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Montebourg, une foire. CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
La Manche Numéro spécial Supplément au numéro du 28 août 1926 de l'Illustration économique et financière Publication : Paris 1926 | ||||||||||
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CULTURE ET ÉLEVAGE
Le département de la Manche est surtout caractérisé par la place importante qu'y tient l'exploitation des différentes espèces d'animaux domestiques.
Par la nature de son sol, par son climat doux et humide, la Manche est, par excellence, le pays des prairies : il suffit, pour s'en rendre compte, de comparer la superficie des terres labourables (139.800 hectares) à celle des sols consacrés à la production de l'herbe (351.700 hectares).
Le cheptel du département est des plus importants : 73.500 chevaux, 307.800 bovins, 102.400 ovins et 86.000 porcs sont entretenus par les exploitants.
Les bovins sont exploités, à la fois, pour la production du lait et pour la production des jeunes. On a dit que la Manche « baignait dans un fleuve de lait » : de fait, les 197.000 vaches laitières donnent environ 4 millions 600.000 hectolitres de lait par an. Les 81 % de cette production sont transformés en beurre, soit dans les fermes, soit dans les nombreuses usines réparties dans le département, et ce beurre a conservé la réputation mondiale qu'il avait, depuis longtemps, acquise. Le lait sert encore à la fabrication de fromages (camembert ou port-salut) et de lait concentré. La crème est l'objet d'une exportation assez active. Dans les usines de laiterie, surtout depuis quelques années, se fabriquent, également, des sous-produits : caséine et lactose.
Le bétail bovin de la Manche jouit, auprès des éleveurs français et même étrangers, d'une grande réputation. C'est qu'en effet le berceau de la race bovine normande se trouve dans le département et que par une sélection attentive et longuement poursuivie, les éleveurs ont amélioré les aptitudes et les formes de leurs animaux. Depuis quelques années, des syndicats de contrôle laitier et beurrier permettent la constatation des performances des vaches laitières qui se montrent, au point de vue économique, égales aux meilleures.
Les ovins appartiennent aux deux races, du Nord et du Sud du littoral de la Manche. Très appréciés de la boucherie, ils sont, à la fois, précoces et rustiques ; leur toison pèse 3 kilos environ et leur laine est d'assez bonne qualité.
Il n'existe pas, dans la Manche, de grands troupeaux de moutons : le plus souvent, les éleveurs entretiennent de 3 à 10 brebis ; les troupeaux de 30 mères sont l'exception.
Une des caractéristiques de l'élevage, dans la Manche, est le fait que les animaux passent toute l'année dehors, sauf quelques jours pendant l'hiver : de cette vie en plein air provient probablement la rusticité remarquable de notre bétail.
Si l'élevage et la production du lait sont les principales sources de richesse de la Manche agricole, la production végétale apporte à l'économie du département des ressources appréciables.
Le blé, cultivé sur 31.000 hectares, surtout dans la région du Sud, donne, en général, de bonnes récoltes pouvant atteindre jusqu'à 35 quintaux à l'hectare.
L'avoine (15.000 hectares) et l'orge (21.000 hectares) servent presque uniquement à la nourriture animale et sont consommés dans le département.
Le sarrasin, autrefois très en honneur, voit sa culture décroître.
Une mention spéciale doit être faite de la culture des pommes de terre de primeur, choux-fleurs et choux pommés, qui se fait dans la partie nord-est de la Manche : le Val de Saire. Une grosse partie de cette production est exportée en Angleterre, surtout par le port de Cherbourg.
Le département de la Manche est un des plus gros producteurs de cidre de France. La récolte de pommes varie de 1.500.000 à 6.600.000 quintaux, suivant les années, et certains de ses « crus » ont une grande renommée : la région d'Avranches, en particulier, est réputée pour la délicatesse de ses cidres. Une partie des cidres produits sert à fabriquer l'eau de vie.
Cette rapide esquisse permet de se rendre compte que, dans les circonstances actuelles, la prospérité agricole du département s'accentue de jour en jour : la meilleure preuve en est, d'ailleurs, l'augmentation de la valeur des terres.
A. LURBE, Directeur départemental des Services agricoles de la Manche. | ||||||||||
Gonneville une laitiere. CPA collection LPM 1900 | ||||||||||