d’origine, le norrois ? Le latin dans les actes écrits et le parler local l’emportent. Seul le vocabulaire marin et maritime emprunte beaucoup aux Vikings.

 

Du point de vue matériel, l’invasion scandinave donne l’impression de n’avoir presque rien bousculé : les archéologues cherchent en vain les traces d’un art viking ; même au niveau des types de céramique ou des objets produits. Les dédicaces de paroisses restent les mêmes. On ne connaît pas d’exemple de désertion de village à cette époque. Bref, il y a une continuité avec la Neustrie carolingienne.

 

Comment expliquer cette francisation ? La christianisation, condition incluse dans le traité de Saint-Clair-sur-Epte, n’est sûrement pas étrangère à ce phénomène. Elle a joué un rôle intégrateur indéniable quand on sait qu’au Moyen Âge l’essence de la culture, de la civilisation en Europe occidentale tient beaucoup au christianisme. Le faible nombre d’immigrants scandinaves en Normandie peut former une deuxième explication[16]. Mais c’est une hypothèse car nous n’avons pas d’estimation démographique. Certaines régions normandes (Pays de Caux, Roumois, Nord du Cotentin) affiche une forte densité de toponymes d’origine scandinave : les communes dont le nom se termine en -beuf / -bot (issu du mot norrois buth, bâtisse), en -bec (de bekkr, ruisseau), en -dal(le) (de dalr, vallée), en -lon(de) (de lundr, bois, forêt) et surtout en -tot (de topt, terrain d'habitation. On dénombre plus de 300 noms en -tot pour toute la Normandie) y sont particulièrement nombreux. Cette abondance pourrait laisser croire à une colonisation viking dense. Cependant, elle s'explique plutôt par l'afflux de colons d'origines diverses, fermiers originaires des îles britanniques et d'Irlande pour beaucoup et qui n'avaient plus grand lien avec leur passé viking. Ils pouvaient être danois, norvégiens, anglo-scandinaves, anglo-saxons, voire celtes de Grande-Bretagne et d'Irlande. Ce qui d'une part explique la forte densité des toponymes anglo-scandinaves et d'autre part l'absence de découvertes archéologiques proprement « viking ».

 
         
 

L’ouverture du duché à des influences autres que scandinaves ne laisse pas de doute. L’élite religieuse appartient à l’extérieur. Les invasions vikings avaient fait fuir presque tous les moines de Normandie. Les premiers ducs font appel à des abbés et à des communautés étrangères pour relever les abbayes normandes abandonnées. Richard II réussit à accueillir dans son État l’Italien Guillaume de Volpiano, abbé de Saint-Bénigne de Dijon, pour restaurer le monastère de Fécamp. Quant à l’aristocratie laïque, l’apport extérieur est moins évident. Sauf exception, comme les Tosny, les Bellême ou la famille Giroie, les plus grands aristocrates descendent des compagnons de Rollon ou directement du duc. Par contre, au niveau subalterne, l’origine de la noblesse normande est plus hétéroclite : Bretagne, Île-de-France, Anjou.

 

Vitrail du traité de Saint-Clair-sur-Epte

 
 

 

 
 

En somme, le particularisme viking du duché semble rapidement s’évanouir. Au début du XIe siècle, un siècle après le traité de Saint-Clair-sur-Epte, la Normandie est une principauté francisée. Les regards normands ne se tournent plus vers la terre de leur ancêtres.

 
         
   

NOTRE DUCHE
 

 

 

 

 

   

01-Notre Duché 911-1204

02-Notre duché 911-1087

03-Notre Duché XIe-XIIe siècles

04-l'Angleterre Normande 1087-1135

05-La Normandie des Plantagenêts

06-Conquête du duché par le roi de France

07-Historique après 1204

08-Institutions ducales

09-Le duché de Normandie, un État viking ?

10-Un État modèle ?


 
 

Texte issu de WIKIPEDIA

 
 

 

     
   
  NOTRE DUCHE 1/10
   
  DUCHE DE NORMANDIE  911–1204
         
 
 
         
 

Duché de Normandie  911–1204

 

Histoire et évènements


Son origine remonte à l’année 911 avec la fondation par le chef viking Rollon du duché de Normandie. Les historiens actuels estiment que Rollon fut probablement fait comte, vraisemblablement avec les fonctions classiques d’un comte carolingien, à savoir assurer la protection et l’administration de justice, en tant que vassal du roi des Francs.

Quelques sources médiévales postérieures l’appellent également duc, comme l’ont été nombre de ses successeurs. Le duché de Normandie sera complet avec la prise en 933 du Cotentin, de l'Angevin et des Îles Anglo-Normandes sur les Vikings de Nantes (ou de Bretagne). En 1008, la frontière avec la Bretagne est déplacée de la Sélune jusqu'au Couesnon.

 

Comme ses prédécesseurs étaient appelés jarls (comtes) des Northmanni (Normands), Richard II fut le premier à être nommé duc de Normandie (le titre ducal établi entre 987 et 1006). En 987, lors du couronnement de Hugues Capet, le duc de Normandie est pair de France, car la Normandie était partie intégrante du royaume de France, contrairement à la Bretagne voisine, dont les Chefs n'étaient pas pairs de France et portaient parfois le titre de prince ou de roi. En 1066, Guillaume le Conquérant ajouta le royaume d’Angleterre à son domaine avec la conquête de l'Angleterre.

 

Armoiries de Normandie

 

 

Drapeau de Normandie

 
         
 

En 1204, pendant le règne de Jean Sans Terre, le roi de France Philippe Auguste rattache la Normandie continentale à son domaine royal, tandis que la Normandie insulaire continue à faire partie de l'ensemble anglo-normand. Les monarques anglais et leurs successeurs britanniques continuent à recourir au titre de « duc de Normandie » en référence à la Normandie insulaire. Ainsi, dans les îles de la Manche, on s’adresse à Élisabeth II en ces termes : « La Reine, notre Duc ».

 

Bien qu’Henri III d'Angleterre ait reconnu la légalité de la possession française de la Normandie continentale par le Traité de Paris de 1259, les monarques anglais ont néanmoins tenté de recouvrer leur ancien fief continental, en particulier au cours de la Guerre de Cent Ans.

 

Le duché de Normandie a été donné à plusieurs occasions comme apanage à un membre de la famille royale française, notamment par Philippe de Valois à son fils aîné, le futur roi Jean le Bon, qui le donna lui-même à son propre fils, le futur Charles le Sage, bien qu’il eût généralement été appelé « Dauphin ». Louis XI à son frère Charles, plus connu sous son autre titre de « duc de Berry ».

 

Le futur Jacques II d'Angleterre fut même fait « duc de Normandie » par le roi Louis XIV le 31 décembre 1660, quelques mois après la restauration de son frère Charles II au trône d’Angleterre et d’Irlande. Ce dernier étant déjà duc de Normandie – insulaire, ayant, de surcroît, été proclamé roi à Jersey en 1649 –, le fait d’octroyer le même titre à Jacques II ( en référence à la Normandie continentale ) constituait incontestablement un geste politique de la part du Roi-Soleil.

 

Le fils cadet de Louis XVI et de Marie-Antoinette a également porté le titre de duc de Normandie avant de devenir Dauphin à la mort de son frère aîné en 1789.

 

 

Rollon

 

 

Guillaume Ier Longue Épée

 
 

Comtes (jarls) de Normandie

   
 

911- 927 : Rollon, (ou Robert Ier) comte de Rouen, jarl des Normands

927-†942 : Guillaume Ier Longue Épée, comte de Rouen, jarl des Normands

943-† 996 : Richard Ier, comte de Rouen, jarl des Normands, premier à s'intituler marquis

 
         
 

Ducs de Normandie


996-† 1026 : Richard II, comte de Rouen, prend le titre de duc de Normandie.

23 août 1026 - † 6 août 1027 : Richard III

1027-† 1035 : Robert le Magnifique

1035-† 1087 : Guillaume II le Bâtard ou le Conquérant, roi d'Angleterre (Guillaume Ier d'Angleterre) en 1066

1087- 1106 : Robert II de Normandie dit Courteheuse

1106-† 1135 : Henri Ier Beauclerc, roi d'Angleterre

1135- 1144 : Étienne de Blois, comte de Boulogne et de Mortain, roi d'Angleterre

1144-1150 : Geoffroy Plantagenêt, comte d'Anjou et du Maine, fils de Foulque V d'Anjou et gendre d'Henri Ier Beauclerc. Il est mort le 7 septembre 1151

1150-† 1189 : Henri II Plantagenêt, comte d'Anjou et du Maine, roi d'Angleterre

1189-† 1199 : Richard Ier Cœur-de-Lion, roi d'Angleterre, comte d'Anjou et du Maine, duc d'Aquitaine

1199- 1204 : Jean Ier Sans Terre, roi d'Angleterre

 

 

Richard Ier, comte de Rouen

 
     
 

Historique 911-1204

 

Le duché de Normandie fait partie, comme l’Aquitaine, la Flandre ou la Catalogne, de ces principautés qui émergent au milieu du Moyen Âge avec l’affaiblissement du pouvoir royal français. En 911, débordé par les raids des Vikings, le roi des Francs Charles le Simple confie à l’un de leurs chefs, Rollon, les pays autour de la Basse-Seine. Cette concession est l’embryon du duché de Normandie. Les Vikings mettent en place un État solide, puissant et prospère qui atteint son apogée quand en 1066, le duc Guillaume le Conquérant s’empare du Royaume d'Angleterre. Pendant près de cent cinquante ans, Normandie et Angleterre ont destin lié.

 

Après le milieu du XIIe siècle et l’installation des Plantagenêts à la tête du royaume anglo-normand, le duché n’a plus le rayonnement d’autrefois sur le plan politique. Malgré tout, il ne cesse de susciter la convoitise des souverains français. En 1204, le roi de France Philippe Auguste confisque la Normandie et la rattache au domaine royal.

 

Création du duché (Xe siècle)

 

Le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911 marque la naissance du duché de Normandie. Dépassé par les raids vikings qui razzient son royaume, le roi des Francs, Charles le Simple, décide de négocier avec un chef scandinave du nom de Rollon. Un accord entre les deux hommes est donc conclu à Saint-Clair-sur-Epte. Le Viking reçoit les pays voisins de la Basse-Seine à charge pour lui de les défendre au nom du roi des Francs. Nous ne savons pas exactement l’extension de ce territoire. En tout cas, il sera à la base de la Normandie, étymologiquement le « Pays des Hommes du Nord » en vieux norrois.

 

Le roi des Francs, Raoul, agrandit la concession faite au comte Rollon. En 924, il lui octroie la Normandie centrale (Bessin, Pays d'Auge et Hiémois ?). Neuf ans plus tard, en 933, ce même roi abandonne au fils de Rollon, Guillaume Longue Épée, le Cotentin et l’Avranchin concédés autrefois par les Français aux Bretons. À cette date, le duché de Normandie recouvre à peu près la province ecclésiastique de Rouen, autrement dit la quasi-totalité de la région d’aujourd’hui. Mais il n’est pas sûr que son chef dominait effectivement tout ce territoire. Jusqu’au règne de Richard Ier (942-996), la moitié occidentale semble échapper à l’autorité des comtes normands installés à Rouen.

 
     
 

Le duché de Normandie entre 911 et 1050

 
         
   
  NOTRE DUCHE 3/10
   
  DUCHE DE NORMANDIE  XIeme-XIIeme SIECLE
         
 

Visages et paysages de la Normandie des XIe‑XIIe siècles

 

Plusieurs signes attestent de la richesse du duché. C’est d’abord une des régions françaises les plus peuplées. L’historien Lucien Musset a estimé la population, en 1184, à 700 000-800 000 habitants (contre plus de trois millions aujourd’hui). Un tel nombre permet et exige une mise en valeur intensive des terres. Avant tout, les Normands sont donc des paysans. Les plateaux normands sont couverts de cultures céréalières (froment, avoine, orge). Par contre, la production cidricole et l’élevage bovin sont encore loin d’être des spécialités régionales. Le niveau technique des campagnes est plutôt avancé avec l’utilisation d’une charrue améliorée, l’apparition de la herse et du moulin à vent. Mais combien de paysans normands bénéficient de cet équipement ?

 

Plus qu’une période de prospérité, notion toute relative au Moyen Âge, les XIe et XIIe siècle doivent être vus comme un temps de croissance. Ce mouvement n’a d’ailleurs rien de bien original à cette époque dans l’Occident chrétien. Signe de dynamisme, la population ne cesse de croître. Il faut donc défricher des forêts et des landes pour ouvrir de nouvelles terres à la culture. Des villages et des hameaux (dont le nom se termine souvent en -erie ou en -ière accolé au patronyme de leur propriétaire) naissent au milieu de clairière ou à l’orée des bois.

 

Les seigneurs construisent des moulins à eau auprès des rivières et augmentent ainsi la productivité de leur domaine.

 

Les villes forment un monde très minoritaire par rapport à ce monde rural. Pourtant la Normandie a une capitale très peuplée : Rouen (peut-être 40 000 habitants). La cité profite de sa position sur l’un des axes primordiaux du commerce français : la Seine. Des marchands et des artisans s’enrichissent et émergent peu à peu de la société urbaine. Ils revendiquent bientôt une place dans la gestion de la ville.

 

Les autres villes d’origine antique (Lisieux, Sées, Bayeux, Évreux) se relèvent aussi après les raids vikings. Récupérant l’excédent de la population rurale, elles sortent de leur vieille enceinte romaine. Ce premier réseau urbain est complété par la multiplication de bourgs en campagne. Ces nouveaux lieux de peuplement sont créés à l’initiative de seigneurs laïcs ou ecclésiastiques autour d’un marché, d’un pont ou d’un monastère. Les plus nombreux s’établissent auprès d’un château qui garantira aux futurs habitants un refuge en temps de guerre. Ainsi émergent Saint-Lô, Fécamp, Valognes, Cherbourg, Dieppe, Falaise, Alençon, Argentan... Certains de ces bourgs connaissent un tel développement qu’ils rattrapent les anciennes villes. Caen représente la meilleure réussite. Dotée d’un château et de deux abbayes par Guillaume le Conquérant, elle connaît une telle croissance démographique et un tel dynamisme qu’elle devient la deuxième capitale de la Normandie.

 
 

 

 
 

L’organisation ecclésiastique du duché de Normandie.

 
 

 

 
 

Le rayonnement culturel de la Normandie est à la mesure de la puissance du duché. Les monastères normands, restaurés dans leur richesse foncière, redeviennent des foyers intellectuels. L’abbaye du Bec dispense un enseignement renommé pendant que du Mont-Saint-Michel, sortent de magnifiques manuscrits enluminés. Bien que les Vikings ne possédaient pas une tradition de bâtisseurs, les Normands édifient de beaux édifices religieux : les deux abbayes de Caen, celles de Bernay, Cerisy-la-Forêt, Boscherville et Jumièges mais aussi les églises paroissiales de Quillebeuf, Thaon ou Ouistreham sont autant de réussites de l’art roman en Normandie. Un art suffisamment remarquable pour qu’il soit exporté en Angleterre après 1066. La conquête de la Sicile et du sud de l’Italie par des chevaliers du Cotentin élargit le rayonnement de la civilisation normande jusqu’en Méditerranée.

 

Dans la seconde moitié du XIIe siècle, la Normandie perd de son éclat par rapport aux régions voisines. La cour d’Angleterre, animée par la reine Aliénor d'Aquitaine, occulte la cour normande tandis que l’Île-de-France voit l’éclosion des premières églises gothiques.

 
         
   
  NOTRE DUCHE 2/10
   
  DUCHE DE NORMANDIE  911–1087
         
 

Les Normands s’installent dans la durée (911-1035)

 

L’histoire des premiers comtes de Normandie reste assez mal connue. La principale source est l’œuvre panégyrique d’un chanoine, Dudon de Saint-Quentin.

 

La tâche première des comtes (devenus ducs vers 1010) consiste à s’installer dans la durée en Normandie. Les révoltes intérieures, les invasions des puissants voisins (le comte de Flandre, le comte de Blois), les minorités des princes (Richard Ier puis Richard II) manquent d’entraîner la disparition de la jeune Normandie. Alors qu’ailleurs les Vikings doivent refluer face à la reprise en main des rois, les Normands parviennent, en recourant parfois à l’aide militaire de troupes scandinaves, à se maintenir au pouvoir et à construire un État solide. Rollon et ses successeurs gouvernent comme de vrais princes, affirmant leur autorité et reprennent l’héritage administratif de Charlemagne. La paix et la sécurité revenues dans la région, les évêques retournent dans leur cité épiscopale et les moines dans les abbayes.

 

Guillaume le Conquérant, de bâtard de Normandie à roi d’Angleterre (1035-1087)

 

Par son destin exceptionnel, Guillaume le Conquérant est assurément le duc de Normandie qui reste le plus dans les mémoires. Pourtant, ses débuts sont compliqués. Il se retrouve duc dès l’âge de 8 ans, suite à la mort de son père, Robert le Magnifique. Profitant de la jeunesse de l’héritier, nombre de barons normands se libèrent de la tutelle ducale et mènent leur propre guerre. La Normandie se couvre de châteaux, souvent de simples mottes ou des enceintes de terre. Le jeune Guillaume est le spectateur impuissant de cette anarchie. L’assassinat de quelques membres de son entourage l’incite à se tenir dans un premier temps tranquille.

 
 

 

 
 

Les principaux châteaux du duché de Normandie au XIIe siècle.

 
 

 

 
 

Guillaume se décide à réagir quand un complot de barons vise à l’assassiner à son tour. Il a presque 20 ans. Guillaume rassemble alors ses fidèles, obtient l’aide militaire du roi de France Henri Ier pour mater les rebelles. Val-ès-Dunes, au sud-est de Caen, est le lieu de rencontre entre ces derniers et l’armée ducale. Guillaume remporte ici sa première victoire. Nous sommes en 1047. À partir de ce moment, le duc reprend en main son duché. Il reconquiert ou abat les châteaux élevés par les barons pendant sa minorité. Il poursuit les derniers infidèles qui refusent de le reconnaître pour duc.

 

Le roi, Henri Ier de France, constatant la réussite de son voisin, retourne sa veste. Par deux fois, il envahit la Normandie, aidé du comte d'Anjou, mais son armée sombre à Mortemer puis dans les marais de la Dives. Vainqueur, Guillaume passe à l'offensive. Il annexe le Passais (la région de Domfront dans l'Orne), intervient dans les affaires de Bretagne et installe son fils Robert Courteheuse comme comte du Maine (1063). Mais l’œuvre la plus connue et la plus considérable de Guillaume le Conquérant, c’est la conquête de l'Angleterre en 1066.

 

La tapisserie de Bayeux nous raconte les étapes de ce succès. Le roi d’Angleterre, Édouard le Confesseur, meurt en 1066. Le chef de l’aristocratie anglo-saxonne, Harold, lui succède. Or, selon la Tapisserie, le feu roi aurait considéré Guillaume comme son héritier. Le duc de Normandie s’estime floué et ose un débarquement dans le sud de l’Angleterre pour récupérer son bien. Harold vient à sa rencontre à Hastings mais perd la bataille et meurt. La route de Londres est ouverte. Le 25 décembre 1066, Guillaume le Conquérant reçoit la couronne d’Angleterre. La puissance du duc change alors de dimension. La Normandie n’est plus une simple puissance régionale, elle s’installe pour un siècle et demi sur l’échiquier international

 
     
 

Château de Falaise dans l-Orne

 
     
 

Plan du château de Falaise par Eugène Viollet le Duc.

 
         
   

 

 

 

 

 

 
 

 

DUCEY   -1

 

 
     

 

 

     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
     
     
 
 
     
 

 

 

 
     
   
  DE LA PÊCHE, DU PARCAGE ET DU COMMERCE

DES HUITRES EN FRANCE 1/6

     
 

Granville, la pêche aux huîtres, le triage CPA Coll. LPM 1900

 
     
 

FRAGMENT DE STATISTIQUE DU DÉPARTEMENT DU CALVADOS,

PAR PIERRE AIME LAIR

Publication Caen : F. Poisson, 1826.

 

PARMI les êtres animés que la nature offre de toutes parts à nos recherches, l'huître n'est peut-être pas le moins digne de piquer la curiosité et de fixer notre attention. Privée, du moins en apparence, de la vue, de l'ouïe et de l'odorat, elle ne présente d'abord à l'observateur qu'une existence problématique. Emprisonnée entre deux valves aussi dures que sa chair est molle, à peine peut-elle les entr'ouvrir pour prendre sa chétive subsistance. Aussi, pour l'ordinaire, n'arrache-t-elle de nous qu'un regard de pitié. Mais dans sa demeure paisible, dont l'extérieur raboteux oppose une forteresse inexpugnable aux plus redoutables tyrans des mers, et la dérobe aux regards de l'homme, elle jouit peut-être de facultés qui, mieux connues, la vengeraient de notre injuste mépris. Je laisse au naturaliste à observer la forme et le genre de vie de ce mollusque et au médecin, à raisonner sur la salubrité de l'aliment qu'il fournit. Je me propose d'examiner les huîtres sous d'autres rapports. Je vais parler de la manière de les pêcher, de les parquer, et de l'importance du commerce dont elles sont l'objet; c'est une des parties intéressantes de la statistique du Calvados.

 
     
   
  MILITAIRE DE JADIS
   
  DUC
 
 
     
 

À l'époque franque, sont constitués de grands commandements qualifiés de duchés.

 

À partir des VIe et VIIe siècles, le duc est le maître de toute une région, sinon d’un peuple et joue un rôle capital dans la structuration du royaume franc. Le duc est assimilable à une sorte de gouverneur général. Il exerce, au nom du souverain, des pouvoirs de nature militaire et judiciaire sur un ensemble de comtés.

 

Ainsi, le « duché du Mans » (Ducatus Cenomannicus ou Cenomannensis) couvre 12 comtés situés entre la Seine et la Loire. Le nombre des ducs à l'époque mérovingienne a pu être assez élevé ; pour la seule armée qui en 590 marche contre les Lombards, Grégoire de Tours parle de vingt duces et l’exercitus Burgundionum lancé par Dagobert Ier contre les Gascons en compte dix, dont les noms et nationalités sont connus.

 

En France, dès le VIe siècle, Eudes, duc d'Aquitaine, transmit le premier son duché à ses descendants, et, au Xe siècle, sous les derniers Carolingiens, tous les ducs avaient érigé en principautés héréditaires les gouvernements qui leur étaient confiés.

 

Au Moyen Âge, les duchés sont les plus grandes principautés après les royaumes.

 
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En Italie, les premiers duchés datent de l'époque lombarde et correspondent aux comtés carolingiens. Les deux plus grands, ceux de Spoleto et de Bénévent, ne furent pas conquis par Charlemagne et survécurent jusqu'à la conquête normande.

 

En Allemagne, à l'époque carolingienne, sont constitués les duchés dits nationaux : Bavière, Bourgogne, Souabe, Saxe, Franconie.

Dans l'empire byzantin, le titre de duc est réactivé dans la seconde moitié du Xe siècle pour désigner les commandants militaires de grandes régions, parfois appelées duchés (doukaton).

 

En Europe centrale et orientale de la même époque, le duc est appelé voïvode, mot d'origine slave bâti sur la même racine vod- (conduire). Le voïvode est à l'origine un chef militaire, qui assoit son autorité sur un voïvodat.

 
         
   

 LES BLASONS DE LA MANCHE

 

 

Crosville-sur-Douve

 


Ecartelé : au premier d'azur aux six losanges d'argent ordonnées 3 et 3, au deuxième d'argent à la croix constituée d'un montant de cinq losanges de gueules et d'une traverse de quatre losanges couchées du même, croisant le montant entre la deuxième et la troisième losanges, au troisième de sable à la croix ancrée d'or, au quatrième d'azur à l'épée d'argent supportée par deux lions affrontés du même.

 

 

 


 

 

     

 

Denneville

 

 

D'azur à la fasce d'or

accompagnée de trois roses d'argent

 

 


 

 

     

 

Ducey

 

Ecartelé : au premier et au quatrième de gueules à trois coquilles d'or, au deuxième et au troisième d'azur à trois fleurs de lys d'or

 

Ce blason est emprunté aux armoiries de la famille de Montgomery (éteinte), anciens seigneurs de Ducey.